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Gaza - 27 janvier 2005
Par Amos Harel et Yuval Yoaz
Les Forces Israéliennes de Défense ont demandé à l’avocat général Menachem Mazuz l’autorisation de dégager complètement une bande de 300m de large le long de la frontière Gaza-Egypte.
Ce qui exigera la démolition de centaines de maisons palestiniennes à Rafah.
La « zone stérile » de 300 m de large comprendra un canal qui s’étendra le long de la frontière pour rendre plus difficile aux Palestiniens de creuser des tunnels pour le trafic entre l’Egypte et Gaza.
Au cours des derniers mois, Mazuz a rencontré deux fois à ce sujet Dan Harel, général chef du Commandement sud, et ils doivent se revoir bientôt.
L’armée dit que les démolitions sont nécessaires pour la protection des soldats qui resteront sur la Route de Philadelphie, parallèle à la frontière, après la mise en œuvre du plan de désengagement.
Le plan exige que l’armée reste sur cette route après son départ du reste de Gaza pour combattre le trafic d’armes en provenance d‘Egypte, telles que les rockets Katyushka ou les missiles anti aériens qui pourraient servir contre le sud d’Israël.
La « zone stérile » de 300 m de large comprendra un canal qui s’étendra le long de la frontière pour rendre plus difficile aux Palestiniens de creuser des tunnels pour le trafic entre l’Egypte et Gaza.
Cette largeur a été déterminée parce que 300 mètres c’est exactement la distance maximum d’efficacité de la majorité des missiles anti-chars généralement en possession des Palestiniens.
Sans une zone pareille de défense, l’armée redoute que des soldats en patrouille à Philadelphi soient des victimes faciles pour les Palestiniens qui pourraient alors tirer sur eux depuis les bâtiments à proximité.
Quand l’armée a commencé à proposer ce plan il y a environ un an, elle proposait de détruire bien plus de maisons. Depuis, le plan s’est réduit sur l’insistance de Mazuz. Pendant ce temps, des dizaines de bâtiments dans la région considérée ont été détruits.
Du point de vue de Mazuz, le plan soulève deux questions principales.
D’abord est-il admissible de détruire des maisons palestiniennes pour construire le canal et créer tout autour une "zone stérile", et si oui, combien ?
Il y a une semaine, à la demande de l’armée, Mazuz est venu voir la Route Philadelphie pour se faire une idée des dangers que les soldats courent à cet endroit.
Selon le Ministère de la Justice, aucune décision n’a été prise concernant le plan, mais des responsables ont rejeté avec indignation les rapports indiquant qu’il implique de raser environ 3000 maisons.
C’est grandement exagéré, disent-ils ; le bon nombre est nettement plus réduit.
Bien que le plan des 300 mètres soit l’option préférée de l’armée, elle a apparemment proposé à Mazuz d’autres programmes.
Selon les journaux, le (programme) le plus modeste réclame la destruction de 200 maisons. Même celui là, pourtant suffit à faire sortir de leurs gonds les organisations des Droits de l’Homme .
"Détruire des maisons appartenant à des habitants des territoires occupés est une violation des règles de la loi humanitaire internationale" a écrit Dan Yakir, conseiller juridique de l’Association pour les Droits civils en Israël, dans une lettre adressée cette semaine à Mazuz.
"La destruction massive de maisons est susceptible de constituer un crime de guerre.
L’interprétation admise (de l’article permettant la démolition au bénéfice des besoins militaires) est que les besoins militaires doivent être immédiats.
Et le calendrier à l’intérieur duquel l’armée opère dans ce cas précis montre qu’il n’y a aucun besoin militaire immédiat."
Le Ministère de la Justice a répondu que toute démolition de maison devrait avoir l’approbation et de Mazuz et du Conseil des ministres, bien que le Plan de Désengagement adopté par le Conseil des ministres en juin ait explicitement prévu une telle possibilité.
"Israël continuera à maintenir une présence militaire le long de la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte, et en d’autres endroits, il pourra être nécessaire d’élargir physiquement le territoire dans lequel l’activité militaire se développera" est-il indiqué dans le plan.
Les démolitions devront aussi passer par la Haute Cour de Justice puisque si Mazuz et le Conseil des ministres les approuvent, il y aura des requêtes contre.
Adalah, le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, a déjà introduit une requête devant la Cour pour demander à la justice de mettre au clair les règles qui auront court quand les démolitions seront autorisées ou interdites.
Cette requête souligne que les démolitions ne sont admissibles que dans le cas de nécessités militaires immédiates.
A lire sur ce sujet, le dossier d'ARIJ : "Expansion du couloir de Philadelphie à la frontière sud de la Bande de Gaza : Incidences sur l'environnement"
Source : www.haaretz.com
Traduction : CS pour ISM-France
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Démolitions de maisons
Amos Harel et Yuval Yoaz
27 janvier 2005