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ISM France - Archives 2001-2021

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Jérusalem -

La poudrière de Jérusalem

Par

International Crisis Group est une organisation non gouvernmentale indépendante à but non lucratif employant plus de 110 personnes réparties sur cinq continents. Ceux-ci conçoivent des analyses de terrain et un plaidoyer de haut niveau dans un but de prévention et de résolution des conflits.

Pendant que le monde a les yeux fixés sur Gaza, le futur des relations israélo-palestiniennes pourrait bien se jouer, dans les faits, loin des projecteurs, à Jérusalem.
Avec ses dernières initiatives, Israël cherche à consolider sa main mise sur une zone importante à l’intérieur et autour de la ville, pour créer une Jérusalem encore plus vaste.

Si la communauté internationale et surtout les Etats-Unis sont sérieux au sujet de la préservation et de la mise en œuvre d'une solution à deux Etats viables, ils doivent parler bien plus clairement et avec insistance pour arrêter tout ce qui compromet directement et immédiatement cet objectif.

Et si cette solution était jamais atteinte, ils devront se montrer explicites quant à l'annulation des changements intervenus depuis qu’Israéliens et Palestiniens se sont assis pour la dernière fois à la table des négociations en 2000-2001.

Depuis le début du conflit Arabo-Israélien, le contrêle de Jérusalem a fluctué, de même que les contours de la ville. Pour parler de la ville d’aujourd’hui, on se réfère à des zones importantes, certaines étant Juives, d’autres Arabes, qui faisaient partie de la Cisjordanie et que personne ne reconnaissait comme étant de Jérusalem avant 1967.

En étendant les limites municipales, en annexant la terre palestinienne et en construisant de nouveaux quartiers/colonies juifs, Israël a graduellement créé une zone municipale représentant plusieurs fois sa taille originelle.

Il a aussi créé de nouvelles colonies urbaines hors des limites municipales pour entourer la ville, casser la continuité entre Jérusalem-Est et la Cisjordanie , et renforcer les liens entre ces colonies, Jérusalem Ouest et le reste d’Israël.


L’expansion des colonies qui s’est poursuivie de la même façon sous les Travaillistes et le Likoud, a toujours posé problème et est considérée comme illégale par la communauté internationale. Mais le premier ministre Sharon démontre qu’il va mettre en œuvre un plan spécial et systématique qui, s’il se réalise, risque de stopper la Jérusalem-Est Arabe en la fragmentant d’avantage et en l’entourant des quartiers/colonies juifs.

La barrière de séparation, une fois achevée, créerait un large secteur de Jérusalem comprenant pratiquement toute la Jérusalem municipale telle qu’agrandie et annexée en 1967 ainsi que les principales colonies situées au nord, à l'est et au sud

Cette nouvelle "Enveloppe de Jérusalem", comme on appelle par euphémisme la zone située à l’intérieur du mur, incorpore d’importants blocs de colonies et de zones tampon, englobe plus de 4 pour cent de la Cisjordanie , absorbe un grand nombre de Palestiniens en dehors de la municipalité de Jérusalem et exclut plus de 50000 Palestiniens de l’intérieur, coupant souvent les Palestiniens de leurs terres agricoles.


L’expansion de la grande colonie de Ma’ale Adumim à l’Est de Jérusalem et son raccordement à la ville par le E1, une passerelle de terre urbanisée déjà planifiée, passera à cêté pour couper la Cisjordanie en deux.

De nouveaux quartiers/colonies sur le périmètre de la municipalité créeront une ceinture juive autour de la Jérusalem-Est Arabe, la coupant de la Cisjordanie et entravant la croissance palestinienne à l’intérieur de la ville.

Comme pratiquement tous les plans de paix récents israélo-palestiniens le reconnaissent, de même que la proposition du Crisis Group en 2002, la future capitale d’Israël comprendra les quartiers juifs de Jérusalem qui n’en faisaient pas partie avant 1967 et sont le foyer de plus de 200.000 juifs aujourd’hui.

De plus, Israël a un souci légitime de sécurité à Jérusalem, où les attaques palestiniennes depuis l’Intifada ont conduit à des centaines de morts et à plus de 2000 blessés .

S’occuper d’eux réclamera des interventions énergiques, y compris d’importants efforts de sécurité israéliens et palestiniens. Mais les mesures actuellement en voie de s’instaurer sont en guerre avec toute solution viable à deux Etats, et ne renforceront pas la sécurité d’Israël ; en fait, elles l’ébranleront, affaiblissant les pragmatistes palestiniens, en incorporant des centaines de milliers de Palestiniens du cêté israélien du mur, et en semant les graines d’une radicalisation croissante.


Pour l’immédiat, la conséquence politique, des initiatives israéliennes est de faire d’autres dommages en entamant la crédibilité domestique du président palestinien Abbas.
Pour les groupes palestiniens enclins à faire capoter le cessez-le-feu, le destin de Jérusalem offre un puissant prétexte. La mise en place de nouveaux quartiers juifs couplée avec le tracé du mur est en train de créer des enclaves à Jérusalem-Est, réduisant les capacités économiques, et produisant des conditions de surpeuplement.


Si le processus aboutit, quelques 200 000 palestiniens de Jérusalem-Est finiront par se retrouver dans l’enveloppe de Jérusalem, vivront sous un plus grand contrêle israélien et seront de plus en plus séparés de la Cisjordanie ; les 55 000 autres resteront à l’extérieur du mur, déconnectés de la ville qui a été leur centre de gravité, dans la peur de voir réduire les services sociaux et, dans bien des cas, déterminés à revenir dans les zones emmurées. Ce sera un mélange explosif.

De manière plus significative, la politique actuelle dans et autour de la ville va compliquer énormément, et peut-être condamner, les efforts futurs pour résoudre le conflit en empêchant et la création d’une capitale palestinienne viable dans la Jérusalem-Est arabe et en empêchant la continuité territoriale d’un état palestinien. Rien de tout ça n’est bon pour le peuple palestinien, pour le peuple d’Israël et le processus de paix.


Bien que le retrait d’Israël à Gaza soit salué comme une occasion historique pour la paix, il y a peu d’espoirs de progrès dans un proche avenir. Avec le Fatah, principal mouvement palestinien, en plein désordre, un pouvoir qui se durcit et lutte contre le Hamas, et des élections législatives qui doivent se tenir le 20 janvier 2006, Abbas n’est probablement pas en position pour lancer une initiative diplomatique majeure dans les mois à venir.

Dans le sillage du retrait traumatisant de Gaza et à la veille des difficiles primaires du Likud et ensuite des élections parlementaires israéliennes (probablement à la mi 2006) Sharon n’envisagera pas d’autres retraits à brève échéance.

La campagne électorale et les manœuvres politiques ultérieures - période typique qui se prête plus aux gesticulations politiques et à la satisfaction des extrêmes plus qu’aux audaces diplomatiques – tireront jusque vers la fin de 2006. Et même ce modeste scénario suppose le maintien d’un fragile cessez-le-feu.

Résultat, l’année qui vient servira autant à préserver les chances d’une paix complète qu’à avancer vers elle. Cela fait que ce qui arrive à Jérusalem est des plus décisifs. Et cela rend la responsabilité internationale d’autant plus désespérément urgente.



RECOMMANDATIONS

Au Gouvernement d'Israël :

1. Adhérer au gel de la colonisation comme défini par la Feuille de Route et prendre toutes les mesures législatives et administratives nécessaires pour imposer son exécution. En particulier

(a) Cesser toutes les constructions de nouveaux quartiers/colonies Juives à Jérusalem-Est,

(b) Cesser toutes les constructions et le travail sur l'infrastructure dans E1;

(c) Cesser tout le travail d'expansion à Ma'ale Adumim; et

(d) Cesser l'expropriation gouvernementale et les achats de biens existants, en particulier dans la Vieille Ville.


2. Considérant que le tracé de la barrière de séparation dans les Territoires Occupés a été jugé comme une violation au droit international et qu'Israël a le droit, en vertu du droit international, de protéger la sécurité de son territoire et de ses citoyens :

(a) Garantir que la barrière de séparation ou d'autres structures érigées à l'intérieur et autour de Jérusalem soient de façon prouvées pour des besoins de sécurité en les installant sur les Lignes de 1967 ou en entourant autant que possible les quartiers privés ou colonies Juives au lieu d'englober de larges bandes de territoire comprenant d'importantes populations, terre ou biens palestiniens ;

(b) Garantir que la barrière de séparation ou d'autres structures érigées au delà des lignes de 1967 sont à caractère provisoire; et

(c) Préciser que la barrière de séparation n'est pas une ligne politique, et que son tracé est sans préjudice pour la disposition finale de la ville.


3. Stopper la construction des portions de la barrière de séparation qui entourent la colonie de Ma'ale Adumim.


4. Conformément aux soucis légitimes de sécurité, faciliter les conditions de vie pour les Jérusalemites palestiniens en :

(a) en garantissant un passage aisé de la barrière de séparation pour les personnes et les marchandises; et

(b) minimiser les restrictions au mouvement pour aller ou revenir de Cisjordanie .


5. Selon la Feuille de Route, permettre aux institutions palestiniennes à Jérusalem-Est de rouvrir et de fonctionner normalement.



Au gouvernement des Etats-Unis et aux autres membres du Quartet (Russie, l'Union Européenne et le Secrétaire général des Nations-Unies) :


6. Insister, y compris par la pression publique, pour qu'Israël cesse d'établir de nouveaux quartiers juifs/colonies à Jérusalem-Est.


7. Affirmer publiquement et explicitement que toute construction, y compris le travail d'infrastructure, dans E1 et pour l'expansion de Ma'ale Adumim, viole les obligations d'Israël envers la Feuille de Route et d'autres engagements envers les États-Unis


8. Sans préjudice à la disposition finale de la ville ou à son statut selon le droit international, faire pression sur Israël pour installer la barrière de séparation autour de Jérusalem sur les lignes de 1967 ou entourer autant que possible les quartiers privés ou colonies Juives au lieu d'englober de larges bandes de territoire comprenant d'importantes populations, terre ou biens palestiniens.

9. Préciser que l'emplacement de la barrière de séparation et l'établissement de tout nouveau quartier/colonie juive ne seront pas autorisés à compromettre les résultats finals des négociations sur le statut de la ville et qu'au besoin la communauté internationale accordera tout son poids pour confirmer ce principe quand les parties s'engageront à négocier une solution viable de deux-Etats.



Amman/Brussels, 2 Août 2005

Source : www.crisisgroup.org/

Traduction : CS/MG pour ISM

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