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Gaza -

Gaza : La mort de l’industrie

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Un cimetière dans le quartier al Rimal à Gaza attire l’attention des motocyclistes et des piétons. Installé le mardi 18 mars dernier sur la place al Katiba, ce cimetière symbolique comprend des tombes représentant les centaines d’usines qui ont été fermées en raison de l’embargo économique.

Gaza :  La mort de l’industrie

Photo ci-contre : AFP - Un faux cimetière a été construit dans la ville de Gaza pour symboliser la mort de l’économie en raison du blocus hermétique impose à la Bande Gaza par Israël.

Les 40 “tombes”, qui ont été couvertes de fleurs, ont toutes une pierre tombale où sont inscrits le nom de l’usine et le nombre d’employés qui ont perdu leur travail.

Le Comité Populaire Contre le Siège de Gaza (PCAS) est à l’origine de la création de ce cimetière afin de protester contre le blocus économique imposé à Gaza suite aux élections législatives palestiniennes en 2006.

Selon le Syndicat de l’Industrie Palestinienne, l’embargo a entrainé la fermeture de 96% des entreprises industrielles (3900 entreprises) et a réduit au chômage 140.000 employés. Actuellement, le nombre total d’employés dans les usines ne dépasse pas les 1.500.

Le secteur industriel palestinien est divisé en quatre principaux secteurs : l’ameublement, l’alimentaire, le textile et les matériaux de construction. 90% des usines d’ameublement ont mis la clé sous la porte tandis que 95% des menuiseries ont fermé.

Des statistiques indiquent également que les meubles qui ont été fabriqués aussi bien pour le marché local que pour l’exportation ont été abîmés en raison de leur stockage pendant de longues périodes dans des entrepôts. Ces produits sont normalement exportés vers la Cisjordanie et Israël et représentent, selon les estimations, environ la cargaison de 400 camions.

Ces produits ont une valeur d’environ 8 millions de dollars. Avec la fermeture de ces usines d’ameublement, 6.000 ouvriers ont perdu leur travail et les pertes dans ce secteur sont estimées 12 millions de dollars.

Quant au secteur du textile et de l’habillement, toutes les entreprises ont fermé leurs portes, soit plus de 960 usines qui produisaient chaque année 5 millions de vêtements dont 95% étaient exportés vers Israël.

Pour l’instant, les pertes du secteur du textile sont évaluées à 10 millions de dollars, sans compter les 1 million d’articles qui ont déjà été fabriqués pour la saison estivale qui sont prêts à être exportés vers Israël.

Les usines de vêtements ont environ 25.000 employés, cependant la fabrication de vêtements est paralysée en conséquence directe du manque de matières premières et du coût du matériel nécessaire à la fabrication. Dans ce secteur, l’ensemble des pertes est estimé à 20 millions de dollars.

Quant aux usines de produits alimentaires dans Gaza, elles ne fonctionnent actuellement qu’à seulement 30% de leur capacité normale, c’est pourquoi leur production est limitée et ne peut donc pas être exportée vers la Cisjordanie ou ailleurs.

Les trois principales usines de production de boissons gazeuses qui employaient auparavant 900 ouvriers sont maintenant fermées depuis qu’Israël a interdit l’entrée du dioxyde de carbone dans la Bande de Gaza – un ingrédient essentiel à la fabrication de ces produits.
Les pertes de l’industrie des boissons gazeuses sont estimées à 3 millions de dollars.

Le syndicat de l’Industrie Palestinienne a déclaré que le blocus avait entrainé la fermeture de l’ensemble des entreprises de matériel de construction soit 13 fabriques de carrelage, 30 cimenteries, 145 fabriques de marbre, 250 briqueteries et par conséquent, 3.500 ouvriers ont perdu leur emploi.
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Samih al Haddad, qui est propriétaire de l’Entreprise de Matériels Electriques Al Haddad a déclaré à Asharq Al-Awsat qu’il n’avait acheté aucun équipement électrique au cours des huit derniers mois. Il a ajouté que l’usine, dans laquelle il est associé avec ses frères, a subi une perte d’un million de dollars en conséquence directe de l’embargo économique en marchandises et équipements qui ont été saisis et retenus dans les entrepôts d’un port israélien.

Al Haddad a expliqué qu’avant le blocus, il avait 63 employés, mais qu’aujourd’hui, il n’a plus que 20 employés à temps partiel. Il a ajouté qu’il était pessimiste et qu’il s’attendait à ce que la situation se détériore encore plus.

Mohammed Abu al Owf qui est propriétaire d'une fabrique de tissu a déclaré à Asharq Al-Awsat qu’avant l'embargo, son entreprise était florissante et que la société produisait 150-200 tonnes de tissu par mois.

Aujourd'hui, son entreprise fabrique un kilo de tissu par mois. Abu al Owf a révélé qu'avant l’embargo, il avait 45 employés et qu'aujourd'hui il a trois comptables.

Abu al Owf qui a participé à l'inauguration du cimetière symbolique à al Rimal le 18 mars dernier, a déclaré que s'il en avait les moyens, il érigerait des pierres tombales symboliques pour les dizaines de milliers de personnes qui ont perdu leur emploi, et donc leur seule source de revenus suite à la fermeture de centaines d'usines.
"Ces gens sont malheureux et sont morts après avoir perdu leur possibilité de vivre et de subvenir aux besoins de leurs familles. Telle est la véritable tragédie», a-t-il dit.

Comme tous les autres entrepreneurs et commerçants, Abu al Owf a lui aussi des produits qui ont été saisis et stockés dans des entrepôts israéliens qu'il ne peut pas récupérer en raison du blocus. Il a dit que les marchandises avaient une valeur de 600.000 dollars et il a ajouté: «Mais ce qui complique encore davantage les choses, c'est le fait que la valeur du dollar a plongé, ce qui signifie que nous avons subi des pertes encore plus importantes et que notre situation est encore plus grave."

Abu al Owf estime qu'Israël est décidé à étouffer l’économie et pousser Gaza vers la catastrophe. Il a ajouté que les propriétaires d'usine vont poursuivre en justice le gouvernement israélien devant la Cour Suprême Israélienne, non seulement pour lever le blocus et rétablir des conditions de travail pour les usines, mais pour sauver des milliers de familles qui ont été dévastées après l'embargo.


Yousef Shumar, le propriétaire de l’usine de produits alimentaires Shumar, qui fabrique une gamme de biscuits et des confiseries, a déclaré que le principal obstacle affronté par son usine est le manque de matières premières.

Il a révélé à Asharq Al-Awsat que le principal problème n'est pas le manque de produits alimentaires de base, comme la farine et l'huile, mais plutôt une pénurie de matériaux d'emballage comme le carton et le plastique.

Shumar a révélé que pour surmonter ce problème, il a été obligé de distribuer ses produits dans des emballages et des boîtes qui ne portent pas de nom. Parfois, il utilise les caisses d'autres produits, ce qui a un impact sur les ventes auprès des consommateurs.

Mais Shumar a également souligné le grave problème que représente la pénurie de carburant. Il a dit : "Souvent, il ne peut faire qu’un quart des livraisons en raison du manque de carburant pour les véhicules."
Il a révélé que le blocus avait entrainé une réduction de 90% de la capacité industrielle de Gaza, ce qui l’a contraint à licencier la majorité de ses employés.

Faisal al-Shawa, le directeur de l’entreprise Al-Shawa Contracting, qui gère un certain nombre d'usines, est pessimiste. Il a dit que la situation ne peut pas être pire que ce qu'elle est déjà et il a ajouté que tout était paralysé.

Al Shawa, qui est également le Secrétaire général de l'Association des Hommes d’Affaires dans la bande de Gaza a déclaré : «Les hommes d'affaires ont fait faillite, ils ont subi d'énormes pertes. Il ne reste plus d’entrepreneurs ou d’entreprises, la catastrophe a touché tout le monde sans discernement, et nous ne savons pas qui nous dédommagera. ! »

L'un des principaux problèmes rencontrés par les propriétaires d’usines qui ont été fermées est leurs dettes considérables auprès de leurs banques.
Selon Fadl al Garwe, "À l'instar d'autres usines, nous avons pu obtenir des prêts auprès des banques, mais quand nous avons subi d'énormes pertes, les banques ont commencé à demander le remboursement de l'argent que nous avions emprunté. Ce sont des sommes importantes dont le remboursement mettra du temps et nous ne savons pas quand et comment nous serons en mesure de le faire. "


De son côté, Amr Hamd, le chef du Syndicat général de l’Industrie palestinienne a souligné que la bande de Gaza avait atteint un point de non-retour et qu'il sera de plus en plus difficile d'attirer ou de convaincre les investisseurs à investir dans la bande de Gaza, même quand le blocus sera levé.

Hamd a ajouté qu'il existait une "érosion du capital" dans le secteur industriel. Il explique : «Quand Israël bloquait le passage des frontières et que les chefs d’entreprises se retrouvaient face à une crise, ceux-ci vendaient divers outils - mais maintenant, la situation est devenue très grave."


Rami Abdo, un expert économique a déclaré que l'effondrement du secteur industriel de Gaza avait eu un impact négatif sur le secteur privé, qui fournit 53% des emplois. Le secteur industriel a été durement frappé et sa production industrielle a baissé de76% à 11%.

Abdo a expliqué à Asharq Al-Awsat, que le secteur commercial s'appuie sur le secteur industriel et donc plus de 43% des établissements du secteur privé ont mis fin à leurs activités de négoce, tandis que les autres ont diminué leur activité de près de 75%.


Pour sa part, Jamal al Khadri, le chef du Comité Populaire Contre le Blocus a déclaré à Asharq Al-Awsat que le chômage avait fortement progressé et que 140.000 employés ont été licenciés – et cela a eu sans aucun doute un impact sur leurs familles. Il a déclaré : "Si nous supposons qu’une famille moyenne comprend cinq à six membres alors cela signifie que 700000 citoyens palestiniens ont été touchés par la fermeture des usines."

Al Khadri a confirmé que les coupures de courant, le manque de matières premières, de carburant et de capitaux, avec l’impossibilité d'acheter des machines ou de réparer et d'entretenir celles disponibles, ont eu des répercussions sur le secteur industriel. Il a déclaré que les pertes étaient estimées à 500 millions de dollars, sans oublier les 150 autres millions de dollars de biens confisqués par Israël et stockés dans des entrepôts.

Il a également souligné que le blocus avait perturbé d’innombrables projets, des projets des entreprises commerciales, et des projets de construction et d'infrastructure dans la bande de Gaza.


Omar Shaban, un éminent expert économique, rejette l'idée de convertir en chiffres et en pourcentages les graves problèmes qui ont frappé le secteur industriel, mais il a déclaré que cela ne reflétait ni ne diminuait la manifestation de ces crises.

Il a également souligné un élément critique, qui est la répercussion de l’isolement du secteur industriel palestinien de l'Europe, d’Israël et du monde arabe, ainsi que la perte des importateurs dont il avait fallu beaucoup de temps et d'efforts pour gagner leur confiance.

Selon Shaban, même quand le blocus sera levé, il faudra d'énormes efforts pour restaurer la confiance dans les produits palestiniens. "La perte de confiance dans les produits palestiniens de la part des importateurs étrangers ne peut pas être estimée», a-t-il expliqué.

Shaban souligne également que ce qui s'est abattu sur le secteur industriel s'inscrit dans la continuité du plan israélien de frapper le secteur industriel palestinien et de le faire régresser à des décennies en arrière de sous-développement.

"Le peuple palestinien ne peut pas rétablir la situation à ce qu'elle était autrefois, sauf avec d’énormes efforts, cependant, il est clair que nous ne disposons pas d'un plan stratégique pour lutter contre de telles attaques à la lumière des divisions internes palestiniennes", a-t-il conclu.

Source : http://aawsat.com/

Traduction : MG pour ISM

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