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USA -

Biden apporte-t-il des cadeaux aux Palestiniens ?

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Des sources à Ramallah ont révélé récemment que l'Autorité palestinienne a maintenu le contact avec le président démocrate élu des États-Unis Joe Biden tout au long de sa campagne. Des canaux de communication directe ont apparemment été établis par un homme d'affaires palestino-américain. « Nous voulions faire savoir à M. Biden que nous sommes prêts et disposés à discuter », a expliqué un responsable de l'Autorité palestinienne.

Biden apporte-t-il des cadeaux aux Palestiniens ?

L'AP a bien sûr suspendu ses contacts avec l'administration Trump après que le président sortant ait fermé le bureau de l'OLP à Washington et reconnu Jérusalem comme capitale unifiée de l'État d'occupation israélien en 2018. La situation s'est détériorée après que Trump ait coupé l'aide aux ONG palestiniennes et à l'UNRWA et annoncé son "accord du siècle", que l'AP a décrit comme une "nouvelle déclaration Balfour".

Depuis 2016, les États-Unis sont considérés comme tout sauf un intermédiaire honnête dans les efforts pour résoudre la question israélo-palestinienne. Donald Trump a été le président américain le plus ouvertement partial envers Israël. L'AP sera donc heureuse de voir le résultat des élections américaines, mais à quoi les Palestiniens peuvent-ils s'attendre lorsque le président Biden sera à la Maison Blanche ?

« Contrairement à tout autre président américain, Trump a soutenu l'annexion de la Cisjordanie occupée et fut un partisan absolu d'Israël », m'a dit l'analyste politique Omar Jaara. « L'AP espère donc trouver en Biden un véritable partenaire avec lequel travailler. »

Le président élu, estime l'AP, pourrait être quelqu'un qui changera la politique américaine en Palestine-Israël et qui fera revivre la solution des deux États. Bien que discréditée et considérée comme morte et enterrée par beaucoup, une telle solution envisage la création d'un Etat palestinien indépendant aux frontières de 1967 avec un échange de terres, ainsi que Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.

Selon le professeur Abdul Sattar Qasim de l'université Al-Najah en Cisjordanie , l'AP est cependant « naïve et stupide » de croire que la seule solution peut être obtenue par le biais des États-Unis. « Tous les présidents américains ont eu un soutien absolu et inconditionnel à l'occupation israélienne. Trump n'était pas un cas particulier ; son approche était différente, c'est tout ».

M. Biden a déjà déclaré qu'il ne renverrait pas l'ambassade américaine de Jérusalem à Tel-Aviv. En tant que vice-président en 2016, il a aidé Israël à obtenir le plus important programme d'aide jamais mis en place par les États-Unis, d'un montant de 38 milliards de dollars. Sa campagne a déclaré à plusieurs reprises son soutien "à toute épreuve" à Israël et a condamné toute tentative de boycott de l'État d'occupation. Il s'est engagé à ne pas utiliser l'aide comme monnaie d'échange pour forcer Israël à changer de politique. La vice-présidente élue de Biden, Kamala Harris, a déclaré à l'AIPAC que l'engagement des États-Unis en faveur de la sécurité d'Israël « doit être solide comme un roc ».

Qasim a également remis en question la condamnation par Biden de l'annexion de la Cisjordanie par Israël, soutenue par Trump. « Même sans annexion, la Cisjordanie est contrôlée par Israël. Annexion ou pas, cela ne fera aucune différence sur le terrain ».

Si l'AP met un certain espoir dans le président démocrate élu, elle sait aussi que le républicain Trump a supervisé trois accords de "paix" entre Israël et des pays arabes. Le démocrate Jimmy Carter a négocié un traité entre Israël et l'Egypte, et le démocrate Bill Clinton en a conclu un entre Israël et la Jordanie.

Les traités avec l'Égypte et la Jordanie ont été beaucoup plus bénéfiques à Israël que les accords Trump, car il était en conflit réel avec ses États voisins. Israël a occupé des territoires palestiniens sous sa surveillance et la signature de traités avec eux l’a protégé de toute revendication future éventuelle du Caire et d'Amman sur la bande de Gaza et la Cisjordanie . Les accords avec les États du Golfe et le Soudan ne présentent aucun avantage de ce type pour Israël. Le Soudan est un pays pauvre qui n'a pas d'impact réel sur la géopolitique de la région(*), tandis que les États du Golfe entretiennent des relations fortes, bien qu’en coulisses, avec Israël depuis des décennies. Les accords Trump ont été conclus à la hâte à des fins purement politiques pendant la campagne électorale.

L'AP, dit Qasim, sait que la relation avec Biden ne sera probablement pas très différente de celle avec Trump. « De plus, l'AP ne veut pas changer et aller de l'avant. Si elle le faisait, les dirigeants perdraient leurs privilèges et leur argent ». Il a réitéré sa conviction que les communications de l’AP avec la campagne de Biden sont absurdes. « L'AP, rappelez-vous, a encouragé et soutenu la campagne de feu le président et premier ministre israélien Shimon Peres. »

Muqtedar Khan, professeur de sciences politiques et de relations internationales à l'université du Delaware, a écrit que « les États-Unis sont le plus puissant allié d'Israël ». Il a souligné que chaque président américain depuis 1973, qu'il soit démocrate ou républicain, « a fourni une aide étrangère et une technologie militaire substantielle aux Israéliens et a protégé Israël de la condamnation internationale pour sa politique envers les Palestiniens ».

Néanmoins, Omar Jaara a salué le contact de l'AP avec l'équipe de Biden pour la simple raison que « tout président américain peut freiner l'agression israélienne contre les Palestiniens et résoudre le conflit israélo-palestinien ». Cependant, peu importe qui est à la Maison Blanche, ils favorisent Israël plutôt que la Palestine et les Israéliens plutôt que les Palestiniens. « Biden », conclut-il, « n’apporte aucun cadeau aux Palestiniens. »



(*) Note ISM-France : Contrairement à cette affirmation, et pour comprendre l’importance du Soudan pour Israël, lire l’article écrit par le Prof. Dr. Walid ‘Abd al-Hay (en exclusivité pour le Centre al-Zaytouna) : « La stratégie israélienne concernant le grand barrage de la Renaissance éthiopienne ».

Source : Middle East Monitor

Traduction : MR pour ISM

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