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Cisjordanie - 14 octobre 2012
Par Mya Guarnieri
La situation en Cisjordanie est de plus en plus désespérée. Le coût de la vie monte en flèche d'une façon incontrôlable. Difficile de trouver un emploi stable. Les colonies israéliennes continuent de s'étendre. Et avec une Cisjordanie morcelée par les accords d'Oslo et Gaza sous siège, un Etat palestinien semble plus inatteignable que jamais. Alors que le mouvement BDS prend de l'ampleur dans le monde entier et que les protestations non violentes contre le mur d'apartheid ont attiré l'attention des médias internationaux, des Palestiniens appellent à une reprise de la lutte armée. Dans ce contexte, j'ai décidé de publier des extraits d'un long entretien que j'ai eu avec un jeune Palestinien qui envisage de rejoindre un groupe militant.
Comme pour tous les Palestiniens, la vie de Hakem est accaparée et mutilée par l'occupation. Parce que je lui ai promis l'anonymat, je ne peux pas donner trop de détails, mais la blessure est si profonde qu'il dit : "Maintenant, je sais que je peux tuer." Et bien qu'il n'ait pas encore pris les armes, Hakem constate qu'il pourrait "prendre une voie extrémiste juste pour sentir que je ne suis sous le contrôle de personne."
Hakem rejoindrait la lutte armée contre Israël "si seulement il y avait une organisation à rejoindre." Le Fatah signifie l'Autorité palestinienne et, comme de nombreux palestiniens, Hakem la considère comme "une agence" d'Israël : "L'AP est un projet du gouvernement israélien. [Elle l'est] depuis le début, et elle n'a pas changé... Elle facilite le boulot d'Israël au sein de la société palestinienne."
Le processus de paix en général, et l'accord d'Oslo en particulier, le rendent cynique, et il dit qu'ils ont juste permis à Israël de faire ce qu'il veut avec la terre.
Comme beaucoup de Palestiniens, il ne compte plus sur les factions palestiniennes : "Il n'y a pas de grandes différences entre elles", y compris le Hamas. Il pointe la récente démarche du Hamas vers le Golfe, et remarque : "Maintenant, ils jouent avec le Qatar, pour l'argent." Ce qui place clairement selon lui le Hamas dans l'axe USA/Israël/Golfe, le transformant en un nouveau groupe soumis aux intérêts occidentaux, comme l'AP.
Il n'y a pas que les partis politiques palestiniens qui mettent Hakem en colère. "J'ai commencé à ressentir de la colère [envers] les Palestiniens parce qu'il n'y a pas plus d'âme ni d'énergie pour faire quoique ce soit contre Israël. Levez-vous, yaani, allez ! Levez-vous. Nous sommes tous sous la botte de l'occupation."
Le peuple palestinien, ajoute Hakem, n'a pas "de projet alternatif" et "doit développer quelque chose de nouveau."
Lorsque je l'interroge sur le mouvement BDS, que certains activistes jugent crucial pour la lutte palestinienne, Hakem répond : "Par défaut, par défaut. C'est notre devoir. Maise n'est pas grand chose."
Au sujet des protestations non violentes contre le mur d'apartheid, il dit que ce sont "des conneries". "La violence d'Israël nécessite une réaction violente. Si vous ne leur montrez pas que vous êtes forts et courageux, ils continueront à vous humilier et à vous attaquer."
Hakem souligne cependant que la résistance armée ne signifie pas de faire du tort aux civils et qu'il n'a rien contre les Juifs. Le problème, pour lui, est que le gouvernement et l'armée israélienne séparent les gens et privilégient les Juifs sur tout autre groupe. "Le problème, c'est la système raciste."
Donc l'Etat d'Israël doit être démantelé et la terre "doit revenir à son peuple."
Mais qu'en est-il des gens qui vivent en Israël actuellement ? Les Juifs seraient-ils libres de rester ?
"Oui, oui, oui," dit Hakem avec force. "Pas de problème avec leur langue [l'hébreu] ou leur religion." Il souligne que les Samaritains sont un groupe qui parle de nombreuses langues et ont de multiples identités. Les Juifs palestiniens, dit Hakem, pourrait faire de même.
"Les Palestiniens sont généreux, ils accueilleront tout le monde... Si vous voulez venir chez moi et vivre avec moi, ahlan wa sahalan. Mais si vous venez pour me contrôler et me mettre à la rue, alors non, il y a une autre réponse à cela."
Source : +972mag
Traduction : MR pour ISM
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Mya Guarnieri
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