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Israël - 9 avril 2006
Par Nurit Peled Elhanan
La mère d'une victime d'une attaque-suicide parle devant le parlement Européen pour la Journée Internationale des Femmes Le Dr. Nurit Peled-Elhanan est la mère de Smadar Elhanan, 13 ans, qui a été tué par un kamikaze à Jerusalem en septembre 1997. Ci-dessous, le discours de Nurit lors de la Journée Internationale des Femmes à Strasbourg au début de ce mois.
Cependant, je dois admettre que vous auriez dû inviter une femme palestinienne à ma place, parce que les femmes qui souffrent le plus de la violence dans mon pays sont les femmes palestiniennes.
Et je voudrais consacrer mon discours à Miriam R`aban et à son mari Kamal, de Bet Lahiya dans la Bande de Gaza, dont les cinq petits enfants ont été tués par des soldats israéliens alirs qu'ils ramassaient des fraises dans le champ de fraises de la famille. Personne ne sera jamais jugé pour ce meurtre.
Merci de m'avoir invitée aujourd'hui. C'est toujours un honneur et un plaisir d'être ici, parmi vous (au Parlement européen).
Cependant, je dois admettre que vous auriez dû inviter une femme palestinienne à ma place, parce que les femmes qui souffrent le plus de la violence dans mon pays sont les femmes palestiniennes.
Et je voudrais consacrer mon discours à Miriam R`aban et à son mari Kamal, de Bet Lahiya dans la Bande de Gaza, dont les cinq petits enfants ont été tués par des soldats israéliens alirs qu'ils ramassaient des fraises dans le champ de fraises de la famille. Personne ne sera jamais jugé pour ce meurtre.
Quand j'ai demandé aux personnes qui m'ont invitée ici pourquoi ils n'avaient pas invité de femme palestinienne, la réponse a été qu'elle rendrait la discussion trop localisée.
Je ne sais pas ce qu'est une violence non-localisée. Le racisme et la discrimination peuvent être des concepts théoriques et des phénomènes universels mais leur impact est toujours local, et réel. La souffrance est locale, l'humiliation, l'abus sexuel, la torture et la mort, sont tous très locaux, et donc les cicatrices.
Il est vrai, malheureusement, que la violence locale infligée aux femmes palestiniennes par le gouvernement israélien et par l'armée israélienne, s'est développée autour du globe. En fait, la violence d'Etat et la violence de l'armée, la violence individuelle et collective, sont le sort des femmes Musulmanes aujourd'hui, non seulement en Palestine mais partout où le monde éclairé occidental a posé son grand pied impérialiste.
C'est une violence qui n'est presque jamais abordée et qui est à demi pardonnée par la plupart des gens en Europe et aux Etats-Unis.
C'est parce que le prétendu monde libre a peur de l'utérus Musulman.
This is because the so-called free world is afraid of the Muslim womb.
La Grande France de "la Liberté, l'Egalité, la Fraternité" a peur des petites filles dont la tête est couvert d'un foulard. Le grand Israël juif a peur de l'utérus Musulman que ses ministres appellent la menace démographique.
L'Amérique et la Grande-Bretagne toutes-puissantes infectent leurs citoyens respectifs d'une peur aveugle des Musulmans, qui sont dépeints comme vils, primitifs et sanguinaires, indépendamment de leur existence non-démocratique, chauvine et des producteurs massifs de futurs terroristes.
Ce, malgré le fait, que le peuple qui détruit le monde aujourd'hui ne soit pas Musulman. L'un d'eux est un Chrétien fervent, l'un est Anglican et l'un est Juif non-fervent.
Je n'ai jamais éprouvé la souffrance que les femmes palestiniennes subissent chaque jour, chaque heure, je ne connais pas le genre de violence qui transforme la vie d'une femme en enfer constant.
Cette torture physique et mentale quotidienne des femmes qui sont privées de leurs droits de l'homme basiques et ont besoin d'intimité et de dignité, les femmes dont les maisons sont fracturées à tout moment jour et nuit, qui recoivent l'ordre de se dénuder devant des étrangers et leurs propres enfants sous la menace d'une arme, dont les maisons sont démolies, qui sont privées de leur gagne-pain et de toute vie de famille normale. Cela ne fait pas partie de mon épreuve personnelle.
Mais je suis une victime de la violence contre les femmes pour autant que la violence contre les enfants est réellement une violence contre les mères. Les femmes palestiniennes, irakiennes, afghanes sont mes soeurs parce que nous dépendons toutes des mêmes criminels sans scrupules qui s'appellent les leaders du monde libre et éclairé et qui, au nom de ces libertés et de ces Lumières, nous volent nos enfants.
De plus, les mères Israéliennes, Américainnes, Italiennes et Britanniques ont pour la plupart été aveuglées et ont subi un lavage de cerveau d'un tel niveau qu'elles ne peuvent réaliser que leurs seules soeurs, leurs seules alliées dans le monde sont les mères Musulmanes Palestiniennes, Irakiennes ou Afghanes, dont les enfants ont été tués par nos enfants ou qui se sont fait exploser en morceaux avec nos fils et nos filles.
Elles ont toutes l'esprit infecté par les mêmes virus engendrés par les politiciens. Et les virus, bien qu'ils puissent avoir divers noms illustres -- tels que la démocratie, le patriotisme, Dieu, la patrie -- sont tous identiques. Ils font tous partie d'idéologies fausses ou maquillées qui sont censées enrichir les riches et renforcer le pouvoir des puissants.
Nous sommes toutes les victimes de la violence mentale, psychologique et culturelle qui nous transforme en un groupe homogène de mères flouées ou potentiellement flouées. On fait croire aux mères occidentales que leur utérus est un bien national tout comme on leur fait croire que l'utérus Musulman est une menace internationale.
Elles apprennent à ne pas s'écrier : `Je lui a donné la vie, je l'ai élevé au sein, il est à moi, et je ne le laisserai pas être celui dont la vie vaut moins que le pétrole, dont le futur vaut moins qu'un morceau de terre.`
Nous sommes toutes terrorisées par l'éducation infectant l'esprit à croire que tout ce que nous pouvons faire c'est de prier pour que nos fils reviennent à la maison ou d'être fières de leurs corps morts.
Nous sommes toutes amenées à souffrir de cela en silence, à contenir notre peur et notre frustration, à prendre du Prozac pour l'anxiété, mais ne jamais être appelées Mère Courage en public. Ne jamais être de vraies mères Juives ou Italiennes ou Irlandaises.
Je suis une victime d'une violence d'Etat. Mes droits normaux et civiques en tant que mère ont été violés et sont violés parce que je dois craindre le jour où mon fils atteindra son 18ème anniversaire et me sera pris pour être le jouet de criminels tels que Sharon, Bush, Blair et de leurs clans sanguinaires, assoiffés de pétrole, des généraux assoiffés de terre.
En vivant dans le monde dans lequel je vis, dans un Etat dans lequel je vis, dans un régime dans lequel je vis, je n'ose offrir aux femmes Musulmanes ftout idée sur comment changer leur vie.
Je ne veux pas qu'elles enlèvent leurs foulards, ou qu'elle éduquent leurs enfants différemment, et je ne les inviterai pas à constituer des démocraties à l'image des démocraties occidentales qui les méprisent, elles et leurs semblables.
Je veux juste leur demander humblement d'être mes soeurs, leur exprimer mon admiration pour leur persévérance et leur courage, de continuer à avoir des enfants et à maintenir une vie de famille digne malgré les conditions impossibles dans lesquelles mon monde les met.
Je veux leur dire que nous sommes toutes liées par la même souffrance, que nous sommes toutes des victimes de la même sorte de violence bien qu'elles souffrent beaucoup plus, parce qu'elles sont celles qui sont maltraitées par mon gouvernement et son armée, financés par mes impôts.
L'Islam en soi, tout comme le Judaisme et le Christianisme, n'est pas une menace pour moi ou pour n'importe qui. L'impérialisme américain l'est, l'indifférence et la coopération européennes le sont et le racisme israélien et son régime cruel d'occupation le sont.
C'est le racisme, la propagande éducative et la xénophobie inculquée qui convainquent les soldats israéliens d'ordonner sous la menace des armes aux femmes palestiniennes de se dénuder devant leurs enfants pour des raisons de sécurité.
C'est l'irrespect le plus total de l'autre qui permet aux soldats américains de violer les femmes irakiennes, qui permet aux géoliers israéliens de garder des jeunes femmes dans des conditions inhumaines, sans aides hygiéniques minimum, sans électricité en hiver, sans eau propre ou sans laver les matelas et de les séparer de leurs bébés élevés au sein et de leurs enfants en bas âge, de bloquer leur chemin vers les hôpitaux, de bloquer leur route vers les écoles, de confisquer leurs terres, de déraciner leurs arbres et de les empêcher de cultiver leurs champs.
Je ne peux pas complètement comprendre les femmes palestiniennes ou leur souffrancer. Je ne sais pas si j'aurais survécu à une telle humiliation, à un tel irrespect du monde entier. Tout ce que je sais, c'est que la voix des mères a été étouffée depuis trop longtemps sur cette planète frappée par la guerre. Le cri de Mères n'est pas entendu parce que les mères ne sont pas invitées aux forum internationaux tels que celui-ci.
C'est ce que je sais et c'est très peu. Mais c'est suffisant pour que je me rappelle que ces femmes sont mes soeurs, et qu'elles méritent que je devrais pleurer pour elles, et combattre pour elles.
Et quand elles perdent leurs enfants dans des champs de fraises ou sur des routes infectes par des checkpoints, quand leurs enfants sont assassinés alors qu'ils vont à l'école par des enfants Israéliens à qui on a enseigné de croire que l'amour et la compassion dépendent de la race et de la religion, la seule chose que je puisse faire est de me tenir à leurs côtés et à ceux de leurs bébés trahis, et demander ce que Anna Akhmatova -- une autre mère qui a vécu sous un régime de violence contre les femmes et les enfants – demandait :
Pourquoi cette trace de sang, déchire-t-elle la pétale de votre joue?
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Enfants
Nurit Peled Elhanan
9 avril 2006