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Liban/Israël - 28 février 2014
Par Ibrahim al-Amin
L'article en anglais (traduit de l'édition en arabe) a été publié sur Al-Akhbar le 27 février 2014.
Le Hezbollah a pris pratiquement tout un jour ouvrable avant d'annoncer sa position sur la dernière agression israélienne. Dans une brève déclaration, le Hezbollah a dit que l'ennemi israélien a attaqué une de ses positions à l'intérieur du territoire libanais, résolvant enfin le mystère de la zone visée tout en confirmant qu'il riposterait. Le parti a toutefois fait une erreur en disant qu'il "choisirait le moment, le lieu et les moyens appropriés pour répondre." De fait, le Hezbollah n'a pas besoin d'utiliser ce genre d'expression, interprétée la plupart du temps par l'opinion publique arabe comme une justification pour ne pas riposter. Le Hezbollah n'est pas un régime ou un parti arabe qui a l'habitude de ne pas tenir ses menaces.
Boites de dons, une à l'effigie de feu le Grand Ayatollah Sayyed Mohammed Hussein Fadlallah (à gauche) et l'autre avec le portrait du leader du Hezbollah Hassan Nasrallah, posées sur une table près de piles de sacs de sable placés à l'entrée d'un magasin situé dans un quartier sud de Beyrouth pour protéger le propriétaire de futures explosions visant le secteur, le 28 janvier 2014 (Photo: AFP-Joseph Eid)
Pour l'ennemi, le jour ouvrable est devenu 36 heures. Les hommes politiques israéliens, les responsables militaires et du renseignement ont dû attendre tout ce temps la réaction du Hezbollah. Alors que beaucoup d'entre eux ne s'attendaient pas à une telle déclaration, d'autres n'ont pas écarté cette possibilité pour éviter de nouvelles méprises. En fin de compte, la réponse est venue et a remanié la situation, poussant Israël à regarder le front nord à partir d'une perspective différente.
Lundi soir, un avion ennemi a visé une position fixe de la Résistance située en plein sur la frontière qui sépare la Syrie et le Liban. Comme il n'y a pas de lignes frontalières évidentes, il est juste de dire que l'objectif "est à la fois en Syrie et au Liban." Israël a choisi cet endroit exprès pour donner à la Syrie et à la Résistance une chance de "réfuter" la frappe, une procédure habituellement adoptée par Israël lorsqu'il a affaire à ses ennemis sur le front nord pour leur permettre d'étouffer les raids sans trop de bruit.
Les fonctionnaires qui ont pris cette décision à Tel Aviv pensaient que le lieu permettrait au Hezbollah d'imiter Damas en ignorant complètement la frappe. Les responsables israéliens ont dû faire valoir que le parti est actuellement occupé en Syrie et que la bataille militaire déclarée là-bas et la bataille sécuritaire et politique à l'intérieur du Liban l'ont épuisé, donc il n'est pas en position d'ouvrir un nouveau front.
Connaissant si bien Israël, nous avons appris à prendre en considération d'autres théories. L'Etat juif a peut-être essayé de tester le Hezbollah en vérifiant sa première réaction après le raid, ou il a essayé de comprendre comment il gèrerait un tel événement. Dans ce cas, l'un des résultats du test fut l'annonce publique du Hezbollah hier reconnaissant le raid et disant qu'il a visé une de ses positions à l'intérieur du Liban. Nous pouvons également supposer que le test israélien ne se limite pas au raid lui-même ou à la déclaration consécutive, il est donc légitime de demander : Israël instigue-t-il la Résistance à riposter afin de déterminer combien son implication en Syrie et sa vigilance en matière de sécurité au Liban a eu un impact sur sa surveillance du front israélien ?
Dans ce cas, Israël se prépare-t-il à un nouveau round de combat contre la Résistance ? Pour un clash ? Ou même pour une confrontation qui dégénèrerait en une guerre à grande échelle ? Cette fois, l'agression n'était pas une opération de renseignement comme un assassinat par exemple, mais une opération militaire évidente, donnant au Hezbollah une plus grande latitude pour une riposte militaire que le parti ne sera pas tenu de discuter.
C'est pourquoi nous posons la question, Israël signale-t-il son intention de lancer une bataille à grande échelle ? Croit-il qu'il peut aujourd'hui accomplir ce qu'il n'a pas pu réaliser au cours de la dernière décennie ? A-t-il pour objectif de soutenir les groupes syriens armés qui coopèrent maintenant avec Israël en lançant des attaques qui peuvent les aider à renverser le régime syrien ?
Ces questions légitimes découlent de la mentalité vindicative israélienne contre la Résistance et le fait que toutes les parties, que ce soit en Syrie ou dans les pays voisins et régionaux et l'Occident, doivent se rendre compte que toute tentative de changement de la situation en Syrie doit passer par une attaque contre le Hezbollah, soit là-bas, soit au Liban.
Beaucoup de preuves suggèrent cette approche israélienne. Le secrétaire-général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a déjà prévenu dans un discours récent que la vigilance de la Résistance contre Israël n'est liée à aucune autre bataille.
Ce que Nasrallah s'est abstenu de dire en public, il l'a dit dans des réunions avec les responsables militaires et sécuritaires du Hezbollah, les exhortant à travailler comme s'ils se battaient sur trois fronts : en Syrie, au Liban et contre l'ennemi !
De toute évidence, la Résistance au Liban ne ressemble à aucun autre opposant à Israël. Quant la Résistance dit qu'elle ripostera à l'agression, cela veut dire qu'elle ripostera. Elle répondra d'une manière qui fera comprendre à l'ennemi qu'il ne peut pas changer les règles du jeu.
Pendant ce temps, le communiqué diffusé hier a fait avorté une fête dans les cercles israéliens politiques, militaires et médiatiques, qui était prévue si le Hezbollah était resté silencieux sur l'agression. C'est bien Israël, ça... toujours dans la précipitation ; ses dirigeants souscrivent à un vieux dicton israélien qui dit : un Israélien atteint l'orgasme rapidement, juste pour se précipiter et aller dire à ses amis qu'il a fait l'amour ! Mais au Liban, nous avons maintenant notre propre dicton : si vous frappez, nous frapperons... attendez vous à des représailles !
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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