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Israël - 12 août 2005
Par Abdel Hakim Mufid
Dans la situation israélienne, la mobilisation porte plusieurs significations. Il n'est pas un acte exceptionnel, contrairement à ce qui peut se passer dans des états d'urgence exigeant la mobilisation, non seulement dans l'armée, mais presque toutes les institutions d'un Etat.
Dans la situation israélienne, la mobilisation, le recrutement et l'engagement sont un acte continu, presque quotidien, desquels échappent peu de phénomènes, même dans les "cercles des chants populaires" auxquels participent les gens à la fin de chaque semaine, d'une part en tant qu'acte de loisir et de l'autre, en tant que rituel pour recruter.
Malgré les technologies hi-tech, l'internet et les mtv, le recrutement continue à tout produire de nouveau, tout a une signification, et il ne faut pas sortir du processus continu de la mobilisation, qui commence cependant à rencontrer quelques entraves, dans le cadre d'une ouverture incessante qu'il semble difficile à contrêler.
Il n'existe nulle part ailleurs un lieu, Ã ce qu'il semble, où le recrutement fait partie d'une sorte de nostagie comme c'est le cas pour la situation israélienne.
Les anciens combattants du palmach et les anciens combattants de l'unité 101, les combattants des appareils de la sécurité générale et des unités spéciales se rappellent le passé, la chasse aux Arabes, le meurtre des Arabes et la lutte contre eux.
A ces occasions, il y a renouvellement du processus du recrutement qui, Ã chaque fois, prend une nouvelle dimension, les histoires et les récits s'accumulant les uns aux autres jusqu'Ã transformer les personnages en légendes.
Le recrutement, dans la situation israélienne est une profession, tout individu est, Ã sa place, une recrue, Ã l'école, Ã l'armée, dans le lieu de travail, Ã l'université, au sport, dans l'art, le loisir et le cinéma.
L'engagement ne se limite pas aux appareils sécuritaires, les yeux qui scrutent le visage arabe dans le bus, le complexe commercial sont "deux yeux engagés".
Il en est de même pour les fans de football, des vendeurs de falafel et des chauffeurs de taxi.
Rien que par le dossier des otages d'al-Aqsa* nous comprenons que l'engagement est une profession israélienne.
Nous sommes en présence d'un dossier ordinaire. Beaucoup de choses ont été dites et seront dites à propos de ce dossier. Un dossier ouvert, qui n'a pas été encore clos. Dans ce dossier, le recrutement et l'engagement sont arrivés à leur paroxysme.
Toutes les parties ayant constitué ce dossier sont apparues en une seule fois.
Du début jusqu'à la fin, la mobilisation est apparue dans sa forme la plus évidente :la mobilisation sécuritaire, la mobilisation médiatique, la mobilisation politique, la mobilisation judiciaire, la mobilisation acédémique, toute cette mobilisation avait un but à réaliser, qui est de sanctionner, d'êter la légitimité, non pas à cause d'une transgression de la loi, mais à cause du projet dans son ensemble auquel tendent tous ces outils.
Il était supposé que ce dossier soit politique, mais la politique n'a pas réussi à produire les chefs d'accusation, sans faire appel à tous les épouvantails qui rendent les accusations rationnelles, ou qui les rendent illégales.
Le projet des accusés s'est heurté au cadre fixé, le cadre qui permet aux Arabes de jouer à l'intérieur du cercle.
L'Etat ne s'est pas heurté à ses citoyens car la supposition politique essentielle affirme que la citoyenneté a ses exigences, que la citoyenneté a des concepts auxquels aucun des accusés n'a répondu à leurs conditions. Pour cela, le dossier n'a pas eu besoin de mesures supplémentaires nécessaires pour une mise en scène appropriée.
D'ordinaire, les Etats mettent en garde leurs citoyens contre le fait de mener des actes "illégaux" de leur point de vue, mais l'intention cachée était de faire impliquer en utilisant "l'engagement secret".
Au premier abord, ces choses apparaissent très clairement, et les tâches exécutées par les appareils, à tous les niveaux, semblent "professionnelles", au plus haut point. Mais les détails dévoilés tous les jours, au cours des séances successives des tribunaux, ont montré les rouages du complot.
Il n'y a pas d'autre mot pour décrire ce qui s'est passé, sauf le complot, qui signifie une planification à l'avance, avec une intention cachée dans de sombres salles, de faire impliquer. Cela signifie nécessairement fabriquer tous les éléments de l'accusation au niveau "juridique" au point de changer "la situation juridique" des institutions, des gens et des actes considérés encore la veille, légaux mais aussi humanitaires.
Ils ne le sont plus, Ã cet instant, Ã l'instant même où l'institution israélienne a décidé d'écarter les accusés, leurs actes et leurs positions, de la route. Un complot contre eux a été tramé, dans tous les sens.
Ce n'est pas un hasard si le ministre de la sécurité, Gidéon Azra déclare souhaiter trouver une relation entre les détenus et Saddam Hussayn. Le souhait exprimait un "souhait historique" de l'engagement israélien continu pour confirmer l'accusation par le doute, toujours présente dans la conscience israélienne populaire et officiel, Ã tout moment.
Ce dossier a montré les relations étroites entre les appareils, les institutions qui devaient agir de manière séparée. Il est apparu qu'ils ont travaillé ensemble, dans la coordination, ils collaboraient pour fabriquer des accusations : la police, le procureur, les appareils de la sécurité générale, les compagnies de communication, l'appareil judiciaire et la politique.
Tout cette mobilisation visait à réaliser un but extrêmement dangereux, à notre avis, son caractère dangereux tenant au fait que l'institution israélienne peut y avoir recours à tout moment si elle ressent, de son point de vue au moins, que quelqu'un s'oppose à sa voie ou son projet.
Le danger vient de l'intention préconçue de faire "tomber", par des parties officielles représentant l'Etat considérant que les accusés ne sont que des "demi-citoyens", au moins.
L'implication fut un souhait pour les appareils concernés, "la transgression de la loi" étant la base pour les appareils recrutés : si les concernés n'ont pas commis de crime, il est possible de fabriquer un crime qui les accuse, fabriquer toute chose pouvant être plus grave, tout echose pouvant aller plus loin que cela, toute chose pouvant aller encore plus loin dans l'hostilité.
Mais l'affaire ne s'arrête pas là , le plus grave étant les motivations ayant mené à ce dossier, c'est-à -dire pourquoi avoir impliqué les accusés de manière intentionnelle ?
1 - l'implication de manière intentionnelle signifie la volonté de se venger, car personne n'implique quelqu'un ou lui fabrique une accusation sauf s'il a l'intention de se venger de lui.
Nous ne parlons pas ici d'une guerre entre gangs, mais d'un Etat et de ses institutions dont il est supposé qu'il doive se conduire autrement envers ceux qu'il considère comme ses citoyens.
2 - Cette implication n'a pas eu lieu après que les accusés aient eu l'intention de commettre un acte illégal, mais ces derniers ont mené une activité opposée aux politiques générales, ce qui signifie que les activités dans lesquelles sont impliqués les accusés ne sont pas acceptées, même si elles sont légales.
3 - l'activité des accusés part du principe que les institutions n'ont pas accompli leur rêle, ce qui signifie qu'elle est le produit d'une politique dirigée à tous les niveaux.
De ce point de vue, l'Etat considère que ce genre d'actions est une transgression grave, ce qui veut dire qu'il refuse par principe que les Arabes prennent leurs propres initiatives, et que dans les meilleurs des cas, leur rêle doit se limiter à la protestation, la revendication et la dénonciation, et toute initiative où les Arabes assument leurs responsabilités envers eux-mêmes est refusée.
4 - La politique israélienne a, tout au long de ces années, encerclé les Arabes dans des lieux précis, elle s'est comportée avec eux comme avec un troupeau, elle a mené des efforts pour les couper de leur milieu et de leur environnement religieux, nationaliste et national.
Elle a pour cela mené une guerre sans merci avec tout individu qui essayait d'investir "la zone inviolable", elle a voulu produire un "Arabe israélien" et non un Arabe, d'une part, avec tout ce que cela porte comme engagements envers lui-même, et non un Israélien, de l'autre, car le concept d'Israélien a également besoin des engagements de l'Etat envers lui.
La réalité fondamentale, à ce propos, c'est qu'Israël n'a jamais voulu des Arabes Israéliens, contrairement à ce que pensent certains.
La politique israélienne s'est épuisée à créer un individu difforme, sans traits, elle a voulu qu'il reste à l'endroit où il doit rester, jouer dans le cadre des limites du jeu fixées d'avance, et lorsqu'il est sorti de ce cadre et de ce cercle, il a payé le prix comme sont payés les prix, en gros et à crédit.
C'est comme cela que nous pouvons comprendre la guerre implacable menée par le pouvoir contre trois mouvements : le mouvement Al-Ard (de la terre) au début des années 60, le mouvement des Abnaa al-Balad (fils du pays) au milieu des années 70 et le mouvement islamique récemment.
Ces mouvements sont nés hors de la matrice de la politique israélienne, ils sont venus pour exprimer un état de continuité et de liaison avec ce qui est hors du cercle.
5 - Sur cette base, on peut comprendre le dossier des otages d'al-Aqsa, qui nécessite une étude approfondie : al-Aqsa, la liaison avec le peuple palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec les Musulmans et les Arabes de l'extérieur sont en réalité un défi à la politique israélienne qui a fixé les frontières et les limites.
La présence du mouvement islamique, et à sa tête le sheikh Raed Salah, dans ces lieux sont plus qu'une simple campagne de secours, ou une opération de rénovation d'al-Aqsa. Ce sont des opérations de rénovation de soi-même, sociale, religieuse, nationaliste, nationale, d'un genre jamais vu.
Plus que cela, le mouvement islamique a remplacé les Musulmans et les Arabes Palestiniens dnas la mosquée al-Aqsa et cela a une signification profonde, qui ne se limite pas à une relation ordinaire avec un lieu saint.
Cette présence se distingue au niveau du temps, car le mouvement islamique a insisté sur la centralité d'al-Aqsa au moment où ce dossier a été escamoté des agendas arabes et musulmans, au moment où il a été écarté et clos.
La voix du mouvement islamique et notamment celle du sheikh Raed Salah étaient claires et nettes au moment où les autres voix se sont tues, souhaitant mettre de cêté ce dossier.
* Les otages d'al-Aqsa, ce sont les Palestiniens de 48 du mouvement islamique qui ont été mis en prison, avec sheikh Raed Salah, en mai 2003.
Source : http://www.pls48.net/
Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
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