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ISM France - Archives 2001-2021

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Monde -

Le rapt de l’Histoire (au profit d'une mémoire éminemment sélective)‏

Par

Le Département d’État des US(a) dispose parmi ses outils de travail d’un Bureau chargé de la Démocratie, des Droits de l’Homme (et du Travail). Il a envoyé récemment une déléguée, Hannah Rozenthal, en tournée dans trois pays arabes et musulmans, le Liban, la Jordanie et l’Arabie aux mains de la famille Séoud. Elle est d’abord allée rendre visite à l’allié stratégique et idéologique séoudien porter la bonne parole de l’Occident. Elle ne concerne ni les droits bafoués des Arabes gouvernés par les princes séoudiens, ni l’ingérence outrageusement visible et criminelle de ces derniers dans le soulèvement des Bahreinis et des Yéménites contre leurs chefs d’État autocrates et illégitimes. La remontrance de la dépêchée étasunienne est circonscrite à son observation que certains manuels éducatifs édités localement comporteraient des passages intolérants à l’égard de la religion juive.

Le rapt de l’Histoire (au profit d'une mémoire éminemment sélective)‏

La photo qualifiée d'"antisémite" par la LDJ, en page 189 du manuel de Français des classes de 4ème, édition Hachette "Les couleurs du français 4ème" (Photo Patrick BAZ, "Une petite fille courant entre des soldats israéliens dans la vieille ville de Jérusalem, le 11 octobre 1990")
Ces ouvrages seraient même retrouvés bien au-delà des frontières arabes, jusqu’au Pakistan et en Argentine. Le responsable du Ministère de l’Éducation Nationale lui aurait aimablement conseillé d’apporter la preuve de ses dires. Hannah Rozenthal, forte des engagements de lutte contre l’antisémitisme obtenus de hauts responsables, promet de faire scruter attentivement les programmes scolaires du royaume.

La déléguée étasunienne de cette instance d’une Police Internationale de la Pensée et maîtresse inquisitrice s’en est revenue plus désappointée de la Jordanie. Là un haut responsable de l’Éducation Nationale a résisté à l’idée d‘introduire en bonne place du cursus d’histoire des modules sur la nouvelle religion de l’Holocauste. Sollicité ou sommé de répondre, le porte-parole de l’ambassade jordanienne à Washington s’est refusé à tout commentaire.

Mme Rozenthal s’est également entretenue avec des fonctionnaires de l’UNRWA, agence onusienne de secours aux réfugiés palestiniens créée en 1949, des programmes scolaires auxquels manquerait cruellement un enseignement appuyé de l’Holocauste. Aux 4,8 millions de Palestiniens victimes du sionisme, déplacés et réfugiés en Palestine même, en Syrie, en Jordanie et au Liban, il leur faut élever au rang qui lui convient, d’après le Département d’État étasunien, l’histoire de la guerre mondialisée européenne réduite à l’extermination des juifs européens par les Nazis.

L’inspection au Liban ne fut guère que de quelques heures, la rencontre n’eut lieu qu’avec des organismes non gouvernementaux prêchant la tolérance entre les religions abrahamiques. La présence de ministres issus du Hezbollah a imposé à la dame un évitement soigneux. La formation Adyan, dont les partenaires et financiers se recrutent en particulier parmi la Fondation Al Waleed Bin Talal, impliquée dans l’empire Rupert Murdoch par sa participation d’au moins 5,5 pour cent dans News Corporation, a été félicitée par Rozenthal pour avoir reçu en son sein une nonne d’obédience orthodoxe ayant qualités pour l’enseignement du judaïsme. Mme Rozenthal a assuré ses interlocuteurs qu’elle tient à leur disposition des conférenciers et du matériel « éducatif » spécialisés dans le domaine de l’Holocauste.

Ainsi cette promenade d’un agent du Département d’État accomplit allégrement un saut qualitatif de grande envergure en passant d’une mission de dispersion et d’ensemencement à des contrées bien obscurantistes de notions de droitsdelhommisme à la nécessité d’inculquer comme principe premier de l’Histoire le génocide des Juifs par les nazis. La réticence de ces peuples non impliqués dans ce fragment tragique du vingtième siècle à l’adopter comme fondateur de leur généalogie se comprend aisément, eux qui ont été exposés à la prédation du colonialisme européen sous sa forme archaïque du dix-neuvième, plus récente du vingtième-siècle et qui vivent dans leur chair les tentatives de recomposition de l’Orient arabe selon la doctrine de la Guerre Sans Fin issue du 11 septembre 2001. Le peuple de Syrie (20 millions d’habitants) par exemple supporte non seulement des embargos de toutes sortes sous prétexte qu’occupé -le Golan a été ‘annexé’ en 1981-, il est une menace sécuritaire pour Israël mais prend en charge le million et demi de réfugiés irakiens jetés hors de chez eux par l’invasion de leur pays en 2003.

Le contrôle des programmes éducatifs par les organisations à vocation sioniste insérées en toute innocence dans les structures à fonction régalienne d’États en principe émancipées, comme ce Bureau pour la Démocratie du Département d’État, ou tout à fait avouée comme l’Anti-Defamation League, se veut universel, totalisant, global.

La susceptibilité de l’entité sioniste vis-à-vis de sa légitimité est inversement proportionnelle à l’acceptation de son fait colonial par les Arabes. La simple évocation de la réalité indéniable de l’exode des 900.000 Palestiniens en 1948 dans un ouvrage d’histoire élaboré par les éditions Hachette pour l’enseignement de l’histoire dans les lycées et collèges de France est vécue comme une menace existentielle grave pour le complexe sioniste. Le ban et l’arrière-ban furent mobilisés pour que disparaisse, selon les vœux du gouvernement israélien, le mot de Naqba, le mot et le fait historique doivent être expurgés en toute hâte et de toute nécessité de l’histoire enseignée en France. La Naqba est la catastrophe vécue par des centaines de milliers de villageois contraints par le feu et la terreur à quitter leurs foyers, provisoirement depuis 63 ans, dont est issue l’entité sioniste reconnue comme État par des membres de l’Onu qui s’étaient prononcé contre l’avis des intéressés pour le partage de la Palestine.

Plus récemment, l’œil sioniste a repéré une photographie d’une petite fille qui passe entre deux rangs de soldats visiblement israéliens dans une rue palestinienne (à Alqods, photo ci-dessus)) proposée dans un livre d’enseignement du français comme base pour un exercice de rédaction sous forme de commentaire ou de légende. Aussitôt, un groupe d’individus organise une descente au siège de la Maison Hachette.
(Voir la vidéo)
Armés de drapeaux israéliens, ils exigent un entretien et l’obtiennent.
L’authenticité de la photographie n’est pas contestée.
Sa publication est considérée comme de la ‘désinformation’ (sic).
Mettre à jour la réalité (une partie de cette réalité seulement car la photo n’est ni sanglante ni n’exhibe les expulsions manu militari encore très actuelle des Palestiniens de leurs terres et de leurs maisons ancestrales) de l’occupation vécue par une enfant devient dans la bouche des censeurs et piètres inquisiteurs de l’antisémitisme.
Le français approximatif dans lequel s’exprime le représentant des Juifs confirme le niveau sans cesse en recul de la maîtrise d’un texte vérifié par le classement au 22ème rang parmi les pays de l’OCDE des élèves de 15 ans des collèges français évalués par le programme PISA.

Les branches israélienne et étasunienne de la Ligue de Défense Juive, jugées trop ouvertement raciste violente et criminelle, ont été dissoutes. Seule la française est tolérée malgré son implication démontrée et reconnue dans l’attaque à l’arme blanche d’un officier de police français.
Une bande de voyous dictant leur volonté d’établir la norme en matière d’enseignement, voilà de quoi raviver la querelle sur l’École, son indépendance vis-à-vis des lobbys !

Le basculement vers la modernité a été inauguré par l’élection de Charles-Quint comme Empereur du Saint-Empire et sa nomination comme Rois des Romains.
Ce règne fut marqué par la fondation d’une Europe aux mains de quelques familles, la légitimation de la conquête et de l’annexion des Indes d’Amérique, l’arrêt de la progression vers l’Europe des Ottomans (bataille de Lépante gagnée par le bâtard allemand de Charles-Quint) et la Réforme de Luther qui prit racine dans les États princiers allemands.

Cet accouchement qui a sorti l’Occident de son Moyen âge eut lieu grâce au forceps des prêts accordés par des banquiers au prétendant à l’Empire puis à tout postulant à une charge ecclésiastique d’importance. Le politique fut aliéné à la finance, déjà transnationale, et le religieux a créé le régime des Indulgences pour remboursement de ses dettes toutes terrestres.

Nous sommes, près de six cents ans plus tard, les héritiers de cette tradition moderniste de soumission à la finance et aux lobbies.


Badia Benjelloun
16 juillet 2011

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