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Jérusalem - 5 septembre 2010
Par Institution internationale al-Quds
Résumé
Depuis 2005, l’Institution internationale d’al-Quds publie un rapport annuel sur les dernières agressions et mesures relatives à la mosquée al-Aqsa menées par l’occupation sioniste. Ce rapport observe les agressions entre le 22/8/2009 et le 21/8/2010, en abordant la judaïsation de la mosquée dans une approche globale, à partir de quatre aspects.
Le premier aspect étudie l’évolution de l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa, tant au niveau politique et religieux que juridique.
Le deuxième aspect traite des travaux d’excavations, constructions et confiscations sous et aux alentours de la mosquée al-Aqsa et montre leur évolution tout au long des récentes années ainsi que leurs détails et leurs buts à partir des nouvelles données, au moment où l’occupation est en train de fonder une ville juive sous et autour de la mosquée, en installant une infrastructure complète.
Le troisième aspect traite de la présence juive humaine et effective à l’intérieur de la mosquée et les tentatives d’intervention dans son administration : il consigne les assauts, les déclarations des personnalités officielles, des extrémistes juifs et des appareils sécuritaires, en tentant de comprendre leur finalité et la complémentarité des rôles de toutes ces parties, unies pour réaliser le même but, qui est le partage de la mosquée entre juifs et musulmans, le plus tôt possible. Tout comme il consigne l’interdiction permanente de restauration des parties de la mosquée, la limitation de déplacement des employés des Awqaf qui représentent le bras exécutif de ce département, en vue de paralyser sa fonction et l’empêcher d’accomplir ses tâches, pour arracher l’exclusivité islamique de la mosquée au profit de l’autorité archéologique israélienne. Il note également le contrôle de l’entrée à la mosquée, les tentatives de l’occupation de modifier les règles de la maîtrise de ses portes, et la limitation du mouvement des fidèles selon leur lieu de résidence et leur âge.
Le quatrième aspect traite des réactions des principales parties intéressées, la résistance, l’Autorité palestinienne, les réactions officielles et populaires arabes et islamiques, et étudie l’absence de dissuasion qui permet à l’occupation de judaïser la mosquée et exécuter le plan de partage. Le rapport se termine par des recommandations aux différentes parties actives et concernées par le sort de la mosquée, en traçant des lignes pour remettre en place la dissuasion, qui avait protégé la mosquée tout au long des 44 années passées depuis son occupation.
I – Evolution de l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa
I-A – la position politique
L’accession de Benyamin Netanyahou au poste de premier ministre de l’Etat de l’occupation en 2009 a été le principal événement ayant renforcé l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa, étant donné qu’il est le premier homme politique dans cet Etat à appeler publiquement à concrétiser cette présence. Depuis qu’il a accédé à ce poste, Netanyahou a essayé de ne pas parler publiquement ou de prendre des mesures ministérielles claires en vue de modifier la situation dans la mosquée al-Aqsa, de crainte de susciter des pressions américaines supplémentaires, mais il a donné le feu vert à plusieurs ministres, députés ou hommes politiques influents, sous la direction des extrémistes juifs, pour se rendre à la mosquée et y prier, afin de maintenir sa coalition gouvernementale et la base populaire qui la soutient. Les traits de la politique adoptée par la coalition au pouvoir sont apparus avec les déclarations de plusieurs ministres et députés demandant le droit des juifs à entrer dans la mosquée, les assauts répétés contre la mosquée par les représentants du gouvernement et du parti Likoud, les plus importants étant l’incursion du parlementaire Likoud Dani Danon le 21/7/2010, ainsi que celle du dirigeant du Likoud Moshé Figelin le 1/7/2010, et sa déclaration, en sortant : « La situation présente ne peut plus être acceptée… Les musulmans ont le droit d’y entrer par milliers alors que les religieux juifs ne peuvent y entrer que par petits groupes… Le waqf (le département islamique des Awqaf qui administre la mosquée al-Aqsa) ne possède pas ce lieu (la mosquée), qui appartient au peuple juif ». Ce genre de déclarations et d’incursions s’est répété tout au long de l’année.
Sur le plan des négociations, le gouvernement de l’occupation a réussi, grâce au soutien politique américain et la chute vertigineuse du plafond politique officiel arabe et palestinien, à lancer des négociations indirectes à partir du 3/3/2010 au moment où les agressions incessantes et sans précédent assaillaient la mosquée al-Aqsa et où la situation générale était embrasée dans al-Quds. Ceci a renforcé l’idée affirmant que la ville d’al-Quds était hors des négociations, et que les modifications en cours dans al-Quds et la mosquée al-Aqsa sont « une affaire interne » et non soumises à un processus de négociations ou d’interventions étrangères. L’occupation tente aujourd’hui de consolider son acquis en refusant ce que la direction de l’Autorité palestinienne nomme « une référence claire pour les négociations », insistant sur l’idée de négociations « sans conditions préalables », dans le sens où elle n’est pas tenue de respecter un calendrier préalable, l’obligeant à discuter une question précise, et notamment le sort de la ville d’al-Quds ou de la mosquée al-Aqsa, ce qui est d’ailleurs en train d’être réalisé.
D’autre part, les autorités de l’occupation ont préservé des acquis politiques et ce qu’elles avaient réalisé sur le terrain au cours des années précédentes, avec la neutralisation de la résistance en Cisjordanie et à Gaza, empêchée de riposter directement à ce qui se passe dans al-Aqsa tout en accumulant d’autres acquis, qui lui permettent de modifier la situation dans la mosquée. L’occupation a visé sheikh Raed Salah et est parvenue à l’emprisonner sous le coup d’un jugement du tribunal du 25/7/2010, entérinant l’isolement des directions populaires maqdisies loin de la mosquée al-Aqsa par l’intermédiaire de décisions répétées d’interdiction d’entrée à la mosquée.
Au niveau extérieur, le gouvernement de l’occupation a facilité les contacts entre les associations juives extrémistes et l’administration américaine pour faire adopter à cette dernière le point de vue concernant le droit des juifs sur la mosquée al-Aqsa. En effet, une rencontre a eu lieu entre un grand responsable de la Maison Blanche avec des représentants des associations le 14/3/2010, tout comme a été gelée la discussion de l’initiative de l’administration d’Obama pour faire de l’ancienne ville un lieu ouvert aux fidèles des trois religions, initiative qui a suscité, au cours de l’année passée, l’agitation de plusieurs parties concernées.
I - B – La position religieuse
Jusqu’en 1967, date à laquelle la mosquée al-Aqsa a été occupée, il y avait unanimité parmi les rabbins juifs pour interdire l’entrée de la mosquée al-Aqsa – appelée le mont du temple – mais cette unanimité fut remise en cause après la guerre de 1967, lorsque certains rabbins ont considéré que la victoire réalisée était un signe divin pour les Juifs pour commencer à construire « le troisième temple ». Au début des années 90, le front des rabbins appelant à l’entrée des juifs dans la mosquée commence à s’élargir et l’assaut de la mosquée par Sharon en 2000 a représenté un tournant essentiel, de nombreux rabbins s’étant ralliés à ce front, qui rassemble depuis 2007 la majorité des rabbins que les juifs dans l’Etat prennent pour références.
L’évolution la plus notable au cours de la période observée par le rapport est le changement de l’attitude de certains rabbins « haridim » - les juifs non sionistes – qui constituaient la principale coalition opposée à l’entrée des juifs au « mont du temple ». Depuis le mois de novembre 2009, des groupes de haridim commencent à assaillir la mosquée, de manière régulière, et sous forme de groupes composés de 5 à 30 personnes, dans un climat de complaisance évidente de la part de la police de l’occupation comme pour encourager ce courant à poursuivre sa nouvelle orientation. L’exemple le plus clair s’est déroulé le 25/5/2010, lorsque la police de l’occupation a autorisé, pour la première fois, un rabbin haridim à accomplir le culte entier de la prière juive, et de se prosterner entièrement face au Dôme du Rocher, en pleine journée, sans l’en empêcher ou permettre aux gardiens de la mosquée al-Aqsa de le chasser, bien que l’accomplissement de ces cultes soit une violation de la décision de la cour suprême israélienne qui a autorisé les juifs à entrer dans la mosquée à condition de ne pas accomplir de culte apparent de la prière au moment de la prière des musulmans.
De même, l’année dernière a été le théâtre de l’assaut de la mosquée le plus large mené par un groupe de rabbins depuis son occupation en 1967 : un groupe de 40 rabbins a investi la mosquée le 10 mai 2010, à la veille de la célébration par l’Etat de l’occupation de son occupation de toute la ville d’al-Quds. Quant aux associations actives qui appelent à la construction du troisième temple et qui préparent ses outils et son infrastructure, elles ont intensifié leurs activités au cours de cette année et ont inauguré « la journée de conscientisation sur le temple », qui serait le 16 mars de chaque année, où des activités sont prévues pour exercer des pressions sur le gouvernement de l’occupation « pour autoriser les non-musulmans à prier dans le mont du temple ». La période couverte par le rapport a assisté à l’organisation d’activités pour célébrer toutes les fêtes et les occasions juives à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa, aucune de ces occasions n’étant écartées sans que l’appel ne soit lancé pour investir la mosquée, y compris la commémoration de la visite du rabbin Mousa b. Maymoun à al-Quds, visite qui est cependant historiquement contestée à la base.
I - C – la position juridique
Après les développements successifs, dès 1993 où la cour suprême de l’occupation a considéré « le mont du temple lieu le plus sacré pour les juifs », se référant à un texte biblique affirmant qu’il est « le cœur de l’Etat d’Israël et une partie indivisible de son territoire », ainsi que sa décision en 2003 d’autoriser les juifs à entrer dans la mosquée, avant de leur accorder le droit d’y prier à des heures différentes de la prière des musulmans, en 2005, l’année passée a assisté à deux développements importants sur le plan juridique : le tribunal a émis le 4 octobre 2009 la déclaration suivante, jugeant un musulman lors des affrontements dans la mosquée al-Aqsa : « il est possible d’arrêter la personne indiquée en vue de préserver les valeurs essentielles, y compris le droit d’accomplir les prières, après autorisation de la police et la nécessité de leur assurer la protection ». Ce texte émanant du tribunal représente, pour l’appareil exécutif qu’est la police, une modification entière de ses tâches qui, après avoir été chargée d’assurer la protection de la mosquée contre les agressions des colons, est désormais chargée d’assurer la protection des colons lorsqu’ils investissent la mosquée.
Le second développement est représenté par le recours de l’association « les gardiens du temple » auprès de la cour suprême de l’Etat de l’occupation pour permettre aux juifs de présenter des offrandes lors des pâques juives dans les cours de la mosquée al-Aqsa, la cour suprême ayant répondu, à la demande du procureur général, que « les offrandes dans la mosquée al-Aqsa auront des conséquences négatives sur la sécurité et la stabilité dans la région, notamment dans les temps présents » ce qui veut dire que la cour n’a pas rejeté la question mais l’a repoussé car le gouvernement n’est actuellement pas capable d’affronter les protestations et les affrontements qui peuvent en découler.
II – Les excavations et les constructions sous et autour de la mosquée
II - A – Les excavations
Tous les faits enregistrés au cours de la période couverte par le rapport indiquent que les excavations et la construction de la ville juive sacrée forment la priorité de l’occupation, dans la ville d’al-Quds, qui se comporte sans susceptibilité ni crainte des réactions palestiniennes, arabes ou islamiques. La vitesse des excavations s’est intensifiée du double, à peu près, et l’occupant a inauguré au cours de l’année passée 9 nouveaux sites d’excavations, soit 80% de plus que l’année précédente, et la superficie des excavations près de la mosquée s’est élargie pour atteindre l’extrême partie de l’ouest de l’ancienne ville. Et le nombre des sites des excavations sous la mosquée est passé à trois.
Il faut remarquer que l’occupation a consacré toutes les parties actives dans al-Quds pour poursuivre les excavations. La municipalité de l’occupation intègre les travaux de judaïsation de la zone dans ses plans officiels, elle prend en charge la tâche de vider les lieux visés et d’assurer la couverture légale pour les activités des associations de colons, comme pour le quartier de Wadi Helwa, au sud de la mosquée al-Aqsa, où l’occupant a l’intention de mettre la « ville de David », la municipalité ayant conçu un plan d’occupation des sols dans le quartier où 70% de ses terres seront confisquées, une grande partie d’entre elles seront consacrées à la construction des cimetières et des mausolées juifs.
Quant à la police de l’occupation, elle assure la protection de la sécurité des colons et des équipes des excavations, même s’ils provoquent ou agressent la population. L’Etat de l’occupation a montré qu’il était prêt à mener des affrontements violents avec la population maqdisie pour assurer la poursuite des excavations, alors qu’il évitait les affrontements auparavant. Le quartier de Silwan, au sud de la mosquée al-Aqsa, a été le théâtre des affrontements les plus violents, notamment aux mois de mars et de mai 2010, au cours desquels la police de l’occupation a arrêté des dizaines de maqdisis, y compris un grand nombre d’enfants.
La période couverte par le rapport montre que 9 nouveaux sites d’excavation ont été inaugurés, 4 au sud de la mosquée, 4 à l’ouest et un site au nord, ce qui fait au total 34 sites, dont 21 en action et 13 achevés. Du point de vue géographique, 15 sites au total se trouvent au sud, 17 à l’ouest et deux au nord de la mosquée.
1 – les excavations au sud de la mosquée
Ces excavations ont pour but de trouver ce qui s’appelle « la ville de David », une ville qui s’étendrait, selon les allégations sionistes, de Ayn Silwan au sud jusqu’aux murs de la mosquée au nord. La partie principale responsable de ces excavations est l’association Elaad. Au cours de cette période, 4 nouveaux sites ont été inaugurés et l’action se poursuit dans les 7 autres sites. Au total, 15 sites d’excavations se trouvent au sud de la mosquée, 11 en action et 4 achevés.
2 – les excavations à l’ouest de la mosquée
La partie ouest de la mosquée al-Aqsa est considérée comme le nerf principal de la ville juive que l’occupation construit sous la mosquée. La plupart des lieux à visiter s’y trouvent, et la route qui relie le sud de cette ville à Silwan et le nord, sous la voie Dolorosa, s’y trouve également, de même que la plupart des accès à cette ville. L’association « protection du patrimoine du mur des lamentations » est la principale responsable de ces excavations dans cette partie. 4 nouveaux sites ont été ouverts, faisant au total un ensemble de 17 sites d’excavation, 8 en action et 9 achevés.
3 – les excavations au nord de la mosquée
Les excavations s’étendent tout le long des murs de la mosquée, commençant à partir de Bab Hatta à l’est jusqu’à l’angle nord-ouest de la mosquée. Elles ont pour objectif de relier la ville juive à la Via Dolorosa, en vue d’unifier les tours touristiques entre lieux chrétiens et la ville juive, les intégrant ainsi comme un tout dans la ville d’al-Qods, et entériner l’idée du patrimoine judéo-chrétien commun de la ville. Au cours de la période couverte par le rapport, un nouveau site a été ouvert, au nord de la mosquée, ce qui fait au total 2 sites d’excavations, tous les deux actifs.
II - B – Constructions et confiscations des terres autour de la mosquée
Par les constructions et les confiscations de terres autour de la mosquée al-Aqsa, l’Etat de l’occupation vise à ajouter un caractère juif à l’environnement de la mosquée, à intensifier la présence juive dans la mosquée, ces constructions devenant le point de départ vers al-Aqsa : centres de rassemblements pour investir la mosquée, ou moyens de couverture pour masquer les excavations ou assurer la présence sécuritaire dans la mosquée.
Au cours de la période couverte par le rapport, la construction de bâtiments juifs aux alentours de la mosquée a connu un bond qualitatif avec l’ouverture par l’occupant de la synagogue de la ruine (al-Kharab) à l’ouest de la mosquée al-Aqsa, pour représenter le symbole juif de l’ancienne ville, parallèlement à la mosquée al-Aqsa et l’Eglise du St Sépulcre, symboles de l’islam et du christianisme. Avant l’ouverture de la synagogue, un journaliste du quotidien Haaretz avait lancé l’histoire d’une prophétie ancienne à propos de la construction du « troisième temple », une semaine après la construction de la synagogue de la ruine. Cet article avait suscité un large remous médiatique, entraînant l’élargissement du mouvement de protestation dans les monde arabe et islamique contre l’inauguration de la dite synagogue, même si les groupes juifs agissant pour la construction du « troisième temple » avaient démenti cette prophétie pour éviter à la fois la colère populaire et la déception du public sioniste extrémiste.
Quoiqu’il en soit, l’inauguration de la synagogue de la ruine a été accueillie par des réactions arabes et islamiques acceptables, mais tardives, qui n’ont pas empêché l’inauguration, mais au moins réduit le niveau de l’intérêt et de la présence officielle prévue, la police de l’occupation ayant été contrainte de reporter les manifestations des extrémistes juifs prévues pour le jour suivant.
Au cours de cette période également, l’occupation a approuvé la construction de deux synagogues encore plus proches de la mosquée al-Aqsa que la synagogue de la ruine, la première dans le lieu de prière du musée islamique qui se trouve à l’intérieur des cours de la mosquée al-Aqsa, le comité local de la planification et de la construction de la municipalité (sioniste) d’al-Qods a approuvé sa construction en décembre 2009 pour être la seconde synagogue construite à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa, après celle construite dans le lieu de prière de l’école tankaziyya.
Quant à la seconde synagogue dont la construction a été approuvée aux alentours de la mosquée al-Aqsa c’est la synagogue « fierté d’Israël », le plan de sa construction a été dévoilé en avril 2010 ; elle est située à moins de 200 mètres de la mosquée. Le plan prévu de sa construction montre que sa superficie sera de 300 mètres carrés, sur une hauteur de 27 mètres, comprenant quatre étages et six parties. En cas de construction, cette synagogue sera la construction la plus élevée dans la vieille ville.
Outre des synagogues, l’occupation a inauguré le musée du « troisième temple » dans la partie sud-ouest de la place al-Bouraq. Ce musée a pour fonction de propager le récit juif de l’histoire d’al-Qods, et diffuser l’idée de la construction du « troisième temple » au sein du public juif et occidental. Le musée est composé de quatre étages et comprend des salles de conférences, une synagogue, des salles de fêtes, et sur son toit a été installé le plus grand modèle du « troisième temple » dans le monde. Il se trouve juste en face de la porte al-Maghariba.
Tous ces bâtiments et ces symboles juifs dont la construction a été approuvée ou qui ont été inaugurés au cours de la période couverte par le rapport, montrent les efforts sérieux de l’occupation pour judaïser l’ancienne ville et ses symboles, mais en même temps, ils indiquent sa confiance en sa capacité à exécuter ses plans, aussi grands soient-ils, faisant fi de toute réaction ou pression, et de ce fait, ces projets seront encore plus immenses dans l’avenir et encore plus proches de la mosquée al-Aqsa. Il n’est pas exclu, si la situation se développe de cette manière, que l’occupation commence de grands projets comme la synagogue « sacralité de la lumière » que le projet « Urshalim en premier » avait prévu en 2008, et qui est prévu pour être construit au-dessus du tribunal islamique, jouxtant le mur ouest de la mosquée al-Aqsa.
III - Concrétiser la présence juive à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa et intervenir directement dans son administration
Les incursions dans la mosquée constituent la boule de neige qu’utilisent les associations et groupes juifs extrémistes appelant à changer la situation présente dans la mosquée al-Aqsa, pour relever sans cesse le niveau de leurs revendications. Pendant qu’ils organisent des incursions collectives et répétées, le gouvernement et le régime judiciaire leur apportent la couverture politique et juridique nécessaire, et la police israélienne leur assure la protection, concrétisant ainsi sur le terrain les transformations progressives des positions politiques et juridiques en mesures pratiques, qui ouvrent la voie aux modifications de la situation présente dans la mosquée al-Aqsa et à la négation de l’exclusivité islamique de son administration. Cette stratégie globale est nettement visible au cours de la période couverte par le rapport.
III - 1 – Incursions et déclarations des personnalités officielles
Au cours de cette période, 6 incursions ont été menées par des personnalités officielles, de manière suivante :
1 – 3 incursions successives menées par de hauts responsables et des techniciens de l’autorité archéologique israélienne entre le 6 et le 8/3/2010, où ils ont parcouru tous les lieux de la mosquée, observé avec précision et utilisé des appareils de mesure au laser.
2 – 3 incursions menées par des députés du parti Likoud et de l’Union nationale. Le 10/5/2010, trois députés de l’Union nationale ont investi la mosquée al-Aqsa à l’occasion de la commémoration par l’occupant de « l’unification d’al-Qods », et le 1/7/2010, Moshe Fegline, chef du bloc parlementaire du Likoud, est entré à la mosquée sous la protection d’importantes forces de la police ; le 21/7/2010, qui correspondait à « la commémoration de la ruine du temple », Dani Danon, parlementaire membre du Likoud, a investi la mosquée. Les députés ont fait des déclarations, après avoir investi le lieu, appelant à modifier la situation présente de la mosquée et à la partager entre musulmans et juifs.
III - 2 – Incursions et déclarations des extrémistes juifs
Le nombre des incursions menées par les extrémistes juifs et les associations coloniales extrémistes est de plus de 36, la plupart s’étendant sur de longues heures ou toute une journée. Il nous faut indiquer que les incursions des petits groupes sont quasi-permanents et quotidiens, ce rapport ne pouvant les énumérer.
Après analyse de ces incursions et de leurs objectifs, nous pouvons affirmer que l’année dernière a assisté à une évolution sans précédent des incursions et assauts, de par leur quantité ou de leur ampleur, et même une évolution stratégique du fait des parties juives extrémistes appelant aux incursions.
1 – il semble que les organisations juives extrémistes cherchent à entériner « le mont du temple » en tant que centre de la vie religieuse juive. Elles ne laissent aucune commémoration juive ou fête sans appeler à assaillir la mosquée, que ce soit la « fête du pardon » le 27/9/2009, qui a assisté au premier encerclement des fidèles dans la mosquée, ou « la fête des trônes », le 4/10/2009 qui a assisté au second encerclement des fidèles, ou « la commémoration de l’ascension de Musa b. Maymoun au mont du temple », le 25/10/2009, bien que les sources juives contestent la survenue même de cette visite, et d’autres fêtes ou commémorations, le 28/2/2010 et le 21/7/2010.
2 – Ces incursions sont l’occasion de rassemblements religieux de plus en plus massifs ; le 10/5/2010, une incursion a été menée par plus de 40 rabbins, qui ont signé ensuite une pétition demandant au premier ministre de mettre « le mont du temple » dans la liste du patrimoine juif, liste incluant la mosquée Bilal b. Rabah à Bethlehem, la mosquée Ibrahimi à al-Khalil et plusieurs autres sites non dévoilés.
3 – Les organisations juives extrémistes tentent, avec la coopération de la municipalité de l’occupation, d’entériner le fait que les portes et les murs externes de la mosquée al-Aqsa soient des places pour les festivités, à toutes les occasions nationales et religieuses. La porte Thulathiya, au sud de la mosquée et le secteur des palais omeyyades ont été le théâtre de plusieurs festivités et rites assourdissants le 16/12/2009, où les extrémistes ont essayé de transférer ces festivités à l’intérieur des places de la mosquée, mais les gardiens ont réussi à les en empêcher. La porte Qattanine a assisté à des festivités similaires les 8/1/2010 et le 16/1/2010.
4 – Deux tentatives armées ont eu lieu en direction de la mosquée, la première le 1/11/2009 lorsque les gardiens de la mosquée et les citoyens palestiniens ont réussi à maîtriser un extrémiste juif portant des armes qui essayait de s’infiltrer dans la mosquée, voulant probablement recommencer le massacre de la mosquée Ibrahimi, lors de la prière de l’aube. Et le 2/1/2010, les confessions d’un extrémiste juif ont été dévoilées, disant qu’il planifiait le bombardement du bâtiment de la mosquée Qibali par une fusée Hawn, tout comme il a avoué avoir exécuté divers crimes envers des Palestiniens, tout au long des treize années précédentes.
III - 3 – Incursions et autorisations des appareils sécuritaires
Un grand changement est intervenu dans le rôle dévolu aux appareils sécuritaires de l’occupation. Ceux-ci avaient pour rôle d’empêcher les extrémistes juifs d’investir et d’agresser la mosquée al-Aqsa alors qu’à présent, ils les protègent et les soutiennent dans l’exécution de ces agressions. Le rôle des appareils sécuritaires de l’occupation peut être perçu dans deux parcours :
D’abord, assurer une couverture sécuritaire aux incursions : aucune de ces incursions n’a eu lieu (plus de 36) sans être accompagnée et protégée par une présence massive de la police de l’occupation, et la plupart du temps, le rôle des forces attaquantes de la mosquée était plus visible que celui des forces ayant appelé à l’incursion. Les forces connues sous l’appellation « force du mont du temple » semblent avoir accumulé une expérience particulière dans la domination de la mosquée et de toutes ses places. Lors de l’incursion du 3/10/2009, les forces de l’occupation ont encerclé la mosquée et ses places pendant huit jours, et lors de l’attaque du 25/10/2009, les forces sont entrées dans les places et ont fermé les portes de la mosquée Qibali aux fidèles, dominant les places et la pièce de la gestion du son ; elles ont coupé les fils des haut-parleurs pour empêcher les communications entre la mosquée et l’extérieur et brûlé le moteur électrique. Lors de l’assaut du 28/2/2010, elles sont entrées dans les places en les dominant totalement, fermant la mosquée Qibali face aux fidèles et permettant aux colons d’entrer et de circuler librement dans la mosquée et y célébrer leurs cultes. Le 5/3/2010, ces forces ont intentionnellement investi la mosquée après la prière du vendredi pour évaluer leur capacité à maîtriser les places de la mosquée en présence d’un grand nombre de fidèles, faisant plus de 60 blessés parmi les fidèles et les équipes de secours. Elles pourraient intervenir, à l’occasion la plus proche, et investir la mosquée pour évaluer sa capacité à faire entrer les colons en les protégeant, un jour de vendredi. Nos conclusions sont confirmées par la découverte de manœuvres exécutées par ces forces le 21/2/2010 dans les plaines du nord de la Palestine autour de modèles réduits fictifs de la mosquée, en cas d’affrontements dans ses places.
Ensuite, des incursions ont été menées pour des motifs particuliers. Celles-ci ont augmenté pour atteindre le chiffre de 15.
Ces provocations ont pris les formes suivantes :
1 – des tournées d’observation pour collecter les informations : les membres des services de renseignements de l’occupation observent des parties de la mosquée, examinent son infrastructure comme cela a eu lieu lors de trois incursions menées au mois de novembre 2009, après avoir encerclé les fidèles dans la mosquée pendant huit jours.
2 – Incursion aux sièges des institutions à l’intérieur de la mosquée, comme celle qui a eu lieu au siège du comité de la zakat, le 14/2/2010.
3 – Des agressions provocatrices avec l’intention d’outrager les sacralités musulmanes, comme l’agression contre le toit de la mosquée Qibali au cours de la prière le 8/6/2010, et l’exemple qui a été découvert par l’un des gardiens de la mosquée, le 13/2/2010, racontant qu’un des soldats a intentionnellement uriné dans plusieurs endroits de la mosquée, notamment aux portes al-Rahma, al-Ghawanma et al-Maghariba et affirmant que les gardiens trouvent quotidiennement des traces d’urines dans plusieurs endroits de la mosquée.
L’examen du comportement des appareils de la police et des services de renseignements, en tant qu’appareils exécutifs, annonce le niveau de la décision politique prise concernant l’avenir de la mosquée et le niveau avancé de son application. Les mesures citées et précisément celles qui accompagnent les incursions des extrémistes juifs confirment ce que le rapport avait prédit l’année passée, que la décision politique de la division de la mosquée a déjà été prise, et que le gouvernement de l’occupation prépare le terrain et achève les mesures sécuritaires et juridiques pour appliquer la décision de diviser la mosquée. Il attend juste que les circonstances lui soient appropriées et s’assurer de la capacité totale à l’exécuter.
IV - les réactions à l’évolution de la situation dans la mosquée al-Aqsa
L’étude précise des réactions de la résistance palestinienne, de l’Autorité palestinienne ou des Etats arabes ou islamiques au cours de l’année passée montre que ces réactions ne sont plus seulement descriptives, dépourvues de solution ou de vision politique, mais elles mettent en garde contre ce qui se déroule dans la mosquée al-Aqsa et les dangers qui la guettent, tout en tentant de prévoir ce qui pourrait advenir et demandent aux autres d’adopter des positions politiques et de réagir en fonction. La résistance palestinienne et l’autorité palestinienne ont conjointement fait porter la responsabilité aux Etats arabes et islamiques, sans cependant présenter une vision claire ou une position politique en vue de mesures concrètes pour protéger la mosquée al-Aqsa.
Quant aux Etats arabes et islamiques, ils ont fait porter la responsabilité à la communauté internationale et aux Palestiniens, leur demandant de prendre des mesures concrètes en vue de protéger la mosquée al-Aqsa pour préserver les chances de la paix dans la région, et en demandant aux Palestiniens d’en finir avec l’état de division pour qu’ils puissent, de leur côté, les aider et les soutenir.
A – La résistance palestinienne
Depuis la révolution de Mawsam Nabi Moussa en 1920, la révolution d’al-Bouraq en 1929, en passant par le massacre d’al-Aqsa et ses conséquences en 1990, le soulèvement d’al-Aqsa en 1996 jusqu’à l’intifada al-Aqsa en 2000, la résistance est parvenue à instaurer une équation de dissuasion avec l’occupant, où tout agression ou atteinte contre la mosquée al-Aqsa se réflétait directement sur le terrain, ou bien par des affrontements populaires ou par des actes militaires. Cette équation a quasiment représenté la seule force de dissuasion contre la judaïsation pendant plus de 44 ans, mais elle a commencé à s’épuiser dès 2005, et l’occupation a concrètement senti sur le terrain qu’il ne payait plus le prix des mesures de judaïsation de la mosquée al-Aqsa. Aujourd’hui, cinq ans après cette nouvelle équation, les dirigeants de l’occupation ressentent clairement qu’ils sont devant une occasion historique pour judaïser la mosquée al-Aqsa et faire passer toutes les mesures possibles avant que la situation présente ne soit à nouveau bouleversée, situation dans laquelle ils se sentent à l’aise puisqu’elle est dépourvue de toute dissuasion envers eux.
Au cours de l’année dernière, l’occupation a entériné la séparation entre d’une part l’agression sur la mosquée et d’autre part la réaction de la résistance. La fréquence de ses agressions et son encerclement de la mosquée ont atteint un niveau sans précédent tout au long des 44 années d’occupation de la mosquée. L’occupant a encerclé la mosquée pendant plusieurs jours, il a tiré des coups de feu sur les fidèles, il en a blessé des dizaines, il a brûlé le moteur électrique spécial de la mosquée, détruit la chambre technique qui gère le son, et par conséquent, stoppé l’appel à la prière pendant un jour entier. Ces actes n’ont pas été suivis de réactions, hormis le soulèvement populaire au mois de mars 2010 qui a rappelé aux décideurs sionistes la possibilité de payer le prix réel de ces agressions contre al-Aqsa. Grâce à la coopération sécuritaire avec les appareils de la sécurité de l’Autorité palestinienne, l’occupant est parvenu dans une grande mesure à lier et à réduire les bras de la résistance, en Cisjordanie et, après la guerre contre Gaza, il a réussi à imposer, à la résistance dans la bande de Gaza, une nouvelle équation, celle de la confrontation globale ou de la tranquillité globale. La résistance palestinienne assiste depuis lors à une phase qu’elle n’a jamais connue depuis l’occupation britannique de la Palestine en 1917, en devenant incapable de réagir directement aux agressions de l’occupation contre la mosquée al-Aqsa.
La différence entre le discours politique de la direction de la résistance et ses porte-paroles d’une part et entre ses actions sur le terrain, a été manifeste. Les déclarations des dirigeants politiques au mois de septembre 2009 suite au premier encerclement des fidèles dans la mosquée, appelant la résistance à réagir aux agressions par tous les moyens, sont restées lettre morte en réalité, avant que le ton ne change. Au cours de l’encerclement de la mosquée en octobre 2009, la direction politique de la résistance a appelé les masses arabes et islamiques à agir pour défendre al-Aqsa. Le discours politique de la résistance s’est intensifié à plus d’une occasion au cours de l’année passée, et notamment en mars lors de l’inauguration de la synagogue de la ruine, ces déclarations ayant considéré que l’inauguration « est une proclamation de guerre », « un prélude à la destruction de la mosquée al-Aqsa », mettant en garde contre la menace d’une explosion de la région et le déclenchement d’une troisième intifada, mais il est clair que cette intensification a refleté surtout la gravité de la situation, mais les dirigeants politiques de la résistance n’ont trouvé autre que de hausser le ton en paroles, sans que cela ne soit suivi d’actions sur le terrain.
Cette évolution a renforcé au plus haut degré le sentiment de tranquillité chez l’occupant, qui est désormais sûr que cette équation qu’il est parvenue à imposer en Cisjordanie grâce à la coordination sécuritaire avec les appareils de l’autorité palestinienne, et à Gaza, à cause de la dernière guerre, lui procure une occasion historique pour modifier aujourd’hui la situation présente dans la mosquée al-Aqsa et imposer le projet de sa division entre musulmans et juifs.
B – L’autorité palestinienne
Quiconque a examiné le comportement de la direction politique de l’Autorité palestinienne et de l’OLP au cours de l’année passée n’a pas beaucoup de mal à conclure que la situation de la mosquée al-Aqsa ne fait pas partie des priorités de cette direction. La coordination sécuritaire avec l’occupant n’a pas été interrompue pendant l’année et l’évolution du processus des négociations indirectes n’a absolument pas été affecté par les agressions sur al-Aqsa. Cela a été clairement manifeste en plus d’une occasion, dont la plus importante a été la rencontre entre le président Mahmoud Abbas et le premier ministre de l’occupation Benyamin Netanyahou à New York le 23/9/2009, au moment où les groupes juifs extrémistes incitaient à entreprendre l’une des plus graves et des plus importantes incursions de la mosquée al-Aqsa, sous la protection de la police de l’occupation, 4 jours après cette date.
Cela s’est également manifesté lorsque la présidence de l’autorité a eu recours au comité de suivi arabe réclamant une couverture pour des négociations indirectes le 3/3/2010 alors que la mosquée al-Aqsa était le théâtre d’affrontements entre le 1/3 et le 5/3/2010. La déclaration de Nimr Hammad, conseiller du président, en mars 2010 est intervenue au moment où les assauts contre la mosquée al-Aqsa et les agressions étaient à leur comble, simultanément avec l’inauguration de la synagogue de la ruine, à l’ouest de la mosquée al-Aqsa, disant que « l’autorité palestinienne ne permettra pas que se déclenche une troisième intifada ». Finalement, Mahmoud Abbas a déclaré le 27/7/2010, le jour suivant où sheikh Raed Salah a été emmené en prison, qu’il est prêt à entreprendre des négociations directes sur la base de « références claires », affirmant son désintérêt pour ce qui se passe à al-Aqsa.
Le comportement sécuritaire de l’autorité palestinienne a joué un rôle négatif et décisif dans l’entrave aux protestations et manifestations, au point d’obliger le responsable du dossier d’al-Qods dans le mouvement Fateh, Hatem Abdel Qader, à le déclarer aux médias le 16/3/2010. C’était la première fois depuis l’occupation de la Palestine que la mosquée al-Aqsa était exposée à ce nombre d’agressions sans qu’il n’y ait de réactions effectives, ou même une protestation à large échelle en Cisjordanie occupée, ce qui a certainement facilité la mission de l’occupation, qui a réussi à cerner les réactions, et l’a encouragé par conséquent à aller plus loin et viser la mosquée, tranquillisé qu’il était par le calme assuré par l’autorité.
Si l’autorité palestinienne poursuit sa politique actuelle, en ignorant la réalité imposée par l’occupant sur la mosquée al-Aqsa, garantissant l’arrêt de la résistance en Cisjordanie , et même stoppant les mouvements populaires de solidarité avec la mosquée, cela jouera certainement un rôle important pour préparer le terrain à la division de la mosquée al-Aqsa et pour nier l’exclusivité musulmane la concernant, qu’elle le veuille ou pas.
C – les Etats arabes et islamiques
Au cours de la période couverte par le rapport, les réactions arabes et islamiques officielles et populaires à propos de ce que subit la mosquée al-Aqsa sont inégales. Elles se sont appuyées certainement sur les réactions sur le terrain des Palestiniens. Les positions arabes et islamiques se sont contentées des protestations timides et des mouvements populaires restreints jusqu’à l’encerclement d’al-Aqsa au mois d’octobre 2009 et le soulèvement populaire qui l’a accompagné dans al-Qods, ce qui a été l’occasion d’une intensification de la mobilisation sur les plans officiel et populaire. Parmi les positions officielles les plus notables, celle de la mise en garde du roi jordanien Abdallah II, adressée à l’Etat de l’occupation, à propos de la poursuite de ses agressions contre la mosquée, disant que celles-ci « ne menacent non seulement les relations jordano-israéliennes, mais peuvent faire exploser la situation dans tout le monde islamique ». Sur le plan populaire, la réaction la plus notable était l’appel de Sheikh Yousef Qardawi à faire du vendredi 9/10/2009 une journée de colère et de soutien à al-Aqsa, mais aussi l’encerclement du consulat de l’Etat de l’occupation dans la ville d’Istanbul en protestation contre les attaques contre la mosquée al-Aqsa.
Ces réactions ont décru pour s’intensifier à nouveau au mois de mars 2010, accompagnant les larges affrontements dans al-Qods en protestation contre l’inauguration de la synagogue de la ruine. Des capitales arabes et islamiques ont été le théâtre de plusieurs manifestations importantes pour le soutien à la mosquée al-Aqsa, et la réaction officielle islamique a été plus virulente. Le président turque Abdallah Gul a mis en garde l’occupation contre toute atteinte à la mosquée al-Aqsa, la décrivant comme « jouer avec le feu » et exprimant en même temps sa profonde inquiétude envers la poursuite par l’occupant de ses pratiques agressives et sa violation des sacralités musulmanes. La seule exception est la réaction arabe officielle, lorsque la commission de suivi arabe a accordé au président Abbas le 3/3/2010 son accord pour engager des négociations indirectes avec l’occupation, malgré la situation embrasée dans la mosquée al-Aqsa et les villes d’al-Qods et d’al-Khalil.
Tout au long des mois suivants, l’intérêt officiel et populaire envers la mosquée al-Aqsa s’est amenuisé, et les derniers assauts contre la mosquée al-Aqsa à la fin du mois de juillet 2010 n’ont pas été suivis de réactions notables, et même les protestations habituelles ont entièrement disparu des médias. En général, et tout au long de l’année passée, les réactions arabes et islamiques, officielles et populaires, relatives à la situation d’al-Aqsa ont été inférieures au minimum exigé, bien que ce soit l’un des moyens les plus importants pour la défense de la mosquée, en l’absence de la réaction de la résistance palestinienne. Si les actions arabes et islamiques comptent toujours sur les réactions palestiniennes, en quantité et en genre, comme c’est le cas aujourd’hui, cela signifie accorder une possibilité plus grande à l’occupation pour agresser la mosquée al-Aqsa, et lui confirmer que s’ouvre devant lui une occasion historique pour diviser la mosquée, tant qu’il est tranquillisé sur sa capacité à stopper la résistance et à éviter le mouvement populaire palestinien. Il sera également tranquillisé quant à l’absence d’un mouvement arabe et islamique actif et exerçant des pressions sur lui, sur la scène internationale.
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