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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Désordre ou désillusion

Par

Après plus d’un mois passé à Netzarim en tant que réservistes, des officiers parachutistes déclarent : "Rien ne justifie qu’Israël reste ici". Trois jours après la fin de leur période de réservistes à Netzarim, et après s’être tous dispersés et être retournés chez eux, des officiers du bataillon de parachutistes 9263 se sont retrouvés pour parler.
Ils étaient là, ils ont accompli leur mission, ont fait ce qui leur était ordonné, n’ont pas refusé de servir, n’ont pas protesté, n’ont pas essayé d’échapper à leurs responsabilités. Et maintenant ils veulent dire ce qui occupe leur esprit, espérant que la société qui les a envoyés risquer leur vie à Netzarim les entendra.

Trois jours après la fin de leur période de réservistes à Netzarim, et après s’être tous dispersés et être retournés chez eux, des officiers du bataillon de parachutistes 9263 se sont retrouvés pour parler. Unis par un sentiment d¹urgence. Par le sentiment qu’ils ne pouvaient pas se contenter de revenir à leur routine après l’expérience qui avait été la leur au cours de leur période de réservistes. Mais ils avaient en commun l’idée qu’il fallait élever une immense protestation, ce qu'ils n’avaient pas pu faire quand ils étaient sous l’uniforme. "Tant que nous n’en avions pas parlé, c’était comme si nous n’avions pas terminé notre mission de réservistes" disent-ils.

Cette mission de réservistes qu¹ils viennent d’achever donne à leurs mots un poids particulier. Leur bataillon, resté à Netzarim, a fait pleuvoir sur eux les éloges. Le commandant de brigade leur a dit, plaisantant à demi : "Nous délivrerons vos ordres de rappel pour que vous ne nous quittiez jamais". Le secrétaire de Netzarim leur a envoyé des lettres enthousiastes de remerciements "pour leur travail zélé et réussi qui a permis de faire échec aux attaques terroristes. Merci pour tout ce que vous avez donné, merci pour tout ce que vous avez fait".

Ils étaient là, ils ont accompli leur mission, ont fait ce qui leur était ordonné, n’ont pas refusé de servir, n’ont pas protesté, n’ont pas essayé d’échapper à leurs responsabilités. Et maintenant ils veulent dire ce qui occupe leur esprit, espérant que la société qui les a envoyés risquer leur vie à Netzarim les entendra.


C’était un groupe impressionnant qui a rappliqué pour cette conversation.

Le commandant du bataillon, Tzahi Minervo, 41 ans, est né et a grandi au kibboutz Baram, dans l¹esprit du Hashomer Hatzaïr, sa famille a ensuite déménagé pour le kibboutz voisin de Malkiya. Il a fait une maîtrise en travail social, travaille comme thérapeute dans une clinique psychiatrique à Safed et se spécialise dans le traitement des désordres de l’anxiété. Il dirige aussi un groupe de thérapie destiné aux maris violents de Kiryat Shmona.
Cette année il étudiera la psychothérapie à l¹université de Haïfa. Il a raté les cinq premières semaines de l¹année universitaire pour remplir son devoir de réserviste. Sa femme, Michal, est professeur dans une école de la région de Psagot et dirige des ateliers pour favoriser le dialogue entre juifs et arabes. Leur quatrième enfant est né quand il était à Netzarim.`


Les autres participants de cette réunion étaient :

Le commandant de compagnie Yoav Te’eni, 30 ans, un universitaire de Tel-Aviv qui a obtenu récemment son diplôme en Droit et commencera bientôt un stage au Bureau du procureur,
Ahab Becker, 38 ans, un spécialiste en logiciel de Nes Tziona,
L’officier de renseignements, le major Itai Cohen, 33 ans, analyste de Modi¹in,
• L’officier assitant aux opérations, le commandant Ronen Samocha, 37 ans, technicien en informatique de Ramat Gan, marié et père d’une petite fille,
L'adjudant Gil Garahs, 40 ans, de Haïfa, directeur de raffinerie.

La réunion s¹est tenue chez le sergent Arik Wilensky, 45 ans, à Beit-Oren. Wilensky, est un entrepreneur qui a été libéré de son bataillon et de son devoir de réserviste il y a quatre ans; il est venu à Netzarim en tant que volontaire.
Il était le plus âgé des participants de la réunion, le seul à avoir combattu dans une brigade lors de la guerre du Liban.


Proche de l’absurde

Dès le départ, ces hommes ont tenu à souligner ceci : "Nous ne représentons pas tous les officiers du bataillon. Beaucoup d'hommes de qualité sont sortis de Netzarim plus déterminés. Nous ne représentons que nos points de vue".

Ils ont aussi ajouté : "Nous n¹avons pas fait un bien grand effort. Nous aurions pu donner quelques coups de fils de plus et nous aurions pu facilement faire venir ici bien plus de monde". Le message qu’ils veulent transmettre est sans équivoque : "Israël n’a aucune raison de rester à Netzarim"

Minervo : "Nous avons le droit de nous exprimer parce que les choses que vous voyez de là-bas, vous ne les voyez pas pareil d’ici. Nous avons un point de vue que n’a pas le citoyen ordinaire. Et ce que nous concluons de l’expérience que nous avons vécu, c’est qu’il y a là quelque chose qui est proche de l’absurde. Ce sont choses qui n’ont strictement rien à voir avec la Droite ou la Gauche. Cela continue et personne ne bronche. Nous voulons dire : Mesdames et Messieurs, Netzarim, ce n’est pas Gush Katif ni ces bizarres et lointaines colonies de Judée et Samarie. Netzarim est l’incarnation du délire et de l’illusion. Il suffit de voir ces convois blindés avec les mères et les enfants pour comprendre".

Te’eni : "Contrairement à l¹image habituelle qu'on a des habitants de Netzarim et contrairement à ce que je pensais aussi, ce sont des gens dont les vues ne sont pas hostiles à l'ordre établi. J’ai été très surpris quand je les ai entendu dire que si l’Etat décidait d¹évacuer le lieu, ils n’y feraient pas obstacle. Ce fut une vraie révélation pour moi. Contrastant avec d’autres rencontres que j’ai faite avec des «colons», ces gens-là étaient des gens bien, pas des fanatiques".

Becker : "Ils sont différents de ce que je croyais savoir avant. Quand j’ai servi à Netzarim il y a sept ans, les habitants crachaient encore sur les soldats. D¹un autre côté, c’est un endroit surréaliste. Quand on voit une femme enceinte avec un bébé dans une main et une poussette dans l’autre sortant d¹un camion blindé Safari, je pense que c’est fou. A mes yeux, le prix moral, social et économique qu’Israël paie pour garder Netzarim est hors de proportion, eu égard au bénéfice".

Te’eni : "J’ai beaucoup de respect pour les habitants qui souffrent et se sacrifient à Netzarim. Mais l’Etat est le premier et le principal responsable des vies et de la sécurité de ses citoyens. A Netzarim, c’est au-delà des limites raisonnables. Rester à Netzarim va contre toute logique. La distance entre la mort des citoyens, des soldats et la soi-disant vie normale est infinitésimale. Ce n'est qu'une affaire de chance. L’Etat ne peut s’offrir ce jeu de hasard. De même qu’il avait décidé d¹arrêter les vols vers Toronto quand le danger est apparu plus important que la nécessité, il devrait se conduire pareillement aujourd'hui en ce qui concerne le sort de Netzarim".

Cohen : "La raison pour laquelle nous sommes venus ici, c’est pour que vous évaluiez de manière pratique l’effort requis et le risque déraisonnable pour la vie humaine que la mission implique".

Becker : "Un point si petit au milieu d' 1,3 millions d¹arabes. Qu’y faisons-nous ? Maintenir Netzarim comme nous le faisons aujourd’hui est totalement déraisonnable".

Te’eni : "De même que je ressens comme un devoir de servir où l’Etat m’envoie, parce que c’est la base de la démocratie, c’est pour moi un devoir civique de dire ce qui s’est manifesté en moi au cours du mois que j’ai passé à Netzarim. Si j’étais rappelé demain, j’y retournerais, mais il est important pour moi, pour ma conscience de dire à l’Etat, même s’il ne veut pas l’entendre, qu’il y a des choses qu’il doit savoir. Ce n’est pas une opinion politique".

Wilensky : "Le groupe réuni ici a passé de nombreux jours à faire son devoir de réserviste, bien au-delà de ce que les citoyens moyens d¹Israël connaissent. Pourquoi ? C’est une question d’éducation. Si nous sommes appelés, nous irons demain à Netzarim et le jour d’après. Tzahi (Minervo) sait que s'il convoque les hommes âgés, deux bataillons entiers répondront. Le problème, ce n’est pas nous, ce sont nos enfants.
Chacun de nous ici va réfléchir pour savoir s’il est prêt à envoyer son enfant, à deux doigts de l'incorporation, servir trois ans dans le bataillon Shimshon (le bataillon qui stationne en permanence à Netzarim). Je dis qu’ils devraient partir pour l’Australie et pas pour le bataillon de Shimshon et que je n¹ai rien contre les commandants et leurs hommes, Dieu m¹en garde. Le problème, c’est Netzarim en lui-même".

Samocha : "Les gens m¹ont déjà demandé « Ne pensez-vous pas qu’il est temps d’abandonner cette absurdité et de refuser d¹y aller si vous êtes de nouveau appelés ?» Je sais que nous y retournerons tous et ferons notre job si nous sommes appelés une fois encore, mais le dilemme est de plus en plus grand quand on sert à Netzarim. Regardez, nous avons tous une alternative. Au bout du compte, absolument personne n'est obligé de faire son devoir de réserviste.
Netzarim n’est pas défendable, et c’est tout. Il n’y a aucune raison logique pour que des civils y vivent. Il n¹y a pas si longtemps une section militaire gardait la route de Netzarim et toute la zone était cultivée et florissante.
Maintenant, il y a un bataillon supplémentaire pour garder Netzarim, il n’y a plus trace de vergers, de plantations d’oliviers, la route est semée de montagnes de déchets provenant des usines et des bâtiments résidentiels. La vie des Palestiniens qui vivent aux alentours a nettement empiré. Leurs déplacements sont sévèrement restreints et leurs vies sont constamment en danger".

Wilensky : "L’IDF possède deux sous-marins nucléaires, ce mois-ci nous avons acheté 100 avions pour 24 millions de dollars chacun, et en même temps, l’invention du siècle,­ l’ultime solution à la terreur,­ nous avons créé des séries de bunkers à la façon des forteresses turques d’autrefois le long du corridor de Netzarim".

Te’eni : "On continue de garder Netzarim pour des raisons politiques et par ignorance. Combien de citoyens israéliens savent vraiment où c’est ? La grande majorité de la population n¹en a aucune idée. Au mieux, elle pourra vous dire que c¹est à Gaza. En d’autre mots, la discussion tourne autour de quelque chose qui est loin, quelque part, bien loin, de côté. Quand des femmes soldats sont tuées, on proteste pendant un moment puis immédiatement, ça s’apaise et tout le monde retourne à ses affaires comme d’habitude".

Samocha : "L¹énergie qui est employée à maintenir «une vie normale» à Netzarim est incroyable, sans parler du coût économique par rapport au bénéfice. Je ne parle pas du coût au sens limité du terme ­ si on calcule froidement on découvre que le coût pour le mois où nous avons servi à Netzarim est de 12 millions de nouveaux shekels. A quoi il faut ajouter le coût indirect, et les sommes sont démentes. Je parle de ce que coûte au total la sanctuarisation des habitations de 60 familles dont la vie est en danger comme l'est la vie des soldats qui les protègent, et que la vie des Palestiniens est aussi gravement menacée".

Becker : "La question n’est pas l’argent, mais comment nous, Israéliens, regardons le coeur d’une société qui permet à l’illusion de Netzarim d’exister."

Samocha : "Faire entrer ou sortir un convoi toutes les vingt minutes, c’est dépourvu de toute logique militaire. Le public ne sait pas non plus que la raison pour laquelle il n’y a pas ici de clôture électronique pour enfermer le lieu – c’est mon opinion - c’est d'étendre la zone du grand Netzarim. Pour construire un Netzarim étendu, un autre faubourg de Gaza devra être évacué. C’est sans fin".

Te’eni : "Mon grand-père était de Gdud Ha’avoda, son frère a été un leader de la Haganah à Haïfa, mon père a été parachutiste durant la reprise des opérations, son comandant a été Arik Sharon, j’ai été élevé dans le don et le sacrifice. Pour moi, il reste toujours évident que je dois servir dans «l’avant-garde».
La veille de mon départ pour Netzarim, j’étais avec mon père, quelqu’un qui, à tous les niveaux, sera toujours considéré par l’Etat comme l’un de ses meilleurs fils, et soudain je l’entends me dire des choses qui m¹étonnent. Mon père que j’ai suivi dans les parachutistes, a dit à son fils que ça n’en valait pas le coup. Qu’il n¹irait pas, qu’il refuserait. Cela demandait une explication".

Becker : "Quand partirons-nous de Netzarim ? Quand les pertes deviendront intolérables."

Te’eni : "Je ne me rappelle pas être revenu d’une autre mission si épuisé émotionnellement. Je n’éprouve pas d'angoisse dans ma responsabilité professionnelle de commandant d¹une compagnie et je n’ai pas de problème quand il s’agit d¹empêcher les infiltrations. Les soldats posent des questions et vous n’avez pas toujours de réponses parce que vous-mêmes, vous êtes incapable de résoudre toutes les contradictions. Pas facile quand vous ne comprenez pas vous-mêmes ce que vous faites à Netzarim.
Nous avons besoin qu’on nous dise pourquoi on nous envoie là où l’on nous envoie. Nous ne faisons pas un service forcé. Et nous ne sommes certainement pas la légion romaine".


Netzarim, qui a commencé par la colonie de Nahal en 1972, n’a jamais été aussi fortifié que maintenant, un mois et demi qu’après un homme armé du Hamas, Samir Fouda, masqué par le brouillard, s’est infiltré dans le quartier résidentiel au cœur du camp militaire, et a tué trois soldats : le Sergent Sarit Shneor, le Sergent Adi Osman et le Sergent-Chef Alon Avrahami. Des traces de la tragédie ne sont pas faciles à trouver là, en dehors d’un modeste mémorial dans le coin d’un pièce et la brêche dans la cloture par laquelle le terroriste s’est infiltré et qui a été laissé comme avertissement. Il est entouré par le nouveau fil de fer qui a été renforcé après l'incident. Un autre poste d’observation a été ajouté, surveillant le chemin utilisé par les terroristes.


La semaine dernière, le bataillon de Réserve 9263 a terminé ses 32 jours de réserve à Netzarim et a transmis la responsabilité du secteur au bataillon Shimshon. La dernière fois que leur bataillon a été appelé, en mai 2002, ils ont été affectés à Gush Katif pendant 24 jours.
Cet été, quand le commandant du bataillon, Tzahi Minervo, a été informé que son bataillon serait envoyé à Netzarim en octobre, il a demandé à son commandant de brigade, le Colonel Motti Baruch, d’envisager de les envoyer dans un secteur plus chaud.
"Qu’est-ce que nous allons aller faire à Netzarim ?" a-t’il protesté. "C’est une honte de gaspiller une telle unité de qualité pour un travail de garde."

Mais seulement 5 jours avant l’arrivée du bataillon à Netzarim, la tragédie avait eu lieu et l’endroit a fait la une des journaux. Quand ils sont arrivés là, ils avaient trouvé ceux du bataillon Shimshon non seulement déprimés et épuisés, mais également, selon leur propre jugement, pas convenablement préparés. Le jour du changement, Ronen Glick, un manager de studio à Channel 1 dans la vie civile, ne pouvait pas arrêter de penser : "Est-ce que cela pourrait nous arriver à nous aussi ?"

Il vit à Anatot, se positionne très à Droite dans ses pensées politiques et n’a pas pris part à la réunion de Beit Oren. "Ce que nous faisons à Netzarim est totalement clair pour moi, mais je n’aurais jamais pensé que qulqu’un de la compagnie qui a une position à l’opposé de la mienne essaierait de quitter ce job. Le débat politique n’interfère pas dans le travail opérationnel. Bien que certains expriment leur protestation en n’acceptant pas de boisson des habitants."

Lors des préparations pour l’affectation, Minervo a souvent dû se battre à ce sujet, ce qui divise la société israélienne.
"Il y a souvent des voix qui s’élèvent. Dans le bataillon de réserve, vous ne pouvez certainement pas éviter le débat politique. Le problème surbient toujours. Bien sûr, j’ai permis qu’il y ait débat. Dans le bataillon, tous les points de vue sont représentés, du fils du Rabin Levinger à l’extrème-Gauche.
Aves les soldats, vous n’êtes jamais sûrs, j’ai donné l’odre aux commandants de la compagnie de faire ce qu’ils pouvaient pour que cela soit plus facile pour eaux. Ils ne sont pas obligés d’être à l’avant-garde, ils peuvent aussi avoir un poste de garde. Au lieu d’aller à l’extérieur dans des embuscades, ils peuvent avoir des postes d’observation.
En même temps, j’ai été très clair sur ce qu’était la ligne rouge, parce qu’en tant que commandant de l’unité, je ne suis pas préparé à faire des compromis. Quand il y a un appel urgent pour l’action, il n’y a pas d’exemption
."

Des 448 soldats du bataillon ayant servi à Netzarim à un moment ou à un autre et pour des périodes plus ou moins longues, Minervo n'a rencontré que deux cas de refus de servir. L'un s'est finalement laissé convaincre et a changé d'avis et l'autre a été condamné à 28 jours de prison par le commandant du bataillon "Une décision qui nous a fait pleurer, l'officier et moi" dit Minervo "Il m'a expliqué que cette décision a été mise en place depuis des années, pratiquement depuis l'assassinat de Rabin, et qu'en dépit de son doute profond il l'a adoptée pour les parachutistes et il a insisté sur le devoir de combattre même pour les réservistes mais que maintenant il ne pouvait plus cacher le conflit intérieur qui l'habite".

"Ce n'était pas un gauchiste inconséquent mais un garçon sérieux qui faisait part du conflit qui l'habitait à sa manière vraie, honnête et ce n'était pas facile pour moi. Il m'a dit que malheureusement il n'avait pas d'autre choix que de l'incarcérer".

Minervo dit que le soldat lui a répondu : "Tzahi, je suis responsable de mes actes"
"En tout cas", dit Minervo, "je l'admire plus qu'un autre soldat, un professeur de Jérusalem qui avait d'énormes problèmes. Il n'a pas refusé de servir, mais ce qu'il faisait était bien plus destructeur . Cherchant à échapper au conflit intérieur que provoquait en lui son devoir de réserviste dans les territoires, il envoyait des lettres aux habitants de Netzarim pour leur expliquer pourquoi ils ne devaient pas rester là et pourquoi il était venu les défendre. Juste avant que nous soyons ici, pour notre mission de réservistes, c’est aussi arrivé avec les gens de Gush Katif".

"Cette analyse politique qu'il tient quand il est en uniforme est explicitement hostile aux ordres de l'armée; l'explication qu'il a donnée de ses actes est que ça l'aidait à rester dans le cercle de ses amis ouvertement opposés au aux ordres de l'armée et à leur prouver qu'il n'accomplissait pas son devoir de réserviste pour rien mais pour confronter les colons avec les faits. Mais ça n'est rien du tout. Parce qu'à cause du conflit qui l'opposait au commandant du peloton durant les opérations extérieures, nous avons dû le renvoyer à Netzarim même. Dès qu'il s'est retrouvé là-bas il a fait des commentaires sur les ordres et, à mon avis, le mal qu'il a fait au moral de l'unité fut bien pire que celui fait par quelqu'un qui refuse de servir".


Sur le chemin de la rédemption

Une semaine avant que le bataillon ait fini sa mission de réservistes, quatre obus de mortier et des rockets Qassam ont atterri sur Netzarim et sur la base de l'armée.
Il y eut aussi une chaude alerte à la bombe sur la route d'accès et encore une alerte au tir antiaérien, si bien que tous les mouvements d'entrée et de sortie de la colonie furent stoppés.

Au camp de l'armée à Netzarim à l'entrée de la colonie, 70 écolières principalement des lycéennes et leurs professeurs attendaient que l'alerte passe. Toute la journée, elles avaient visité Jérusalem, sur les pas du rabbin Arihe Levin qui apporta des soins aux prisonniers juifs entre 1920 et 1930. Quand les bus sont arrivés au checkpoint, à 7 kms de chez elles, elles ont été obligée d'attendre. Il n'y avait rien d'autre à faire qu'être patients. Quelques unes se sont mises à prier, d'autres à jouer, ou à faire chanter le groupe. Celles qui étaient fa tiguées se sont endormies.

Les habitants de Netzarim sont habitués à être retenus de cette façon quand ils rentrent chez eux. Cela fait partie de la routine de leur vie. Cette fois, ils ont été retenus pendant deux heures et demi. Puis les tanks se sont déployés près de la route. Trois blindés Safari ont été envoyés au camp militaire, les bus sont restés derrières et le convoi blindé et lourdement gardé a repris la route.

Ce qu'on voyait le long de la route, avec ces casemates-bunkers parsemant la route, rappelait étrangement les scènes qu'on voyait quand l'IDF était au sud Liban.

Au centre de la colonie, les parents des filles sont venus à leur rencontre. Un visiteur n'aura remarqué aucun signe visible d'inquiétude. "Je suis ici en mission pour la nation" a dit Sharon Cohen, qui revenait aussi de Jérusalem, d'une semaine de cours à l'école du Rav Kook; "Netzarim c'est le point faible de l'Etat d'Israël, il n'y a pas de Temple ici, ni de lac Kinnernet. C'est pourquoi notre présence ici est tellement importante et pourquoi ce lieu doit s'agrandir. Vivre à Netzarim réclame un dévouement dont beaucoup sont incapables. Je vois ça comme un pas certain vers la rédemption".


On pourrait dire "des bourgeois"

En même temps une cinquième Qassam s'est fait entendre; en réponse les tanks de Netzarim ont tiré sur le quatrième bâtiment du quartier de Zahara. Nous avions fait exploser les trois autres tours d'habitation en réponse aux infiltrations fatales.

"Avec les attaques terroristes, nous avons constaté une augmentation élevée du nombre des incidents" dit Itzik Vazana, l'un des portes parole de la colonie. "Nous n'avons aucun doute, ici qu’il y a un lien entre ça et la campagne de propagande qu'on fait contre nous. C'est clair et simple. Pour être honnête, nous nou sommes préparés émotionnellement à de telles réactions, mais nous n'avions pas prévu que ce serait si violent. Ce qui nous a le plus angoissé, c'est la distinction qui était faite entre les soldats et nous. Nous pouvions nous arranger de ce qui était écrit dans les articles, mais c'était les unes des journaux qui étaient particulièrement terribles. Nous nous trouvions attaqués et par les terroristes et par les nôtres. C'était comme si la seule chose dont on ne nous accusait pas était de la Peste Noire en Europe".

"Il y a une partie du public qui tend à ignorer la vérité de base à savoir que Netzarim ne fait pas seulement sa propre guerre. Les gens doivent comprendre que les racines du conflit avec les Arabes sont très profondes et même si Golda Meir n'a pas fondé Netzarim, ça ne change rien.
Je vous dirai même autre chose : certains politiques nous ont pris comme cibles. Pour eux, c'est un test pour toute l'entreprise de colonisation en Judée-Samarie. Ils ne sont pas simplement après Netzarim; ils recherchent la faille qui va créer un précédent".

Vazana est arrivé à Netzarim il y a 10 ans, il venait d'Atzmona. Il est marié, a six enfants, et il est professeur d'études religieuse dans une yeshiva universitaire.à Ashkelon. Sa femme s'occupe de jeunes filles qui font leur Service National (Sherut Le'umi) dans la colonie. En avril 1995, il a été gravement blessé quand une bombe a explosé près de la colonie. "Ma main a été complètement déchirée et j'ai perdu un oeil mais grâce à Dieu j'en suis sorti vivant. Exactement deux heures plus tôt, huit soldats et un citoyen américain avaient été tués par une voiture piégée à Kfar Darom. Je rentrais à la maison avec la famille, nous écoutions la radio, la route était vide et soudain une voiture suspecte a surgi en face de moi. J'ai juste eu le temps de donner un coup de volant, et c'est arrivé"

Il voit Netzarim devenir un jour le foyer de 15 000 personnes. Il dit qu'il n'y a rien à discuter en termes d'évacuations ou comme il préfère dire de "déracinement" ou "d'exil". "Croyez-moi nous ne recherchons pas d'émotion fortes, ici. Nous n'avons pas escaladé l'Himalaya et n'avons pas non plus traversé l'Amazonie. Les habitants d'ici sont des gens simples, très ordinaires si vous voulez, on pourrait dire des bourgeois".


Bien que la population soit peu importante, Netzarim s'étend sur une large zone qui inclut les maisons abandonnées d'un vieux kibboutz, une zone de serres, le camp militaire et le couloir menant à la colonie; le taux de soldats par rapport aux habitants est de : 1 pour 1. La compagnie de Minervo a été chargée de sécuriser le couloir pour aller et sortir de Netzarim, une autre compagnie est chargée de mener à bien des missions externes et une troisième chargée de garder la colonie elle-même. Une autre compagnie blindée de la brigade 401 est disponible aussi en cas de besoin.

Selon les porte-paroles de la colonie, 58 familles vivent à Netzarim.
Minervo rit quand il entend ça : "C'est comme avec les manifestations, il y a un fossé entre le nombre que donne le reporter, le nombre que donne la police et ce que disent les organisateurs. En fait, certaines des maisons ici sont vides"

Source : www.haaretz.com/

Traduction : CS

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