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Israël - 17 août 2014
Par Badia Benjelloun
Quand un phénomène offre à s’observer comme survenant de manière régulière et répétée, se dessine la possibilité d’énoncer des « lois » qui président à son itération.
France, 2005
La France a connu des émeutes urbaines dont le facteur déclenchant a été la mort de deux adolescents poursuivis par la police. L’état d’urgence a été décrété et le couvre-feu imposé, le dernier en date avait été décidé en 1961, ne déclenchant qu’une très molle protestation des partis d’opposition concrétisée par le rassemblement d’à peine quelques centaines de personnes devant la Fontaine Saint-Michel à Paris. Une très remarquable mise au point des Services de Renseignements généraux français publiée sur un journal de grande audience populaire avait pointé qu’elles n’étaient pas « ethniques », toutes origines étaient représentées parmi les incendiaires et les lanceurs de cocktail Molotov.
Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur de l’époque, avait fait appel aux compétences israéliennes "reconnues internationalement", invitant son homologue ainsi que le chef de la police de l’entité sioniste en décembre 2005 pour l’aider à mater la révolte.
Arrivé au pouvoir suprême en 2007 après avoir été le premier candidat à la Présidence qui a déclaré ne pas se sentir Français, il a fait fusionner dans son Livre Blanc de la Défense police et armée au niveau du renseignement. L’argumentaire d’inspiration sioniste tient en un maître-mot, le terrorisme serait une menace existentielle majeure pour le pays.
Son successeur de 2012 n’a pas revu cette copie erronée qui confond sécurité intérieure et risque de confrontation avec des pays étrangers. L’un et l’autre, cultivés à l’idéologie apatride de l’européisme et de la mondialisation, ignorent sans doute le sens de la souveraineté nationale. L’affaire Merah, emblématique car elle a eu lieu à la crête des deux versants, n’a pas été éclaircie et n’a pas assuré à Sarkozy sa réélection. Tout un corps administratif refuse la privatisation du renseignement dont la préparation était très avancée dans les réformes sarköziennes au prétexte des réductions du déficit public. Il s’est promis de barrer définitivement la voie au mari de l’ex-mannequin italien.
Colombie, 1987
Dès la fin des années 1980, le gouvernement colombien a recruté d’anciens officiers de l’armée israélienne pour mater les guérillas marxistes. Une fois sur le terrain, ces mêmes officiers ont également participé à la formation et à l’entraînement de milices au service des grands propriétaires terriens et des cartels de la drogue. En plus des mercenaires, Israël fournit de l’armement, armes légères, drones et système de surveillance des télécommunications, à la fois au gouvernement de Bogota et aux barons de la drogue.
La Colombie ne se cache pas de recourir aux Israéliens pour leur expertise en techniques d’interrogatoire des prisonniers et les recrute comme enseignants dans les programmes de lutte anti-insurrectionnelle.
La Mecque, 2010
La famille des Séoud a confié depuis 2010 la « sécurité » du pèlerinage des Musulmans
à la société israélienne G4S responsable par ailleurs du maintien de l’ordre dans les prisons pour détenus politiques palestiniens.
US(a), Canada, 2008-2014
L’assassinat de l’adolescent à peau noire par la police à Ferguson (Missouri) a été une fois de plus l’occasion de vérifier que les entités nationales ont perdu toute légitimité à exercer la violence légale à l’égard des citoyens. Elles délèguent en effet les fonctions de sécurité à des mercenaires étrangers directement ou par le biais de la formation des éléments de leur police.
Depuis de nombreuses années, au moins depuis 2008, les chefs de police des États américains du Nord, Canada inclus, subissent des entraînements en Israël où leur sont inculqués les principes de lutte contre le terrorisme.
Cette nouvelle fonction justifie la militarisation de la police qui bénéficie des surplus des matériels destinés à l’armée puis va en retour élargir le champ de distribution des marchands d’armements.
La liste est longue.
La surveillance de nombreux aéroports étasuniens est depuis longtemps, déjà en septembre 2001 pour le JFK, confiée à des entreprises israéliennes.
En 2006, la société israélienne Nice Group signe un contrat qui lui octroie la surveillance du site de la Tour Eiffel.
C’est encore Nice Group qui a assuré une bonne part de la surveillance des JO de Pékin et de Sotchi.
Quelques tendances sinon lois peuvent être dégagées de ces constatations :
1) Les activités de la police et celles de l’armée sont de plus en plus confondues.
2) Le citoyen n’est plus à protéger, il est devenu l’ennemi, le rebelle et le terroriste à abattre sans sommation ni jugement. Que ce soit à l’intérieur des frontières ou à l’étranger comme dans le cas du drone qui a pulvérisé le citoyen étasunien Anouar Al Awlaki au Yémen.
3) La sécurité est confiée à des entreprises privées, étrangères et souvent israéliennes.
4) Israël est crédité d’une expertise sans égale dans le domaine de la (sécurité) répression des populations civiles.
En effet, soixante ans de contrôle de la Palestine par la terreur militaire ou paramilitaire lui procurent un avantage certain.
Des entités étatiques ou non s’adressent à l’État de Tel Aviv ou à des firmes fondées et dirigées par d’anciens militaires de l’armée d’occupation sioniste et lui délèguent au moins une part de leur sécurité.
Si la répression des foules est bien une activité israélienne essentielle destinée à l’exportation, il est naturel que les Palestiniens, en particulier ceux qui résident à Gaza, offrent leur compétence de résistance à ceux qui sont victimes indirectes dans le monde.
Jusqu’alors, Israël se présentait comme la pointe avancée de la démocratie occidentale dans la jungle de l’Orient arabe.
À l’aune des quelques principes dégagés ici, il peut maintenant être salué comme le poing écrasant les peuples des nations en déficit de démocratie.
Sa réputation est de plus surfaite.
Ses services de renseignements sont peu performants, incapables de prévoir la riposte de la résistance palestinienne pourtant à portée de leur système tant vanté d’espionnage et de contre-espionnage.
Au sol, sa soldatesque n’opère qu’appuyée par l’aviation et s’est trouvée en grande difficulté, terrorisée, face aux militants palestiniens. Les rescapés sont en soins psychiatriques pour syndrome post-traumatique.
Le champ d’expérimentation clos, tirer des missiles depuis le ciel sur des prisonniers, est un modèle très artificiel de répression de soulèvements populaires qui se font en général dans des villes et des quartiers ouverts.
Enfin, le déséquilibre des moyens en présence plaide en faveur du plus faible en armes. Un missile artisanal de 2000 euros fait se terrer 4 millions d’Israéliens dans des cachettes souterraines versus des fusées du fameux Dôme dont le coût approche 70 à 100 millions de dollars. Les roquettes made in Gaza tombent sur Tel Aviv.
Le monde entier est écœuré et le chantage à l’anti-sémitisme, quand la désapprobation de l’État criminel se fait jour, n’est plus efficace.
Netanyahu a dû ployer. Les presque deux mille morts, la dizaine de milliers de blessés, les destructions totales ou partielles des infrastructures et des maisons imposent plus que jamais que le siège de Gaza, qui est une forme de guerre indigne, sournoise et meurtrière, soit levé, que les terminaux soient ouverts, que la reconstruction démarre immédiatement.
La matrice de la plus grande injustice historique, confisquer à un peuple sa terre, le priver de sa patrie et le rendre responsable d’être une victime, a produit pour le monde un paradigme de la Résistance obstinée et forcément victorieuse sur la durée.
Un autre principe est sous-jacent aux doctrines israéliennes de destructions massives et aux assassinats de masse du peuple indigène occupé. C’est celui des populations superflues qu’il est plausible d’éliminer. Il ne fait pas bon être Afro-américain aux Us(a) ni Palestinien en Palestine.
Bientôt avec la récession dans les pays dits développés, les cohortes de jeunes affectées par le chômage deviendront les fractions inutiles, défavorisées et bientôt terroristes. Une bonne moitié des moins de 25 ans, remplacés par des machines, celle qui rallumera les prochaines émeutes.
Des variations dans les conditions initiales peuvent générer des catastrophes où des lois scientifiques établies dans un certain référentiel ne sont plus pertinentes ni pour interpréter ni pour prédire. Les acteurs du désordre actuel dans lequel ils ont plongé le monde ne peuvent l’observer et réaliser que nous sommes à la veille d’une rupture imminente de phases.
Badia Benjelloun
15 août 2014
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Armement israélien
Badia Benjelloun
17 août 2014