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Liban -

La colère des réfugiés palestiniens contre l’UNRWA

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La tragédie des réfugiés palestiniens du camp de Nahr el-Bared, au nord du Liban, n’est pas terminée. Le dossier de cette blessure ouverte n’en finit pas de s’étoffer, dans un pays en crise. La dernière décision de l’UNRWA fut de considérer que le camp de Nahr el-Bared n’est plus en situation d’urgence, prétextant une autre tragédie, celle des réfugiés palestiniens des camps situés en Syrie et le manque de finances pour assumer son rôle dans les deux cas.

La colère des réfugiés palestiniens contre l’UNRWA

Protestation devant le siège de l'Unrwa, août 2013 (The Daily Star/Antoine Amrieh)
La population réfugiée du camp de Nahr el-Bared s’est révoltée. Depuis 5 jours, elle tient un rassemblement devant le siège de l’UNRWA à Beirut, réclamant le maintien de la situation d’urgence dans le camp, qui signifie par ailleurs que l’UNRWA devrait aider les familles de Nahr el-Bared à assurer les soins médicaux, les études et reconstruire les logements. Les familles palestiniennes de Nahr el-Bared ne sont pas responsables de la crise financière de l’UNRWA, ni de la corruption de son bureau, ni des malversations financières qui ont retardé cette reconstruction, affirment les réfugiés.

L’UNRWA, qui prend prétexte du lourd dossier des camps palestiniens en Syrie, n’a que très peu assuré son rôle dans la reconstruction du camp de Nahr el-Bared, et assume d’ailleurs à peine le sien par rapport aux réfugiés palestiniens venant de Syrie. La décision est ailleurs, et est surtout politique, comme l’affirment les organisations de la résistance palestinienne au Liban mais aussi les comités populaires des camps. Car il est notoire que depuis quelques années, l’UNRWA essaie de se débarrasser de ses tâches pour lesquelles elle fut fondée par l’ONU, sous le prétexte de problèmes financiers, au profit des organisations internationales ou des Etats et de l’Autorité palestinienne, comme le souhaitent depuis les accords d’Oslo les Etats-Unis, le Canada et l’Etat sioniste.

Avant même leur protestation et rassemblement permanent à Beirut, les jeunes du camp avaient fermé les écoles de l’UNRWA, dans les camps de Beddawi et de Nahr el-Bared, pour obliger l’UNRWA à écouter leurs revendications. Mais l’obstination de l’UNRWA et son manque d’écoute ont obligé la population de Nahr al-Bared à aller plus loin. Elle « campe » à présent devant le siège de l’agence de l’ONU.

Au Liban, le camp de Nahr el-Bared fut détruit en mai 2008 par l’armée libanaise, qui avait demandé à la population palestinienne de le déserter, pour qu’elle puisse bombarder sans hésitation ses quartiers et ses maisons, afin de liquider le groupe armé de Fateh el-Islam qui s’y était installé. Le camp fut bombardé et détruit, mais les principaux responsables du Fateh al-Islam en sont sortis indemnes et ont pu regagner leurs pays, avec la connivence de groupes politiques et sécuritaires libanais. Le chef de l’armée ayant donné l’ordre de la destruction, aujourd’hui président de la République, Michel Sulayman, mais aussi le gouvernement de Sanioura, qui avait assuré la couverture politique d’une telle destruction, avaient assuré que le camp serait reconstruit, et que sa population reviendrait. Mais ce n’était que du vent, car depuis 2008, tous les motifs ont été invoqués pour que la reconstruction se ne réalise pas, ou se réalise à moitié : la pseudo découverte d’un site archéologique, la volonté d’installer une base militaire à côté, des plans pour disperser les réfugiés, ou pour les expulser vers des pays européens. En réalité, c’est l’attente d’un règlement international qui liquiderait la cause des réfugiés et leur retour en Palestine qui bloque toute décision politique. Mais ce qui pèse surtout, dans la situation libanaise, c’est que les Palestiniens sont non seulement victimes, mais ils sont jugés responsables, et le fait de réclamer le retour au camp devient suspect aux yeux de certaines forces politiques, toutes tendances confondues, les réfugiés palestiniens étant accusés de vouloir s’installer au Liban. Alors que depuis 1948, lorsque des plans d’installation des réfugiés ont été acceptés, ils l’ont été par des forces ou des personnalités politiques libanaises qui avaient décidé de participer à la liquidation de la cause palestinienne, mais jamais par les Palestiniens.

En riposte à la récente décision de l’UNRWA, les organisations palestiniennes ont envoyé un message à la directrice générale de l’UNRWA au Liban, Anne Dismorr, lui demandant de maintenir le plan d’urgence pour le camp Nahr el-Bared, car sa suppression aura de graves répercussions sur tous les autres camps au Liban.

« Nous réclamons le maintien du plan d’urgence d’ensemble, consistant à secourir, à soigner et à loger les habitants du camp, et à activer le processus de reconstruction, qui a été retardé du fait de la corruption existante dans le dossier de la reconstruction, et d’assurer les finances nécessaires pour poursuivre cette reconstruction, d’autant plus que le camp est toujours considéré comme une zone militaire fermée, par décision du gouvernement libanais, et nous refusons la partition du plan d’urgence.
« Nos familles dans le camp de Nahr el-Bared vivent une situation tragique indescriptible, il y a des cas qui frôlent la mort, la situation économique est catastrophique à cause de la suppression de la situation d’urgence. Pour nos familles, l’UNRWA est devenue la principale cause de la souffrance de notre peuple, alors qu’elle devrait soulager cette souffrance. »

Ce message a été délivré au siège de l’UNRWA, il y a quelques jours, mais l’UNRWA refuse de donner une réponse. Les réfugiés de Nahr al-Bared ont décidé de demeurer sur place tant que Mme Dismorr ne vient pas dialoguer, puisque la décision de supprimer la situation d’urgence a été prise unilatéralement en juillet dernier. Ils sont soutenus par les organisations palestiniennes sur place, qui ont envoyé des délégués, et les responsables de ces organisations viennent également assister et participer au sit-in.

Malgré les légères pluies qui ont commencé à tomber sur Beirut, les Palestiniens de Nahr el-Bared tiennent bon. Durant ces cinq jours, ils ont reçu la visite de plusieurs délégations en solidarité avec leur mouvement et leur démarche est largement approuvée par l’ensemble des réfugiés, comme peuvent le constater ceux qui suivent les médias palestiniens électroniques.


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