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Jérusalem - 5 novembre 2012
Par Institution Internationale al-Quds
Ce rapport trimestriel publié par l’Institution fait le point sur l’avancée de la judaïsation-colonisation de la ville arabe d’al-Quds et les menaces qui pèsent sur les lieux saints palestiniens. Il place les événements qui s’y déroulent dans le cadre du conflit entre d’une part le projet de judaïsation qui menace tous les aspects de la vie des Maqdisis et d’autre part les efforts de résistance contre ce projet qui s’appuient sur leurs propres ressources des Maqdisis, puisqu’ils sont à peine soutenus.
Sur le terrain, la judaïsation culturelle et religieuse se poursuit. L’occupation tente de modifier l’identité de la ville d’al-Quds, et notamment la mosquée al-Aqsa et l’ancienne ville, en creusant de nombreux points d’excavations en vue de bâtir une ville « historique » juive sous et aux alentours de la mosquée al-Aqsa. L’Etat de l’occupation tente également de remettre en cause la gestion exclusive musulmane de la mosquée al-Aqsa pour en faire un site religieux « commun » à toutes les religions.
La judaïsation démographique : l’installation de colonies juives et leur extension sont le moyen adopté par l’Etat de l’occupation pour augmenter le nombre de juifs dans la ville al-Quds, ainsi que les facilités accordées aux colons pour s’y installer, et l’encouragement à y installer les entreprises de haute technologie. Ces mesures sont parallèles aux tentatives d’expulsion des Maqdisis, en les privant des cartes de résidence, en confisquant leurs terrains et terres, en leur imposant des conditions difficiles de vie, mesures qui s’ajoutent aux conséquences du mur de la colonisation sur la vie des Palestiniens.
L’évolution politique du projet de la judaïsation de la ville d’al-Quds : le rapport examine les différentes déclarations des principaux acteurs : l’Etat de l’occupation, l’Autorité palestinienne, les organisations de la résistance, les Etats-Unis et l’Union européenne, les pays arabes et islamiques.
Blocus, colonisation et incursions sur al-Aqsa… Ce sont les principaux traits du paysage maqdisi au cours des trois mois couverts par le rapport. Du côté opposé, l’impuissance arabo-islamique se manifeste par une absence de soutien à al-Quds et une incapacité de peser sur l’Etat de l’occupation et l’obliger à respecter les résolutions internationales et à cesser ses agressions contre la ville et ses habitants.
L’Etat de l’occupation poursuit sa politique visant à consolider la présence juive dans la mosquée al-Aqsa, de manière continue. L’Institution d’al-Aqsa pour le waqf et le patrimoine a noté une recrudescence nette et grave du nombre des incursions par les colons et les divers groupes armés dans la mosquée al-Aqsa. Selon cette Institution, le nombre des individus ayant pénétré illégalement dans la mosquée s’élève à environ 8.000 colons et soldats de l’armée de l’occupation, en tenue militaire, auxquels s’ajoutent près de 220 mille « touristes » en tenue irrespectueuse du lieu de culte musulman. Au moment où les incursions de la mosquée se multiplient, l’Etat de l’occupation commence à évoquer la partition de la mosquée, au niveau du temps et de l’espace.
Les incursions juives dans la mosquée se sont poursuivies pendant tout le mois sacré de Ramadan, alors que les autorités de l’occupation ont empêché les fidèles musulmans d’y entrer. Malgré cela, les Maqdisis et de nombreux Palestiniens des territoires occupés en 1948 et de Cisjordanie (malgré les barrages) ont réussi à défier l’occupation et à consacrer des journées de présence entières dans la mosquée.
Concernant la colonisation, il ne semble pas que l’occupation ressente la nécessité de la stopper, au contraire, elle a décidé d’augmenter le nombre des points de colonisation, en vue de renforcer la présence juive dans la ville et faire pencher la balance démographique en faveur des juifs. En même temps, le gouvernement de l’occupation a adopté des mesures visant à réduire le nombre de Palestiniens dans la ville et à augmenter la pression contre leurs moyens de vie pour les pousser à partir. Le projet de colonisation le plus notoire de cette période est celui de la « commission régionale pour la planification et la construction », consistant à construire de nouvelles unités coloniales dans la colonie Gilo, au sud d’al-Quds. Malgré les protestations américaines et européennes qui ont jugé la poursuite de la colonisation dans Gilo comme illégales, Lieberman et Netanyahu ont exprimé leur refus de ces protestations et insisté sur leur volonté de poursuivre ces mesures, considérant la colonie Gilo comme « partie intégrante » de la ville d’al-Quds. Par ailleurs, le gouvernement de l’occupation s’oriente vers la construction d’hôtels dans les colonies de Gush Etzion et Maale Adomim.
Le gouvernement sioniste entreprend également de transférer ses centres administratifs et militaires vers la partie orientale d’al-Quds. Le ministère de l’occupation israélienne a approuvé le 2 juillet 2012 la construction d’une académie militaire sioniste dans Jabal Zaytoun. Le but est à la fois idéologique et économique. Cette mesure a été dénoncée par le conseil islamo-chrétien pour le soutien à la ville d’al-Quds et les lieux saints. Son président, dr. Hanna Issa, a lancé un appel au monde entier, aux institutions et organisations juridiques et humaines, leur demandant de s’opposer sérieusement aux tentatives de judaïsation qui menacent la structure historique de la ville sainte.
La judaïsation du bourg de Silwan, et notamment du quartier al-Bustan, se poursuit et s’accentue par les ordres de démolition des maisons. La commission de surveillance du parlement de l’occupation a discuté le 13 septembre dernier le projet d’installer « le Jardin du Roi » dans le quartier al-Bustan, ce qui signifie la démolition de 22 habitations sur les 88 qui existent dans le quartier.
Le 19 septembre dernier, les autorités de l’occupation ont démantelé le passage de Ras Khamis qui se trouve au nord-est d’al-Quds provoquant une gêne encore plus grande pour les Palestiniens voulant se rendre au centre de la ville, puisque les étudiants, élèves et employés doivent désormais parcourir 2 km pour emprunter le passage du camp de She’fat.
Les autorités sionistes ont à plusieurs reprises refusé l’entrée des responsables politiques et religieux dans la ville d’al-Quds ou dans la mosquée al-Aqsa, comme mesures punitives. Le directeur de la mosquée al-Aqsa, dr. Najeh Bkayrat, a été interdit d’entrer dans la mosquée pour une durée de 6 mois. Cette interdiction a été renouvelée jusqu’au 4 décembre 2012. La santé de l’ancien ministre maqdisi, Khaled Abou Arfa, kidnappé puis détenu dans la prison de Gilboa, est en constante détérioration, et les autorités carcérales refusent qu’il soit transféré à un centre hospitalier. Le député maqdisi, Mohammad Abou Tir, est toujours interdit de retourner à sa ville natale qu’il représente au Conseil législatif palestinien, depuis qu’il a été expulsé, il y a presque un an.
La ferveur coloniale de l’Etat de l’occupation dans la ville d’al-Quds et ses environs a suscité diverses réactions officielles, dont celle du président égyptien, Mohammad Mursi, qui a déclaré à l’ONU le 26 septembre dernier que la communauté internationale devrait assumer ses responsabilités pour mettre fin à la politique de colonisation et de judaïsation d’al-Quds. De son coté, le haut commissariat de la politique extérieure et de la sécurité de l’Union européenne a exprimé « sa profonde inquiétude » de l’extension de la colonisation dans la colonie Gilo, tout comme l’ont fait les Etats-Unis et la Russie. Mais Lieberman et Netanyahu ont élevé le ton, affirmant qu’ils poursuivraient leur politique de colonisation, et la visite de Netanyahu à la colonie Gilo fait partie des surenchères sionistes pour s’attirer les bonnes faveurs des colons installés en Cisjordanie .
Concernant le soutien à la ville d’al-Quds et à sa population, il reste plus que timide. La conférence du sommet islamique de la Mecque (14-15 août 2012) s’est achevée par des déclarations et des recommandations, dont celle réclamant des efforts pour récupérer la ville et préserver son identité islamique et historique, et assurer le maintien de la mosquée al-Aqsa et divers autres lieux de culte. Au moment où le roi de Jordanie a dénoncé les agressions israéliennes contre al-Quds et al-Aqsa, la Jordanie a accepté de nommer un ambassadeur auprès de l’Etat de l’occupation, poursuivant ainsi la politique de normalisation des rapports politiques, alors que la situation exige la coupure de toutes relations avec l’occupant.
De son côté, l’Autorité palestinienne garde le silence, que ce soit à propos des mesures prises contre les représentants légaux du peuple palestinien ou à propos de la judaïsation de la ville. L’absence de réaction appropriée de la part de l’Autorité palestinienne ou du monde arabo-musulman, mais aussi des organisations de la résistance palestinienne, est considérée par l’occupation comme un feu vert à ses pratiques coloniales.
Cependant, dans leurs efforts de lutter contre la normalisation des relations entre les pays arabes et l’occupant, le comité « ingénieurs pour al-Quds et la Palestine » ont mené, en association avec l’association des écoles pour l’enseignement religieux, une campagne de rénovation de plus de dix sites dans l’ancienne ville. Les sites visés sont des écoles, une des portes de la mosquée al-Aqsa et des logements pour le maintien des Maqdisis dans leur ville, ainsi qu’une boulangerie.
Aux Etats-Unis où les élections présidentielles se préparent, al-Quds est présente comme élément majeur pour attirer le vote favorable des électeurs sionistes. Mitt Romney déclare au début de la campagne présidentielle vouloir s’engager pour que la ville occupée d’al-Quds soit considérée comme la capitale de l’Etat sioniste. Alors que le programme électoral d’Obama de 2008 avait négligé l’expression mentionnant que la ville serait la capitale de l’Etat sioniste, il a été obligé de la réinsérer dans son programme actuel pour récolter les voix sionistes aux Etats-Unis.
Au terme de ce rapport, il faut noter que :
1) l’absence de réaction adéquate à la politique coloniale et de judaïsation de la capitale palestinienne, que ce soit au niveau international ou arabo-musulman, est tout simplement un encouragement à l’Etat colonial à poursuivre sa politique de nettoyage ethnico-religieux ;
2) les efforts de l’Autorité palestinienne consistant à empêcher toute véritable opposition ou résistance à la politique coloniale, dans le but de s’attirer les bonnes grâces de la pseudo-communauté internationale, devient à la longue une pratique de collaboration, qui doit être fermement dénoncée et combattue ;
3) L’Etat colonial mène une guerre qui ne dit pas son nom dans la ville d’al-Quds. Il est nécessaire de réagir en défense de la ville et de ses habitants, mais aussi de prendre les devants et de passer à l’attaque. Seule notre inertie permet aux colons de proliférer.
Source : Institution Internationale al-Quds
Traduction : Baladi
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5 novembre 2012