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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine occupée -

Ce n’est pas aux Nations-Unies de décider de la résistance palestinienne

Par

Ramona Wadi est une chercheuse et journaliste indépendante, critique de livres et blogueuse. Ses écrits couvrent divers thèmes liés à la Palestine, au Chili et à l'Amérique latine.

Les manifestations de la Grande Marche du Retour dans la bande de Gaza ont fourni aux Palestiniens les fondements sur lesquels ils peuvent exprimer leurs revendications, loin des querelles politiques, de l’opportunisme et de l’exploitation qui ont rendu les peuples dépendants de leur seule détermination à survivre.

Ce n’est pas aux Nations-Unies de décider de la résistance palestinienne

Depuis le 30 mars, ils ont non seulement manifesté leur volonté de continuer à faire reconnaître leur droit de retour, mais ils ont également mis en lumière le fossé qui sépare les aspirations palestiniennes des fausses représentations de la communauté internationale sur les revendications palestiniennes. Deux déclarations récentes de responsables de l'ONU témoignent du refus de la communauté internationale de reconnaître ces dernières.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies dans le territoire palestinien occupé (OCHA) a dilué les manifestations palestiniennes en cours pour laisser place à une réflexion sur « la frustration croissante due à la dégradation des conditions de la vie quotidienne et à la privation constante des droits fondamentaux de l'homme et à l’absence de processus politique. » Il a également appelé les Israéliens à « veiller à ce que leur recours à la force soit conforme aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international. »

La dernière déclaration d'Adalah dénonçant les tirs des snipers israéliens note que depuis la Commission d'enquête Or, qui réfute les tirs des snipers et les balles réelles comme moyen de dispersion des foules, la politique d’Israël n’a pas changé. Une requête déposée par Adalah et le Centre pour les droits de l'homme Al-Mezan en avril dernier a été rejetée par la Cour suprême israélienne.

À l'occasion de la Journée internationale de la non-violence, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à la mise en œuvre de l'approche non-violente de Gandhi. « Aux Nations Unies, a-t-il expliqué, un monde sans violence - et la résolution des différends par des moyens non violents - sont au cœur de notre travail. »

Les deux déclarations de l'ONU sont pleines d'omissions. La focalisation d'OCHA sur la prévention de « nouvelles détériorations et pertes en vies humaines » est un moyen peu concluant qui permet à Israël l'impunité de tuer et de blesser des Palestiniens sans entrave. En outre, l’insistance à déterminer la privation comme facteur de motivation des manifestations en cours reflète l’obstination de l'ONU à représenter les Palestiniens dans le cadre de paramètres décidés par la communauté internationale.

Le facteur principal des privations des Palestiniens est en réalité la colonisation de leurs terres. Ce qui est arrivé et continue de se produire après la Nakba a toutes les ramifications du processus de nettoyage ethnique initial et en cours. La déclaration d'OCHA sert la structure de son organisation et de ses objectifs, mais elle est loin d'une représentation exacte de la situation des Palestiniens.

De même, la déclaration de Guterres sur la non-violence n'est que le reflet de l'hégémonie dominante imposant les conditions de la non-violence aux populations opprimées. Si Gandhi prouve que la non-violence peut changer l'histoire, l'ONU est la preuve qu'exploiter le concept de non-violence est la méthode privilégiée par l'organisation pour imposer des obligations aux populations qui ne disposent pas des moyens de résister à diverses formes d'oppression, notamment la violence coloniale et militaire. Il est temps que l'ONU mette fin à ses mascarades de « journées internationales…» qui, après tout, se contentent de parler des causes et des problèmes, au lieu d'établir la responsabilité et de mettre fin à la capacité des États à agir en toute impunité.

Quel que soit le moyen de résistance que les Palestiniens décident d’utiliser, ce n’est pas à l’ONU de réglementer leur choix. À la différence des violations des droits de l'homme, qui sont sans équivoque contre le droit international, la résistance par tous les moyens disponibles est légitime pour le colonisé dans sa lutte pour la libération. L'ONU a facilité la colonisation de la Palestine. Exiger l'assujettissement des Palestiniens à un récit international qui permet à l'organisation de poursuivre son travail bureaucratique est au-delà de l’arrogance.



Source : Middle East Monitor

Traduction : MR pour ISM

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