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Jérusalem -

Les Palestiniens n'apprendront pas les leçons israéliennes

Par

> jkdamours@gmail.com

Jillian Kestler-D’Amours est journaliste indépendante et cinéaste. Elle habite à Jérusalem.

Jérusalem Est, 12 juillet 2011 - Il faut s'attendre à des grèves généralisées dans la société civile palestinienne de Jérusalem Est au début de la prochaine année scolaire, alors que la municipalité fait avancer son projet actuel de mettre en œuvre un programme d'étude israélien dans les écoles palestiniennes.
"Je m'attends à ce que le début de la nouvelle année scolaire ne se passe pas normalement. Il va y avoir une foule de problèmes. Beaucoup d'exigences, de grèves," dit à IPS Samir Jibril, directeur du Bureau de l'Education à Jérusalem Est. "Toutes les institutions [palestiniennes] vont être main dans la main contre cette mise en œuvre. Même la société civile exige que les Israéliens arrêtent ce projet."

En mars de cette année, la municipalité de Jérusalem a envoyé un courrier aux écoles privées de Jérusalem Est qui reçoivent des crédits des autorités israéliennes. La lettre indiquait qu'à partir de l'année scolaire 2011-2012, les écoles seraient obligées d'acheter et d'utiliser uniquement les manuels scolaires préparés par l'Administration de l'Education de Jérusalem (JEA), un organe mixte de la municipalité et du Ministère israélien de l'Education.

Ces manuels sont déjà en usage dans les écoles de Jérusalem Est dirigées par la JEA. Selon Jibril, toutefois, les Palestiniens de Jérusalem Est ont refusé, à tous les niveaux, de les utiliser dans les écoles privées, car le projet est considéré comme éminemment politique.

"La raison réelle derrière toute cette histoire de programme d'études est politique. Il s'agit d'une gouvernement israélien radical qui essaie d'imposer sa propre identité aux Palestiniens de Jérusalem Est. Sachant qu'Israël ne reconnaît pas l'identité palestinienne, c'est une considération politique plutôt qu'une quelconque raison éducative ou pédagogique," dit Jibril.

La décision d'introduire le contenu pédagogique israélien est survenue après que le député israélien à la Knesset Alex Miller, du parti d'extrême-droite Israël Beiteinu, qui préside la Commission Education de la Knesset, ait déclaré lors d'une réunion sur les programmes non autorisés dans le système éducatif qu'à Jérusalem Est, "l'ensemble du programme devait être israélien."

Après qu'Israël est annexé Jérusalem Est en 1967 en toute illégalité, les Palestiniens de la ville ont suivi le système éducatif jordanien. Puis, peu après la signature de l'Accord Oslo II, les écoles de Jérusalem Est ont commencé à utiliser le programme de l'Autorité palestinienne.

Aujourd'hui, quatre autorités différentes gèrent le système éducatif à Jérusalem Est : la JEA, le Waqf islamique (donation perpétuelle, ndt) et l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA).

Selon des statistiques 2010-2011 fournies par le Conseil d'Administration de l'Education de Jérusalem Est, la JEA gère 50 écoles dans la ville, qui sont fréquentées par 38.785 élèves, ou 48% du nombre total d'élèves palestiniens de Jérusalem Est. 22.500 autres élèves palestiniens fréquentent 68 différentes écoles privées dans la cité.

"En fait, ils font pression pour mettre en œuvre les programmes israéliens parce que d'un point de vue politique, cela signifiera que Jérusalem Est n'est pas un territoire occupé mais qu'elle est juste comme le territoire 48, une terre israélienne," dit Jibril.

"Si Israël réussit cette étape, il y aura d'autres démarches successives, et ils viseront toutes les autres écoles," ajoute-t-il. "Les autorités israéliennes ont déjà exercé leur influence dans les écoles de Jérusalem Est sous leur contrôle," dit-il, "en omettant volontairement certains passages dans les manuels scolaires et en supprimant le logo palestinien sur les couvertures des livres, parmi d'autres mesures."

En février de cette année, la Cour suprême israélienne a donné cinq ans au ministère de l'Education et à la municipalité de Jérusalem pour améliorer le niveau de l'enseignement public à Jérusalem Est, puisque des études récentes ont montré que parmi d'autres problèmes non résolus, il manque environ 1.000 classes et plus de 4.000 enfants palestiniens ne sont pas inscrits dans une école. Ceci en dépit du fait que Jérusalem Est - considérée comme un territoire occupée par le droit international - est protégée par la 4ème Convention de Genève, qui déclare que "la puissance occupante devra, en coopération avec les autorités nationales et locales, faciliter le bon fonctionnement de toutes les institutions qui se consacrent au soin et à l'éducation des enfants."

L'article 13 (3) du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels spécifie également que "Les Etats parties au présent Pacte s'engagent à respecter la liberté des parents et, le cas échéant, des tuteurs légaux, de choisir pour leurs enfants des établissements autres que ceux des pouvoirs publics, mais conformes aux normes minimales qui peuvent être prescrites ou approuvées par l'Etat en matière d'éducation, et de faire assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants, conformément à leurs propres convictions."

Le 6 juin, l'ONG israélienne Ir Amim a envoyé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour dénoncer le projet du gouvernement pour les écoles privées palestiniennes.

"Le droit des enfants de Jérusalem Est à une éducation par leur culture et leur identité nationale découle de leur droit fondamental à l'éducation reconnu par le droit israélien et à leur droit à l'égalité dans l'éducation, la liberté et la défense de leur identité. Israël a obligation non seulement de ne pas violer ces droits mais a aussi l'obligation positive d'aider à leur réalisation," indique le courrier.

Finalement, dit Samir Jibril, la tentative d'Israël d'introduire son propre programme contre la volonté des élèves palestiniens à Jérusalem Est est le reflet d'un objectif plus large d'utiliser l'enseignement pour contrôler les Jérusalémites palestiniens et porter tort à la culture et à l'identité palestiniennes.

"Israël ne cesse d'attaquer les Palestiniens et d'essayer d'imposer un nouveau genre d'enseignement qui servira les idées, la culture et les points de vue israéliens au sujet de la question du contexte identitaire, culturel et éducatif. Il y a beaucoup d'autres indicateurs qui montrent qu'Israël interfère d'une manière très négative et a un très mauvais impact sur l'enseignement pour maintenir les Palestiniens de Jérusalem en infériorité, sans enseignement."

"Mais nous pensons que c'est notre droit d'avoir nos propres programmes qui servent notre philosophie et notre identité nationales et qui préserve notre culture. Et nous la défendrons jusqu'au bout."

Source : Inter-Press Service

Traduction : MR pour ISM

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