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Suisse - 27 juillet 2003
Par Silvia Cattori
Contre les agressions des soldats et des colons juifs israéliens armés, nous, hommes et femmes qui aimons la justice nous devons les soutenir dans leur lutte inégale.
Les Palestiniens, ont bon dos. Vraiment ! En 55 ans d'occupation et 67 plans de paix, ils ont fait de multiples concessions. Mais ils n'ont jamais rien obtenu en retour. Israël ne respecte rien.
A commencer par les Conventions de Genève qui font référence aux traitements des civils sous occupation et à l'autorisation d'observateurs à témoigner.
La Suisse, dépositaire des Conventions de Genève, a maintes fois rappelé Israël à la raison et n'a pas manqué de lui signifier que son pays viole toutes ces Conventions, par l'implantation des colonies juives en territoire occupé, par l'exécution de " présumés terroristes ", par les punitions collectives et les bouclages...
Israël, qui n'entend aucune critique, campe sur ses positions et n'a de cesse de réaffirmer de manière spécieuse que la Cisjordanie et la bande de Gaza ne sont pas des territoires occupés mais des " territoires disputés ", et que par conséquent la Convention de Genève ne s'y applique pas.
On parle en leur nom. On négocie en leur nom. On nomme des ministres en leur nom. On fait des conférences en leur nom… Les Palestiniens aimeraient y croire ; mais le cœur n'y est plus. Les Israéliens n'ont aucune intention de lâcher du lest.
Chaque fois qu'Israël, fait mine de retirer quelques caravanes, d'autres colonies font leur rapide apparition. Rien de neuf sous
le soleil de Sharon.
Pendant que les Palestiniens, le couteau sous la gorge, se plient une énième fois aux exigences de ce piège redoutable que leur tend la feuille de route, et en respectent strictement le calendrier, Israël, lui, continue de se montrer intraitable et de multiplier rafles, assassinats, destructions de maison, de cultures, et de tout ce qui fait qu'une vie est une vie.
Les Palestiniens, usés par des décennies de lutte et de privations, veulent la paix de toutes leurs forces. C'est leur intérêt. Les Israéliens, eux, ont pour intérêt de gagner du temps, grignoter toujours plus de terres.
Israël, veut leurs terres et leur peau. Il exige d'Abou Mazen ce qu'il a exigé d'Arafat hier, l'impossible. Le désarmement de son peuple, qui, il faut le préciser, se bat contre des tanks et des avions, avec de vieilles pétoires. Par ce biais Israël veut diviser et pousser les Palestiniens à se battre entre eux.
Or, aussi longtemps qu'Israël les prive de toute possibilité matérielle d'exister, les Palestiniens n'ont aucune raison de déposer les armes, sauf à vouloir se suicider. Tout peuple opprimé a le droit de défendre son territoire et de se battre pour sa survie.
Pourquoi donc les Palestiniens, victimes d'une guerre d'occupation et de dépossession, seraient-ils privé de ce droit ?
Ces hommes du Hamas ou du Jihad, qu'Israël qualifie de terroristes et assassine " préventivement " sont de vrais patriotes, de bons pères qui défendent leurs familles et leur dignité comme ils peuvent.
La communauté internationale se doit d'apporter son clair et franc soutien à toutes les forces politiques en lutte contre l'occupant israélien.
Elle se doit également d'obtenir d'Israël, qu'il retire ses troupes des territoires occupés, comme préalable à toute négociation. Aussi longtemps que ce retrait n'est pas effectif et qu'Israël n'a pas reconnu aux Palestiniens leur droit d'exister dignement et en toute sécurité sur leur terre, aucune paix juste n'est envisageable.
Les Palestiniens sont des êtres extraordinairement patients. Ils ont attendu que justice soit faite durant 55 ans.
Dans ce combat inégal, de David contre Goliath, ils ne peuvent qu'être les grands perdants.
Ballottés, depuis des lustres, entre accords d'Oslo, que Sharon a torpillés, et initiatives de paix, que leurs alliés américains leur ont glissées comme peaux de bananes sous les pieds, les Palestiniens, dans leur désespoir lucide, ont toutes raisons d'être très pessimistes quant à leur devenir.
Ils ont même de quoi se sentir floués de tous côtés ; à commencer par la légèreté avec laquelle les médias présentent une feuille de route que les Israéliens se sont empressés de paver de nouvelles catastrophes ; floués aussi par le crédit que le monde accorde à ces ballets diplomatiques bidons, dont l'on connaît d'avance la supercherie et les jeux truqués.
Ballets et effets de torse, évidemment destinés à occulter, aux yeux de l'opinion, la gravité de l'occupation israélienne en Palestine et ses effets dévastateurs sur les populations. Les Palestiniens ont de quoi se sentir d'autant plus inquiets, que l'ONU, écharpée par les Etats-Unis, et que l'Europe, incapable d'avoir une politique extérieure commune, sont absents du débat.
Les Palestiniens ne sont pas dupes. Ils considèrent, que les Etats-Unis, qui arment Israël et lui donnent le feu vert pour les liquider, ne sont pas des partenaires crédibles. Et qu'une fois de plus leur peuple risque de faire les frais de cette perfide mésalliance. En quoi ils ont raison.
Les intentions de l'administration américaine sont des plus cyniques : elles n'ont rien à voir avec les intérêts des peuples ni de la justice. Bush rentre dans ce bal macabre de la fausse paix que mène Israël depuis des décades, uniquement pour défendre les intérêts de ce pion essentiel sur l'échiquier d'un Moyen orient, dont il convoite le pétrole.
Bush n'a donc comme unique motivation que de liquider tout ce qui fait obstacle au projet d'expansion de l'état d'Israël et à sa domination impériale. Et cela passe forcément par la liquidation de la résistance palestinienne.
Les Palestiniens sont aujourd'hui sans espoir. Victimes oubliées d'une immense injustice historique, ils ont de quoi se sentir humiliés par cette complaisance incompréhensible du monde occidental à l'égard d'hommes, fussent-ils chefs d'état, qui se conduisent, au vu et au su de tout le monde, comme des chefs de bandes et non pas comme des démocrates ; des hommes sans foi ni loi, qui commettent des crimes odieux, écrasent des peuples, sur une échelle jamais imaginée.
Et nous de nous demander ce qu'attendent nos élus de gauche comme de droite pour sanctionner les acteurs de cet innommable carnage ?
Chaque fois que ces chefs de gang - incarnés aujourd'hui par Bush, Perle, Sharon, Wolfowitz, Perez, Mofaz, Yaloon, pour ne citer que les plus en vue - se sentent en passe d'être par trop démasqués, voir contrés par l'opinion, ils se drapent aussitôt dans l'étendard de la paix. Oh ! Pas pour longtemps.
Voilà à quoi sert la diplomatie qui occupe la une des journaux : à servir les intérêts du plus fort, à diviser les faibles et à se les asservir pour mieux les dominer.
Et quand ces chefs d'état et ces diplomates tombent sur un adversaire qui leur résiste, qui ne se plie pas à leurs dictats, ils n'hésitent pas à frapper des peuples entiers au prix de milliers de victimes.
Vous avez vu l'Irak, la Serbie, l'Afghanistan. Ce n'est pas peu.
On a fait subir à leurs peuples ce que les Israéliens font subir depuis des lustres aux Palestiniens. Les Irakiens n'avaient rien demandé aux Américains. Ils y sont allés. Or, les choses ne se sont pas passées comme escompté. Elles ont même pris une bien mauvaise tournure.
Tarek Aziz - dont nul ne se soucie où les anglo-américains l'ont jeté- les avait avertis. " Venez, vous verrez ce que vous verrez. L'Irak n'est pas l'Afghanistan " leur avait-il dit. Ils n'en ont pas tenu compte. Les voilà empêtrés.
L'échec est des plus cuisant pour l'administration Bush et pour les conseillers pro-israéliens qui l'y ont fortement poussé.
Alors que le rapport de force, issu de l'offensive militaire menée contre l'Irak, paraissait des plus défavorables aux voisins d'Israël, Palestiniens en tête, les choses se sont sensiblement renversées. L'occupation militaire en Irak tourne au désastre.
Exposé à la critique, fragilisé aux yeux du monde qui l'observe, Bush veut rebondir. Il doit, pour convaincre l'opinion de ses bonnes intentions, prendre quelque distance d'avec les Israéliens. La Palestine fournit l'occasion de le faire.
Quand ils ont vu Abou Mazen en compagnie de Bush à la Maison Blanche - le premier ministre d'un état qui n'existe pas, que l'administration américaine a choisi, imposé, sans leur demander leur avis, mais c'est sa conception de la démocratie qui le veut - les Palestiniens ne savaient plus s'ils devaient rire ou pleurer.
Puis quand ils ont entendu Bush dire quelques vérités jamais dites à l'encontre de leurs colonisateurs israéliens, ils ont sursauté. Les temps sont durs pour Bush. Et la cause palestinienne peut servir, momentanément, ses intérêts ; l'aider à se refaire une virginité.
Tout reste à faire.
Cette fausse paix, sur fond de vraie guerre et de fossé infranchissable, a toujours fait l'affaire d'Israël. Sharon, ce dangereux criminel, qui a passé sa vie à combattre les arabes et à rêver d'un grand Israël ethniquement pur, appuyé par son gouvernement formé d'extrémistes et par une populace - c'est le mot - qui crie mort aux arabes, ne veut pas d'une paix juste et durable.
Sauf à s'aveugler, nul ne peut croire en la sincérité de ce brutal soudard. Mais la pantomime continue.
Israël accable systématiquement les Palestiniens de reproches.
A l'entendre tout est de leur faute. " C'est la faute des Palestiniens si Oslo et Camp David ont capoté… c'est la faute d'Arafat s'il n'y a plus de camp de la paix en Israël… " Nous avons longtemps cru ce que disait Israël. Or, tout ce qu'Israël nous avait rabâché durant des années s'est avéré totalement faux. Il convient donc de rétablir quelques vérités, quitte à se répéter.
Tous les plans de paix ont échoué parce que les négociateurs israéliens n'ont jamais voulus qu'ils aboutissent. Les hommes qu'Israël dépêchait à la table des négociations, avaient pour tâche de mener les Palestiniens dans un bourbier, de les tromper et de tirer les choses en longueur. Les négociateurs Palestiniens, Arafat en tête, se sont fait lamentablement piéger.
La tentation de la corruption, a fait le reste. Une fois compromis, ces derniers, n'avaient plus aucune marge de manœuvre. C'est Israël qui mène le bal.
Les accords d'Oslo ont échoué parce que le gouvernement israélien les a torpillés : ses troupes ont mis cinq ans pour se retirer de 5 % du territoire et le nombre de colons a doublé.
Après quoi Sharon a fini le travail, si on peut dire : il s'est servi de ces accords pour balayer l'autorité palestinienne et, ensuite, liquider les cadres de la résistance.
Les pourparlers de Camp David ont échoué parce que Barak n'a pas fait "l'offre généreuse " brandie par la propagande israélienne, que les médias ont largement relayé. Bien au contraire. Il s'est montré intraitable sur la question des réfugiés et de Jérusalem.
Le peuple palestinien a payé très cher ce marché de dupes. Affaiblis par Arafat, qui les a désarmés et ensuite laissés à la merci d'une armée qui les a massacrés, les Palestiniens - surtout ceux qui croupissaient dans les camps de réfugiés - n'avaient plus rien à perdre.
La deuxième Intifada était la seule chose qui pouvait faire obstacle - et qui a fait obstacle - à leur écrasement.
Atteints dans leur fierté, les Palestiniens n'attendent plus rien de leurs chefs. Arafat, bouclé dans son quartier général comme dans une cage, est inexistant. Abou Mazen, un homme qu'Israël tient entre ses mains, n'a pas la confiance des Palestiniens. Les plus déshérités se débrouillent comme ils peuvent. Mal.
Nous ne le dirons jamais assez. Les Palestiniens sont victimes d'une injustice colossale : ils n'ont pas d'état, ils n'ont pas d'armée, ils n'ont pas le droit de vivre libres sur leur terres.
Après tant d'années où ils ont cru à la paix, à la justice et à la légalité internationale, où ils ont cru à la coexistence, où ils ont espéré sortir de leurs ghettos, les Palestiniens ont perdu toute confiance. Il ne faut donc plus leur parler de feuille de route ni de quoi que ce soit. Ils désapprouvent, aujourd'hui comme hier, toute idée de négocier quoi que ce soit avant qu'Israël ne retire son armée de leurs territoires.
Les politiciens immoraux, dont la vocation est de mentir, cherchent à faire croire ceci et cela. Les Palestiniens ont beau être crédules et optimistes par nature, mais là, ils ont de quoi êtres très inquiets. La feuille de route - qui était, au départ, une initiative européenne - est aujourd'hui entre les mains de ceux qui ne connaissent que le langage de la force et de l'injustice, et risque de les mener vers de nouvelles catastrophes.
Les Palestiniens sont comme nous. Ils n'aiment pas la mort. Ils voudraient pouvoir combler leurs enfants de mille bonheurs. Il ne faut pas croire qu'ils se battent de gaîté de cœur.
Je n'ai jamais rencontré un Palestinien sensé qui se réjouisse de savoir qu'il y a au sein de son peuple, des enfants désespérés au point de se résoudre à mourir d'une mort atroce. Ce n'est ni la religion, ni l'extrémisme, ni leur nature, ni leur culture qui a poussé certains des leurs, à se suicider.
Les parents inconsolables de ces enfants kamikazes vous disent, avec tristesse, avec nostalgie, avec conviction, que si Israël n'avait jamais envahi leurs quartiers ou leur écoles, n'avait jamais saccagé leur vie, n'avait pas détruit leur famille, nul enfant n'en serait jamais venu à cette extrémité.
Affirmer, après coup, que ces enfants détruits par la violence d'Israël, ont commis un crime contre l'humanité - comme l'ont fait Amnesty International et Médecins du monde -est très injuste et facile à dire, quand on n'a pas grandi sous la violence de l'occupation israélienne. Les attentats palestiniens contre des civils sont, certes, un mauvais moyen.
Mais, il faut le dire haut et fort :
ces enfants, que la brutalité des hommes d'Israël, conduit vers la mort, méritent notre compassion. Nous qui vivons dans des pays libres, sommes mal placés pour les blâmer. Ils ont déjà payé de leur jeune vie le mal qu'Israël a fait à leur entourage. Leur sacrifice a quelque chose qui nous dit leur refus de la tyrannie.
Tous les malheurs qui frappent les Palestiniens et les occupants israéliens, dans une bien moindre mesure, découlent précisément de l'occupation militaire israélienne et de l'implantation des colonies au cœur de la Palestine.
Israël commet des crimes d'état contre des populations civiles. Ne rien dire, c'est y consentir. Le seul rempart que peuvent ériger les Palestiniens face à l'oppresseur, est leur résistance.
Nos gouvernements doivent rappeler Israël à la légalité : exiger la fin de l'occupation israélienne, exiger le droit des Palestiniens à posséder des armes et à résister aussi longtemps qu'Israël les opprime.
Se taire, quand Israël assassine les cadres de la résistance, qui sont d'abord des hommes, hurler avec le loup quand Israël criminalise le Hamas et le Jihad, qui sont des composantes majoritaire dans la lutte pour l'indépendance, c'est mépriser les droits des peuples à exister et à décider par eux-mêmes.
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Silvia Cattori