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Palestine occupée -

Comment les Palestiniens peuvent-ils parvenir à une véritable « paix des braves »

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30.08.2019 - En 1958, le général Charles de Gaulle se lança dans un nouveau projet visant à freiner la révolution en cours pour la libération nationale contre le colonialisme français en Algérie. Il appela son plan « la paix des braves ». Mais ses tentatives de compromis avec les révolutionnaires algériens sont restées lettre morte, car ceux-ci ont persisté à exiger une libération totale – une revendication que la France a accepté en 1962.

Comment les Palestiniens peuvent-ils parvenir à une véritable « paix des braves »

Yasser Arafat, Yitzhak Rabin et Bill Clinton – signature des Accords d’Oslo, le 13 septembre 1993. (REUTERS FILE PHOTO/ REUTERS)
Cette rhétorique de la « paix » coloniale a été reprise par les Américains, qui l'ont modifiée en « processus de paix » au milieu des années 1970, en référence à la colonisation de la Palestine par Israël et à l'agression de cet État contre ses voisins arabes. En conséquence, la colonisation israélienne des terres arabes est devenue un « conflit » – un terme qui n'a jamais été utilisé pour désigner la résistance algérienne au colonialisme français – et les luttes de libération sont devenues du « terrorisme ». Dans le même temps, la « paix » en est venue à faire référence à la soumission palestinienne et arabe totale à Israël.

Langage de « paix » et « conflit »

Les gouvernements arabes, et plus tard les dirigeants palestiniens, ont succombé. Ils ont remplacé l'ancien projet de libération nationale du colonialisme israélien par le langage colonial de « paix » et de « conflit ».

En septembre 1992, dans un discours devant une délégation de Syriens des hauteurs du Golan occupé par Israël, le président syrien de l'époque, Hafez al-Assad, a parlé d'une « paix des braves » avec Israël – « une paix réelle », a-t-il ajouté, pas « jeux, pièges et embuscades » – dans laquelle toutes les terres syriennes occupées seraient rendues à la souveraineté syrienne.

Assad a emprunté cette phrase à de Gaulle, mais a changé de trajectoire, passant d'une « paix » que les colonisateurs doivent embrasser pour mettre fin au colonialisme, à une « paix » embrassée par les colonisés pour parvenir à la fin du colonialisme. Cependant, le problème est que la bravoure des colonisés se manifeste généralement dans leur lutte pour la libération, et non dans le fait d'accepter une offre de paix mettant fin au colonialisme des colons, qui ne requiert que la célébration, pas le courage. Ce sont les colonisateurs qui, selon De Gaulle, avaient besoin de courage pour abandonner leurs colonies mal acquises face à la résistance et à une guerre indigène de libération nationale.

Depuis la reddition des droits des Palestiniens par l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de 1993 et d'un siècle de lutte anticoloniale palestinienne à Oslo, les fonctionnaires de l'OLP transférés dans la nouvelle entité coloniale appelée Autorité palestinienne (AP) ont défendu avec brio leur capitulation historique en parlant sauvegarde de la lutte palestinienne.

L'ancien dirigeant de l'OLP, Yasser Arafat, a insisté sur le fait que sa capitulation conduirait à une Palestine libre, bien que très tronquée. En 1994, il s’est imaginé en de Gaulle et a parlé de « la paix des braves » dans son discours lors de la remise du prix Nobel de la Paix, un prix qu’il partageait avec les colonisateurs des Palestiniens, l’ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin (qui a personnellement expulsé le peuple palestinien de la ville de Lydda en 1948) et l’ancien président Shimon Peres (le premier architecte de l’arsenal nucléaire d’Israël, puis le boucher de Qana), qui ont insisté pour que leur projet de colonisation se poursuive sous couvert de « paix ».

Colonialisme sioniste perpétuel

Que le chef des indigènes colonisés parle de la « paix des braves » en référence à l’abandon des droits des Palestiniens à leurs colonisateurs était grotesque. Il est vrai qu'Arafat a également appelé les Israéliens à adopter la formule gaulliste de « paix des braves » – mais, pour lui, il s'agissait d'un appel que le colonisateur et le colonisé devaient adopter.

En Algérie, les révolutionnaires ont fait preuve de courage en luttant pour la libération de leur pays du colonialisme français. La « bravoure » qu'Arafat et ses fonctionnaires de l'Autorité palestinienne ont adoptée consiste à livrer leur patrie et leur peuple à un colonialisme sioniste de peuplement perpétuel. Lorsque les Israéliens ont parlé de « paix des braves », c'est l'ancien Premier ministre Ehud Barak qui a utilisé ce terme, bien qu'il apparaisse dans le contexte de « paix » avec la Syrie.

Alors que la « bravoure » défaitiste d’Arafat marquait la première décennie de la capitulation d’Oslo, les successeurs d’Arafat au trône de l’Autorité palestinienne en préparèrent bien davantage. Non seulement le colonialisme de peuplement sioniste a progressé à un rythme soutenu sous l'autorité de l'AP, alors que l'Autorité palestinienne et son personnel vivaient dans le luxe au sein de la Zone Verte de Ramallah, mais la répression active de l'Autorité palestinienne contre toute forme de résistance au colonialisme israélien est également devenue sous le président Mahmoud Abbas un engagement « sacré » dont il a parlé avec fierté.

Tandis qu'Abbas et l'Autorité palestinienne, ainsi que l'armée colonisatrice israélienne, terrorisaient la Cisjordanie pour mettre fin à sa résistance, ils ont également brutalisé Gaza pour sa détermination face au sadisme colonial et à la cupidité israéliens.

Le renversement de la colonisation dans le monde moderne a seulement été obtenu par des guerres de libération, parfois associées à la solidarité internationale. Au Kenya, en Rhodésie et en Algérie, les guerres de libération ont été le principal instrument permettant de mettre fin au régime des colons européens racistes, parallèlement à la solidarité internationale, en particulier dans le cas de l'Algérie.

En Afrique du Sud, le cas le plus semblable à celui de la Palestine, la guerre de libération a été suivie par la solidarité internationale qui n'a réussi qu'à mettre fin à l'apartheid politique, tout en maintenant l'apartheid économique et le privilège économique colonial blanc.

Abandon des droits palestiniens

Dans le cas palestinien, l'Autorité palestinienne a promis de mettre fin à la résistance anticoloniale et à la solidarité internationale avec le peuple palestinien dans le cadre de sa capitulation devant le colonialisme israélien, en contrepartie d'une augmentation et non d'une diminution de la colonisation israélienne, assortie de privilèges pour les entreprises, avec les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne et les hommes d'affaires palestiniens qui prétendent que leurs profits sont une sorte de « victoire » sur les Israéliens, plutôt que le prix à payer pour la renonciation aux droits de leur peuple.

Après Oslo, il a fallu plus de dix ans aux Palestiniens pour reconstruire la solidarité internationale contre le colonialisme sioniste et les collaborateurs de l'AP, tandis que l'AP continuait de saper la résistance locale et le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). Pourtant, la résistance palestinienne persiste, de même que la solidarité internationale.

Alors qu'Israël n'a jamais fait preuve de courage – sauf lors du vol de terres arabes et du meurtre d'enfants et d'adultes palestiniens non armés – l'Autorité palestinienne et ses membres affirment que leur courage actuel est démontré par la résistance au « deal du siècle » du président américain Donald Trump qui cherche à se passer de l'Autorité palestinienne. Cependant, malgré tous les efforts de l'AP et ceux d'Israël, Israël n'a pas réussi à mettre fin à la résistance palestinienne et à la solidarité internationale.

La seule résistance de l'Autorité palestinienne depuis sa création a été de s'opposer aux tentatives de Trump de la dissoudre une fois pour toutes. La « bravoure » de ses membres dans la défense de leurs privilèges au cours des derniers mois, notamment sur Twitter, est sans précédent.

Cependant, ce que l’Autorité palestinienne et ses membres n’arrivent pas à reconnaître, c’est que la seule position courageuse qu’ils pourraient prendre aujourd’hui, comme l’ont demandé la majorité des Palestiniens, est de se dissoudre eux-mêmes, afin que le reste du peuple palestinien et ses partisans dans le monde puissent continuer à résister à leurs colonisateurs avec une bravoure réelle et exemplaire.



Source : Middle East Eye

Traduction : MR pour ISM - Merci à Youssef Girard pour sa relecture experte.

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