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Grèce - 2 juillet 2011
Par Barak Ravid
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu semble souvent trop arrogant et sûr de lui. Cependant, contrairement à d'autres occasions, il y a ce week-end quelques justifications à sa morgue. L'investissement personnel de Netanyahu dans sa relation avec le Premier ministre grec George Papandreou, depuis un an et demi, au cours duquel il a multiplié les liens diplomatiques avec la nation européenne en stagnation semble avoir planté le clou final dans le cercueil de la Flottille pour Gaza.
Netanyahu et Papandreou en croisère à Poros (Grèce), août 2010
Dans son discours de jeudi soir lors de la cérémonie de remise de diplômes de l'école des pilotes de l'armée de l'air israélienne, Netanyahu a évoqué les efforts diplomatiques déployés pour empêcher la Flottille de Gaza de prendre la mer. Le seul dirigeant dont Netanyahu a mentionné le nom dans son discours fut celui de George Papandreou.
La veille, le premier ministre s'était entretenu avec son homologue grec, l'implorant d'émettre une ordonnance empêchant les bateaux d'appareiller de Grèce vers la Bande de Gaza. Contrairement au passé, Papandreou a répondu positivement, et un responsable israélien ayant participé aux pourparlers entre le premier ministre grec et Netanyahu a dit qu'Israël savait dès jeudi après-midi que la Grèce bloquerait les bateaux dans ses ports.
La romance entre Netanyahu et Papandreou a commencé en février 2010, lorsqu'ils se sont rencontrés par hasard dans le restaurant Pouchkine à Moscou. Netanyahu a profité de l'occasion pour discuter avec le premier ministre grec de l’extrémisme turc contre Israël et ils sont vite devenus amis. Les deux dirigeants israélien et grec ont eu des contacts au moins une fois par semaine depuis leur rencontre à Moscou.
La Flottille turc pour Gaza de mai 2010 a provoqué de vives inquiétudes dans les rangs des services secrets et militaires en Grèce, qui ont commencé à faire pression sur le gouvernement pour qu'il renforce ses liens diplomatiques avec Israël. Il n'a pas fallu beaucoup pour convaincre Papandreou.
En juillet 2010, il est arrivé à Jérusalem, la première visite officielle d'un premier ministre grec en Israël depuis 30 ans. Quelques semaines après, Netanyahu est allé à Athènes, et il a passé une journée entière avec Papandreou et d'autres responsables sur une île voisine.
Les diplomates israéliens peuvent témoigner que l'amitié naissante entre les deux pays au cours de l'année et demie passée a été tout simplement spectaculaire. Les communications du renseignement se sont accrues, les armées de l'air israélienne et grecque ont conduit plusieurs exercices communs et Netanyahu a demandé l'aide de Papandreou pour faire passer plusieurs messages au Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
La plupart des discussions entre Netanyahu et Papandreou, ces derniers mois, ont tourné autour de la grave crise financière que subit actuellement la Grèce. Netanyahu a récemment décidé de venir en aide à son nouvel ami lors d'une réunion des ministres des affaires étrangères et des dirigeants européens, les implorant de fournir à la Grèce une aide financière.
"Netanyahu est devenu le lobbyiste de la Grèce auprès de l'Union européenne," a déclaré un diplomate israélien.
Ces dernières semaines, alors que les efforts pour empêcher le départ imminent de la Flottille pro-palestinienne pour Gaza devenaient urgents, Netanyahu a récolté les fruits de son investissement dans les liens Israël-Grèce et son pari sur le pays européen a payé.
Il a pu créer une alternative viable aux relations avec la Turquie à plusieurs égards, montrant à Erdogan qu'Israël n'hésitera pas à se rapprocher de son pire ennemi en Occident. Et quand le moment de vérité est arrivé, la Grèce a suivi et a ordonné le blocage de tous les départs de ses ports pour Gaza (1). La décision de la Grèce, avec l'annonce de la Fondation d'aide humanitaire turque IHH qu'elle n'enverrait pas le Mavi Marmara, et la déclaration du Président de Chypre interdisant aux bateaux d'appareiller pour Gaza ont scellé le sort de la Flottille presque entièrement.
"Les organisateurs de la Flottille n'ont pas tenu compte du fait que la Grèce de juillet 2011 n'est pas la Grèce de mai 2010," a dit un responsable israélien qui a travaillé intensivement, ces derniers mois, pour empêcher la mission de la Flottille pour Gaza d'avoir lieu.
"Aujourd'hui, il y a une Grèce différente lorsqu'il s'agit d'Israël", a-t-il ajouté. "Les organisateurs de la Flottille ne l'ont pas compris, et aujourd'hui ils en paient le prix."
(1) Lire la traduction en français de la décision ministérielle grecque sur le site Un Bateau français pour Gaza.
Source : Haaretz
Traduction : MR pour ISM
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Barak Ravid
2 juillet 2011