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Israël - 6 octobre 2009
Par Jeff Gates
Jeff Gates est un auteur largement salué ; il est avocat, banquier investisseur, éducateur et consultant auprès de gouvernements, de chefs d’entreprises et de dirigeants syndicaux dans le monde entier. Son dernier ouvrage est Guilt By Association—How Deception and Self-Deceit Took America to War [Culpabilité par association : Comment la tromperie et l’auto-intoxication ont entraîné l’Amérique dans la guerre] (2008). Parmi ses œuvres précédentes, nous citerons Democracy at Risk: Rescuing Main Street From Wall Street [La démocratie en danger : Il faut sauver l’homme de la rue de l’homme de Wall Street] et The Ownership Solution: Toward a Shared Capitalism for the 21st Century [La solution de la propriété : Vers un capitalisme partagé pour le 21ème siècle]. Durant deux décennies, Jeff Gates a été le conseiller de décideurs politiques du monde entier. Il a été conseiller auprès de la Commission sénatoriale des Finances de 1980 à 1987.
Les semaines ayant précédé les premiers pourparlers américano-iraniens, depuis trente ans, ont connu une réitération du même modus operandi qui avait incité les Etats-Unis et leurs alliés à envahir l’Irak, en mars 2003. Déjà à l’époque, comme aujourd’hui encore, l’invasion de l’Iran est en effet en cohérence avec un agenda de changement de régime politique du Grand Israël décrit dans un document stratégique de 1996 mis au point pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par des juifs américains.
Caricature par Paresh Nath : Oncle Sam rédige un interminable pensum sur le sujet : « Comment réaliser une percée dans la situation totalement bloquée, au Moyen-Orient ». Mais il est enfermé entre les hauts murs, infranchissables, de la politique de l’ancienne administration (Bush) vis-à-vis d’Israël…
Comme dans le cas de l’Irak, la menace d’armes de destruction massive fait, là encore, l’objet d’une campagne de marketing la présentant comme un casus belli. Le programme irakien avait été arrêté bien une douzaine d’années avant l’invasion américaine. En Iran, il n’y a aucune preuve que de l’uranium ait été enrichi au-delà des bas niveaux requis pour des fins médicales et énergétiques.
Des rapports sur une usine de transformation « secrète » ont omis de relever que l’Iran a suspendu son enrichissement d’uranium de 2003 à 2005. Ne voyant aucun changement politique notable dans le climat politique, à l’exception de demandes accrues de sanctions et de menaces israéliennes accrues de bombardement de ses sites nucléaires, l’Iran s’est mis à construire et à équiper une nouvelle installation.
Comme dans le cas de l’Irak, il n’y a aucune menace directe pour les Etats-Unis. Comme pour l’Irak, les médias consensuels américains se sont concentrés non pas sur Israël – le seul pays, dans toute la région du Moyen-Orient dont on sache qu’il possède des bombes nucléaires -, mais sur… l’Iran ! L’enrichissement de l’uranium est une opération relativement aisée, si on la compare aux étapes nécessaires pour être à même de concevoir, de construire et de livrer de manière fiable une tête nucléaire. L’activité entourant chacune de ces étapes peut être détectée immédiatement.
Le Secrétaire américain à la Défense Robert Gates a reconnu que même si l’Iran était attaqué, cela n’altèrerait en rien les perspectives nucléaires de ce pays – si ce n’est que cela inciterait les Iraniens à produire précisément les armes dont toutes les preuves indiquent qu’ils ne sont pas en train de les produire, aujourd’hui. Est-ce là une manœuvre calculée pour exercer une pression sur Téhéran ? Ou pour provoquer les Iraniens ? A moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre de Washington visant à gagner du temps sur un « allié » qui menace de passer à l’attaque [Israël, ndt], avec des effets désastreux pour les intérêts des Etats-Unis et ceux de tous leurs véritables alliés ?
Personne n’est en mesure d’expliquer la raison pour laquelle l’Iran, quand bien même posséderait-il l’arme nucléaire, irait attaquer Israël, doté d’un vaste arsenal nucléaire estimé entre 200 et 400 têtes nucléaires, et à plusieurs sous-marins susceptibles d’en lancer. A la mi-juillet, des navires de guerre israéliens se sont déployés en Mer Rouge afin de procéder à des répétitions d’une attaque contre l’Iran. Comme lors de la montée en puissance de la guerre contre l’Irak, l’ancien vice-secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz est, à nouveau, en train de battre les tambours de la guerre. C’est ce même conseiller qui, quatre jours après les attentats du 11 septembre 2001, conseillait à George Deubeuliou Bush d’envahir l’Irak.
Citant l’usine soi-disant « clandestine » de l’Iran, Wolfowitz prétend qu’il est « évident que les dirigeants iraniens sont en train de chercher à se doter d’armes nucléaires… Le temps s’épuise. » Sans la moindre ironie, il argue du fait que l’Iran (et non Israël) « est un test crucial permettant de savoir si la possibilité de passer à un monde libéré des armes nucléaires est réaliste ou s’il s’agit simplement de dangereuses illusions. » En appelant de ses vœux des sanctions « paralysantes », Howard Berman, le secrétaire juif du House Committee on Foreign Affairs (Commission du Parlement pour les Affaires étrangères), a exprimé une préoccupation similaire, ainsi qu’Ileana Ros-Lehtinen, doyen républicain de ladite Commission, qui est, lui aussi, juif.
Si les pro-israéliens ne parviennent pas à imposer une guerre contre l’Iran, la stabilité qui résultera de leur échec permettra aux gens de découvrir qui avait fabriqué les faux renseignements qui, par la tromperie, poussèrent les Etats-Unis à envahir l’Irak. Seul, un pays possède les moyens, la motivation, l’opportunité et un service de renseignement suffisamment solide pour monter un coup tordu sur une période aussi longue que celle qui a servi à mettre en scène, à orchestrer, à instrumenter et à couvrir avec succès une telle opération.
Les indices pointent vers le même réseau d’infiltrés au sein de notre gouvernement et d’hommes des médias qui s’en prennent aujourd’hui à l’Iran. Qui a tiré profit de la guerre en Irak ? Qui bénéficierait d’une guerre contre l’Iran ? Ce n’est ni les Etats-Unis ni leurs alliés, à moins qu’en dépit des évidences, l’on considère qu’Israël est leur allié (!?), et non pas ce qu’il est, à savoir un ennemi infiltré.
Les Etats-Unis sont-ils capables d’une stratégie permettant d’aller de l’avant ?
Comme en Afghanistan, il n’y a pas de solution militaire en Iran. Pas plus qu’en Irak. Géopolitiquement, la première victime de guerre, dans cette région du monde, c’est les Etats-Unis : sa crédibilité est en lambeaux, son armée est dispersée et ses finances sont dévastées par une guerre financée en s’endettant d’un montant que l’économiste prix Nobel Joseph Stiglitz estime à environ 3 000 milliards de dollars (à comparer à l’issue rapide et au coût global de 50 milliards de dollars dont Wolfowitz assurait les décideurs politiques qu’il pourrait être récupéré sur les ventes de pétrole irakien !)
Ceux qui ont incité les Etats-Unis à procéder à cette invasion (de l’Irak, ndt) ont persuadé les Américains de commettre un hara-kiri économique et géopolitique. Aucune force extérieure n’aurait pu à ce point défaire militairement et économiquement l’unique superpuissance restante. En lieu en place, les Etats-Unis ont été trompés par un prétendu allié ; ils ont été incités à s’infliger une défaite à eux-mêmes par une réaction mal avisée à la provocation que fut un massacre de masse sur le sol américain [les attentats du 11 septembre 2001, ndt].
La seule solution sensée et soutenable est une solution qui serait au service de besoins non satisfaits dans cette région, tout en restaurant la crédibilité des Etats-Unis en tant que héraut du choix en connaissance de cause et de la liberté d’entreprendre. Tout en rendant transparente la source commune de la tromperie qui a incité les Etats-Unis à lancer cette guerre, les décideurs politiques peuvent aussi poser les fondations permettant de faire obstacle à une telle duplicité à l’avenir. Cela requiert une consultation entre les Etats-Unis, leurs véritables alliés et les pays, dans cette région du monde, qui ont été les plus affectée par cette trahison.
Seule une solution mûrement réfléchie est à même de contrer les sources systémiques actuelles de conflit, dont l’extrémisme alimenté par des différences choquantes en matière d’éducation, d’opportunités, de santé et de revenus. Comme en ce qui concerne les renseignements fallacieux qui ont poussé les Etats-Unis dans la guerre contre l’Irak, ces sources de conflit sont dissimulées par des médias complaisants et complices, marqués par un parti-pris pro-israélien non affiché.
Un réseau transnational de boîtes à idées (think tanks) pourrait montrer, en temps réel, de quelle manière les faits sont déformés par ce que les « responsables » sont susceptibles d’être amenés à croire, par la tromperie. Avec la domination des pro-israéliens dans les médias des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et d’autres alliés occidentaux, cette tâche doit inclure la capacité de montrer de quelle manière cette tromperie opère à la vue de tous et néanmoins, jusqu’à aujourd’hui, en totale impunité. Une telle transparence n’existant pas, les systèmes de gouvernance basés sur un consentement informé continueront à être manipulés, à leur détriment, par ceux qui se cachent derrière les vérités-mêmes que ces systèmes sont censés protéger.
En parallèle à cette transparence, une initiative impérative doit être un programme éducatif qui mette en œuvre les meilleures technologies disponibles afin de combler les lacunes de notre enseignement, qui ne fait que reproduire des disparités extrêmes en termes d’opportunités. Seul un véritable effort international est à même de réussir dans cette tâche essentielle. Seule une éducation transculturelle peut préempter les manipulations mentales du type de celles qui ont généré la guerre en Irak et qui cherchent à provoquer, aujourd’hui, une guerre contre l’Iran, les tenants du clash entre civilisations étant en train de faire, peu à peu, de ce concept une réalité.
Alors que nous voyons, aujourd’hui, émerger un énième exemple de la manière dont les guerres sont fomentées, à l’ère de l’Information, pourquoi quiconque attendrait qu’une guerre moderne soit menée d’une quelconque autre façon ? Plus la source commune de cette duplicité deviendra transparente, plus la solution deviendra évidente.
Une paix durable requiert un Plan Marshall capable d’accélérer la transition vers la Société de la Connaissance. Ce changement systémique ne peut être réalisé en l’absence de stratégie systémique. La restauration de relations (internationales) amicales et coopératives doit inclure les mesures pratiques requises afin de palier cette dichotomie grandissante dans tous les domaines, à commencer par l’éducation.
Source : Intifada-Palestine
Traduction : Marcel Charbonnier
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