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Cisjordanie -

Les colons sont peut-être la plus rude bataille d'Israël

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La bataille la plus difficile d'Israël se trouve peut-être encore devant lui, et ce n'est pas contre un ennemi arabe. Des avertissements se font de plus en plus pressants que l'éviction de dizaines de milliers de colons juifs du cœur de la Cisjordanie – une condition requise pour la paix avec les Arabes - sera sanglante, et peut-être un échec.

Les colons sont peut-être la plus rude bataille d'Israël


1er décembre 2008, des colons juifs dansent autour de la Torah près de la maison palestinienne qu'ils occupent à Hébron.
Le ministre de la défense dit que l'extrémisme se répand parmi les ultra-nationalistes comme « la croissance d'un cancer », le chef des renseignements avertit d'un empressement grandissant à prendre les armes pour résister à une évacuation, et certains colons rabbins sont en train de presser les soldats religieux de refuser les ordres.

C'est un problème propre au pays : depuis des dizaines d'années, Israël a dorloté les colons comme de braves pionniers, et le gouvernement continue à éviter de se confronter à eux.

Dans les années récentes, le gouvernement a échoué à démanteler des dizaines de camps non autorisés, en dépit des promesses aux USA de le faire. Et sa résolution est maintenant testée par quelques dizaines de militants colons terrés dans une maison de Hébron en Cisjordanie , au mépris d'un ordre d'éviction de la Cour Suprême.

Certains avertissent encore que fuir ce combat pourrait condamner Israël à gouverner les Palestiniens pour toujours et signifier la fin du rêve d'un Etat à la fois juif et démocratique. Dans ce cas, « les gens comme moi n'ont pas de place ici » dit Ilan Paz, un brigadier général à la retraite qui a servi en Cisjordanie pendant dix ans.

« Si le gouvernement israélien ne prend pas le taureau par les cornes, ce sera de pire en pire, et à la fin, des gens seront blessés, » a ajouté Paz.

Au lieu de faire face au problème, cependant, le gouvernement continue d'approuver la construction dans les colonies, même celles susceptibles de suppression selon un plan que le Premier Ministre Ehud Olmert a présenté aux Palestiniens dans les pourparlers de paix de l'année dernière.

Un exemple parlant de cette apparente ambivalence est une colonie non autorisée appelée Migron. Les propriétaires palestiniens ont demandé à la Cour Suprême israélienne d'ordonner son éviction. La semaine dernière, le Ministre de la Défense Ehud Barak a répondu en demandant à la cour de la laisser plusieurs années pendant que des maisons sont construites pour ses habitants dans une colonie voisine autorisée par l'Etat.

La proposition viole simultanément deux promesses israéliennes à l'administration Bush – de démanteler les colonies non autorisées et d'arrêter l'expansion des colonies autorisées.

Il est difficile d'expliquer pourquoi Israël voudrait négocier avec les Palestiniens pendant le renforcement des colonies qui devraient être évacuées un jour. Le militant israélien pour la paix Dror Etkes croit que c'est une tactique pour renvoyer à plus tard la bataille jusqu'à ce qu'un retrait arrive, plutôt que faire la guerre petit à petit.

Ce retrait n'est pas proche, cependant. Les élections sont prévues le 10 février et le favori est le dur Benjamin Netanyahou, qui s'oppose à des concessions territoriales majeures. Les Palestiniens, pendant ce temps, sont profondément divisés entre les modérés en Cisjordanie et les militants du Hamas qui gouvernent la Bande de Gaza (1).

Certains signalent que des avertissements lugubres ont aussi accompagné le retrait de 2005 de la Bande de Gaza, alors qu'il a été réalisé en une semaine malgré la résistance passive et avec un minimum de blessures.

Mais la Cisjordanie n'est pas Gaza. Les colons la voient comme le cœur de l'Israël biblique, et croient que l'abandonner irait contre la volonté de Dieu. Et les 67.000 qui seraient extirpés selon le plan de retrait d'Israël - eux-mêmes juste le quart du nombre total de colons en Cisjordanie - sont neuf fois plus nombreux que ceux qui ont été évacués de Gaza.

Si les schémas précédents se répètent, la majorité acceptera une compensation et déménagera, mais seulement quelques centaines d'opposants, probablement armés, pourraient présenter un grand défi pour une société qui a toujours vu les effusions de sang fratricides comme une menace pour son existence.

Les extrémistes sont déjà en train de montrer leurs muscles en crevant les pneus des voitures de police, en dégradant les cimetières musulmans, en brûlant les champs palestiniens et en menaçant les officiers militaires. Dans la dernière grande éviction tentée par le gouvernement en février 2006, des centaines de protestataires se sont barricadés dans le camp illégal d'Amona, repoussant les charges de la police avec des bâtons, des pierres et des briques. Des dizaines ont été blessés.

Lundi et mardi, les colons se sont déchaînés dans un quartier palestinien de Hébron et les villages palestiniens dans plusieurs endroits de Cisjordanie . Ils ont crevé les pneus des voitures, brisé les vitres des voitures et des maisons, dégradé un cimetière musulman et, dans un village, ont peint « mort aux arabes » sur une mosquée locale, ont dit les militaires et les témoins.

La violence a apparemment éclaté à cause de rumeurs que les militaires israéliens pourraient sortir les colons barricadés dans une maison de Hébron. Des centaines de militants d'extrême-droite ont convergé à Hébron les jours derniers pour essayer d'empêcher cette éviction.

David Wilder, un porte-parole des colons juifs à Hébron, a dit que le nombre d'extrémistes pro-violence est faible. Comme de nombreux colons, il s'est plaint que le gouvernement israélien et les tribunaux oppriment les colons, mais il a dit qu'il ne lèverait pas la main sur les soldats.

Cependant, le chef du Shin Bet a averti de temps difficiles à venir.
« La portée du conflit sera plus grande qu'elle n'est aujourd'hui et qu'elle n'a été pendant le « désengagement » de Gaza, aurait dit Yuval Diskin au Cabinet le mois dernier. « Notre investigation a trouvé une très grande volonté parmi ce public d'utiliser la violence -pas seulement des pierres, mais des armes - pour empêcher ou arrêter un processus de paix. »

Quelques jours après, Barak a fait sa remarque au sujet de la « croissance cancéreuse » durant un mémorial pour le Premier Ministre Ytzhak Rabin, assassiné en 1995 par un nationaliste essayant d'arrêter un marché de la terre pour la paix. « Ce diable » menace la démocratie israélienne et les militaires, a prévenu Barak.

L'analyste militaire Yagil Levy croit que le changement de modèle parmi les militaires israéliens peut les rendre incapables de se battre contre les colons. Les soldats religieux et les colons sont déjà représentés disproportionnellement parmi les militaires, incluant le niveau moyen de commandement, a dit Lévy. Si un ordre est donné de démanteler les colonies, beaucoup pourraient tenir compte de leurs rabbins plutôt que de leurs commandants.

La crainte d'une insubordination est l'une des raisons majeures pour laquelle l'armée est si peu disposée à démanteler même des petites colonies non autorisées par la force, soutient-il.

Des militaires tels que Paz et Yaakov Amidror, un général à la retraite et un juif observant, croient que l'armée obéira aux ordres du gouvernement, à condition qu'ils arrivent forts et clairs.

Amidror a noté que seulement une dizaine de soldats ont refusé les ordres à Gaza. A l'époque, Amidror faisait des rondes parmi les soldats religieux, les pressant d'obéir, même s'il était lui-même fortement opposé au retrait.

Il a dit qu'il ferait la même chose maintenant, même s'il croit qu'un retrait de Cisjordanie exposerait Israël à davantage d'attaques des militants arabes.

Un retrait serait une « grave erreur », mais une insubordination générale serait bien pire, dit-il. Sans une armée qui fonctionne, dit-il, « nous ne survivrons pas. ».

(1) raccourci simpliste qui ne reflète pas la réalité (note ISM)

Source : Associated Press

Traduction : MM pour ISM

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