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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

Les Palestiniens enregistrent la violence de l'occupation israélienne sur vidéo

Par

Un gosse israélien d'un groupe de colons d’extrême-droite dans la ville cisjordanienne d’Hébron lance une pierre dans l'escalier d'une famille palestinienne habitant près de leur colonie et crie: «Je vais vous exterminer." Un autre crache sur cette même famille.
Une autre femme colon montre sa tête à la fenêtre et lance d’une voix rageuse : "putain!"

Pas de greffon vidéo disponible...

Ce sont des images choquantes. Il y a des séquences de coups de pieds, de leurs séquelles, et de l'indifférence des forces de sécurité israéliennes à ces graves violations des droits de l'homme. Il y a également des images de ces mêmes forces de sécurité humiliant les Palestiniens - et pire – commettant des exactions.

Elles sont contenues dans des archives de plus en plus documentées réunies par le groupe israélien des droits de l’homme, B'Tselem, dans un remarquable projet intitulé «Shooting Back» (ndt : «Filmez-les»

Le groupe a fourni près de 100 caméras vidéo aux vulnérables communautés palestiniennes d’Hébron, du nord de la Cisjordanie et ailleurs, pour documenter et recueillir les preuves d'agressions et de comportement abusif - en grande partie des colons.

"Nous avons donné la première caméra vidéo à Hébron [Janvier 2007]," dit Diala Shamas, un chercheur de Btselem basé à Jérusalem. Mais le projet a décollé pour de bon en Janvier de cette année.

La vidéo est parfois chaotique, instable. Parfois, il n’est enregistré que le son et une paire de bottes de soldats.

Mais ce qui est documenté, c’est la dure réalité est l'expérience quotidienne de l'occupation pour les familles et les communautés les plus vulnérables : cela donne une voix à ceux qui ont été sans voix pendant si longtemps.

«À l'heure actuelle, nous avons environ 100 caméras vidéo», ajoute-t-Shamas. "Le plus grand nombre est dans la région d'Hébron où l’on trouve les plaintes les plus fréquentes des attaques de colons. Et récemment, dans la région nord et dans le secteur proche de la construction du Mur de Séparation où il y a des manifestations."

Elle explique la raison de la mise en place du projet Shooting Back (Filmez-les).

"Le projet a débuté en réponse à la nécessité de recueillir des preuves. Nous déposions constamment des plaintes vaines en raison du manque de preuves, ou… nous ne connaissions pas le nom du colon.

"Maintenant, nous allons avec nos cassettes vidéo à la police israélienne, en les suppliant d’appuyer sur Retour et Stop…….c’est la plus grande partie de notre travail. La valeur des vidéos ne se situe pas seulement au niveau des preuves. Elles ont également eu une valeur remarquable en termes de défense et de campagne.

"Nous avons rapidement réalisé la valeur médiatique de ces images. C’est peut-être une surestimation, mais nous avons commencé à combler le fossé entre ce qui se passe dans les territoires palestiniens occupés et ce que le public israélien peut voir.

«Il y a une conspiration du silence qui entoure en particulier la violence des colons. Ces images sont choquantes pour les Israéliens".

Et il a y a en particulier deux vidéos tournées des Palestiniens cette année et publiées par B'Tselem, qui ont attiré une massive attention internationale et mis sous le feu des projecteurs la question des violations des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés.

La première vidéo est celle d'un groupe de quatre colons masqués de la colonie de Susya armés de ce qui ressemble à des manches de pioche que l’ont voir frapper brutalement un groupe d'agriculteurs palestiniens.

La deuxième – qui ne fait pas partie du programme Shooting Back – mais qui a été fournie à B'Tselem par une étudiante âgée de 17 ans, du village de Ni'ilin en début de mois montrait un manifestant contre la construction du Mur de Cisjordanie sur les terres de son village se faire tirer une balle de caoutchouc dans le pied par un soldat israélien alors qu’il était détenu avec les mains liées et les yeux bandés.

Le manifestant était Ashraf Abu Rahma, 27 ans. La vidéo a été tournée par Salam Kanaan âgée de 17 ans. Présent constamment aux manifestations dans les villages palestiniens des les collines rocheuses de la Cisjordanie , Ashraf est employé par les villages comme garde sur les terres menacées d'être saisies aux villages palestiniens pour la construction du Mur en Cisjordanie .

Il dit qu'il n'était pas au courant de ce qui lui arrivait jusqu'au moment où il a été blessé par balle dans le pied.

C'est seulement quand il a vu la vidéo qu’il a compris ce qui lui était arrivé.

Arrêté au cours d'une manifestation contre le Mur de Cisjordanie le 7 Juillet à Ni'ilin, il a raconté la semaine dernière qu’il avait eu les yeux bandés presque immédiatement.

"Ils ont rassemblés les étrangers [de l'ISM - International Solidarity Movement] et m'ont mis à part ainsi qu’un autre gars.

«Ils m'ont mis dans une jeep et ont commencé à m’insulter et à me frapper en utilisant des gros mots en hébreu et en arabe. Il ne m’est pas venu à l’esprit qu’ils allaient tirer.

«Ils m'ont détenu sous le soleil pendant longtemps. Plus tard, je les ai entendus discuter de ce qu'ils allaient faire de moi.

"Je me souviens d’avoir entendu une conversation sur la façon de me tirer dessus. Ce dont je me souviens, ce sont les mots balle de caoutchouc, balle de caoutchouc ... J'avais les yeux bandés, dont j’étais seulement conscient de leur agression.

"Ce n'est que lorsque j'ai vu la vidéo de Salam que j'ai compris ce qui s'était passé. Le gars me touchait l’épaule droite avant de recevoir une balle.

"Juste avant que cela arrive, ils ont dit qu'ils allaient me frapper. Ils ont dit qu'ils allaient m’envoyer en enfer. Ils me connaissent parce que j'ai participé à chaque protestation."

Ashraf affirme qu’ils ont continué à le maltraiter même quand il était au sol après que le coup de feu ait été tiré. "Lorsque j'ai demandé à être soigné, ils ont dit : ce n'est rien, on va te frapper encore plus".

Bien que l'armée israélienne affirme que le tir était une incompréhension des ordres donnés par le lieutenant-colonel sur les lieux - et que le but était seulement de "faire peur" à Ashraf, la vidéo montre qu’il est difficile de donner du crédit à cette version.

Eyad Haddad, un chercheur de terrain de B'Tselem basé à Ramallah qui a localisé la vidéo du tir de punition sur Ashraf estime que le projet a aidé à fournir des preuves cruciales pour documenter les abus.

"Ces événements se produisent souvent loin ou au milieu de la nuit, quand il n’y a pas de médias.

"Lorsque nous avons vu qu’il y avait beaucoup de violations de la part des colons et en particulier quand il y a des manifestations, nous avons voulu observer le comportement des soldats israéliens et nous avons distribué des caméras vidéo.

"Cela a un bon résultat et cela mettra fin aux violations."


Haddad dit que l'organisation essaie maintenant d'encourager les gens vivant dans les zones de confrontation à utiliser leurs propres caméras - s'ils en ont - ou leurs téléphones portables pour filmer les éventuels mauvais traitements qu'ils rencontrent.

"Nous voulons encourager une mentalité d'utilisation des caméras. C'est la seule arme des civils."

Selon Diala Shamas, la renommée internationale de la vidéo de colons frappant des Palestiniens à Susya et la vidéo sur Ashraf Abu Rahma signifie que le groupe a non seulement été inondé de demandes de caméras de la part des communautés palestiniennes, mais ceux qui ont déjà des caméras fournies par B'Tselem filment de plus en plus leurs expériences quotidiennes.

"Au début, nous supplions presque les gens de prendre les caméras avec eux quand ils sortaient. Ils n’en voyaient pas l'utilisation. Mais après la couverture médiatique sur l'incident de Susya… nous avons eu un afflux de demandes de nos caméras vidéo. Et ceux qui ont obtenu les caméras les utilisent bien plus souvent."

En commentant la video de Ni'ilin, elle dit: "C'est l’une des plus grandes victoires parce que ce sont des soldats et non des colons. Ce n'est pas seulement une «fruit pourri», qui est, en général, la réponse que nous obtenons du porte-parole du gouvernement. Nous n’avons pas donné 100 caméras vidéo pour documenter des fruits pourris. C’était pour montrer qu’il se passe quelque chose de systématique et que cela fait partie de la structure de l’occupation.

"Dans ce cas, c’est remarquable que ce soit effectivement les soldats eux-mêmes. Ils ont en fait ouvert une enquête.

"Ils ne pouvaient pas l'ignorer."

Source : http://www.guardian.co.uk/

Traduction : MG pour ISM

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