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Naplouse - 15 janvier 2006
Par Adri Nieuwhof et Walid Abdelhadi
Adri Nieuwhof et Walid Abdelhadi sont des avocats des droits de l'homme basés respectivement en Hollande et dans les Territoires Palestiniens Occupés. Beaucoup d'événements décrits dans cet article sont basés sur des rapports de témoins oculaires et sont confirmés par les auteurs. Ils sont en outre conformes aux rapports reçus par des missions diplomatiques, à des articles de journaux et à plusieurs rapports documentés de nombreuses organisations locales et internationales des droits de l'homme, dont Human Rights Watch et Amnesty International
Les militaires israéliens utilisent des chiens comme outil de reconnaissance dans leurs actions contre les Palestiniens dans les Territoires Palestiniens Occupés, y compris dans le camp de réfugiés de Balata à Naplouse.
Les actions des chiens sont contrôlées à distance par une technologie sophistiquée; des ordres sont émis par un émetteur-radio.
Cela évoque beaucoup de crainte et augmente l'aliénation des Palestiniens.
Basil Waleed Abu Dahooq soigné Ã l'hopital après avoir été mordu par un chien de l'armée israélienne dans la ville de Naplouse en Cisjordanie , 19 décembre 2005. (MAANnews/Bilal Nasser)
La façon dont Israël utilise des chiens est encore une autre étape dans la déshumanisation, sous couvert de la guerre. Les chiens suivent les ordres de leurs maîtres soldats.
En aucune façon, la communauté internationale devrait permettre au gouvernement israélien d'échapper à sa responsabilité pour ces pratiques barbares en imposant son occupation brutale des territoires palestiniens.
Problèmes aux checkpoints près de Naplouse
Au matin du vendredi 9 décembre, un enfant âgé de 12 ans qui portait un sac plastique a essayé de traverser le checkpoint de Howara à l'entrée nord de la ville de Naplouse.
Les soldats ont apparemment craint que le sac en plastique contienne une bombe et ont attrapé le garçon par le cou. Il a reçu l'ordre de laisser tomber le sac en plastique dans un champ près du checkpoint et de retourner au checkpoint tandis que les soldats pointaient leurs armes dans sa direction.
A son retour, un groupe de six à huit soldats l'a encore saisi par le cou. Les soldats riaient. En attendant, un spécialiste en bombe est allé voir le sac en plastique. Il s'est avéré qu'il contenait de la pâte à pain et quelques fils électriques reliés à une batterie.
Il est difficile d'estimer ce qui s'est vraiment produit avec le petit garçon.
S'agissait-il d'un fantasme enfantin pour effrayer les soldats?
Au cours de l'Apartheid en Afrique du Sud, les enfants effrayaient les soldats en jetant des avocats dans leurs tanks. À première vue, les avocats ressemblent aux grenades à main.
Après l'incident du sac, tous les Palestiniens de moins de trente ans ont été empêchés de passer le checkpoint à l'extérieur de Naplouse pendant des jours. Cela ne pouvait être interprété que comme une punition collective imposée par les militaires israéliens en réponse à l'acte naïf d'un gosse de 12 ans.
Augmentation de l'activité militaire
Le nombre d'opérations militaires dans le camp de réfugiés de Balata et à Naplouse est en augmentation. Depuis le vendredi de la "bombe-jouet" du garçon, les militaires israéliens ont envahi le camp de Balata chaque nuit.
Les opérations pour arrêter des personnes recherchées durent pendant des heures et les gens restent éveillés en raison du bruit des tirs.
Selon des témoins, le matin du mardi 13 décembre, une énorme force militaire israélienne a envahi Naplouse. À l'heure de l'opération, les jeunes palestiniens étaient sur le chemin de l'école. Les jeunes ont réagi en colère par une pluie des pierres sur les jeeps blindées des soldats. Les soldats ont répondu par des tirs, tuant un enfant et blessant 25 autres enfants.
Le Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme (PCHR) publie des rapports hebdomadaires sur la situation dans les Territoires Palestiniens Occupés.
Un rapport a mentionné que les 22 décembre 2005 "les FOI ont assiégé un bâtiment en construction (sic) à Naplouse. Ils ont ouvert le feu sur le bâtiment, tuant trois Palestiniens qui se cachaient à l'intérieur."
Dans le rapport hebdomadaire du PCHR du 29 décembre au 4 janvier, il a été rapporté ce qui suit : 'Les FOI (Forces d'Occupation Israélienne) ont mené 25 incursions militaires dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie . Pendant ces incursions, les FOI ont envahi des maisons et arrêté 30 civils palestiniens, dont 9 enfants et une fille. Les FOI ont également transformé 5 maisons en sites militaires. Les FOI ont utilisé des unités secrètes et des chiens entrainés pendant ces incursions."1
Apparence étonnante
Lundi, 19 décembre 2005, Ã deux heures du matin au milieu d'une nuit froide, une unité militaire israélienne a envahi le camp de réfugiés de Balata et a attaqué les maisons de plusieurs habitants d'une façon apparemment aléatoire.
Dans l'une des maisons, un chien est apparu. Il ressemblait à un robot, avec un haut-parleur sans fil dans son oreille, un projecteur et une caméra sans fil.
Le chien recevait des instructions d'un soldat de l'unité. Il semblait faire le travail des soldats, recherchant ce que les militaires appellent des "terroristes".
Le père âgé de 40 ans a répondu à la porte de devant et a été sorti par les soldats. Ils l'ont forcé à se déshabiller et se tenir nu contre le mur de sa maison pendant près d'une heure dans la nuit froide jusqu'à ce que les soldats se soient retirés.
Le père a vu le chien entrer dans sa maison où il a mordu à plusieurs reprises la jambe de son fils âgé de 12 ans.
La troisième morsure a déchiré la chair de l'enfant, laissant une blessure de la taille d'un paquet de cigarettes.
Les soldats ne se sont pas inquiétés de l'enfant. L'enfant n'a pû être transporté à l'hêpital pour être soigné seulement après qu'ils soient partis.
Le résultat de cette opération absurde a été dévastateur pour cette famille. Un père a été humilié, un enfant a été gravement blessé et aucune personne n'a été emmenée en garde à vue parce que les soldats sont apparemment arrivés à la conclusion qu'aucun "terroriste" n'était présent.
La déshumanisation de l'ennemi mène aux violations des droits de l'homme
Dans n'importe quelle guerre, les militaires d'un pays sont capables de tirer une image laide et déshumanisante de son ennemi comme justification aux actions agressives, y compris des meurtres arbitraires, des bombardements et des assassinats.
Le développement des armes de "précision" créent une distance avec son ennemi et éliminent le besoin de l'agresseur de voir son ennemi comme un être humain. La déshumanisation de l'ennemi mène également aux violations du droit international.
Les horreurs de la guerre, qui ont vu des actes terribles avoir lieu, ont mené directement la communauté internationale à créer des lois pour protéger les civils innocents et pour les empêcher d'être prises pour victimes à l'excès, et de tenir pour responsables des individus et des états quand ces lois sont brisées.
Ces lois peuvent être trouvées dans les Conventions de Genève ainsi que dans des conventions internationales des droits de l'homme telles que la Convention Internationale des Droits de l'Enfant.
Les soldats et la politique d'Israël violent plusieurs de ces lois internationales et des civils innocents, y compris des réfugiés, continuent à en souffrir tandis que le reste du monde ferme les yeux.
L'Union Européenne doit tenir Israël pour responsable
En tant que puissance occupante, Israël a comme principale responsabilité dans le droit international de protéger les Palestiniens dans les Territoires Palestiniens Occupés.
Les arrestations et les détentions arbitraires des Palestiniens et d'autres pratiques barbares des militaires israéliens sont immorales et mènent à de sérieuses et même à des violations graves des droits de l'homme.2
Le gouvernement d'Israël n'applique pas ses engagements en vertu des droits de l'homme internationaux et de la loi humanitaire. L'Union Européenne et ses membres ont la responsabilité, en tant que membres des Nations Unies et signataires des Conventions de Genève, de tenir pour responsable le gouvernement israélien.
NOTES :
[1] Rapport hebdomadaire sur les violations aux droits de l'Homme, PCHR (5 Janvier 2006)
[2] La détention administrative devrait être interdite, Jeff Handmaker et Adri Nieuwhof, Electronic Intifada (11 Novembre 2005)
Source : Electronic Intifada
Traduction : MG pour ISM
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