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Israël - 29 janvier 2006
Par Jonathan Cook
Le livre de Jonathan Cook "Blood and Religion: The Unmasking of the Jewish and Democratic State", édité par Pluto, sortira en Avril.
Les orateurs d'Amir Peretz, le chef du parti Travailliste, à Shaul Mofaz et Tzipi Livni, les recrues à forte personnalité du Likud jusqu'au nouveau parti de Sharon, ont insisté sur le fait que les Palestiniens auraient un Etat sur ce qui restera quand les grands blocs de colonies de Cisjordanie seront enveloppés du "côté" israélien du Mur.
Tous ont convenu qu'un tel Etat n'inclura très certainement pas la partie Est et palestinienne de Jérusalem, annexée illégalement par Israel après la guerre de 1967.
Au cours des prochains jours, des tonnes d'analyses seront consacrées à la signification de l'élection générale palestinienne de cette semaine et ce qu'elle annonce pour le conflit du Moyen-Orient.
Mais ce spectacle dans lequel le Hamas tient le rêle de star a éclipsé un drame bien plus important qui se joue dans les coulisses.
Presque personne n'a remarqué les événements développés à la conférence de Herzliya, le rassemblement annuel le plus important définissant la politique d'Israël.
Cette semaine, des politiciens, des hommes d'affaires, des généraux, des universitaires et des journalistes ont convergé dans la station balnéaire de Herzliya, près de Tel Aviv, pour partager leurs sentiments sur le souci central du pays, comme cela était exprimé dans le titre de la conférence : "L'équilibre de la force et de la sécurité nationales en Israël".
Basée sur l'ancienne forme, les discussions et les discours sont plus révélateurs sur la direction de la politique israélienne au cours de l'année à venir que tous les débats à la Knesset, les réunions du gouvernement et conférences de presse mises ensemble.
La première conférence de Herzliya, en décembre 2000, avait donné le ton. Elle s'était concentrée sur l'inquiétude principale des politiciens israéliens alors que l'Intifada s'installait dans les secteurs palestiniens. Les politiciens de Gauche et de Droite, de Shimon Peres à Ariel Sharon, montaient sur scène non pas pour parler de stratégie militaire mais pour discuter du "démon démographique" menaçant l'effondrement de l'Etat Juif.
Le débat marquait un changement important de politique.
Pendant des décennies, Israël avait fait une énorme distinction entre les deux principaux groupes de population palestinienne qu'il gouverne : "les Arabes Israéliens", qui possèdent la citoyenneté israélienne et dont l'identité palestinienne a été traditionnellement refusée par l'Etat, et les Palestiniens des territoires occupés.
Depuis Herzliya, cette politique a été abandonnée.
Tous les Palestiniens entre la mer Méditerranéenne et le fleuve du Jourdain ont été mis dans le même sac et reclassifiés en termes démographiques – comme un ennemi ethnique menaçant d'être en supériorité numérique.
Si elle est incontrêlée, avertissaient les orateur d'Herzliya, l'augmentation de population palestinienne forceraient Israël à adopter l'Apartheid ou à commettre un suicide national.
Après la conférence, les organisateurs ont publié un rapport dans lequel ils ont fait plusieurs recommandations pour désamorcer "la bombe démographique".
Beaucoup d'autres immigrés juifs devaient être attirés en Israël; les droits à la citoyenneté de certains Arabes israéliens devraient être retirés; et l'Autorité Palestinienne devait être encouragée à signer un "échange de terre", en donnant des secteurs à cêté de la Cisjordanie fortement peuplés d'Arabes israéliens en échange d'une grande partie du territoire sur lequel des colonies juives ont été établies.
La nouvelle stratégie a été confirmée par la Conférence de Herzliya de décembre 2003.
C'est alors que Sharon a révélé son désengagement unilatéral de Gaza, une bande minuscule de terre mais qui néanmoins constituait la menace démographique la plus immédiate en Israël. En laissant à la dérive 1,4 millions de Palestiniens de Gaza, l'Etat Juif s'achetait quelques années de répit.
Mais la perte de Gaza offre seulement un sursis provisoire.
Cette semaine, dans un chorus vraisemblablement conçu pour que les délégués d'Herzliya gardent un œil sur le sujet, les gourous démographiques d'Israël, les professeurs Sergio Della Pergola et Arnon Sofer, ont averti séparément de la destruction imminente de l'Etat Juif à moins que d'autres mesures soient prises contre la "menace" du taux de natalité palestinien.
Della Pergola a conseillé que même après le retrait de Gaza, le moment de la parité numérique était une approche rapide. "Si le problème (démographique) n'arrive pas en 2010, il arrivera en 2020," a-t'il averti dans le quotidien libéral Haaretz.
Pendant ce temps, Sofer, indiquait aux lecteurs du journal le plus diffusé, le Yediot Aharonot, qu'Ehud Olmert, le premier ministre par intérim et l'homme largement censé avoir converti Sharon à la cause du désengagement, avait écrit en le rassurant : "Le temps est venu de cesser de penser en termes théoriques et de prendre des décisions morales et de fournir des vraies réponses pour garantir qu'Israël continue à avoir une majorité juive claire et écrasante."
C'était également le message d'Olmert cette semaine à la conférence de Herzliya, alors qu'il donnait son principal discours la veille des élections palestiniennes.
L'homme qui a hérité de la direction du parti de Kadima de Sharon et qui devrait être le prochain Premier Ministre d'Israël, est beaucoup moins effrayé que son prédécesseur par les impératifs démographiques dans la définition de la politique israélienne.
Il a laissé entendre qu'un autre désengagement, cette fois-ci en Cisjordanie , était presqu'inévitable.
Israël allait devoir établir ses "frontières finales" a-t'il dit et créer de ce fait un Etat palestinien.
"Le choix entre permettre à des Juifs de vivre dans toutes les parties de la terre d'Israël et de vivre dans un Etat avec une majorité Juive entraine obligatoirement l'abandon de parties de la Terre d'Israël. Nous ne pouvons pas continuer à contrêler des parties de territoires où vivent la plupart des Palestiniens."
Donc, quelle sorte d'"Etat" Olmert et ses rivaux politiques -- la plupart d'entre eux finiront par se rassembler dans un gouvernement de coalition après l'élection générale israélienne le 28 mars -- ont-ils l'intention d'offrir aux Palestiniens afin de récupérer leur Etat Juif et sa majorité Juive?
Herzliya donne encore des indices.
Les orateurs d'Amir Peretz, le chef du parti Travailliste, à Shaul Mofaz et Tzipi Livni, les recrues à forte personnalité du Likud jusqu'au nouveau parti de Sharon, ont insisté sur le fait que les Palestiniens auraient un Etat sur ce qui restera quand les grands blocs de colonies de Cisjordanie seront enveloppés du "cêté" israélien du Mur.
Tous ont convenu qu'un tel Etat n'inclura très certainement pas la partie Est et palestinienne de Jérusalem, annexée illégalement par Israël après la guerre de 1967.
Même Binyamin Netanyahu, chef des restes du Likud et adversaire par excellence du désengagement de Sharon, a fixé à Herzliya sa propre priorité comme étant de déplacer le mur plus profondément à l'intérieur de la Cisjordanie afin d'annexer plus de territoire, pour déterminer vraisemblablement unilatéralement le contour d'un futur état palestinien.
Les leaders israéliens sont tous d'accord. Un état palestinien sera sans sa seule capitale possible, Jérusalem-Est, et enfermé dans une série d'enclaves derrière une "barrière de sécurité".
Si, comme cela paraît probable, Israël refuse également d'autoriser tout lien entre la Cisjordanie et Gaza, le travail de destruction de l'unité des Palestiniens et la chance d'avoir un Etat palestinien signicatif seront accomplis.
Il y aura une compensation, pourtant : l'Etat Juif aura été sauvé.
Six ans de conférences de Herzliya montrent que les négociations pacifiques pour un Etat palestinien n'ont jamais été une préoccupation pour le gouvernment d'Israël.
Peu importe que ce soit le Hamas ou le Fatah qui dirige l'Autorité Palestinienne.
Il y a bien longtemps que l'Etat Juif a à l'esprit comment protéger au mieux ses intérêts.
Source : Electronic Intifada
Traduction : MG pour ISM
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