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ISM France - Archives 2001-2021

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Beit Ommar -

Beit Ommar retourne à ses racines

Par

Mousa Abu Maria est un habitant palestinien de Beit Ommar et membre du Comité national. En 2006, il a fondé le Palestine Solidarity Project avec son épouse Bekah Wolf, citoyenneté israélienne. Mousa a passé plus de la moitié des dix dernières années dans les prisons israéliennes, la plupart du temps en détention administrative.

Les Palestiniens du village de Cisjordanie occupée Beit Ommar retournent à de vieux modèles d'organisation contre l'occupation israélienne. Ces organisateurs emploient des stratégies de résistance rendues célèbres pendant la Première Intifada pour surmonter la stagnation et la division au sein de la société palestinienne. Malgré de nombreux obstacles dus à la répression israélienne et à la politique de plus en plus brutale de l'Autorité Palestinienne, un nouveau Comité National à Beit Ommar fait des progrès dans la construction d'une initiative des groupes de la base pour développer les fondements de la lutte populaire.

Beit Ommar retourne à ses racines


11 novembre 2010, les jeunes de Beit Ommar commémorent la mort de Yasser Arafat (photo PSP)


Construire la lutte populaire

Beit Ommar est le plus gros village du sud de la Cisjordanie , avec une population d'environ 17.000 personnes, dont la plupart vivent du travail agricole. Cinq colonies israéliennes ont été construites sur la terre de Beit Ommar, et une tour de contrôle gardée par l'armée israélienne a été installée à l'entrée de la route principale qui mène au village. Plusieurs centaines d'habitants de Beit Ommar sont actuellement prisonniers politiques dans les prisons israéliennes, et le village est soumis à des raids des forces israéliennes presque chaque nuit. Malgré la présence opprimante d'une armée d'occupation, les villageois de Beit Ommar ont une longue et forte histoire de résistance populaire, avec une participation active pendant les deux Intifadas.

Début 2010, les organisations palestiniennes du village se sont réunies pour former le Comité National contre le Mur et les Colonies. Le projet qui sous-tend ce comité n'est pas nouveau ; les activistes cherchent plutôt à revenir aux modèles d'organisation mis en œuvre pendant la première Intifada, qui transcendent l'affiliation à un parti politique et associent la lutte politique aux programmes et aux soutiens sociaux.

En outre, ces organisateurs cherchent à lier la résistance populaire des villages voisins et à renforcer la communication et la coopération, en particulier dans les zones C et B de Cisjordanie . Selon les termes des accords d'Oslo signés par Israël et l'Organisation de Libération de la Palestine au milieu des années 1990, la Cisjordanie et la Bande de Gaza occupées ont été découpées en zones A, B et C, cette dernière étant placée sous contrôle israélien total.

Le Comité National travaille avec le Projet Solidarité Palestine (Palestine Solidarity Project – PSP), une organisation anti-occupation créée en 2006 pour faciliter la participation des activistes solidaires internationaux et israéliens aux manifestations et autres actions dans le secteur. Bien que la participation de ces activistes de la solidarité soit la bienvenue, le comité tient à renforcer et à donner davantage de pouvoir aux dirigeants palestiniens et à l'organisation de la lutte populaire.

Défendre la terre et résister à l'occupation

Ces huit derniers mois, le Comité National a organisé des manifestations hebdomadaires contre la colonie voisine Karmei Tsur. Tous les samedis, entre 50 et 80 Palestiniens, rejoints par des activistes internationaux et israéliens, marchent vers la grille de la colonie. Là, ils sont systématiquement bloqués par les forces israéliennes, qui font usage de gaz lacrymogènes et arrêtent les activistes pour tenter de réprimer cette initiative. La manifestation attire un grand nombre de jeunes du village, en qui le comité voit la prochaine génération des dirigeants en lutte.

Parce que beaucoup d'habitants de Beit Ommar travaillent dans l'agriculture, le Comité National met fortement l'accent sur la défense des droits des fermiers et sur l'accès à la terre. Plusieurs jours par semaine, les organisateurs du comité et les activistes de PSP accompagnent les fermiers dans la vallée de Saffa, située juste en-dessous de la colonie israélienne idéologique de Bayt Ain et actuellement menacée d'annexion des terres par l'armée israélienne.

Depuis avril 2009, quand un couple de fermiers âgés a été attaqué par les colons dans la vallée, la situation à Saffa s'est aggravée, les colons mettant le feu aux récoltes et l'armée israélienne imposant fréquemment des bouclages militaires. Au cours des deux dernières semaines, 33 activistes de la solidarité palestiniens, internationaux et israéliens ont été arrêtés par les forces israéliennes alors qu'ils tentaient de travailler la terre dans la vallée.

Ce mois de décembre, les organisateurs de Beit Ommar ont l'intention de planter plusieurs milliers d'arbres tant sur les terres de Saffa que sur celles de Beit Ommar adjacentes à la colonie Karmei Tsur dans l'espoir de dissuader le projet d'Israël d'annexer davantage de terre palestinienne.

Les organisateurs restent fermes face à la répression israélienne

Pour tenter de réprimer la nature populaire de la résistance à Beit Ommar, les forces israéliennes attaquent le village presque chaque nuit, saccageant souvent les maisons et arrêtant les jeunes, en particulier ceux qui participent aux manifestations hebdomadaires. En octobre, 13 Palestiniens entre 15 et 28 ans ont été arrêtés seulement parce qu'ils avaient participé aux manifestations. Le 11 octobre, Eyad Jamil al-Alami, 25 ans, membre du Comité National, a été arrêté chez lui, il s'est vu remettre un ordre de détention administrative et incarcéré dans une prison israélienne sans charge. Il a été libéré un mois après, probablement en raison du manque de preuve contre lui. Une semaine plus tard, des soldats israéliens sont arrivés chez deux membres du comité à 3h30 du matin, ont saccagé leurs maisons et ont mis en demeure les deux organisateurs d'arrêter d'organiser des manifestations et d'héberger des activistes de la solidarité.

Malgré la répression croissante, la volonté du Comité National de résister à l'occupation ne s'est que renforcée. Les adhésions au Comité continuent d'augmenter. Récemment, des activistes du village voisin de Beit Ula ont pris contact avec les organisateurs de Beit Ommar pour qu'ils les aident à reprendre les manifestations contre le mur israélien, qui est construit sur des terres appartenant aux agriculteurs de Beit Ula.

Le Comité National travaille actuellement au renforcement de la participation des femmes et des jeunes aux manifestations hebdomadaires, tandis que les protestations et les confrontations continuent de croître.

En outre, le Comité National de Beit Ommar maintient son engagement à opérer en dehors de la sphère d'influence de l'Autorité Palestinienne. Les organisateurs ont refusé des offres de ressources et des délégations d'hommes politiques, indépendamment de leur affiliation politique. Tandis que l'Autorité Palestinienne continue de réprimer les autres partis politiques ou les initiatives qu'elle ne contrôle pas, les organisateurs de Beit Ommar cherchent à revenir à un modèle d'organisation participatif, ancré dans la base populaire et indépendant qui semble de plus en plus en contradiction avec le programme de l'Autorité Palestinienne.


Photo
Musa Abu Maria

Source : Electronic Initifada

Traduction : MR pour ISM

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