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France -

Georges Abdallah : La collaboration active entre le ministère de la Justice et l’ambassade des Etats-Unis

Georges Ibrahim Abdallah, combattant historique de la juste cause palestinienne, est emprisonné en France depuis 30 ans. Cette peine extraordinairement longue pour un détenu dans les geôles françaises est due à l’acharnement politique des autorités françaises et étasuniennes qui agissent conjointement pour que Georges Abdallah, communiste arabe, ne puisse être libéré.

Georges Abdallah : La collaboration active entre le ministère de la Justice et l’ambassade des Etats-Unis

Dans les années 80, alors que le Liban était agressé et envahi par l’armée israélienne avec la complicité des États-Unis et de la France, les FARL, Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, l’organisation qui a revendiqué les actions pour lesquelles Georges Abdallah a été condamné, se sont attaquées directement sur le territoire français à des représentants de l’impérialisme US et de l’état sioniste. Cette organisation de résistance a ciblé à Paris un attaché militaire US, le lieutenant-colonel Charles Ray, un membre des services secrets de l’État sioniste, le diplomate Yacov Barsimentov, et à Strasbourg le consul général des États-Unis, Robert Onan Homme.

Depuis l’arrestation de Georges Abdallah en 1984, les États-Unis ont toujours été extrêmement présents pour aider « les découvertes » de la police française destinées à le faire condamner et pour faire pression sur les décisions de justice. Ainsi lors du procès de 1987 qui verra une cour d’exception condamner Georges Abdallah à perpétuité, les États-Unis se sont portés partie civile, fait exceptionnel, et ils se font représenter par leur ambassadeur avec Georges Kiejman comme avocat. Au prononcé du verdict un journaliste de l'Humanité pourra écrire : « Washington a gagné, sous les applaudissements de Tel-Aviv (...). Le procès Abdallah a été de bout en bout piloté pour et par une puissance étrangère ».

La peine de sûreté assortie à la condamnation de Georges Abdallah est de 15 ans. De fait depuis 1999 Georges Abdallah pourrait être libéré sur décision de justice. Mais l’administration étasunienne agit ouvertement contre toute libération de Georges Abdallah avec la complicité active des pouvoirs politiques français. Et Georges Abdallah est toujours en prison, 30 ans après son arrestation.

Les câbles sur Wikileaks relatifs à l’affaire Abdallah illustrent cette entente des autorités françaises et étasuniennes pour bloquer la libération de Georges Ibrahim Abdallah et ils montrent la collaboration active entre le ministère de la justice et l’ambassade US.

En février 1987, alors que Georges Abdallah a déposé une demande de libération, l’ambassade des États-Unis en France rédige un « câble » à destination des autorités Étasuniennes pour leur demander d’agir contre cette demande de libération. Dans ce document il est indiqué que l’avocat Kiejman craint que la décision de libération soit positive pour Georges Abdallah si rien n’est fait pour influencer les juges : “Georges Kiejman judges in his letter to the Ambassador that, without the consideration of other factors, it is probable that Abdallah's release will be approved by the court and he will be expelled from French territory.” Georges Kiejman est l’avocat français représentant les intérêts du gouvernement US, partie civile dans cette affaire. Il était déjà l’avocat payé par les États-Unis lors du procès de 1987. Entre temps il a été quelques mois ministre de la justice d’un gouvernement socialiste !

La note (3) du câble précise que c’est la première fois que la cour contacte à ce sujet l’ambassade des États-Unis : “This is the first time the Embassy has been asked by the court for comments in connection with an application for release by Abdullah.” L’État français voulait s’assurer que son allié américain interviendrait à temps pour aider à contrer une éventuelle libération de Georges Abdallah.

Le deuxième câble daté du mois d’avril 2007 montre que les efforts conjoints du gouvernement français et des autorités US portent leurs fruits, et que la demande de libération de Georges Abdallah a peu de chance d’aboutir. Ce câble s’empresse de signaler en note (1) que le ministère de la justice assure auprès de l’Ambassadeur être opposé à la libération de Georges Abdallah : “The Ministry of Justice has assured the Ambassador that it opposes parole.”

La note (3) de ce câble illustre toute la complicité entre les autorités françaises et étasuniennes : contacts directs entre le ministère de la justice et l’ambassade, remerciement appuyé de l’ambassade, conseil de l’ambassade au ministre, continuité de l’acharnement français d’une administration à l’autre, importance des pressions politiques sur une justice qui se voudrait indépendante !

Ainsi il est dit que le ministère de la justice a écrit à l’ambassade pour les assurer que le gouvernement français s’oppose catégoriquement à la libération d’Abdallah. L’ambassadeur fait part de sa gratitude et il demande que le ministre passe la consigne à son successeur au ministère de la justice. Enfin il est souligné que l’action du gouvernement est vitale pour bloquer une éventuelle décision de libération que pourrait prendre en première instance un juge au nom de l’indépendance de la justice. “Ambassador Stapleton received a letter on April 2 from Jean-Marie Beney, Chief of Staff to the Minister of Justice, advising us that the GOF's chief prosecutor (known in French as the Procureur General) had been given instructions to adamantly oppose Abdallah's request for parole. The Ambassador responded in writing on April 26 with gratitude and asked that the Minister of Justice advise his successor of the importance of the case; the Embassy will try to seek the same commitment from the incoming administration. While the final decision will be made by an independent judiciary, the government's support is vital to our case, particularly since the GOF can appeal if Abdallah is granted parole in the first hearing. »

La note (4) du câble indique que la DST (Direction de la surveillance du territoire) a contacté l’ambassade des États-Unis pour les informer qu’ils avaient écrit au juge pour lui recommander de ne pas libérer Georges Abdallah. « Separately, the GOF's DST (Direction de la surveillance du territoire, our FBI-equivalent) told us it had made the following recommendation to the judge responsible for hearing the case: "In the current already-tense political environment, Abdallah would be one more destabilizing element on the Lebanese scene. Our service assesses that Abdallah's release would present a danger to the security of our country and to all those openly engaged in the war on terrorism. The DST therefore recommended that Abdallah not be released on parole.”

Et que dire des notes (14) et (15) de ce câble ?

La note (14) indique qu’il y a eu une rencontre entre les représentants des États-Unis, le juge anti-terroriste Bruguière et un directeur du ministère de la justice pour insister sur la position des États-Unis au sujet de l’affaire Abdallah.

14. (C) On Wednesday, March 7, Assistant Attorney General Waynestein and Deputy Assistant Attorney General Swartz met with France's Chief Counterterrorism judge, Jean-Louis Bruguiere, and the Director of the Ministry of Justice's criminal division, Jean-Marie Huet. They reinforced our message about Abdallah with both of their interlocutors.

La note (15) mentionne le courrier envoyé par l’ambassadeur au ministre de la justice, copie au ministre des affaires étrangères et au ministre de l’intérieur, pour rappeler les intérêts des Etats-Unis dans ce dossier.

15. (C) On March 9, Ambassador Stapleton sent a letter to Pascal Clement, the Minister of Justice, to make him aware of the U.S., interest in the case, and ask that the MOJ give the matter appropriate attention. Copies of the Ambassador's letter were also sent to the Ministers of Foreign Affairs (Douste-Blazy) and Interior (Sarkozy).

Cette collaboration active et directe entre le ministère de la justice française et l’ambassade des États-Unis d’Amériques a abouti au rejet de la libération de Georges Abdallah. En 2012/2013 une collaboration similaire entre les autorités française et Étasuniennes aboutira également à une non libération de Georges Abdallah.

Alors qu’une demande de libération déposée par Georges Ibrahim Abdallah sera examinée fin septembre 2014, quelle forme de pression sur la justice française exercera Mme Uzra ZEYA nouvelle représentante des États-Unis à l’ambassade à Paris ? Et quel artifice utilisera l’État français pour bloquer une éventuelle décision favorable à Georges Ibrahim Abdallah ?

Georges Abdallah est un prisonnier politique. Le combat pour sa libération est un combat politique, c’est le combat pour la libération de la Palestine.

Le trio Israël/France/États-Unis qui a permis les massacres à Sabra et Chatila est aujourd’hui en action contre la libération d’un combattant historique qui a porté le combat anti-impérialiste et antisioniste dans les métropoles où se trouvent les responsables de l’oppression et de la colonisation au Moyen-Orient.

Georges Abdallah est emprisonné en France depuis 30 ans,

Parlant de la Palestine il écrivait que les prisonniers palestiniens, en dépit des longues années, sont toujours là, debout face à leurs geôliers, incarnant la résistance héroïque de la Palestine. Et Georges Abdallah est toujours là, debout face à ses geôliers, incarnant la résistance à l'impérialisme et au sionisme.

Georges Ibrahim Abdallah – Mai 2013 :
« Camarades, jadis, Ben Gourion, comme tous les criminels réactionnaires des années quarante, disait à ceux qui l’avertissaient de la révolution palestinienne : «… les causes aussi vieillissent avec le temps et finissent à leur tour par mourir et disparaître. »

Cependant plus de six décennies plus tard, la Palestine est toujours là, aussi vivante que résistante. La détermination des masses populaires palestiniennes est plus que jamais inébranlable, en dépit de la terreur et des atrocités de tout genre. Les prisonniers palestiniens aussi, en dépit des longues années, sont toujours là, debout face à leurs geôliers, incarnant la résistance héroïque de la Palestine et prouvant à tous les Ben Gourion que la Palestine non seulement vivra, mais elle vaincra certainement.

La solidarité est une arme camarades, faisons-en bon usage ! »

Des camarades du soutien pour la libération de Georges Abdallah
Bagnolet, 6 septembre 2014

Source : Le Désordre

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