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Palestine occupée - 13 mai 2021
Par Leila Mazboudi
"Nous avons perdu le contrôle de la ville de Lod", a été le cri d’alarme lancé dans l’après-midi du mardi 11 mai par Yair Ravivo, le maire israélien de cette ville située à 15 km au sud-est de Tel Aviv.
Quelques heures plus tard, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, y déclarait l’état d’urgence spéciale. Une première depuis 1966. En même temps, le ministre de la guerre Benny Gantz ordonnait l’envoi de toutes les brigades des gardes-frontières stationnées en Cisjordanie occupée vers cette ville et toutes les autres villes mixtes.
Une spécificité de cette escalade que les observateurs israéliens ne tarderont pas à signaler : les Palestiniens de l’intérieur, ceux des territoires palestiniens occupés en 1948 y participent massivement et pour la première fois. Ils se sont solidarisés avec leurs compatriotes de 1967, avec la révolte du quartier cheikh Jarrah et celle de la mosquée al-Aqsa. Et ils continuent de le faire avec un élan sans pareil, en même temps que l’escalade militaire avec la bande de Gaza.
En plus de Lod, c’est le cas de Haïfa et de Akka où 26 palestiniens ont été arrêtés ces dernières 24 heures. De même pour Ramlat, Oum al-Faham… Ainsi que de Chafa Amro, Kafar Mandat, Arabat Der al-Assad dans le Jalil (la Galilée).
Dans toutes ces agglomérations, les jeunes palestiniens sont descendus dans les rues et ont affronté les forces de l’ordre de l’occupation et les colons. Là où ils pouvaient, ils décrochaient le drapeau israélien pour le remplacer par le drapeau palestinien.
Dans la ville de Lod, les scènes ont été les plus frappantes : de véritables combats de rue acharnés.
« Ses rues sont le théâtre d’une guerre civile entre les Arabes et les juifs », s’était d’ailleurs alarmé son maire israélien dans son appel de détresse au gouvernement israélien, lui réclamant l’envoi de l’armée israélienne.
Ils ont attaqué un restaurant, un hôtel, et brûlé des dizaines de voitures dans une artère principale (photo ci-dessus), ont rapporté les médias israéliens.
Dans l’après-midi, ces derniers avaient évoqué au moins 20 voitures de colons qui ont été transformées en cendres. Dans la soirée, ils ont dit que ce sont 30 voitures qui ont été brûlées durant la nuit.
« On a mis le feu a ma voiture. Pour moi c’est tout ce que je sais. La police n’est pas venue. On s’est trouvé seuls à combattre », a dit l’un des colons.
Il est aussi question que les protestataires palestiniens de Lod ont tenté de dégrader le bâtiment de la municipalité israélienne et auraient ouvert le feu sur les policiers.
Le trafic ferroviaire entre Lod et Tel Aviv a été interrompu en raison du désordre qui règne dans la ville, ont indiqué les médias israéliens.
Les habitants juifs des bâtiments mixtes ont quitté leurs appartements après l’appel à l’aide du maire. Il est même question que certains d’entre eux ont commencé à quitter la ville et d’autres ont été évacués par les policiers craignant le pire pour leur vie.
Ravivo a d’ailleurs demandé à Netanyahu et au ministre de la Sécurité Gantz de verrouiller la ville, au motif que « les gens pourraient mourir ».
« Nous avons immédiatement déclaré un état d’urgence spécial à Lod. Les bataillons de garde-frontières viendront de Judée et de Samarie (Cisjordanie) vers des villes mixtes ce soir », a dit Netanyahu.
Et de poursuivre : « J’ai ordonné d’agir fermement contre les violateurs de la loi et de l’ordre et de renforcer les forces sur le terrain dans le but de rétablir le calme et l’ordre à Lod et dans toutes les régions d’Israël dès que possible ».
L’ouverture d’un front interne l’a sans doute surpris ainsi que tous les autres dirigeants israéliens, à tous les niveaux et dans tous les domaines. A aucun moment, dans leurs déclarations, ils n’avaient envisagé un tel scénario. Ni non plus dans leurs exercices militaires dans lesquels ils simulaient des guerres avec leurs différents ennemis. Ils étaient surtout hantés par les missiles qui devraient s’abattre sur eux en cas de guerre, depuis la bande de Gaza, le Liban, la Syrie, le Yémen, l’Irak, ou autre…
Or, l’ennemi s’est avéré bien plus proche.
En regardant leurs compatriotes de 1967, délogés de leurs résidences à Cheikh Jarrah et interdits d’accès à la mosquée d’al-Aqsa, les palestiniens des territoires de 48 ne veulent pas seulement se solidariser avec eux. Ils ont surement deviné que leur tour n’allait pas tarder et que la judaïsation n’allait surement pas les épargner. A ce stade, il n’est plus possible de croire garanties des Israéliens. C’est aussi leur sort à eux qui est en jeu !
Source : Al Manar
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