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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine 48 -

Au-delà de l’apartheid

Par

Lamis Andoni est un analyste et commentateur du Moyen-Orient et les affaires palestiniennes.

Le débat en Israël sur l'opportunité de forcer tous les futurs citoyens israéliens à déclarer la fidélité à un « Etat juif et démocratique » est le reflet des efforts de la droite israélienne d’institutionnaliser davantage la dépossession des Palestiniens. Il est ironique que le serment de fidélité proposée devrait inclure le terme de démocratie car, si elle est votée, la loi elle-même serait un exercice flagrante de coercition de l'État. Comme Adalah, un centre juridique pour les droits des minorités arabes en Israël, le remarque, l'amendement proposé à la Loi sur la citoyenneté et l'entrée en Israël « exige que tous les non-Juifs s'identifient au sionisme et impose une idéologie politique et une loyauté envers les principes du judaïsme et du sionisme ».

Au-delà de l’apartheid


Israël ne serait pas la seule démocratie du Proche-Orient ?? Regardez ! Vous avez plein de choix : Expulsion, Evacuation, Bannissement !!!

Ciblage des mariages mixtes

En pratique, l'amendement - qui exigerait que tous les Juifs et les non-juifs qui demandent la citoyenneté avalisent l'idéologie de l'État - vise principalement les Palestiniens mariés à des Arabes israéliens [Palestiniens de 48, Ndt].

Les Arabes israéliens constituent 20 pour cent de la population israélienne. La majorité sont des musulmans mais il y a aussi un fort contingent chrétien. Le but de la loi n'est pas d'imposer le judaïsme, mais la judaïté de l'Etat – ce qui, en termes pratiques, exclut les Arabes et légitime leur expulsion.

D'autres éléments de la loi, qui a été adoptée en tant que mesure d'urgence temporaire en 2003 mais a été prorogée à plusieurs reprises par la Knesset depuis, signifie que de nombreux Palestiniens mariés à des Israéliens vivent effectivement illégalement en Israël.

Ces mariages sont en grande partie entre les Palestiniens et les citoyens arabes d'Israël, de sorte que la loi décourage de fait les mariages entre Palestiniens des Territoires occupés et ceux qui vivent à l'intérieur d'Israël.

Aujourd’hui, la minorité palestinienne d'Israël est représentée par ceux qui sont restés dans leurs foyers après la création d'Israël en 1948 et leurs descendants. Mais quand Israël a occupé le reste des territoires de la Palestine historique en 1967, les Palestiniens dispersées ont été en mesure de se reconnecter et des mariages mixtes ont eu lieu.

Toutefois, la loi empêche les Palestiniens mariés à des Israéliens de rejoindre leurs familles en Israël jusqu'à ce que le ministère de l'Intérieur leur accorde la permission de résider dans le pays. La loi nie également le droit de résidence à un conjoint étranger ou à ses enfants s'il est marié à d'autres femmes en plus de sa femme israélienne. Et elle requiert que les Palestiniens demandant la nationalité israélienne fournissent des garanties financières et la preuve qu'ils ont une maison en Israël.

Israël a également rendu difficile - et parfois impossible - que des Arabes ou des non-Israéliens vivent avec leurs conjoints palestiniens en Cisjordanie afin de forcer ces derniers à partir.

La vache sacrée de la sécurité

Les défenseurs israéliens de l'amendement le justifient pour des questions de sécurité et font valoir que le serment découragerait les citoyens arabes d'Israël de prendre part à des attaques ou des actions contre Israël.

Les notes explicatives accompagnant les restrictions proposées déclarent que l'objectif est de rendre plus difficile aux groupes terroristes palestiniens de recruter des Palestiniens qui ont acquis la citoyenneté israélienne pour conduire des attaques.

« Un examen de la réalité sécuritaire depuis le début de l'affrontement armé entre Israël et les Palestiniens a révélé l'implication croissante des Palestiniens qui ont profité de leur statut en Israël, sont dans un processus de regroupement familial avec des Israéliens, à s'impliquer dans le terrorisme et à encourager les attentats suicide, » dit la note.

« Les cartes d'identité israéliennes accordées à [ces Palestiniens] leur ont donné la liberté de circulation entre Israël et l’Autorité [palestinienne] et ont fait d’eux la population préférée des organisations terroristes pour mener des actions hostiles en général, et à l'intérieur d'Israël en particulier. »

L'affirmation selon laquelle ce sont des Arabes israéliens qui ont utilisé leur citoyenneté pour exercer ou faciliter des attaques en Israël est peut-être vrai, mais la solution doit être trouvée dans le traitement des causes profondes du conflit - la dépossession des Palestiniens - et non pas dans l'institutionnalisation du « nettoyage ethnique ».

Prêter serment n'empêchera pas un citoyen frustré - qu'il soit juif ou non - de protester contre le gouvernement ou même de commettre des actes violents. Mais comme c’est si souvent le cas avec les lois et les actions arbitraires d'Israël, la vache sacrée de problèmes de sécurité est mise en avant.

Une nouvelle pierre

Toutes les expulsions de Palestiniens - que ce soit par la démolition de maisons, l’expulsion ou la confiscation des terres – sont commises sous le couvert des besoins de sécurité d'Israël. Mais leur but est, en fait, de maintenir une majorité juive et de réduire - et si cela continue, peut-être d’en finir avec - la présence des Palestiniens en Israël proprement dit et dans les territoires occupés.

S’il est voté, le serment de fidélité ne serait pas seulement un outil pour le renversement démographique des Palestiniens, mais aussi un outil pour la poursuite de l'expulsion des Palestiniens de leur patrie.

Des rédacteurs en chef du quotidien israélien Haaretz, qui ont exhorté le gouvernement à ne pas voter l’amendement à la loi, ont rejeté sans équivoque le raisonnement de sécurité. « Le libellé de l'initiative perpétue le mensonge selon lequel ces mesures sont nécessaires pour des considérations de sécurité, alors qu'en vérité, elles sont clairement guidées par des préoccupations démographiques, » dit un éditorial publié avant la décision de ratification.

En « Israël », le gouvernement a systématiquement employé la discrimination et la confiscation de terres pour étrangler les grandes villes arabes, les encercler avec des colonies juives afin de les empêcher de se développer vers l'extérieur comme n'importe quelle autre ville le fait en raison de sa croissance naturelle.

Il a toujours été question, principalement mais pas exclusivement parmi les politiciens de droite israélienne, de la nécessité de « transférer » - un euphémisme pour expulser - la minorité arabe du pays vers la Cisjordanie ou même dans les pays arabes.

Cet appel a été renouvelé lorsque le parti d'extrême-droite Yisraël Beitenou a obtenu la troisième place lors des élections de 2009 et a rejoint le gouvernement de coalition dirigé par Benyamin Netanyahu, le Premier ministre Likoud.

Avigdor Lieberman, le chef de Yisraël Beitenou, lui-même un immigrant russe, a commencé à préconiser énergiquement le « transfert » de la minorité arabe du pays de manière à maintenir une majorité juive et la judaïté de l'Etat.

Yisrael Beitenou a été la force motrice de la demande que les non-Juifs déclarent leur loyauté envers un Etat juif et la proposition d'amendement à la loi sur la citoyenneté est une version édulcorée d'une initiative antérieure d’Yisrael Beitenou d'expulser les Arabes qui ne la signeront pas.

Si elle est approuvée, la modification sera une autre pierre dans le système d'apartheid qu'Israël a construit. Mais le principal problème en Israël n'est pas l'apartheid, mais la colonisation systémique et la dépossession des Arabes. Et pour Israël, l'apartheid est un outil - et non un but en soi - pour achever l'expulsion des Palestiniens de leur patrie.

Source : Al Jazeera

Traduction : MR pour ISM

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