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Palestine occupée - 25 mai 2020
Par Marion Kawas
Marion Kawas est membre de l'Association Canada-Palestine et co-animatrice de Voice of Palestine. Elle a contribué à cet article sur PalestineChronicle.com. Visitez le site : www.cpavancouver.org.
Récemment une vague de voix officielles en Occident s'inquiètent de l'agenda du nouveau gouvernement de coalition israélien. De nombreux gouvernements libéraux occidentaux offrent un peu plus que leurs objections symboliques habituelles à la politique israélienne, y compris certaines menaces de sanctions européennes si Israël met en œuvre ses nouveaux plans d'annexion.
Protestation contre l’annexion israélienne dans la vallée du Jourdain
(Photo: via ActiveStills.org)
Tout cela est-il dû à une préoccupation pour les droits de l'homme des Palestiniens ? Ou par souci de l'"État de droit" qu'ils aiment tant évoquer ?
Ou est-ce parce qu'ils savent que l'annexion officielle par Israël de nouvelles parties des territoires palestiniens occupés sera le coup de grâce à la "solution à deux États" moribonde ? Un mirage qui, depuis plus d'un quart de siècle, a légitimé et alimenté le statu quo du colonialisme de peuplement israélien et de la poursuite du nettoyage ethnique, mais avec un "déni plausible" pour de nombreux acteurs internationaux.
Une fois cette nouvelle annexion instaurée, même s'il ne s'agit en réalité que d'une légalisation de ce qui existe déjà sur le terrain, alors la carotte des "deux États" ne peut plus être brandie devant les yeux des Palestiniens et des Arabes comme une quelconque démarche légitime.
Depuis la signature d'Oslo en 1993, cette approche viciée a été une aubaine, non seulement pour les gouvernements israéliens successifs, mais aussi pour beaucoup d'autres. Combien de pays ont haussé et normalisé leur coopération diplomatique et militaire avec Israël ; combien de gouvernements ont multiplié les accords de libre-échange avec Israël, bénissant ainsi les fruits d'une occupation illégale ; et combien ont pu rejeter la résistance et les griefs légitimes des Palestiniens sous la ruse des négociations sur l'avenir illusoire et promis mais jamais réalisé de "deux États" ?
L'annexion sous un autre nom... est toujours une annexion.
Tout au long de ces 27 dernières années, Israël a au moins triplé le nombre de colons illégaux, poussant les Palestiniens hors de leurs terres, paralysant l'agriculture et le développement palestiniens, et tuant ou blessant les Palestiniens qui osent protester. Tout cela avec la bénédiction de la communauté internationale, à condition que le mantra de la solution "à deux États" ne soit qu'un vœu pieux. Tant que l'on ajoute une phrase à la fin d'un communiqué de presse s'engageant à un "règlement négocié basé sur deux États", le soutien à la brutalité militaire israélienne peut se poursuivre.
Il ne faut pas s'étonner de tout cela. En 1992, avant même que les accords d'Oslo ne soient sur la table, le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir a déclaré sans ambages l'objectif de ces négociations sans fin. Selon le New York Times, il a été cité "dans une interview publiée... comme ayant dit qu'il voulait faire traîner les négociations de paix avec les Palestiniens pendant une décennie tout en augmentant considérablement le nombre de colons juifs dans les territoires occupés par Israël".
Et même si nous acceptons l'hypothèse que certains analystes avancent maintenant selon laquelle l'Organisation de libération de la Palestine et l'Autorité palestinienne ont été trompées et dupées par ces combines israélo-américaines, nous devons nous poser la question : depuis 27 ans ? Peut-être cinq ans, après lesquels l'État palestinien promis devait être mis en œuvre. Mais plus d'un quart de siècle ? Même le regretté Yasser Arafat a finalement réalisé l'erreur stratégique qu'impliquait le bourbier des accords d'Oslo, une réalisation qui, selon beaucoup, lui a coûté la vie en 2004.
Et ce n'est pas comme s'il n'y avait pas déjà des précédents de tromperie de la part des Etats-Unis concernant le mouvement palestinien. En 1982, l'envoyé spécial américain de l'époque, Philip Habib, a garanti la sécurité des personnes dans les camps de réfugiés si l'OLP acceptait de quitter Beyrouth. Des notes écrites déclaraient : "Nous réaffirmons également les assurances des États-Unis en ce qui concerne la sûreté et la sécurité (...) pour les camps de Beyrouth." Et nous connaissons tous la tragédie qui a rapidement suivi, le massacre de Sabra et Chatila, où plus d'un millier d'hommes, de femmes et d'enfants palestiniens non armés ont été massacrés et chassés de leurs maisons une fois de plus.
Tous ceux qui trouvent enfin leur voix pour critiquer les nouveaux plans d'annexion d'Israël devraient savoir que leurs paroles sonnent creux, à moins qu'elles ne soient soutenues par des mesures significatives et concrètes pour tenir Israël responsable. Le minimum absolu serait des sanctions contre le gouvernement et l'État d'Israël jusqu'à ce qu'il respecte le droit international. Imposées immédiatement ! Tout ce qui est moins que cela n'est qu'une pure tromperie, visant à maintenir les Palestiniens sous la botte de la colonisation sioniste de façon permanente.
Source : The Palestine Chronicle
Traduction : MR pour ISM
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