Envoyer cet article
Europe - 4 janvier 2010
Par Nabil El-Haggar
Nabil El-Haggar est professeur à l'université de Lille 1.
Durant ces jours une partie de l’humanité n’oubliera pas de commémorer le dernier massacre perpétré en Palestine par les forces armées israéliennes. Je veux parler de Gaza où 1400 palestiniens ont été exécutés et des milliers d’autres ont été grièvement blessés, sans parler des destructions massives et dommages considérables causés aux infrastructures de cette ville assiégée depuis trois ans.
Nous serons donc de nombreux citoyens, éparpillés à travers les continents, à nous souvenir de la dernière œuvre de barbarie exercée sur les Palestiniens. Lesquels Palestiniens, en dépit de très grand nombre d’amis qui les soutiennent et bien qu’ils soient victimes depuis plus d’un siècle de cette barbarie, espèrent parvenir, un jour, à se faire reconnaître par les puissants de ce monde, comme victimes de la barbarie israélo-sioniste.
Comment faire pour mettre fin à l’insupportable dénigrement de la souffrance palestinienne et à la quasi unanime soumission à Israël de la classe politique européenne, américaine et arabe ? C’est la question qui obsède tous ceux qui sont épris de justice et qui ont réussi à ne pas être victimes du mensonge si bien orchestré afin que la vérité du conflit et particulièrement celle d’Israël ne soit jamais dite.
La Palestine s’appauvrit
La situation politique, économique, morale, éducative et psychologique des Palestiniens ne fait que régresser de jour en jour. A la lecture des différents rapports qui relatent les faits sans en expliquer la cause, (qui est l’occupation), les organisations internationales considèrent qu’une catastrophe humanitaire est en train de se dérouler en Palestine. On pense que 60% de Palestiniens sont aujourd’hui « pauvres » ou « très pauvres ». Pendant ce temps, Israël continue à penser, stratégiser et exécuter, ses sales besognes en toute liberté. Tout en poursuivant sa conquête du peu qui reste de la Palestine sans être inquiété.
Rappelons que la catastrophe qui guette les Palestiniens n’est pas qu’économique. La Palestine s’appauvrit de jour en jour à cause de l’occupation et du blocus. Elle s’appauvrit à cause d’une grande fatigue psychologique due à un gigantesque harcèlement collectif orchestré par Israël à l’égard de plus de cinq millions de Palestiniens.
A défaut d’avoir réussi l’expulsion de tous les Palestiniens, Israël harcelle et met tout en œuvre pour transformer l’être « culturel » de Palestine en un être « sans culture ». Pour ce faire, il doit être suffisamment appauvri culturellement pour le faire basculer de la « vie » à la « survie » ! Ainsi, bien que présent physiquement, il sera politiquement et culturellement inexistant. Cela en fera un résistant en moins !
Les Palestiniens subissent l’appauvrissement de la diversité : interdiction de se déplacer librement, peu de rencontre et d’échange avec l’autre, peu d’ouverture sur le monde… Le Palestinien subit un appauvrissement politique qui menace son avenir ! Cette fois, ce n’est pas Israël qui sévit. Il s’agit de la responsabilité d’une classe politique palestinienne particulièrement médiocre. A l’image de leurs prédécesseurs, ces politiques montrent une grande incapacité à relever les défis imposés par l’agresseur israélien. La douloureuse vérité est qu’ils ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Ils confondent intérêts nationaux et intérêts particuliers, incapables d’avoir une stratégie face à un ennemi qui ne fait rien sans stratégie. Incapables d’avoir un agenda qui leur soit propre et de s’y tenir ! En revanche, ils se sont montrés capables de corruption, d’intérêts idéologiques partisans qui primeraient sur tout le reste. Ils se font remarquer par l’absence de courage politique face aux ennemis de la Palestine. Pire, ils sont parvenus à creuser un gouffre entre Palestiniens.
Il est temps de comprendre que le temps d’Oslo est terminé, que la conquête sioniste de la Palestine est loin d’être finie. Il serait enfin nécessaire de saisir à quel point l’Etat d’Israël non seulement n’a pas besoin de la Paix, mais qu'il est convaincu qu’il n’a aucun intérêt, dans les conditions géopolitiques actuelles, de faire la paix. Il est, par ailleurs, aussi important de ne plus cautionner cette comédie occidentale qui consiste à mettre en place d'interminables processus de négociations, dont le seul bénéficiaire, concrètement sur le terrain et qui d’ailleurs n’a jamais arrêter de prendre des terrains, est Israël.
On aurait pu croire que le Président Obama allait changer le monde ! Quelle erreur est de croire qu’il pourra ou voudra contrarier Israël afin de sauver la Palestine ! Le prix Nobel Obama s’est satisfait de ce qu’Israël accepte de stopper la construction des nouvelles colonies durant dix mois, le temps de ramener les Palestiniens à la table de négociation.
Nous pouvons aider la Palestine
Une des raisons qui ont permis à Israël de réussir non seulement à construire l’Etat en terre palestinienne, mais aussi à ne jamais être spontanément perçu par l’opinion publique occidentale comme l’agresseur est son bon discours. En effet, le sionisme d’abord et Israël par la suite, ont su s’adresser aux opinions qui « comptent » avec un discours qui a su s’adapter, s’améliorer et une grande capacité à se faire entendre à travers tous les médias et plus particulièrement celle de l’image. Un discours qui a su instrumentaliser la douloureuse histoire des juifs européens en Europe. Il a réussi à plonger la classe politique occidentale dans la soumission à l‘Etat exception et par là même dans l’ignorance de la douleur palestinienne et, ainsi, à imposer le camouflage de la vérité du conflit et celle d’Israël. Il a gagné la bataille du mensonge et de dénigrement de tout ce qui a à voir avec la Palestine, les Palestiniens et leurs amis en Occident.
Organisons les assises du bon discours
Il est urgent que les amis de la Palestine construisent "Le Bon Discours" qui soit capable de révéler la vérité de l’histoire de ce conflit et surtout de mettre en évidence la vérité de l’Etat d’Israël.
Le discours du mouvement de solidarité en Europe a souvent été emprunté aux Palestiniens. Or le discours palestinien est mauvais au moins pour deux raisons : la première est qu'il ne connaît pas l’opinion publique européenne, la seconde est son incapacité à raconter la vérité du sionisme et de l’Etat d’Israël.
Il nous faut construire le discours européen qui s’adresse aux Européens et qui soit capable de parler essentiellement d’Israël, de ce qu'il est et de ce qu’il fait subir aux Palestiniens. Ce discours devra être capable de montrer et d’argumenter comment et pourquoi Israël n’est peu acquérir une légitimité que si le peuple Palestinien, peuple autochtone de la Palestine la lui accorde ! Un discours qui soit capable de montrer qu’Israël constitue non seulement un danger pour le lointain palestinien, mais qu'il l’est aussi pour l’Europe et les européens.
Bien entendu, il doit savoir aussi parler des Palestiniens, de leur histoire, de leur société à travers les siècles de leur culture. Il doit pouvoir exiger la reconnaissance de la Nakba et dénoncer tous les mensonges qui ont été dits et portés par le discours sioniste depuis le début du XX siècle.
Le bon discours sera vrai, juste et transparent. Pour qu’il soit bon et efficace, il devra être porté par tous les amis de la Palestine. Certes les amis de la Palestine ne possèdent pas de médias télévisuels, mais ils sont aujourd’hui présents partout ! Ils pourront diffuser le même message dans toutes les villes européennes.
Pour que cela devienne possible, il faut construire le « Bon discours » et le partager avec tous !
C’est ainsi que nous pourrons aider considérablement les Palestiniens à gagner la bataille de la communication. D’autant plus, que notre « Bon discours » n’a pas besoin de mensonge, il lui suffira de faire connaitre la vérité.
Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.
L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.
9 novembre 2021
Le fait d'être désigné comme "terroristes" par Israël illustre le bon travail des ONG en Palestine9 novembre 2021
L’Art de la guerre - Les nouvelles armes financières de l’Occident5 novembre 2021
Israa Jaabis : De victime à criminelle, du jour au lendemain3 novembre 2021
La normalisation est le dernier projet pour éradiquer la cause palestinienne1 novembre 2021
Kafr Qasem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l'occupation30 octobre 2021
Voler et tuer en toute impunité ne suffit plus, il faut aussi le silence14 octobre 2021
Tsunami géopolitique à venir : fin de la colonie d’apartheid nommée ’’Israël’’12 octobre 2021
La présentation high-tech d'Israël à l'exposition de Dubaï cache la brutalité de l'occupation9 octobre 2021
Pourquoi le discours d'Abbas fait pâle figure en comparaison du fusil d'Arafat à l'ONU6 octobre 2021
Comment la propagande israélienne s'insinue dans votre divertissement quotidien sur Netflix : La déshumanisation et la désinformation de FaudaEurope
Nabil El-Haggar
4 janvier 2010