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Gaza - 25 juillet 2017
Par Middle East Eye
23.07.2017 – L’homme politique palestinien en exil Mohammed Dahlan a discuté pour la première fois des détails d’un accord de partage du pouvoir qu’il tente de mettre en œuvre avec l’ancien rival Hamas pour diriger Gaza.
Dahlan, 55 ans, ancien chef de la sécurité à Gaza, a dit samedi lors d’un entretien par téléphone avec l’agence de presse AP publié en partie par Al Jazeera dimanche, qu’il espérait que l’accord négocié discrètement conduise à l’ouverture, à la fin du mois d’août, de la frontière du territoire palestinien sous blocus avec l’Egypte, et à la réduction des coupures d’électricité paralysantes.
Les Emirats arabes unis ont garanti un financement de 100 millions de dollars pour la construction d’une centrale électrique du côté égyptien de la frontière, a dit Dahlan depuis les EAU.
Les analystes régionaux surveillent attentivement ce que les liens étroits avec l’Egypte peuvent signifier pour les relations du Hamas avec le Qatar, qui a dépensé plus de 500 millions de dollars ces dernières années pour améliorer l’infrastructure et construire des cliniques à Gaza.
L’Egypte et l’Arabie saoudite mènent actuellement une offensive arabo-sunnite contre le Qatar au sujet de ses liens avec l’Iran, l’accusant de fomenter le terrorisme, une accusation réfutée par Doha. Les analystes disent que si l’Egypte améliore ses relations avec le Hamas, elle pourrait bien exiger du Hamas qu’il renonce à son amitié avec Doha.
Alors que beaucoup de partisans de Dahlan devraient revenir d’exil dans le cadre de l’accord, lui a déclaré qu’il envisage d’y rester.
« C’est mieux pour Gaza que je reste dans la diaspora et que je mette en contact avec tous ceux qui peuvent aider Gaza » a dit Dahlan à l’AP.
Il a ajouté que sa relation avec le chef du Hamas qui vient d’être élu, Yahya Sinwar, a aidé à forger une alliance jadis impensable soutenue par l’Egypte et les Emirats arabes unis.
Ils ont grandi tous les deux dans les rues du camp de réfugiés de Khan Younis, au sud du pays, avant de rejoindre les partis rivaux, Sinwar au Hamas et Dahlan au mouvement dominant Fatah.
« Nous avons réalisé tous les deux qu’il était temps de trouver une sortie, » pour Gaza, a dit Dahlan.
L’accord avec Sinwar, qui pourrait créer une ouverture pour que Dahlan l’exilé revienne sur la scène politique palestinienne, est dans les premiers stades de la mise en œuvre et peut encore échouer.
Sinwar aurait conclu l’accord avec Dahlan sans consulter ou informer les autres dirigeants du Hamas.
Une source informée a dit à MEE : « C’est très dangereux et sans précédent pour le mouvement. Il s’agit une tentative claire de diviser le Hamas qui, depuis 1992, lorsque les cerveaux du mouvement ont déménagé à l’extérieur de Gaza, n’ont pris de décisions stratégiques qu’après une vaste consultation collective.
« Les EAU veulent évincer la Turquie et le Qatar de Gaza. Dahlan et les EAU veulent infliger un coup à l’axe Qatar-Turquie en divisant le Hamas. »
Si l’accord se poursuit, il pourrait également servir à mettre sur la touche le président palestinien Mahmoud Abbas, 82 ans, qui préside des enclaves autonomes dans la Cisjordanie occupée par Israël.
Abbas a entretenu une relation toxique non seulement avec le Hamas, qui lui a pris Gaza en 2007, mais aussi avec Dahlan, qui fut un de ses conseillers principaux.
Les objectifs du deal Dahlan-Hamas, - mettre fin au blocus frontalier, relancer l’économie délabrée de Gaza – pourraient aussi affaiblir les aspirations palestiniennes à un Etat en créant un « mini-Etat » à Gaza, a dit Al Jazeera.
Depuis plus de deux décennies, les dirigeants palestiniens, dont Abbas, ont tenté sans succès d’établir un Etat en Cisjordanie , Bande de Gaza et Jérusalem-Est par des négociations avec Israël.
Pourtant, Dahlan a dit que cet accord avec le Hamas ne transformerait pas Gaza en une entité séparée.
« Nous sommes patriotes, pas séparatistes, » a-t-il dit, ajoutant qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une autre division des territoires palestiniennes.
Le multimillionnaire aux intérêts financiers très diversifiés dans la région et aux liens étroits avec les dirigeants égyptiens et émiratis a également dit qu’il ne souhaitait pas remplacer Abbas.
« Je n’ai pas l’ambition d’être président, » a-t-il dit. « Peut-être était-ce le cas lorsque j’étais plus jeune, mais maintenant je vois la situation. Soixante-dix pour cent de la terre est entre les mains des Israéliens, et ils n’ont aucune intention de nous donner un Etat. »
Azzam al-Ahmed, un conseiller d’Abbas qui a négocié avec le Hamas par le passé, a dit à Al-Jazeera dimanche que l’entente Dahlas-Hamas « ne mène nulle part. »
Il a noté que l’Autorité palestinienne d’Abbas soutient Gaza avec 1,2 milliards de dollars par an pour couvrir les salaires des ex-loyalistes, les versements des prestations sociales et l’électricité. Il a suggéré que Dahlan et le Hamas seraient incapables de couvrir ces sommes.
Al-Ahmed a également dit que l’Egypte avait assuré Abbas « qu’ils n’aideraient aucune nouvelle entité à Gaza. »
Cependant, les longues négociations entre les représentants de Dahlan et une équipe Hamas au Caire le mois dernier n’auraient pas été possible sans la bénédiction de l’Egypte, ont déclaré les participants.
Source : Middle East Eye
Traduction : MR pour ISM
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