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ISM France - Archives 2001-2021

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Vallée du Jourdain -

Apartheid et Agrexco dans la Vallée du Jourdain

Par

Lena Green est réalisatrice de films et volontaire à l'International Solidarity Movement (ISM) en Cisjordanie. Elle réalise actuellement un film au sujet de l'impact des colonies israéliennes de la Vallée du Jourdain sur les villageois palestiniens.

La compagnie d'exportation avait pris une quantité énorme de marchandises aux fermiers palestiniens et a ensuite prétendu que le bateau qui effectuait le transport vers l'Europe avait coulé. Non seulement les Palestiniens n'ont pas été payés, mais la compagnie leur a fait payer les boîtes dans lesquelles ils avaient emballé leurs produits et les autocollants qui annonçaient leur origine : Israel.
Combien de fermiers ont été affectés? La vallée entière.
Le nom de la Compagnie ? Agrexco, qui commercialise ses produits sous la marque Carmel !

Apartheid et Agrexco dans la Vallée du Jourdain


Agrexco appartient à 50% à l'Etat israélien et tous les produits exportés de la vallée sont emballés et vendu par eux.

En Israël et en Palestine Occupée la couleur orange est le symbole de l'opposition au "Désengagement" deGaza. On la voit sur les pancartes; les T-shirts; le matériel de propagande et sur les protestataires qui prennent d'assaut la Vieille Ville à Jérusalem où les jeunes recueillent des signatures pour des pétitions dans les gares routières israéliennes.

Des fanions oranges sont distribués aux carrefours en Israël et fixés aux voitures qui filent sur les routes pour colons SEULEMENT de Cisjordanie .

Ce fut donc une surprise d'entendre qu'un des fanions oranges avait été vu a attaché à un tracteur appartenant à un bédouin palestinien vivant dans la Vallée du Jourdain. Une fois interrogé, l'homme a répondu, "S'ils sont rejetés de Gaza, ils viendront ici. Ils sont dangereux. Nous ne voulons pas d'eux ici."

Le 25 juin 2005, un porte-parole israélien a annoncé un plan pour augmenter de 50% en un an le nombre de colons dans la Vallée du Jourdain. Le coût des nouveaux logements sera 13,5 millions de dollars (US) la première année, et grimpera jusqu'à 32,5 millions de dollars l'année suivante.

Le plan se concentre sur le développement de l'agriculture et du tourisme dans la Vallée, avec jusqu'à 22 millions de dollars de subventions pour le développement agricole.

Des avantages et des indemnités financières supplémentaires seront offerts pour encourager les immigrés potentiels, en particulier les jeunes mariés.



Le plan a déjà commencé à apparaître sur le terrain, car les arches en métal des serres nouvellement construites se matérialisent, scintillant dans la chaleur d'août. De larges secteurs de terre ont été soudainement entourés par des barrières et déclarés "Zones Militaires" : la première étape du processus de colonisation.

Et une nouvelle vague d'expulsions a commencé.

Les 6000 ou 7000 colons de la Vallée vivent dans 36 colonies différentes qui revendiquent chacune de larges secteurs de terre. Ils dépendent de la loi civile israélienne tandis que les Palestiniens dépendent de la loi militaire israélienne. Israël contrêle 95% des terres de la Vallée.

La plupart des 50.000 Palestiniens de la Vallée vivent dans des conditions de pauvreté absolue.

Depuis le début de l'occupation en 1967, on leur a systématiquement refusés le minimum des droits de l'homme, en particulier l'accès à l'eau et au logement.

Treize villages palestiniens ont été déclarés 'légaux' par Israël en 1967. Ils sont visiblement évidents, étant les seuls secteurs palestiniens où la plupart des maisons sont faites de plastique, de bois et de quelques têles récupérées.

A l'extérieur de ces zones, les constructions en béton sont immanquablement détruits.


J'ai bu le thé avec une famille de bédouins dans leur 'maison' à Fasayil, qui est faite de bois et plastique.

Le village est à moitié illégal et à moitié légal; un regard rapide est suffisant pour déterminer quel secteur est quoi. Pendant qu'elle nous parlait, la grand-mère de la famille a agité un bout de papier entre ses doigts. C'était l'ordre de démolition de l'armée pour leur maison, délivré environ un mois auparavant.

Apparemment, aucun logement n'est trop humble pour affronter la force des bulldozers et des tanks de l'armée, et la famille les attendait pour arriver. Ce n'était pas la première fois qu'ils avaient été expulsés:

En 1948, ils ont été transformés en réfugiés quand l'Etat d'Israël a été créé. L'année dernière ils ont été expulsés d'un emplacement situé à environ trois kilomètres afin de construire une route pour de nouveaux colons. Quand j'ai demandé ce qui se produirait si leur maison était démolie, la femme a répondu que le Croissant Rouge leur apporterait des tentes pour y vivre.

"Où les mettrez-vous ?" ai-je demandé. "Ici. Nous avons nulle part ailleurs où aller ".


Le 22 juin dernier, les Forces de l'Occupation Israélienne ont démoli 11 maisons à Jiftlik.

À cêté de l'un des bâtiments en béton restants, il y a une cabane en plastique. Les hommes qui ont construit la maison en béton vivent dans la cabane en plastique d'à cêté. Ils ont peur de s'installer dans la maison en béton, en se doutant qu'elle sera aussi bientêt démolie. Ils ont quitté récemment la maison de leur famille quand l'un de leurs frères s'est marié . La maison se compose de deux pièces faites d'argile et du bois, et dix personnes y vivent.

Quand les familles s'agrandissent, elles ont besoin de plus de pièces, mais l'espace pour la croissance normale de la population palestinienne dans la vallée du Jourdain est systématiquement refusé.


La route 90, qui s'étend le long de la vallée et est parallèle au fleuve du Jourdain, passe entre d'énormes plantations de palmiers, de vigne et de bananiers, ainsi que des serres remplies de plantes et de légumes destinés à l'exportation.

Cette agro-industrie intensive exige d'importantes quantités d'eau, qui est fournie par des puits d'une profondeur de quatre ou cinq cents mètres. Ceux-ci sont abrités dans des tours cylindrique qui se situent sur les collines des montagnes séparant la Vallée du Jourdain du reste de la Cisjordanie .

Au-dessous des tours, il est souvent possible de voir les communautés palestiniennes vivre dans leur piètre logement.

L'accès à l'eau située sous eux leur est refusé et ils doivent prendre des tracteurs pour aller jusqu'aux puits les plus proches qu'ils sont autorisés à utiliser, souvent à une distance de plus de 20 kilomètres.

Les trois mètres cubes d'eau qu'ils collectent dans leurs citernes portatives permettent seulement de tenir quelques jours et deviennent très chauds sous le soleil implacable.


Près de Jiftlik, nous avons vu une jeune femme avec un âne qui escaladait lentement la colline pour aller jusqu'au château d'eau situé au-dessus de sa maison. Elle allait 'voler' un peu d'eau, quelques litres peut-être. Il était midi, et la chaleur accablante réduisait la probabilité d'un garde en service près de la tour.

Je n'ai jamais imaginé que les réserves d'eau pouvaient sembler menaçantes.


162 puits artésiens de la Vallée du Jourdain, construits par les Jordaniens à l'époque où ils controlaient la Cisjordanie , ne sont plus maintenant en état de marche.

Ils ont été soit détruits ou ils se sont taris en raison des puits plus profonds des colons à proximité.


Zubeidat est un village de 1.600 personnes sur un secteur de terre d'à peine plus de 4 hectares. Leur puits est devenu salé et pollué en 1984, en raison des colonies voisines.

L'année dernière, on leur a finalement accordé la permission de construire un nouveau puits.
Entre temps, chaque famille devait apporter l'eau de Jericho, soit environ 25 kilomètres, ou la voler aux colonies.

En 2004, cinq personnes dans la vallée ont été poursuivies pour 'Vol' d'eau. Toutes les plantations israéliennes sont entourées par des barrières électriques pour empêcher de telles actions.

Zubeidat utilise toujours le vieux puits pour irriguer les champs, en dépit de la pauvre qualité de l'eau qu'il fournit.

A Jiftlik, j'ai vu que (et senti) les champs qui ont été irrigués avec l'eau des égouts de Naplouse et de l'une de ses colonies voisines, Elon Moreh.

La source d'eau la plus sûre dans la vallée est le fleuve du Jourdain, mais il est impossible de l'atteindre en raison de la barrière électrique qui s'étend de la Ligne Verte au nord à Jericho au Sud.

Cette barrière annexe 500 kilomètres carrés de terre, employés autrefois par les Palestiniens pour l'agriculture. Étonnamment, cela n'est pas noté sur les cartes réalisées par l'ONU.

Dans la vallée, la population palestinienne a peu de choix sauf d'essayer de survivre par l'agriculture.


J'ai passé plusieurs heures surréalistes à suffoquer sous la chaleur dans une maison en bois et en plastique, en écoutant un fermier me raconter que vers la fin des années 80, la compagnie d'exportation avait pris une quantité énorme de marchandises aux fermiers palestiniens et a ensuite prétendu que le bateau qui effectuait le transport vers l'Europe avait coulé.

Non seulement les Palestiniens n'ont pas été payés pour leurs produits, mais la compagnie leur a fait payer les boîtes dans lesquelles ils avaient emballé leurs produits et les autocollants qui annonçaient leur origine : Israël.

Je ne pouvais presque pas croire ce que j'entendais.

Combien de fermiers ont été affectés? La vallée entière.

Le nom de la Compagnie ? Agrexco, qui commercialise ses produits sous la marque Carmel


Carmel doit être un nom familier aux consommateurs européens et américains : leurs fruits et légumes frais sont fréquents dans tous les supermarchés. Peut-être que les gens qui font attention au frêt international savent qu'Agrexco fabrique également ses propres bateaux : "Carmel Ecofresh... un concept révolutionnaire pour la réfrigération de cargaison".

Agrexco appartient pour 50% à l'Etat israélien et tous les produits exportés de la vallée sont emballés et vendu par eux.

Les fermiers palestiniens n'essayent plus d'exporter parce que leurs relations avec la compagnie ont été catastrophiques. Ils ne sont plus capables non plus d'emmener leurs produits vers les autres marchés de Palestine, parce qu'il est impossible de les faire passer par les checkpoints de la Vallée du Jourdain.

Des récoltes entières sont restées à pourrir sur place ou utilisées pour nourrir des moutons et des chèvres.


Il n'y avait aucune chance que les fermiers palestiniens demandent des réparations devant la justice dans l'affaire du bateau coulé, ou dans d'autres cas où Agrexco s'est comporté illégalement dans la Vallée.



Cependant, la compagnie va comparaitre devant un tribunal britannique la semaine prochaine, et bien qu'elle ne soit pas accusée, elle se retrouve dans une position où elle doit défendre son activité.

En novembre 2004, un groupe d'activistes britanniques a bloqué le principal centre de distribution de la compagnie dans le Middlesex, R-U, empêchant des milliiers d'Euros de marchandises d'atteindre les rayons des supermarchés et ensuite les cuisines britanniques.

Sept personnes sont accusées de violation aggravée : prévention d'une activité légale.

Ils argueront du fait que l'activité de la compagnie est illégale, étant annexe au crime d'Apartheid, aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité.

Ceci en plus du fait que l'exportation par Agrexco de marchandises provenant des colonies de Cisjordanie sont illégalement vendues en tant que "Produits d'Israël", tirant ainsi bénéfice des termes de l'échange préférentiel que l'Europe accorde aux importations israéliennes.

La différence entre la vie luxueuse dans les colonies et l'absence des besoins de base dans les communautés palestiniennes de la Vallée du Jourdain est loin d'être accidentelle : l'asservissement est méticuleusement planifié et exécuté.
C'est un Apartheid flagrant et brutal.

Mais bien qu'on pourrait soutenir que ce système ségrégationiste est basé sur la religion (personne ne pourrait prétendre que les citoyens d'Israël et de ses colonies sont d'un seul groupe ethnique ou racial), je pense que nous devons rejeter le cadre de l'analyse qui présente le conflit Palestino/Israélien en tant que conflit entre Juifs et Musulmans, ou Islam contre Occident.

Nous devons plutêt le voir comme un élément de la domination mondiale de la force tout-puissante du capitalisme et ses guerriers : les entreprises internationales. La population autochtone qui vit principalement de son environnement direct est soumise aux attaques du monde entier.

Le coût d'une boîte de tomates, de dates, de fleurs ou de raisins Carmel est incroyablement élevé. Il n'est pas payé en pièces de monnaie par la personne à un contrêle de supermarché au Royaume-Uni, mais par la souffrance des Palestiniens.

Il est temps que les consommateurs occidentaux reconnaissent que leur complicité dans cette souffrance qui dure depuis trop longtemps. Sept personnes qui vont se tenir en tant qu'accusées devant la Cour des Magistrats d'Uxbridge mercredi souligneront le lien entre le produit et la persécution, entre notre argent et la pauvreté des autres.

Vous êtes invités à les rejoindre pour un petit déjeuner palestinien.




Invitation : Petit déjeuner Contre Le Commerce Avec Israël

Rejoignez les accusés à la Cour des Magistrats d'Uxbridge pour un petit déjeuner le premier jour de leur procès et soutenez la campagne pour couper les liens militaires, économiques, culturels et universitaires avec Israël tout pendant que l'occupation de la Palestine continue.

Après la décision de la Cour Internationale de Justice à la Haye qui a déclaré illégale la construction du Mur par Israël sur les terres palestiniennes, les activistes de Londres et de Brighton ont bloqué avec succès le dépêt principal de Carmel-Agrexco au Royaume-Uni.

Cela a empêché des dizaines de milliers d'Euros de produits agricoles d'atteindre leur destination sur les rayons des supermarchés britanniques.


Carmel est la principale marque pour les exportations agricoles israéliennes et la compagnie appartient à 50% à l'Etat israélien.

Elle exporte des marchandises en provenance des colonies de Cisjordanie et de Gaza en violation de l'accord d'association Union Européenne-Israël.

L'action au dépêt a mené à l'arrestation de sept activistes qui s'étaient enchainés eux-mêmes aux portes et ont empêché l'accès aux camions. Ils tous ont été accusés de violation aggravée : prévention d'une activité légale.

Leur défense dénoncera la légalité du commerce de Carmel-Agrexco au Royaume-Uni et ils espèrent qu'en agissant ainsi ce sera un tremplin pour l'ensemble de la campagne de boycott.


Nous vous invitons, vous et vos organisations, à nous rejoindre le jour d'ouverture du procès, le mercredi 7 septembre au tribunal des Magistrats d'Uxbridge, pour un petit déjeuner palestinien en soutien aux accusés, en soutien à la campagne de boycott et en solidarité avec la lutte des Palestiniens pour mettre fin à l'occupation.
Pour de plus amples informations, contactez : thewallmustfall@hotmail.com

Source : Electronic Intifada

Traduction : MG pour ISM

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