Envoyer cet article
USA - 7 avril 2005
Par Mazin Qumsiyeh
Il est stupéfiant de voir à quel point les principaux médias étatsuniens ont été discrets sur la décision de la cour suprême israélienne qui reconnaît la conversion des non orthodoxes au Judaïsme.
Les journaux israéliens et européens ont débattu de ce problème qui révèle sans ambages qu’Israël est le seul pays du monde qui reconnaît les membres d’une religion particulière comme des ressortissants de l’état, dotés du droit à la citoyenneté automatique, sans préjudice du lieu où ils vivent ni de leur citoyenneté réelle (ni même de savoir s’ils ont envie de ce "droit').
En dépit d’une campagne concertée de propagande pour laquelle ont été dépensés des milliards, la plupart des Juifs préfèrent vivre ailleurs qu’en Israël et dans l’ensemble ne sont pas sioniste et pas d’avantage anti-sionistes.
Ce qui n’empêche pas les sionistes d’affirmer en maintes occasions que les juifs persécutés n’ont qu’un seul endroit pour immigrer (en faisant pression par exemple sur le Congrès des Etats-Unis et sur le gouvernement allemand pour qu’ils ne favorisent pas l’immigration des Juifs Soviétiques en Occident mais pour qu’ils les poussent à immigrer en Israël).
Ce problème, mal compris de beaucoup en raison du silence des medias sur un débat encore en suspens, est au cœur de l’échec de la politique étrangère des Etats-Unis.
Avant Truman (qui subit les pressions du lobby sioniste naissant) aucun président américain ne soutenait le sionisme.
Ce soutien est en fait contraire aux articles de la constitution des Etats-Unis sur la séparation de l’Eglise et de l’état et ne promeut pas la religion.
Mais, Truman même et ses successeurs devaient soutenir Israël en raison de la Guerre Froide, et avaient parfaitement compris que cet état était fondé sur une immense injustice faite aux Palestiniens autochtones (Chrétiens et Musulmans).
La Cisjordanie et Gaza représentent ensemble 22% de la Palestine historique mais même là, quelques 450000 colons juifs contrôlent la moitié de la terre alors que 3,5 millions de Palestiniens s’ entassent dans des zones de plus en plus petites qui ne différent pas des réserves d’Indiens (maintenant entourées, ces zones, de murs et de barrières).
Ce qui reste des 78% de la Palestine est maintenant le foyer de 4,5 millions de Juifs et des 1,2 millions de Palestiniens qui restent. Mais ces Palestiniens ne sont en aucun cas égaux aux citoyens israéliens (même s’ils ont le droit de vote).
Même en écartant la continuelle paranoïa raciste au sujet de la prétendue « menace démographique » qu’ils représentent, un quart des Palestiniens sont considérés par la loi comme des « présents-absents » ce qui signifie qu’ils n’ont pas rejoint leurs parents au Liban ou à Gaza en tant que réfugiés, mais que leur terre est confisquée et laissée à la discrétion du Fonds National Juif agissant conformément à la loi fondamentale sur « la propriété des absents ».
Plus d’une centaine des villes et villages palestiniens qui subsistent encore sont « non reconnus » par l’état et du coup ne bénéficient d’aucun service public (eau, routes, écoles, électricité, etc…)
En ce qui concerne les réfugiés palestiniens, plus de 500 de leurs villages et de leurs villes ont été détruits (voir PalestineRemembered.com) et ces réfugiés constituent maintenant deux-tiers des 9 millions de Palestiniens dans le monde.
Ce processus, qui s’est accéléré derrière le brouillard de cinq guerres, n’a jamais cessé.
Au cours des quatre dernières années seulement, plus de 16000 Palestiniens ont perdu leurs maisons dans les démolitions conduites par l’armée israélienne (voir le Comité Israélien contre les Démolitions de Maisons - ICAHD.org), processus qui continue de manière incontrôlée et non couverte (par la presse) alors même que les Palestiniens ont déclaré un cessez-le-feu et que le mythe du « processus de paix » a repris.
Comment se fait-il que des Juif,s y compris convertis au judaïsme (auxquels s’ajoutent maintenant les conversions des non orthodoxes) puissent vivre sur la terre palestinienne alors que les Palestiniens Chrétiens et Musulmans sont dépouillés du droit fondamental au retour ?
Des études démontrent que le retour du peuple autochtone est possible et désirable sans qu’on évacue les israéliens et même en augmentant le niveau de vie de tout le monde.
Cette injustice fondamentale inhérente au sionisme politique est la raison de l’instabilité continuelle du Proche Orient.
C’est pourquoi un sioniste comme Henry Kissinger déclarait que sous son mandat, sa politique a consisté à faire en sorte que les iraniens et les irakiens « s’entretuent » (la guerre Iran-Irak a fauché un million de vies et les Etats-Unis ont apporté leur aide aux deux parties !).
C’est aussi pourquoi des sionistes comme Richard Perle et Paul Wolfowitz ont contribué à violer la charte des Nations Unies en envahissant l’Irak.
En 1996-1997, ces mêmes bonshommes en expliquaient le bénéfice pour Israël.
Dans l’une de leurs études, ils disaient que ce serait difficile de vendre ce programme de « prévention » et la suprématie du « empêchons un autre Pearl Harbor » (Projet pour le Prochain Siècle Américain).
Ces mots prononcés avant le 9/11/01 font frissonner quand on les conjugue avec le fait que jusqu’à présent nous avons dépensé 259 milliards de dollars pour soutenir la destruction par Israël de la Palestine et 160 milliards de dollars pour l’occupation et la destruction de l’Irak (sans compter les onze années qui ont précédé la dernière invasion et qui a coûté un million de vies irakiennes en raison des sanctions prises par les Etats-Unies, et la destruction des infrastructures).
Ces coûts se calculent en termes de vies humaines perdues et détruites : des milliers de vies israéliennes et américaines et des centaines de milliers de vies palestiniennes et irakiennes.
Tout ça pourquoi ? Est-ce ainsi que la « seule démocratie du Proche Orient » peut décider dans sa Knesset (Assemblée) et ses Tribunaux si les Juifs réformés sont égaux aux Juifs orthodoxes quand ils se convertissent et par conséquent s’ils ont « le droit » de s’installer sur la terre palestinienne ?
Est-ce ainsi que nous allons continuer à conforter des régimes non démocratiques comme l’Egypte et la Jordanie aussi longtemps qu’ils signent des traités de paix avec Israël ou parce qu’ils laissent couler l’essence à bas prix tout en confortant l’importante armée étatsuniennes et autres sociétés (l’Arabie Saoudite par exemple) ?
Le temps n’est-il pas venu pour tout le monde de réclamer des Etats-Unis une politique rationnelle qui reconnaisse le droit des autochtones et mettent le droit des peuples avant les appétits commerciaux ?
Et pour tous ceux d’entre nous (Palestiniens ou non) qui n’appartiennent pas à l’élite, n’est-il pas temps de reconnaître que c’est un combat pour la vie que partagent tous les humains ?
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
9 novembre 2021
Le fait d'être désigné comme "terroristes" par Israël illustre le bon travail des ONG en Palestine9 novembre 2021
L’Art de la guerre - Les nouvelles armes financières de l’Occident5 novembre 2021
Israa Jaabis : De victime à criminelle, du jour au lendemain3 novembre 2021
La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne1 novembre 2021
Kafr Qasem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l'occupation30 octobre 2021
Voler et tuer en toute impunité ne suffit plus, il faut aussi le silence14 octobre 2021
Tsunami géopolitique à venir : fin de la colonie d’apartheid nommée ’’Israël’’12 octobre 2021
La présentation high-tech d'Israël à l'exposition de Dubaï cache la brutalité de l'occupation9 octobre 2021
Pourquoi le discours d'Abbas fait pâle figure en comparaison du fusil d'Arafat à l'ONU6 octobre 2021
Comment la propagande israélienne s'insinue dans votre divertissement quotidien sur Netflix : La déshumanisation et la désinformation de FaudaUSA
Résistances
Mazin Qumsiyeh
7 avril 2005