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Palestine occupée - 19 avril 2018
Par Ramona Wadi
17.04.2018 – L'an dernier, la Journée des prisonniers palestiniens a été marquée par le début d'une grève de la faim de masse des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, menée par Marwan Barghouti. Aujourd'hui, l’événement est marqué par des rappels et des statistiques sur les violations subies par les Palestiniens du fait de la violence coloniale d'Israël. Selon l'ONG Addameer, le nombre de prisonniers politiques palestiniens était de 6.050 au 1er mars.
Commémoration de la Journée des Prisonniers palestiniens à Naplouse, le 17 avril 2018 (AFP)
C'est aussi l'occasion pour l'Autorité palestinienne de tenter d'établir un lien superficiel avec la cause palestinienne. Le symbolisme héroïque associé aux prisonniers palestiniens est si tangible que l'AP est prête à afficher son hypocrisie et à se joindre aux condamnations d'Israël, tout en ignorant opportunément que sa propre coordination sécuritaire avec les autorités d'occupation a contribué à permettre à l’Etat sioniste de kidnapper, de torturer et d’incarcérer tant de Palestiniens.
L'année dernière, alors que les prisonniers palestiniens en grève réclamaient leurs droits fondamentaux, le chef de l'AP Mahmoud Abbas restait silencieux et le Premier ministre Rami Hamdallah déclarait pour marquer la circonstance : « L'occupation israélienne a transformé notre patrie en une grande prison. »
Derrière de telles déclarations cosmétiques se cache une dissonance que l'AP s'abstient de formuler. Si la Journée des Prisonniers Palestiniens était une véritable commémoration collective, elle ne se concentrerait pas uniquement sur le résultat, mais aussi sur le processus qui a conduit à leur incarcération. Des témoignages donnant des détails sur la torture pratiquée par l’AP, sur l'autorité canalisant les prisonniers vers les prisons israéliennes, sur la coordination de la sécurité de l'AP avec Israël menant à des arrestations massives et sur le marchandage des vies des prisonniers dans le contexte des négociations plutôt que sur l'affirmation de leurs droits sont bien documentés. Pourquoi laisser la commémoration être ternie par ces omissions ?
L'AP a employé une formule simple pour garder son pouvoir de manière à fragmenter davantage la société palestinienne, au point que les Palestiniens courent le risque d'être isolés dans leur environnement immédiat. Pour profiter des vestiges du pouvoir accordé par Israël et la communauté internationale, il a créé une illusion de sécurité en mettant les Palestiniens en péril. Alors que le fossé entre le peuple et la prétendue "autorité" augmente, Abbas détourne l'attention des violations des droits palestiniens par l’Autorité qu'il contrôle. En communiquant systématiquement sur l'aspect bureaucratique des négociations, par exemple, ou le processus de réconciliation, l'AP a organisé une impunité exclusive pour sa hiérarchie.
Palinfo a rapporté hier que le Conseil national palestinien (PNC) a demandé que la priorité soit donnée au dossier des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes devant la Cour pénale internationale (CPI). Le PNC nous rappelle également que 215 prisonniers palestiniens sont morts dans les prisons israéliennes suite à une torture extrême ou à une négligence médicale.
Une commémoration enchâssée dans des contradictions est superficielle. Nous devrions laisser tomber le symbolisme et libérer les espaces étranglés par la glorification, de manière à voir le processus de création de prisonniers palestiniens pour ce qu'il est : un accord entre Israël et l'AP qui profite aux deux. Mettre les prisonniers palestiniens sur un piédestal contribue à leur isolement, tout en renforçant le pouvoir du colonisateur et de ses complices à Ramallah. Il est facile d'associer les statistiques à la nécessité de se souvenir, pourtant ce souvenir dépend de la production de violations encore plus nombreuses, ce qui est une autre raison pour laquelle les histoires individuelles qui créent une telle fureur, au début, suivent le même chemin d'acquiescement en ce qui concerne le soutien. L'individu intègre les statistiques et la commémoration est ainsi affaiblie.
Loin de la Journée des Prisonniers Palestiniens, du battage médiatique et de l'hypocrisie qu'elle génère selon l'intention sous-jacente, il y a 6.050 personnes dans les prisons israéliennes et des milliers de proches dont les vies sont suspendues et pour lesquels la commémoration est différente de la nôtre. De loin, les informations diffusées déterminent ce que nous réclamons. La violence coloniale d'Israël et la collaboration de l'Autorité palestinienne, d’autre part, se sont associées pour décider de leurs vies.
Depuis son occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza en 1967, Israël a émis 50.000 ordres de détention administrative contre les Palestiniens.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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Ramona Wadi
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