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Palestine occupée - 25 février 2015
Par Hani Ibrahim, Mahmoud Issa
Cet article, publié en anglais sur Al-Akhbar, est une traduction de l'édition en arabe.
Les prisonniers palestiniens ont moins peur des souffrances d'une grève de la faim qu'ils redoutent que cette expérience angoissante ne se termine au bénéfice de l'administration pénitentiaire israélienne. Une telle évolution serait de nature à freiner leur détermination et les découragerait d'entreprendre d'autres grèves de la faim à l'avenir. De toute façon, l'occupation israélienne a devancé leurs actions en leur infligeant des mesures punitives sévères.
Manifestation de solidarité pour les prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes devant le bureau de la Croix-Rouge internationale à Ramallah, le 17 février 2015 (Anadolu Agency/Issam Rimawi)
Gaza, Ramallah — Une grève de la faim est notre dernier recours. C'est ce que disent tous ceux qui sortent des prisons israéliennes et qui ont vécu cette expérience. Cependant, après le désintérêt qui a affecté leur cause pendant de longs mois, et après que les dirigeants du mouvement des prisonniers sont parvenus, entre eux, à un accord, les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes ont l'intention de prendre des mesures progressives à partir du début du mois prochain, allant de la désobéissance et du refus des décisions de l'autorité carcérale, comme la fouille des cellules et des sections, à une grève de la faim ouverte jusqu'au 10 mars.
Les prisonniers ont annoncé ces démarches dans les médias, pour que l'information parvienne au reste des prisons, et pourtant, ce qui s'est passé hier fut une surprise. L'occupation israélienne a tenté de devancer la coordination qu'ont institué entre eux les dirigeants du mouvement des prisonniers, pour saboter tout plan menant à une grève de la faim qui, habituellement - mais pas toujours - réussit à donner satisfaction aux revendications des prisonniers.
D'abord, les prisonniers du Jihad Islamique incarcérés à la prison Ramon, puis ceux de la prison Nafha (les deux situées dans le désert du Naqab, au sud de la Palestine), ont entamé une campagne de désobéissance en réponse à l'isolement de plusieurs prisonniers de l'organisation. Les prisonniers du Fatah leur ont emboité le pas. Les détenus de la prison Ramon ont déclaré dans un appel téléphonique qu'ils ont refusé de sortir de leurs sections. Enfin les prisonniers du Hamas et des Fronts populaire et démocratique de Libération de la Palestine les ont rejoints.
Le regain de tension a poussé les Israéliens à préférer le bâton à la carotte. En conséquence, un prisonnier de Gaza, Hamza Abu Sawawin (arrêté en 2013 et condamné à 13 ans de prison) a attaqué Haim Azoulay, officier israélien de l'Unité Nachshon. D'après les rapports, il aurait tenté de l'étrangler avec un morceau de fil de fer ou bien de le frapper au visage avec une barre de fer. Les fonctionnaires de l'administration pénitentiaire traitent habituellement ces situations de façon très dure. Ils ont bouclé les prisons Ramon, Nafha et Eshel et mis les gardiens des autres prisons en état d'alerte élevée, empêchant les familles de rendre visite à leurs proches.
Les prisonniers du Jihad islamique de la prison Ramon ont annoncé qu'ils avaient décidé de s'engager dans une confrontation similaire à celle qui a eu lieu en décembre dernier, à savoir trois jours de grève de la faim cette semaine (dimanche, mardi et jeudi). Parmi leurs revendications, le retour du "dirigeant Ziad Bseisi dans la prison", la sortie d'isolement de Ali al-Saffouri, Majdi Yassin et Mahmoud Abu al-Rabb, et la fin du transfert des membres de l'organe de direction - transfert que les autorités israéliennes pratiquent pour disperser les prisonniers et les empêcher de coordonner des démarches unies - sauf après coordination préalable avec la direction de l'organisation.
Certaines des mesures qui ont provoqué les prisonniers comprennent l'empêchement de la famille al-Tawil de visiter leur fille Bushra et son père Jamal à la prison Megiddo, en plus d'humilier les membres de la famille lors des fouilles avant la visite, les obligeant dans certains cas à se déshabiller. Plus tard, on a appris qu'une brigade israélienne spéciale (Mitsada) a pris d'assaut, avec des chiens, les cellules des prisonniers du Jihad islamique après que chacun d'entre eux s'est vu condamné à une amende d'environ 180$, avec confiscation des appareils électriques et des ustensiles de cuisine, et transfert de 24 prisonniers vers des destinations inconnues.
La situation politique locale et régionale n'est pas particulièrement propice à la réussite de cette campagne. Au niveau palestinien, la Cisjordanie sombre dans une crise financière de l'Autorité palestinienne et Gaza continue de souffrir des effets de la guerre. Les Arabes sont préoccupés par d'autres problèmes et distraits de la question palestinienne. L'Egypte a complètement abandonné son rôle de médiateur. Entretemps, les prisonniers palestiniens ont progressivement perdu tout ce qu'ils avaient obtenu au cours de la dernière année. Les conditions hivernales rigoureuses ont ajouté à leur épreuve.
Selon Qaddoura Fares, directeur de la Société des Prisonniers palestiniens (PPS), le succès de la campagne des prisonniers dépend de la situation politique et du climat. Les prisonniers évitent de se lancer dans une grève de la faim en hiver à cause des effets préjudiciables qu'elle pourrait avoir sur leur santé. D'un point de vue politique, leurs chances de succès sont minces tandis que l'élection israélienne se rapproche et que les hommes politiques israéliens sont en concurrence sur les mauvais traitements à infliger aux Palestiniens. Jamais à court d'idées, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a proposé une loi qui instaurerait la peine de mort pour les prisonniers palestiniens. En outre, certains observateurs font valoir que la difficulté de former un gouvernement israélien dans les prochains mois détournera l'attention de la cause des prisonniers.
Le mouvement des prisonniers devra étudier plusieurs scénarios pour éviter ce qui s'est produit l'année dernière, quand ils se sont lancés dans une grève de la faim ouverte pendant plusieurs semaines mais ont été obligés d'y mettre un terme lorsque trois colons israéliens ont été kidnappés à Hébron, au sud de la Cisjordanie , et que la dernière guerre contre Gaza a éclaté.
En outre, on retrouve les divisions politiques palestiniennes dans les prisons, qui concentrent actuellement 7000 prisonniers palestiniens, dont 11 femmes, 214 enfants et des centaines de détenus administratifs et de malades.
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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