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Israël - 22 août 2012
Par ISM-France
Le lynchage de 3 jeunes Palestiniens par un groupe d'Israéliens, en plein centre de Jérusalem, vendredi dernier (1) fait des vagues dans la société et la presse israéliennes, dont une partie découvre avec stupeur et effroi le niveau de haine criminelle de la jeunesse qu'elle a engendrée et qui est son miroir. Les jeunes agresseurs ne sont pas des délinquants marginaux, ce sont des garçons et des filles entre 13 à 18 ans, qui se sont déchaînés, aux cris de "Mort aux Arabes", lorsqu'ils ont vu Jamal, 18 ans, Mujahad et Nuaman al-Julani, de Ras al-Amud, marcher tranquillement rue Ben-Yehuda. Une foule s'est amassée autour de la scène, observant pour la plupart sans intervenir, sinon pour empêcher les premiers secours appelés sur les lieux de prendre en charge Jamal, gisant par terre, blessé à la tête, inconscient.
Jamal al-Julani en soins intensifs à l'hôpital Hadassah Ein karem, le 18 août 2012, avec sa mère (Photo by Oren Nahshon)
Quelques heures auparavant, d'autres Israéliens avaient jeté un cocktail Molotov sur un taxi palestinien, près de Ramallah. Les cinq passagers du taxi ont été blessés, dont deux brûlés au second degré.
Les deux attaques, l'une en plein Jérusalem, et l'autre en Cisjordanie , font la preuve, s'il en était besoin, que la distinction entre les Israéliens du Territoire 48 et ceux qu'on nomme commodément "les colons extrémistes" de Cisjordanie est nulle et non avenue. Il n'y a pas d'un côté des Israéliens "modérés", et de l'autre des colons fous. Il y a des individus, nourris de l'idéologie sioniste et de haine anti-arabe depuis leur enfance, par l'enseignement ou l'éducation familiale, à qui leur propre histoire apprend que le Palestinien est l'ennemi, un ennemi sous-humain, à qui on peut tout voler, son pays, sa terre, son histoire et sa vie, dans la plus grande impunité, et même avec la complicité tacite du monde extérieur dit civilisé. Et les colons qui sèment la terreur dans les communautés palestiniennes de Cisjordanie ne sont que l'avant-garde, la tête de pont décomplexée de toute une société militarisée à l'extrême.
Ne plus voir les Palestiniens, oblitérer leur existence, mais leur voler leur terre, tel est l'objectif du mur que même la plupart des organisations dites "de gauche" israéliennes ont accueilli avec soulagement : "Eux chez eux, nous chez nous", combien de fois avons-nous entendu cette position qui se voulait "humaniste et pacifique". Et le mur n'est qu'une excroissance matérielle du nettoyage ethnique qui a commencé, en Palestine, avec la création de l'entité sioniste en 1948. Alors, voir 3 jeunes palestiniens se balader tranquillement dans une rue de Jérusalem, qui est pourtant LEUR ville, que ce soit la partie ouest ou la partie est, est intolérable.
Les jeunes lyncheurs de Jérusalem sont les arrière-petits-enfants des hordes qui ont massacré les Palestiniens pour s'emparer de leur pays. Ils sont le produit d'une société hétéroclite, sans cohésion, pourrie jusqu'à la moelle depuis sa fondation, nourrie aux discours de haine depuis plus de 60 ans, qui sait qu'elle s'est construite sur un génocide, qu'elle sera toujours une intruse, et qui n'en finit pas d'essayer de transformer son illégitimité constitutionnelle en normalité respectable. En vain. Et c'est cette image que ses rejetons apprentis tueurs de Jérusalem lui renvoie en pleine figure.
(Ohad Zwigenberg/Agence France-Presse — Getty Images)
(Photo: Olivier Fittousi/Haaretz)
(Photo: Ohad Zwigenberg)
(Photo: Ohad Zwigenberg)
Les hommes politiques de la gauche israélienne (et quelques-uns de droite) ont opportunément condamné l'agression et tous ergotent maintenant sur les motivations de leur progéniture criminelle. "Les agresseurs ont attaqué les jeunes Palestiniens parce qu'ils cherchaient à parler à une jeune fille juive" (affirmation que les jeunes Palestiniens n'ont pas confirmée). C'est donc implicitement la faute des Palestiniens, qui devraient savoir qu'ils n'ont pas à lever les yeux sur une jeune israélienne. Et de relancer le débat sur les relations arabo-juives, et la ségrégation ethnique prônée par la société israélienne dans son ensemble, et revendiquée officiellement par plusieurs partis ou organisations politiques, comme Lehava, une ONG qui incite les citoyens à dénoncer les cas de mariages ou relations mixtes. Le chef de Lehava, Bentzi Gopstein, a d'ailleurs déclaré que les agresseurs de Jérusalem avait "relevé l'honneur juif et fait ce que la police aurait dû faire."
Les délires racistes de Lehava n'auraient pas grande importance si l'ONG n'était pas très influente dans les milieux de droite. En février 2011, la député Tzipi Hotovely (du Likoud) a invité Gopstein à une session officielle de la Commission pour la promotion des femmes à la Knesset, avec d'autres membres d'organisations qui dénoncent les relations inter-raciales. Titre de la session : "Les phénomènes d'assimilation en Israël - session spéciale en l'honneur de la Journée de l'identité juive." Gopstein, après avoir expliqué le travail de ces organisations, s'est plaint du "manque de coopération" du ministère de l’Éducation et a cité le cas d'une école, à Bat Yam, où "20% des filles sortent avec des Arabes". Le représentant du ministère de l’Éducation, Zvi Zameret, sollicité pour une explication, ne s'est pas insurgé contre le racisme qui sous-tendait l'intervention de Gopstein ; il a répondu que "c'est la première fois que j'entends ces chiffres... je fais une note pour étudier la question." La député Hotovely a publié un compte-rendu de la session, et plusieurs députés l'ont félicité de s'attaquer au problème. (+972.mag)
En attendant, Jamal al-Julani est toujours en soins intensifs à l'hôpital Hassadah Ein Karam d'al-Quds occupée, où il est sorti du coma dimanche matin. Ha'aretz relate que 5 Israéliens sont allés le voir (photo ci-dessous) en signe de soutien et de solidarité et pour lui dire combien ils étaient désolés : Guy Tamar, 39 ans, travailleur social à Modi'in, son ami Elnatan Weissert, professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, Gideon Lifshitz, professeur d'histoire, Michal Kfir, de Tel-Aviv et une femme qui a rejoint le groupe après avoir acheté des fruits pour la victime.
Dans la chambre, Jamal était entouré de ses parents, Soubhi et Nariman, ainsi que des deux amis avec qui ils se promenaient et qui ont miraculeusement échappé aux coups. Soubhi et Nariman ont souhaité la bienvenue aux visiteurs, qui ont demandé des nouvelles de la santé de Jamal. "Il n'a aucun souvenir de l'agression", a dit Soubhi. "Il se souvient des évènements antérieurs, mais une heure après votre départ, il ne se souviendra plus de votre visite."
Après avoir rendu visite à Julani, le groupe est allé voir Adel Ghayatha, dont le frère Bassam conduisait le taxi qui a été incendié par une bombe, près de Ni'ilin, le 16 août.
M. Ghayatha a invité le groupe à rencontrer les blessés - sauf Ayman Hassan, le petit garçon de 5 ans, dont l'état est si grave qu'il est toujours en coma artificiel.
A part ces 6 Israéliens, qui doivent faire partir de la petite centaine de sionistes fréquentables dans l'entité raciste, aucun représentant, du gouvernement ou de la municipalité, n'a rendu visite aux victimes de ces deux dernières attaques.
Après la condamnation à 45 jours de prison d'un soldat de la brigade Givati accusé d'avoir assassiné par balles deux Palestiniennes à Gaza pendant l'attaque génocidaire Plomb Durci à 2008-2009, nous attendons maintenant avec impatience le verdict de la cour devant laquelle sont présentés les émules israéliens du KKK.
(1) http://www.ism-france.org/temoignages/3-jeunes-Palestiniens-lynches-par-des-Israëliens-a-Jerusalem-ce-matin-article-17293
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