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Jérusalem - 2 décembre 2001
Par Nurit Peled Elhanan
in Yediot Aharonot (quotidien israélien) du dimanche 2 décembre 2001. Nourit Peled-Elhanan est la fille du général Mattityahou Peled, une gloire militaire d'Israël devenu, après 1967, un adversaire acharné de la colonisation. Elle-même est une victime du terrorisme aveugle: en 1997, sa fille Smadar, quatorze ans, a succombé à un attentat du Hamas à Jérusalem. Elle est membre du Cercle des Parents, une association qui réunit des familles israéliennes et palestiniennes endeuillées qui militent en faveur de la paix. En décembre 2001, le Parlement européen lui a décerné le prix Sakharov des droits de l'Homme, en même temps qu'au Palestinien Izzat Ghazzawi, qui a lui aussi perdu un enfant dans le conflit. Cet article de Nourit Peled-Elhanan a été publié au lendemain d'un attentat revendiqué par le Hamas, le 2 décembre 2001 à Jérusalem.
Au lendemain d'une guerre, Dylan Thomas avait écrit un poème dont le titre hébreu est : "Et la Mort n'aura pas de gouvernement". En Israël, la Mort a un gouvernement.
La Mort gouverne ici et ce gouvernement est un gouvernement de mort. C'est pourquoi, la chose la plus surprenante dans l'attentat du 2 décembre, comme dans tous ceux qui l'ont précédé, c'est que nous en soyons surpris.
La machine de propagande et d'endoctrinement israélienne a réussi à présenter ces attentats comme détachés de la réalité israélienne. Le récit présenté par les médias israéliennes (et américaines) est un récit dans lequel il y a des assassins "arabes" et des victimes israéliennes dont le seul péché est d'avoir demandé sept jours de trêve.
Pourtant, quiconque a suffisamment de mémoire pour regarder quelques années, quelques jours ou quelques heures en arrière, sait que l'histoire est tout autre. Il sait que le dernier attentat n'est que la dernière manifestation en date d'un enchaînement d'événements effrayants et sanglants qui n'ont pas cessé de se succéder depuis 34 ans et qui n'ont qu'une seule et unique cause : une occupation cruelle.
Une occupation faite d'humiliations, de chômage, de démolitions de logements, de destructions de récoltes, d'assassinats d'enfants, d'incarcérations de mineurs sans jugement et dans des conditions effrayantes, de nouveaux-nés qu'on laisse mourir aux barrages et, enfin, de duplicité politique.
La semaine passée, après l'assassinat d'Abou Hannoud (chef de l'aile militaire du Hamas), une journaliste du Yediot Aharonot m'avait demandé si je me sentais "soulagée" et si cela ne m'avait pas hanté de savoir "qu'un tel assassin se promenait en liberté".
Je lui avais répondu que je n'étais pas soulagée et que je ne le serais pas tant que les assassins d'enfants palestiniens se promèneraient en liberté.
Les assassins d'enfants, les assassinats de suspects sans procès ni jugement et, quelques heures avant les attentats du 2 décembre, l'assassinat d'un enfant palestinien de dix ans sont l'assurance que les Israéliens ne pourront plus laisser leurs propres enfants en sécurité sur le chemin de l'école.
Chaque enfant israélien paiera la mort des cinq enfants palestiniens de Gaza (tués par une bombe israélienne), comme celle d'autres enfants à Ramallah et à Hébron.
Les Palestiniens ont appris d'Israël que toute victime était vengée au décuple et au centuple. Ils ont déclaré à plusieurs reprises que, tant qu'il n'y aurait pas de paix à Ramallah et à Jénine, il n'y aurait pas de paix à Jérusalem et à Tel Aviv.
Cela signifie que les sept jours de calme ne doivent pas être respectés par les seuls Palestiniens, mais également par l'armée d'occupation israélienne.
Article paru dans le Point d'information Palestine
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Nurit Peled Elhanan