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Gaza - 30 décembre 2008
Par Andrea Becker
Ma collègue à Gaza était en train de faire des interviews à la Radio de la BBC dimanche matin tôt quand une explosion puissante a secoué sa terrasse. Les débris de verre semblaient venir de toutes les directions, et pendant de longs moments de pure panique, dans la poussière, la fuméee et les débris, Fikr essayait de tenir debout et de trouver son mari.
Encore secoués, craignant de nouvelles attaques, ils ont couru jusque chez leur voisine, qui hurlait de terreur, en essayant de trouver ses quatre jeunes enfants.
Hier, avant que sa maison soit endommagée par l'une des attaques « ciblées » d'Israël, Fikr avait passé sa journée à faire des choses urgentes, apportant des fournitures supplémentaires et des kits chirurgicaux aux hôpitaux à peine capables de s'en sortir avec les morts et les blessés.
Al-Shifa, le plus grand hôpital de Gaza a débordé de la morgue presque immédiatement. Maintenant les morts se déversent dans les couloirs, et au dehors dans les rues.
Les hôpitaux de Gaza étaient au point de rupture depuis longtemps. Après des mois de punition collective et le refus du plus banal et du plus essentiel, il est presque impossible de traiter les centaines de blessés affluant dans les salles d'urgence. La situation aujourd'hui pour les hôpitaux-de même que pour tous les gazaouis- est comme en train de devenir lentement affamé, étranglé et privé d'oxygène, puis d'avoir la tête plongée et tenue sous l'eau.
Nos sources médicales dans les hôpitaux rapportent que parmi les blessés pour les seules attaques d'hier, plus de 100 vont mourir dans les heures et les jours à venir. Les blessures sont graves, et les salles d'hôpital ne sont pas seulement débordées par le nombre, mais manquent de fournitures -telles que l'alcool, la morphine, les gants- pour traiter les blessés.
C'est l'enfer et le chaos, dit Fikr. Gaza a fait l'expérience de plusieurs attaques avant, mais rien à cette échelle. Des centaines de personnes angoissées et terrifiées sont en train de fouiller les salles d'hôpital et les corps pour trouver des fils, des filles, des parents. Quand un membre de la famille est identifié parmi les morts, on dit à la famille qu'elle doit emporter son parent mort -il n'y a simplement pas de place, et d'autres morts et blessés arrivent encore.
Pendant qu'elle s'organise pour des fournitures médicales supplémentaires, Fikr essaie pendant plus d'une heure de joindre une autre collègue. Plus loin au sud, Nawrez est en train de coordonner les dons de sang. Mais dans ce chaos, le réseau de téléphone ne fonctionne plus.
Quand nous arrivons finalement à joindre Nawrez, elle nous parle de l'horreur où elle est. Ce matin, plusieurs attaques majeures ont eu lieu très près de sa maison. L'une des pires -qui a fait 40 morts- était à moins de 50 mètres de l'école de sa fille. Les classes étaient en cours à l'heure des attaques, et des centaines d'enfants terrifiés et de parents fous d'inquiétude luttaient pour se retrouver les uns les autres.
Plus loin dans la réserve médicale presque vide à Al-Shifa, Fikr voit l'homme en charge des fournitures médicales en train de défaillir : il vient juste d'apprendre que son fils a été tué.
Les porte-paroles israéliens peuvent répéter constamment que ces attaques sont « ciblées », mais des attaques ciblées ne tuent pas tous ces civils. Elles ne détruisent pas et ne causent pas le chaos et la panique dans des zones entièrement résidentielles.
Si nous acceptons – par le silence ou sans poser de questions- que n'importe quoi ou n'importe qui puisse être défini comme «une infrastructure terroriste», nous somme sen train de désigner tous les civils de Gaza comme des cibles. Et le ciblage continue.
Source : http://www.guardian.co.uk/
Traduction : MM pour ISM
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