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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Du massacre de Kfar Qassem à Lieberman

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Pour la jeune génération et pour ceux qui ont oublié : Le 29 octobre 1956, un groupe de 11 officiers de la police Garde-frontières a tiré et tué 49 citoyens Arabes, y compris des femmes et des enfants, et en a blessé 13 autres dans la banlieue de Kfar Qassem.
Sur ordre du gouvernement, le censeur de l'IDF a interdit la publication de tout détail concernant le massacre, mais après que des anciens membres de la Knesset, Tawfiq Tubi et Meir Vilner, se soient rendus à Kfar Qassem, qui était sous couvre-feu, les faits ont été connus et la pression du public s'est intensifiée.

Les officiers de police qui ont commis le massacre ainsi que le Colonel Isachar Shadmi, le commandant de la Brigade dans la région qui avait ordonné le meurtre des civils, ont été présentés devant un tribunal militaire;

Le juge Benjamin Halevy a écrit dans le verdict, qui a été remis deux ans après l'incident, que les officiers de police ont effectué un meurtre de sang froid sans aucune justification légale. D'ailleurs, la responsabilité dans le massacre des dirigeants politiques (le premier ministre et ministre de la défense, Ben Gurion) n'a jamais fait l'objet d'une enquête.

L'ironie du destin est qu'en marquant les 50 ans du massacre, le racisme a encore le dessus et Avigdor Lieberman a rejoint le gouvernement - un politicien qui rejette les droits civiques des citoyens Arabes et appelle à leur expulsion du pays.

Le massacre à Kfar Qassem a été perpétré sous couvert d'une guerre qu'Israël avait lancé le même jour, en collaboration avec la Grande-Bretagne et la France, contre l'Egypte, qui était décrite à l'époque comme le "centre du Mal".

Une autre ironie du destin : A son arrivée dans le gouvernement d'Olmert, Lieberman a déclaré qu'il était essentiel d'intensifier la campagne contre l'axe du mal (l'Iran et d'autres pays), de sorte que sous couvert d'une telle escalade, il puisse mettre en application son plan raciste qui est d'expulser des dizaines de milliers de citoyens Arabes du pays.

Alors qu'Olmert voit l'arrivée au gouvernement de Lieberman et de son parti de nouveaux fascistes comme des sauveteurs pour sa coalition chancelante, pour la société israélienne, cette arrivée est apparentée à une condamnation à mort des chances de paix, de la démocratie, et des droits de l'homme et des droits civiques.

En même temps, l'arrivée de Lieberman c'est comme cracher au visage de la population Arabe, souffler sur les flammes de l'hostilité, et légitimer le racisme, en retirant la citoyenneté des Arabes, et en ébralant leur existence même en tant que minorité nationale en Israël.

Olmert et son ministre des "Affaires Stratégiques" vont tous les deux préparer la prochaine guerre (Gaza? L'Iran? La Syrie?) ainsi que l'assassinat ciblé de la démocratie israélienne.

En tant que démagogues politiques, ils pourront également exploiter la prochaine guerre afin d'encourager une réaction exagérée, en l'utilisant pour faire voter le budget 2007 et pour procéder à beaucoup plus de privatisations, plus de coupes dans les droits des d'ouvriers, et pour promouvoir l'élimination de l'état providence - ainsi qu'une version actuelle du crime de Kfar Qassam.

Le gouvernement et la société n'ont pas intériorisé la leçon de ce massacre : Dans un endroit où le meurtre de paisibles citoyens par des officiers en uniforme est possible seulement parce que les victimes sont des membres d'un autre peuple (ou d'une religion ou d'une foi différente), il n'y a aucune démocratie ou liberté.
Dans un tel pays, il est possible de nommer en tant que Ministre "aux Affaires Stratégiques" quelqu'un qui méprise la démocratie et la voit comme un obstacle.



Campagne de propagande de Lieberman

Dans sa dernière campagne électorale, Lieberman s'est engagé dans une campagne de propagande en deux langues : Pour les gens parlant Hébreu, il a lancé des messages plus softs, alors qu'on pouvait lire sur les pancartes écrites en Russe : "Lieberman - un homme fort pour un peuple fort."

Le terme d'"homme fort" ne fait pas référence à ses attributs physiques. Par ce terme, Lieberman s'est déjà démarqué comme un dictateur israélien, qui au mieux de la tradition fasciste "mettra de l'ordre dans le pays" et favorisera le nettoyage ethnique.

L'empressement de Lieberman à rejoindre le gouvernement dirigé par Olmert, qui était l'un des principaux partenaires du plan de désengagement, et à s'asseoir avec le parti Travailliste, qui avait rejeté toute collaboration avec lui il y a plusieurs mois, n'est pas une coïncidence. Comme les prédateurs qui restent à attendre que leur proie s'affaiblisse, Lieberman a agi de la même façon.

Il a senti la faiblesse croissante du gouvernement chancelant, qui perd rapidement la confiance du public, et il a décidé qu'il était temps d'entrer dans la coalition et mettre en place son agenda (Ministre de la Stratégie) et plus tard, mettre la main sur le gouvernement.

Lieberman est la punition pour les péchés du gouvernement : L'aventure du Liban, l'élimination des négociations de paix, la politique d'aggravation des lacunes sociales, et le manque d'intérêt envers des secteurs croissants de la société israélienne tout en les marginalisant.

Tous ceux qui se réjouissaient de "l'unité nationale" qu'ils caractérisaient de contribution à la guerre ont préparé le terrain à Lieberman, qui prendra soin de "célébrer l'unité" qui ne se terminera jamais, par des guerres incessantes aussi bien internes qu'externes.


Par conséquent, Lieberman ne cessera pas de brandir le drapeau d'"état d'urgence" : le même drapeau imbibé de sang sous l'ombre duquel a eu lieu il y a 50 ans le massacre à Kfar Qassam.

Amir Peretz et la direction du parti Travailliste, qui étaient en mesure d'empêcher l'arrivée de Lieberman mais qui n'ont pas voulu, découvriront bientôt le prix à payer. Lieberman a déjà déclaré que tout changerait dans le gouvernement, parce que "ses principes de base n'ont pas beaucoup de valeur", et bientôt son parti aura d'autres ministres dans le gouvernement.


Le "drapeau noir" d'un ordre en soi illégal contre lequel le juge Benjamin Halevy avait mis en garde se transforme maintenant en drapeau noir d'une politique en soi illégale.

Par conséquent, c'est notre devoir civique que de résister à ce nouveau-vieux gouvernement, pour défendre la démocratie israélienne, et de combattre ensemble, les Arabes et les Juifs, pour les droits civiques et une véritable égalité.

L'auteur a été député du parti Hadash et donne actuellement des conférences à l'université Ben Gurion, à l'université Sapir, et à l'université Socio-Economique


Source : Yedioth Ahronoth

Traduction : MG pour ISM

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