Envoyer cet article
Liban - 1 février 2015
Par Ibrahim al-Amin
Ibrahim al-Amin est le rédacteur en chef de Al-Akhbar. Cet article, en anglais, est une traduction de la version originale en arabe.
31.01.2015 - Il est maintenant possible de parler du "jour d'après" dans la lutte contre Israël. L'attaque audacieuse de la Résistance dans les fermes de Shebaa fut le résultat de l'erreur de calcul de l'ennemi dans l'évaluation de la réalité de la Résistance. Ce faisant, l'ennemi a donné au Hezbollah le signal pour que ce dernier se lance dans son "passe-temps" favori, à savoir transformer des menaces en opportunités. C'est ce qui fait dire que la réponse militaire de la Résistance, et ses implications politiques et opérationnelles, revient à ouvrir une nouvelle page.
Des partisans du Hezbollah brandissent les drapeaux de la Résistance et palestiniens pendant une cérémonie commémorative pour honorer les six combattants du Hezbollah tués en Syrie par une frappe aérienne israélienne, le vendredi 30 janvier 2015 (Al-Akhbar/Marwan Tahtah)
Fondamentalement, la Résistance a dit ce qu'elle avait à dire. C'est maintenant au tour d'Israël.
Qu'est-ce que cela signifie ?
1) Les capacités militaires et du renseignement de la Résistance semblent être dans un état qui surpasse même la pleine capacité opérationnelle. En réalité, la Résistance est prête en permanence à se déployer et à agir chaque fois que le besoin se fait sentir.
2) Les détails de l'opération Shebaa montre que les armes opérationnelles de la Résistance sont extrêmement flexibles - que ce soit en termes de satisfaction des besoins politiques pour choisir une cible militaire appropriée : en termes de préparation des bonnes armes et du bon timing pour atteindre la proportionnalité avec l'ennemi ; ou en termes de livraison d'un message dur, dont l'importance dépasse le simple nombre des victimes.
3) La nature de la réponse militaire et du renseignement de la Résistance à l'opération témoigne de sa capacité à éviter une réaction émotionnelle compulsive. Elle montre également que même si l'ennemi, en théorie, avait calculé la réponse à venir, il était incapable de mettre en œuvre sur le terrain les mesures adéquates pour se protéger contre une telle attaque.
4) Alors que la Résistance s'était préparée à une confrontation qui pouvait se transformer en guerre à grande échelle, l'ennemi n'était pas prêt pour une telle éventualité. Cela signifie aussi que la direction de la Résistance a démontré une capacité à répondre qui dépasse celle de l'ennemi, puisque ce dernier a répondu à l'aveuglette, avant de décider de désamorcer la situation.
5) La nature du déploiement militaire, logistique et du renseignement de la Résistance, avant de donner au groupe attaquant le feu vert pour mener l'opération, a couvert un très vaste territoire libanais et même du territoire syrien. La conséquence de ceci est que la Résistance a des capacités qui devraient dissuader l'ennemi - si il les reconnait.
6) L'ennemi a réalisé qu'une Résistance qui peut le contrôler et lui administrer une gifle très calculée, peut faire beaucoup plus. Plus important encore, l'armée de l'ennemi peut maintenant freiner tout excès de ses dirigeants politiques, si ceux-ci décident de se suicider.
Incidemment, pour autant que l'armée et les services du renseignement de l'ennemi sont mécontents de ce qui est arrivé, ils sont aussi dans un état de relâchement qui empêche les hommes politiques de les entraîner dans une confrontation à laquelle ils ne sont pas prêts. Dans les prochains mois, ils vont certainement recevoir une rallonge budgétaire.
Qu'en est-il du nouveau moyen de dissuasion ?
Sayyed Hassan Nasrallah a dit que la Résistance ne se conformera plus aux règles d'engagement et qu'elle a le droit de répondre à toute agression. Il a déclaré : "La Résistance choisira elle-même la méthode et le lieu de la réponse contre toute agression militaire ou assassinat déguisé."
Ce qui veut dire :
Tout d'abord, que l'ennemi a accepté, bien qu'avec réticence, le droit de ses ennemis, en particulier le Hezbollah, à riposter à des opérations secrètes, partout où ils peuvent.
Il existe un enregistrement de ces affrontements en cours qui n'a pas encore été diffusé. Alors que le recrutement de Mohammad Shawraba a aidé l'ennemi à déjouer un certain nombre de ces réponses au cours des années précédentes, ce que Nasrallah a dit hier traduit une nouvelle orientation. A savoir que la Résistance peut aujourd'hui choisir la manière appropriée pour répondre à tout assassinat, ce qui signifie tout simplement que si l'ennemi assassine un agent ou un leader de la Résistance - et il essaiera certainement - la Résistance ripostera soit secrètement soit même militairement, comme elle l'a fait il y a quelques jours.
Ensuite, l'assassinat des martyrs à Quneitra par l'ennemi a révélé la nature de la confrontation qui a lieu en Syrie. La caractérisation sans équivoque de Nasrallah des groupes terroristes dans le sud de la Syrie signifie simplement que le front du Golan a rejoint l'arène de la confrontation directe.
Quant à savoir comment cela se traduira sur le terrain, cela dépend de calculs opérationnels et politiques. Il est à noter cependant que la Résistance n'attendra pas 15 ans pour établir les équations et les règles d'engagement dans le Golan, comme c'est arrivé au Liban auparavant, mais elle dit qu'elle a commencé à opérer là le 28 janvier 2015. L'ennemi ne peut qu'imaginer ce à quoi il doit s'attendre.
En conséquence, la Résistance, qui a sonné une nouvelle étape dans la lutte, a besoin de l'aide réelle et calme de ses partisans. La Résistance a besoin de beaucoup de soutien, de solidarité et de confiance, et n'a besoin de personne venant vociférer autour d'elle, même involontairement.
Nous devons être attentifs au fait que ceux qui ne sont pas capables ou pas nécessaires sur le champ de bataille peuvent faire beaucoup d'autres choses. Plus important, ils doivent incruster dans leur esprit et leur comportement quotidien une conscience de la résistance - et non sur la base d'émotions qui font défaut au moment de la confrontation réelle. La résistance est un acte majeur, qui n'a besoin ni d'hyperbole ni de passion mais qui doit s'ancrer de telle sorte qu'aucun tyran ou aucun ignorant ne puisse la mettre à mal.
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
9 novembre 2021
L’Art de la guerre - Les nouvelles armes financières de l’Occident9 novembre 2021
Le fait d'être désigné comme "terroristes" par Israël illustre le bon travail des ONG en Palestine5 novembre 2021
Israa Jaabis : De victime à criminelle, du jour au lendemain3 novembre 2021
La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne1 novembre 2021
Kafr Qasem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l'occupation30 octobre 2021
Voler et tuer en toute impunité ne suffit plus, il faut aussi le silence14 octobre 2021
Tsunami géopolitique à venir : fin de la colonie d’apartheid nommée ’’Israël’’12 octobre 2021
La présentation high-tech d'Israël à l'exposition de Dubaï cache la brutalité de l'occupation9 octobre 2021
Pourquoi le discours d'Abbas fait pâle figure en comparaison du fusil d'Arafat à l'ONU6 octobre 2021
Comment la propagande israélienne s'insinue dans votre divertissement quotidien sur Netflix : La déshumanisation et la désinformation de FaudaLiban
Résistances
Ibrahim al-Amin
1 février 2015