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USA - 5 juin 2005
Par William Bowles
Tous les jours je suis submergé de nouvelles, d’appels, d’analyses et de documents sur le crime contre l’humanité que représente l’état d’Israël, mais en ce qui concerne l’Occident, les atrocités quotidiennes commises contre le peuple de Palestine sont des non évènements.
Si ces crimes étaient commis par n’importe quel autre pays qu’Israël, la clameur médiatique serait assourdissante.
Les non Juifs, pétrifiés, font silence, effrayés, on dirait, de se voir accusés d’être “anti sémites” s’ils osent émettre ne serait que le plus léger blâme sur le comportement de l’état colon d’Israël.
“L’Histoire me rendra justice d’avoir voulu l’écrire" - Winston Churchill
Démonisés, les Palestiniens ont été transformés en une sorte d’animal, moins même qu’un animal, une sorte d’espèce sous-humaine, qui ne mérite en rien notre considération.
Enragés, mauvais, fanatiques religieux, mus par “Allah”, messianiques dans leur volonté avouée d’effacer la “race” juive de la face de la planète.
“Oy Vey” comme disait ma mère, comment cela va-t-il finir ?
Les générations futures verront sans aucun doute cette période avec horreur et incrédulité, et voudront comprendre comment une prétendue race de gens peut attraper la planète par la gorge si étroitement, qu’il ne s’en échappe qu’un gargouillement, intermittent, de protestation.
"Je ne suis pas d’accord sur le fait que le casse-pied a finalement tous les droits puisqu’il occupe la place depuis longtemps. Je n’admets pas ce droit. Par exemple je n’admets pas qu’on ait fait tout ce tort aux Indiens d’Amérique ou au peuple noir d’Australie. Je n’admets pas le tort fait à ces peuples du fait qu’une race plus forte, une race supérieure, une race plus universellement sage, pour le dire comme ça, est arrivée et a pris leur place".
Winston Churchill en 1937 à propos du projet de transfert des Palestiniens.
Franchement, je suis tellement ému quand j’essaie d’écrire sur l’occupation de la Palestine, que les mots me manquent souvent, mais je ne me décourage pas et j’essaierai une fois encore d’analyser la situation, même s’il y a danger de traquenard pour quelqu’un sans méfiance qui ose affronter le monopole émotionnel dont dispose le régime sioniste sur la culpabilité et la souffrance en expliquant si bien après coup les souffrances des autres (“l’autre”).
Comme cette situation va-t-elle finir ? Comment se fait-il que chaque fois que nous en venons à analyser ce que fait Israël, la raison s’envole par la fenêtre, et que les mots prennent un sens différent quand ils s’appliquent aux “Juifs” et évidemment, aux Palestiniens.
Comment se fait-il que les Américains par exemple, qui exercent leur “droit au retour” sur la terre de Palestine, avec leur fanatisme et leur racisme absolus, ne soient pas désignés pour ce qu’ils sont : des colons, des voleurs, des fondamentalistes religieux et fanatiques, qui traitent les Palestiniens comme des moins qu’humains ?
Cela défie l’imagination qu’une soi disant race puisse ne pas être sanctionnée pour le meurtre quotidien d’innocents, l’empoisonnement de leur eau, la démolition de leurs maisons, la destruction de leurs cultures, quand elle leur interdit le droit au travail, utilise des armes de destructions massives contre une population sans défense, et tout cela au nom de la défense des “Juifs”.
"Nous en ferons un sandwich au pastrami (des Palestiniens) ... (nous installerons) une série de colonies Juives entre les Palestiniens, et puis une autre série de colonies juives en plein milieu de la Cisjordanie , pour que d’ici à 25 ans, ni les Nations-Unies ni les Etats-Unis, personne, ne puisse rien détruire."
Ariel Sharon.
Quand j’étais môme, ma mère me racontait des histoires de sa vie d’enfant qui a grandi à Leeds (Lodz) dans ce qui était considéré comme un “ghetto” juif, et des histoires que lui racontait sa mère sur sa vie en Russie, les pogroms, les humiliations quotidiennes, n’empêche, pas une seule fois elle ne s’était considérée comme quelque chose de “spécial”, comme quelqu’un au-dessus des lois normales de la dignité humaine, et elle ne m’a jamais enseigné qu’en raison de mon héritage juif, j’étais quelqu’un de spécial.
Evidemment, ma mère et sa mère étaient athées et communistes, ce qui pourrait bien y être pour quelque chose.
On m’a heureusement épargné les cours de religion mais pas la spiritualité, ni mon histoire, et s’il y a eu quelque chose de “spécial” pour moi, ce ne sont pas mes ancêtres juifs mais l’intelligence que je dois à mes parents de l’universalité de la justice et de la dignité qui sont des droits que nous avons tous, et peu importe qui nous sommes ou d’où nous venons.
A première vue, ce sont des qualités dont on a la certitude qu’elles sont normales, que ce sont des attributs humains, alors qu’est-ce qui nous permet de trouver juste de les suspendre ?
Ma grand-mère Ethel, une petite femme maigre et infatigable dans son engagement socialiste, a passé toute sa vie à se battre pour la justice ordinaire de tous les travailleurs.
Si elle était vivante aujourd’hui, elle serait horrifiée et pleine de dégoût pour ce qui se fait au nom des “Juifs” et elle serait sans aucun doute en première ligne dans la lutte du peuple palestinien pour obtenir leurs droits inaliénables d’êtres humains.
Une chose dont je suis sûr, c’est que l’aptitude à suspendre les lois normales de ce qui fait un être humain, ne peut que finir par déshumaniser les Palestiniens, c’est le fléau de l’idéologie raciste, un virus encore plus mortel que le Sida, une maladie née de l’impérialisme de la “race blanche”.
En fin de compte, on a raison de dire que le goût de la richesse, du pouvoir et de la domination, est à la racine de cette situation difficile, les principaux moyens par lesquels on y arrive c’est la notion de supériorité raciale, et ici on doit reconnaître que l’idéologie de la supériorité raciale est une invention unique de la “civilisation” européenne , et une notion qui a mis peut-être cinq cents ans pour se développer et évoluer vers ce que nous avons aujourd’hui.
Parce que sans l’apparition de la supériorité raciale comme une chose “naturelle”, quelque chose d’inné et qui réside dans les gènes de la “race”blanche, une telle abomination serait impossible. Ce n’est pas un accident, dès lors, que l’idéologie du sionisme soit aussi une création européenne et soit vraiment le fils bâtard de l’impérialisme.
"Si j’avais été italien, je suis sur que j’aurais été entièrement avec vous depuis le début jusqu’à la fin de votre combat victorieux contre les appétits bestiaux et les passions du Léninisme."
Winston Churchill sur le dictateur Fasciste, Benito Mussolini avant que ce type ait eu le culot de déclarer la guerre à l’Angleterre.
Evidemment, il y a ceux qui parlent d’une “gauche sioniste” et même d’un sionisme “socialiste”, pour essayer de légitimer ce qu’ont fait les premiers usurpateurs sionistes de la terre de Palestine.
Et pourtant il y en eut aussi qui ne soutenaient pas l’expulsion des Palestiniens, et qui envisageaient une Palestine “multiraciale”, selon le schéma général des impérialistes pour contrôler “la porte” vers l’Afrique et l’Asie, ils comptaient peu.
L’idée d’une supériorité raciale s’est tellement incrustée, qu’excepté les plus ignorants et les plus émotionnellement traumatisés d’entre nous, beaucoup de gens se sentent offensés par l’idée qu’ils sont racistes.
Accusez vos intellectuels européens “moyen”, par exemple ceux qui travaillent dans les medias ou dans les universités, en leur disant que leur certitude fondamentale sur la manière dont le monde fonctionne est imprégnée de racisme subliminal, et ils protesteront vigoureusement contre une telle accusation. Ils vous parleront de tous les amis Noirs et Asiatiques qu’ils ont, ils peuvent même en avoir épousé.
Mais c’est éluder le point de savoir comment l’idéologie du racisme opère vraiment, car ce n’est pas une histoire de goût et de dégoût mais d’affirmations insaisissables, tacites, mais accumulées sur la nature de ce que c’est qu’être humain.
Nous ne permettons qu’au seul état d’Israël de commettre ses véritables crimes contre l’humanité, parce que au plus profond de nous, nous ne considérons pas les Palestiniens comme des humains, dès lors, les règles “habituelles” de conduite peuvent être levées sans risque.
Si c’était des poulets élevés en batterie; ils attireraient plus de sympathie et sans nul doute on verrait surgir une campagne nationale pour un traitement “plus humain” des “poulets” de Palestine.
C’est pourquoi il est si difficile de s’occuper du sujet des “Juifs” parce que “Juif” c’est finalement comme “Black”, une forme d’état d’esprit et pas la représentation d’une réalité intrinsèque.
Suis-je “Juif” ? Ceux qui ont la foi juive diraient que je le suis, parce que ma mère était “Juive” (ou Juivesse, tellement la religion juive est perverse dans sa manière de traiter les femme. Imaginez, si vous voulez, un mot féminin pour Catholique ).
Si je crois que je suis vraiment “Juif” alors par Dieu, je le suis réellement ! C’est bizarre je sais mais cela montre la nature irrationnelle de ce qu’est : être “Juif”.
Et c’est pareil pour la nature commodément interchangeable du “Juif” et de l’Israélien.
En effaçant la distinction entre les deux, l’état d’Israël réussit le plus gros abus de confiance qui soit. Etre les deux en même temps, que ça vous plaise ou non.
C’est cette nature fluctuante du concept de “Juif” qui le rend si séduisant et en fait ne arme de propagande si puissante, car je peux être “Juif” de “race”, de religion ou de culture, ou même les trois à la fois !
Choisissez, panachez, façon super marché, "Achetez en un, vous en aurez deux gratis !".
Et par là même, mais à l’inverse, les concepts d’Arabe et de Musulman (ou de Black et d’Africain) sont eux aussi interchangeables, fluctuants, utilisés seulement pour diminuer et nier.
Mais notons aussi que dans ce contexte, l’idée de "Juif" en elle-même est intrinsèquement raciste. Nous devons seulement observer qu’être "Arabe" israélien est distinct d’être un "Juif" Israélien , mais le concept de "Juif" Israélien est une contradiction dans les termes et n’est donc jamais utilisé pour parler des Juifs qui sont des nationaux israéliens parce que ça prouverait la nature frauduleuse de cette désignation.
Si vous êtes "Juif", vous êtes automatiquement Israélien mais pas si vous "Arabe israélien" car vous êtes Arabe d’abord et n’êtes Israélien que par "accident" de naissance.
J’aurais pu, au lieu de vouloir déconstruire la mythologie du Juif, m’occuper de ce sujet comme le font les torrents de mails que je reçois, de l’injustice patente de tout cela, et c’est évidemment injuste, un crime aux proportions horribles qui rivalise avec "l’Holocauste" - peut-être même plus, dans la mesure où il est commis en pleine lumière, et même enregistré quotidiennement par vidéo et donc nous n’avons pas l’excuse du "Nous ne savions pas".
Alors quelle est la solution ? Y en a-t-il une ?
Beaucoup, surtout les Noirs américains, tombent dans le piège de l’idéologie raciste, ce racisme est une expression unique de "l’Européen" et il est évidemment dans les "gènes" de "la race blanche" en quelque sorte.
"Oy Vey" ! De là nous vient le concept "d’Africain Américain", tel que privé du droit d’être Américain au sens le plus complet (sinon abstrait) du mot, vous gagnez un lot de consolation.
Mais succomber à une analyse si superficielle, c’est précisément l’objectif de l’idéologie raciste, car ne vous trompez pas, le racisme est d’abord et avant tout une idéologie, une construction, si vous voulez, qui a été formulée au cours des temps, perfectionnée et améliorée, répandue par des tonnes de charabia pseudo scientifique qui soulignent les "différences" entre les "races".
Aujourd’hui encore, dans ces temps prétendument éclairés, nous lisons toujours des "façons de penser Arabes" ou de "la nature insouciante et bon enfant de l’Africain (et ce rythme (qui leur est) "naturel" etc.. ) ou les "doigts agiles et diligents des Asiatiques".
Ainsi s’est imposé le concept de la supériorité raciale qui défie toute analyse rationnelle. On a formulé des politiques, on a agi ensuite, on a pardonné des comportements ou on les a rationalisés plus tard comme étant des déviations par rapport à la norme.
L’Histoire devient le dépôt des leçons non apprises ou au moins dépourvues de liens discernables avec le présent.
"Je suis très fortement favorablesà l’usage de gaz empoisonné contre les tribus non civilisées"
Winston Churchill sur l’usage du gaz moutarde contre les Irakiens.
Partant, la description de Winston Churchill sur l’usage de gaz empoisonné contre le peuple d’Irak n’a pas de lien avec la politique actuelle.
En ce qui concerne nos leaders actuels, c’est une invasion martienne qui a dû le faire.
C’est peut-être ce pouvoir de fragmenter le continuum de notre histoire qui est l’aspect le plus impressionnant du pouvoir de l’idéologie du racisme, car autrement, comment ce que fait l’état israélien peut-il être dissocié de la réalité de son impact sur le peuple de Palestine ?
Comment les medias commerciaux justifieraient-ils, autrement, qu’ils ignorent, diminuent et altèrent la réalité quotidienne de la vie sous occupation ?
Ca n’a rien à voir avec le fait qu’ils l’ignoreraient tout simplement, car de temps à autre ils font ce "juste tapage" autour de la manière dont sont traités les Palestiniens ou les Irakiens ce qui renforce la primauté sous-jacente de l’importance de la culture.
Des conceptions qui créent une différence qualitative entre la mort d’un Palestinien et celle d’un "Juif". Le "Juif" à l’aune du système de valeur occidental a plus de valeur que le Palestinien.
Cette situation hypocrite s’applique même à ceux qui ont péri dans les camps de concentration nazi.
J’attends encore le documentaire sur l’Holocauste Tsigane (dont plusieurs millions ont été exterminés avec autant de précision et de moyens industriels que les Juifs) et ses répétitions sans fin, qui mettrait le peuple Tsigane dans l’enviable position d’attirer l’attention des medias occidentaux de la même façon que les Juifs.
Suggérer même que les Tsiganes ont souffert autant que les Juifs équivaut à dénier l’Holocauste, voilà le pouvoir de l’élite sioniste.
Mais mettre sur le compte de notre "culpabilité collective" notre refus de nous occuper des crimes de l’état d’Israël, c’est une échappatoire comme de dire que les crimes de nos ancêtres sont sans lien avec notre responsabilité à l’égard de notre présent collectif.
Oui, pour continuer à nous gaver de nos propres mots, il faut que nous ayons d’abord avalé des tas de foutaises.
Source : www.williambowles.info/
Traduction : CS pour ISM
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