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Gaza - 25 novembre 2008
Par Andrea Becker
Cela fait deux semaines qu'Israël a imposé la fermeture complète de Gaza, après des mois où les points de passage étaient ouverts uniquement pour un minimum d’aide humanitaire.
Maintenant c'est encore pire : deux semaines sans les camions de nourriture des Nations Unies pour les 80% de la population entièrement dépendante de l'aide alimentaire, et pas de fournitures médicales ou de médicaments pour les hôpitaux de Gaza en difficulté.
Photo PCAS : Entre les coupures d'électricité et le démarrage du générateur, un enfant, entre la vie et la mort, ne reçoit pas d'oxygène du ventilateur mécanique
Pas de fuel (payé par l'UE) pour la centrale électrique de Gaza, et pas de fuel pour les générateurs pendant les longues coupures de courant.
Lundi matin dernier, 33 camions de nourriture pour la distribution de l'ONU ont finalement pu entrer -quelques jours d’un peu d’aide pour très peu de gens, mais comme le demande l'ONU, et après ?
L'explication officielle d'Israël pour le blocus de même un minimum d'aide humanitaire, selon le porte -parole des FOI, le Major Peter Lerner, était «la poursuite des tirs de roquette continus et les menaces pour la sécurité aux points de passage».
Le blocus israélien, en vigueur depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza mi 2007, peut être décrit comme une intensification de la politique menée pour isoler la population de Gaza, paralyser son économie et soulever la population contre le Hamas par des mesures sévères -et illégales- de punition collective.
Cependant, ces actions ne sont pas nouvelles du tout : le blocus est l'aboutissement d'une politique de fermeture d'Israël, mise en place depuis 1991, qui s'ajoute à la politique d'Israël en tant qu'occupant depuis 1967.
En pratique, le blocus israélien signifie le refus d'une grande variété de produits -alimentaires, industriels, éducationnels, médicaux – jugés «non essentiels» à une population largement incapable d'être auto-suffisante au bout de dizaines d'années d'occupation. Cela signifie que le fuel industriel, de cuisine et le diesel, normalement peu abondant, est virtuellement absent maintenant. Il n'y a pas de queues aux stations d'essence ; elles sont tout simplement fermées.
A son tour, le manque de carburant signifie que les stations d’épuration et de traitement de l'eau ne peuvent pas fonctionner correctement, entrainant en une baisse de l'eau potable et de dizaines de millions de litres d'eaux non traitées ou partiellement traitées rejetés dans la mer chaque jour.
Les coupures d'électricité -auparavant d'environ huit heures par jour et maintenant de seize heures par jour dans beaucoup d'endroits- affectent toutes les maisons et les hôpitaux. Ceux qui ont la chance d’avoir des générateurs luttent pour trouver du fuel afin de les faire fonctionner, ou des pièces détachées pour les réparer quand ils tombent en panne pour usage excessif. Même les bougies manquent.
On ne peut pas contester que ces mesures de punition collective contre la population civile de Gaza sont illégales selon le droit international.
Le carburant et la nourriture ne peuvent pas être retenus ou utilisés comme une récompense ou une punition. Mais le droit international a été mis de côté depuis longtemps.
Le blocus a été présenté comme une punition pour l'élection démocratique du Hamas, une punition pour sa prise de contrôle ultérieure de Gaza, et une punition pour les attaques des combattants contre les civils israéliens.
Les civils de Gaza, depuis le professeur de maths dans un camp de réfugiés des Nations Unies jusqu'au bébé prématuré dan son incubateur, punis pour des actions sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle, vont se soulever et se débarrasser du Hamas. Ou ils devraient le faire.
Et qu'advient-il de ces acteurs civils du changement politique ?
Pour toutes ses complexités et ses tragédies, l'effet du blocus israélien a été de réduire la population entière à la survie. Les individus sont réduits aux détails quotidiens de la survie, et à leur épuisement.
Prenez l'équipe de l'hôpital de Gaza. Dans les hôpitaux, le blocus semble aussi bénin que le manque de papier pour les médecins sur lequel écrire leur diagnostic ou leurs prescriptions, que sinistre pendant ces secondes -entre les coupures d'électricité et le démarrage du générateur -quand un enfant, entre la vie et la mort, ne reçoit pas d'oxygène du ventilateur mécanique.
Une infirmière d'un service de néonatalogie court entre les patients, bataillant entre les coupures de courant irrégulières.
Un employé de l’hôpital essaie de garder quelques machines de dialyse rénale en état de marche, en fabriquant des pièces détachées avec celles qu'il a déjà.
Le chirurgien opère sans ampoule dans le scialytique, alors que l'anesthésiste ne peut empêcher plus longtemps la douleur du patient.
L'administrateur de l'hôpital met à jour des listes de médicaments essentiels et de fournitures médicales qui manquent, avec les vaccins dans les réfrigérateurs médicaux qui sont maintenant inutilisables car ils ne peuvent pas être conservé au froid, et dont les procédures doivent être annulées purement et simplement.
Le chauffeur de l'ambulance décide s’il convient de répondre à un appel urgent, en fonction de l'essence dans son réservoir
En réduisant la population à la survie, le blocus prive les gens de temps et d'essence pour faire quoi que ce soit à part négocier les petits détails infimes de ce qui est possible ou non dans leurs vies personnelles ou professionnelles. S'il n'y a pas de farine pour faire le pain, où peut-on en trouver, combien cela coûte-t-il maintenant.
Riches ou pauvres, les chauffeurs de taxis, les défenseurs des droits de l'homme et les professeurs passent tous des heures à spéculer où on peut trouver une bombonne de gaz.
L'épuisement est en train de s’installer partout à Gaza. La survie ne laisse que peu de place pour l'engagement politique – et au-delà de l'épuisement, la colère et la frustration sont tout ce qui reste.
Source : http://www.guardian.co.uk/
Traduction : MG pour ISM
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