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UE/Israël - 4 octobre 2021
Par Motasem A Dalloul
Motasem Ahmed Dalloul, journaliste et spécialiste des affaires du Moyen-Orient. Titulaire d’une maîtrise en journalisme international de l’Université de West Minister à Londres. Il est rédacteur pour le Middle East Monitor. Retrouvez-le sur Twitter : @AbujomaaGaza
4.10.2021 - La semaine dernière, le Parlement européen a approuvé un amendement visant à bloquer 20 millions d'euros (23 millions de dollars) d'aide à l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) si des modifications immédiates faisant la promotion de « la coexistence et la tolérance » avec l'occupation israélienne ne sont pas apportées aux manuels scolaires palestiniens.
Mais qu'a fait l'UE pour empêcher les discours de haine prononcés par des responsables israéliens à l'encontre des Palestiniens ? Qu'a fait l'UE, qui protège l'occupation israélienne et forge des partenariats stratégiques avec elle, pour protéger les Palestiniens qui endurent plus de 70 ans de violations et d'agressions israéliennes ?
Si l'on revient à un passé récent, on constate que l'UE n'a pas exigé d'Israël qu'il cesse de frapper les civils palestiniens à Gaza en mai, au moment où l'armée d'occupation a tué plus de 200 civils palestiniens, dont plus de 60 enfants, et en a blessé plus de 1.500 autres sur une période de 11 jours.
L'UE a au contraire condamné la résistance palestinienne qui s'est défendue contre les bombardements israéliens continus et barbares d'installations et de maisons essentiellement civiles. « Nous condamnons les tirs de roquettes du Hamas et d'autres groupes terroristes sur le territoire israélien. Et nous soutenons pleinement le droit d'Israël à l'autodéfense », a déclaré Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l'UE.
L'UE a ainsi déclaré son soutien total au type d’ « autodéfense » qui vise des enfants, des femmes et des personnes âgées désarmées, ainsi que les infrastructures civiles.
L'UE n'a pas fait grand-chose pour que la solution à deux États reste une option viable, mais elle la maintient « au niveau de la rhétorique » uniquement, a déclaré Beth Oppenheim, du Center for European Reform.
L'État d'occupation israélien n'est pas intéressé par la solution à deux États et a tout fait pour la rendre non viable par l'expansion continue des colonies illégales réservées aux juifs. Le Conseil de sécurité des Nations unies a qualifié les colonies israéliennes d'illégales et de violations des conventions de Genève, mais l'UE n'a rien fait pour forcer ces actions à cesser.
Pendant tout ce temps, l'occupation a imposé un blocus aérien, terrestre et maritime asphyxiant sur la bande de Gaza, rendant la vie presque invivable. Les Palestiniens vivent avec une électricité insuffisante, un manque cruel d'équipements médicaux, des pénuries de médicaments, un accès limité à l'eau potable, des restrictions strictes sur leurs déplacements à l’entrée et à la sortie de l'enclave assiégée et l'impossibilité pour ceux qui ont besoin de soins médicaux urgents d'y accéder à l'étranger ou en Cisjordanie occupée.
« La politique d'annexion de facto d'Israël en Cisjordanie et son blocus de Gaza violent le droit international », a déclaré Mme Oppenheim. Mais le premier ministre israélien « a entretenu des relations avec des gouvernements européens antilibéraux et xénophobes, semant la division au sein de l'UE et paralysant son processus décisionnel sur Israël-Palestine », a-t-elle ajouté.
Malgré la mort du processus de paix et les perspectives de la solution à deux États, « la relation bilatérale entre Israël et l'UE a continué à s'approfondir sans conditions (...). Ils ont signé plus d'une douzaine d'accords bilatéraux pour compléter l'accord d'association global dans des domaines tels que la coopération policière (2018), le développement (2018), l'aviation (2013), l'agriculture (2012) et l'industrie (2010). Israël participe aux programmes de recherche et d'innovation de l'UE, et les étudiants israéliens peuvent prendre part au programme d'échange éducatif Erasmus+. »
« L'UE est le premier partenaire commercial d'Israël, comprenant un tiers des exportations totales d'Israël, et Israël était le 27e partenaire le plus important de l'UE en 2018. » Cela prouve que la question n'est pas liée à un discours de haine ou à la promotion du processus de paix, mais qu'elle repose sur des intérêts et des bénéfices partagés.
L'UE est en mesure de prendre des mesures punitives qui obligeraient Israël à cesser ses crimes et ses violations des droits de l'homme, mais elle n'a pas la volonté politique d'exercer une véritable pression sur Israël. En 2014, « l'UE a rapidement accepté d'imposer de lourdes sanctions économiques visant les secteurs de la finance, de l'énergie et de la défense de la Russie lorsque Moscou s'est emparé de la péninsule de Crimée, sur la mer Noire, aux dépens de l'Ukraine - un territoire que la Russie détient toujours », indique un rapport spécial de Reuters. Ainsi, si l'UE a la volonté de prendre des mesures concrètes, elle peut le faire sans hésiter.
De nombreux analystes et critiques estiment que les États membres de l'UE peuvent faire la différence dans le conflit israélo-palestinien. Les pays qui soutiennent la prise de mesures contre les crimes israéliens et les violations du droit international devraient s'unir et se mobiliser contre ces violations. Ils devraient également reconnaître l'État de Palestine.
Lorsqu'il s'agit des crimes israéliens contre les Palestiniens, les seuls mots dont dispose l'UE sont « préoccupée » et « inquiete », tout en soulignant le « droit à se défendre » de l'État d'occupation. Lorsqu'il s'agit des actes de la résistance palestinienne légitime - au regard du droit international - l'UE opte pour « terroristes », « agression » et « attentats ». Le bloc continue de défendre l'occupation israélienne dans les forums internationaux.
Andrea Dessì, de Social Europe, un groupe de réflexion basé à Rome, a écrit : « Lorsqu'elles sont associées à la couverture juridique et diplomatique d'Israël fournie par l'Europe et les États-Unis dans les forums internationaux, ces politiques équivalent à une complicité dans la politique israélienne d'annexion rampante et de violence coloniale contre les Palestiniens. »
Tout ceci et bien d'autres situations prouvent que l'UE n'est pas seulement complice, mais honteusement impliquée dans les violations et les crimes contre les Palestiniens. L'UE, si elle soutient sérieusement la paix, doit utiliser sa force pour y parvenir, mais des décennies de silence et de soutien aux politiques unilatérales des États-Unis prouvent que ce n'est pas son objectif premier.
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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