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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

Jérusalem : Pyramide de l'emploi à l'Hôtel de Ville de Jérusalem

Par

La structure de l'emploi à l'Hotel de Ville de Jérusalem est le véritable miroir de la situation des Arabes dans la ville.
En 2000, la liste des Ressources Humaines de l'Hôtel de Ville de Jérusalem comprenait 7.537 employés, 5.730 d'entre eux étant Juifs, et 1807 étant Arabes.
C'est-à-dire que le pourcentage des employés Arabes représentait 24% de l'ensemble de la main-d'oeuvre municipale.

Deux observations doivent être faites concernant l'analyse actuelle :

1) Nous nous occupons ici du nombre d'employés, et non du nombre de postes ou d'échelons. Les deux concepts ne sont pas nécessairement identiques. Beaucoup d'employés travaillent à temps partiel, ou, en d'autres termes, à de nombreuses reprises un poste normal est réparti entre différents employés.

2) au delà des postes normaux ou standard, l'Hotel de Ville emploie également des centaines d'ouvriers supplémentaires à travers différentes associations indépendantes.
Ceci est fait afin de contourner les limitations du nombre d'employés imposées par le nombre de postes qui sont officiellement sanctionnés ou approuvés par la Commission des Services Publics du gouvernement.
Cependant, parce que ce ne sont pas des postes normaux ou standard de l'Hêtel de Ville, ils ne sont pas inclus dans l'analyse actuelle.


Une analyse de la répartition de la main-d'oeuvre montre que les employés palestiniens travaillent dans deux domaines principaux :

• Travaux municipaux, y compris la propreté publique, le jardinage, et la maintenance : (437 employés);

• Éducation, Aide Sociale et santé publique : (853 employés).


Département : Nbre d'employés Arabes

• Administration Publique : 5
• Autorisation de Magasin - Surveillance Municipale : 15
• Aménagement de la Ville et Surveillance de la Construction : 12
• Services Techniques : 17
• Embellissement : 247
• Jardinage et maintenance : 190
• Santé Publique : 190
• Aide Sociale : 41
• Education : 622
• Santé : 16.5
• Services Sociaux : 7.5
• Culture : 7
• Sport : 6
• Développement De la Jeunesse : 6
• Arnona - Impêts de la Ville : 13



Il y a une forte concentration d'employés Arabes dans des postes de l'Education (Enseignement), des Services Sociaux, et en tant qu'infirmières dans le programme Tipat Chalav (programme de soins néo-nataux).

Cependant, il faut savoir que ces employés sont embauchés en raison d'une loi qui exige des municipalités de fournir à leurs habitants l'éducation, l'aide sociale, et des services de santé. Les salaires pour ces postes proviennent du gouvernement de l'Etat, mais sont payés par l'Hêtel de Ville.

Pour ces postes, l'Hêtel de Ville fonctionne la plupart du temps en tant que canal budgétaire.

Par conséquent, leur place dans la structure municipale de la main d'oeuvre ne reflète pas la politique de l'emploi de la municipalité, mais plutêt la politique de l'emploi de l'Etat.


Il est intéressant d'observer, concernant ces mêmes employés, que, dans leur majorité, ce ne sont pas des Palestiniens qui vivent à Jérusalem-Est, mais que ce sont Israéliens-Arabes qui habitent à Jérusalem la plupart du temps pour des raisons d'emploi.

L'accès des Palestiniens à ces postes est fondamentalement bloqué en raison du fait qu'ils ne possèdent pas de certificats professionnels israéliens.

Cette barrière est difficile à surmonter parce que le système d'éducation Arabe à Jérusalem-Est ne délivre pas à ses étudiants un certificat d'inscription israélien pour des établissements d'études supérieures en Israël.

Ce qu'ils obtiennent à la place, c'est un certificat d'inscription Jordanien ou Palestinien, appelé "taujyah", qui leur donne seulement un accès aux établissements d'études supérieures Palestiniens ou dans d'autres pays Arabes.

Ces certificats ne sont habituellement pas reconnus ou acceptés par les établissements israéliens.

De cette manière, le gouvernement israélien a créé une classe d'Arabes privilégiés, connue des Palestiniens de Jérusalem-Est comme "les Nordistes" qui se positionnent entre les Juifs et les résidants de Jérusalem-Est.

Cette classe d'Arabes privilégiés sert les besoins des habitants locaux palestiniens de Jérusalem-Est, mais en même temps et peut-être inconsciemment, ou au moins involontairement, elle sert également les besoins du pouvoir israélien.


Si, donc, nous mettons de cêté, la main d'oeuvre universitaire Arabe qui est payée par l'Etat, la véritable structure de la main d'oeuvre de l'Hêtel de Ville de Jérusalem devient plus facilement évidente.


Elle est caractérisée par les éléments suivants :

1) Il y a une concentration d'employés Arabes dans les plus bas échelons de la structure du système d'emploi, particulièrement parmi les manutentionnaires dans les secteurs du nettoyage (aussi le nettoyage des rues), de la maintenance, et du jardinage.


2) Il y a quelques employés de bureaux, également appelés en jargon "les cols blancs", qui servent les besoins de la population Arabe. Il n'y a pratiquement aucun Arabe au service de la population juive.


3) Tous les employés Arabes sont concentrés dans les postes de bas et moyen échelons; Les employés Arabes ne dépassent habituellement pas le poste de chef de service, et cela, comme déjà indiqué ci-dessus, seulement dans le cas de postes au service de la population Arabe.


4) La mobilité des employés Arabes est très limitée; c.-à-d., la plupart des postes normaux à l'Hêtel de Ville de Jérusalem sont bloqués pour eux.
Ce qui s'appelle dans la recherche sociologique actuelle "un plafond de verre" qui bloque l'avancement des femmes aux postes de responsabilité, est devenu, dans le cas des employés Arabes de la municipalité de Jérusalem, "un plafond en béton armé" qui rend leur poste fixe et ne permet pas de mobilité horizontale ou verticale.
C'est parce que le nombre de postes qui peut être occupé par des Arabes est limité, et les chances pour qu'un employé Arabe accède à un poste à haute responsabilité sont pratiquement nulles.


Suite aux perceptions développées par Max Weber dans sa recherche sur les organisations, nous savons qu'une structure de main d'oeuvre telle que celle décrite pour l'Hêtel de Ville de Jérusalem enseigne quelque chose au sujet des mécanismes sociaux et politiques à un niveau plus large.
Une telle structure reflète une situation sociale donnée, mais en même temps c'est également un outil pour perpétuer cette même situation.

Le fait que les employés Arabes soient la plupart du temps trouvés en bas de la pyramide de la main d'oeuvre, aux postes de rangs inférieurs de la structure, est, d'une part, une expression de leur statut socio-économique inférieur dans la ville. Mais en même temps, d'autre part, cela est conforme aux tendances politiques qui flottent dans l'air et qui servent des intérêts sectaires.

C'est parce que la structure de la main d'oeuvre à Jérusalem cache à l'intérieur un message national.
"Sachez avant à qui vous avez à faire."
Le Juif est le directeur et l'Arabe est l'ouvrier. Les Juifs sont les responsables, et les Arabes sont les subordonnés. Le Juif est celui qui décide et l'Arabe est celui qui exécute.

Mais même cela n'existe pas à tous les échelons, seulement dans les bas échelons de la balance sociale. De cette manière, la structure de la main d'oeuvre devient un mécanisme de domination et d'oppression, juste un parmi beaucoup d'autres mécanismes utilisés par la municipalité pour perpétuer l'injustice dans la ville.

Si le rêle des employés dans chaque système bureaucratique est de maintenir l'organisation, le rêle de la structure de la main d'oeuvre est de maintenir le système. Parce que l'organisation publique d'un Etat est créée non seulement pour servir les citoyens, mais également (et certains disent principalement!) pour déterminer l'ordre social.

Le message politique donné par l'organisation de la municipalité est clair : dans cette ville, il y a les propriétaires, les Juifs qui vivent dans la partie Ouest, et les occupants subalternes, les Arabes qui vivent dans la partie Est.

Et si la recherche moderne enseigne qu'une organisation est une étape pour la lutte politique, à Jérusalem, où tout est doublement compté, la municipalité est également une étape pour la lutte nationale.

C'est pourquoi les résidants Arabes n'attendent pas trop de la municipalité, et pourquoi ils acceptent leur statut inférieur. Parce qu'un employé de bureau est un symbole, et quand il voit que les employés de bureau Arabes qui le servent n'ont aucune véritable autorité ou statut, il diminue ses espérances de l'organisation et il commence à accepter son statut en tant que citoyen de "Classe B".

Il faut dire qu'il existe nulle part des dispositions ou procédures officielles qui empêcheraient un Arabe de concourir pour un poste dans une adjudication publique.
Au contraire, il est écrit explicitement dans les offres que les postes sont ouverts à toute personne, quelque soit son sexe ou sa nationalité.

Mais l'employé Arabe connaît sa place dans le système, et il se rend également compte des restrictions invisibles qui existent dans le mécanisme.
Il ne se présentera pas dans les offres génériques et ne concourra pas pour des postes qui sont réservés aux Juifs, parce qu'il sait qu'il n'aura aucune chance, et aussi parce qu'il ne veut pas déranger le système.

Si, aujourd'hui, quelqu'un n'est pas convaincu que le pouvoir israélien à Jérusalem-Est est une version actualisée du colonialisme Européen du 19ème siècle, il devrait regarder la structure de l'emploi.

Il/Elle constatera que la structure de la main d'oeuvre ressemble de façon incroyable à la structure du pouvoir dans les colonies d'outre-mer Européennes du 19ème siècle.
Là-bas et ici, les échelons les plus élevés sont réservés à l'administration européenne, et les postes inférieurs sont occupés par la population autochtone.

Le directeur Juif est très semblable à l'employé de bureau colonial qui détermine le niveau des services auxquels la population autochtone a droit.
C'est lui qui décide de donner, ou de reprendre.

Ici, comme dans les colonies, entre les cadres Européens et les ouvriers autochtones, il y a une mince couche de locaux privilégiés qui fonctionnent comme intermédiaires ou agents entre le gouvernement et la population locale.

Ces intermédiaires absorbent le choc de la frustration des habitants locaux, et ils créent une illusion d'autonomie. Mais, en fait, ils exécutent seulement les ordres des commandants européens.

Source : http://www.kibush.co.il/

Traduction : MG pour ISM

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