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Israël -

Nationalisme démographique : Idées fausses et vérités imparables

Par

Salim Tamari est professeur de sociologie à l’université de Birzeit et directeur de l’Institute of Jerusalem Studies. Article publié le 5 juillet 2005

Dans le débat actuel sur le futur de la Palestine peu de problèmes soulèvent plus de passion que la question démographique : l’intrusion de la politique ethnique pour parler cru, dans le domaine des stratégies de procréation.
Et il y a peu de problèmes qui aient rencontré plus d’idées fausses.
Du côté israélien ce qu’on appelle le dilemme démographico-territorial (c’est-à-dire le besoin de déléguer aux Israéliens le contrôle des territoires occupées pour préserver le caractère juif de l’état) a été tenon principal du sionisme travailliste.

Au cours des trente dernières années, ça a été l’essence de ce qui distinguait le Travaillisme des simples politiques coloniales du Likoud et de ses alliés.

En ce qui concerne ces derniers, il n’y avait pas de dilemme démographiques parce que la prise de la Cisjordanie et de Gaza n’ont donné aux populations arabes aucun accès potentiel au suffrage ("ils peuvent voter en Jordanie"), et donc n’a permis aucune infraction aucune violation de l’hégémonie du sionisme classique.

Et ce, jusqu’au récent abandon par Sharon de ce paradigme avec son plan de retrait de Gaza.


D’un autre cêté pour le parti Travailliste et ses alliés, la motivation dominante à vouloir trouver un accord avec les Palestiniens a été de réduire la population arabe d’Israël au minimum, en créant des conditions optimales pour une minorité palestinienne facile à manier.

On peut dire que l’hégémonie démographique et non le sentiment anti colonial a été ainsi le facteur central qui a mené le camp de la paix israélien.


A l’inverse, les Palestiniens ont adopté une notion du nationalisme démographique qui comprend la procréation comme l’arme du faible.
Israël était regardé comme un état en croisade, submergé par la fertilité palestinienne. Au milieu des années 70,, le gouvernement israélien et la "In’ash al Usrsa Societé" de Ramallah ont tous les deux promis des aides sociales aux familles de plus de dix enfants.

Golda Meir, alors premier ministre, fut choquée d’apprendre que les principaux bénéficiaires d’une telle largesse publique étaient les familles arabes de Galilée. Par la suite, on abandonné ce schéma.

Le fait est que la grande fertilité, en dépit des apparences, n’a pas grand chose à voir avec le nationalisme ou les combats idéologiques.

Ce n’est que dans l’imagination littéraire des fanatiques que les gens procréent pour la nation. Une grande fertilité est plutêt liée à la perception des enfants dans les systèmes économiques et sociaux, surtout dans les sociétés agraires.

Le nationalisme démographique est souvent trouvé, a posteriori, comme explication à ces facteurs terre-à-terre. Inversement, les deux principaux facteurs qui ont conduit à une chute dramatique de la fertilité ont été l’éducation des femmes et l’emploi féminin en dehors du foyer.


Les conséquences d’une haute fertilité, pourtant, sont dévastatrices. En Israël, aujourd’hui, la crainte irrationnelle du taux de naissance arabe a conduit les gouvernements de droite et de gauche à importer un très grand nombre de gentils (la plupart russes et autres européens de l‘Est) et (à les considérer) comme des Juifs putatifs (Falashas et autres) pour contrebalancer le taux de naissance arabe, même si, ce faisant, on fait disparaître la notion d’Israël "Etat juif".

Néanmoins il est utile de rappeler les idées fausses qui se cachent derrière ces politiques démographiques : l’opinion traditionnelle selon laquelle les familles procréent par devoir national n’a pas de fondement.. Elles font des enfants parce qu’elles en ont besoin.



Les idées, soutenues par nombre de Palestiniens, selon lesquelles finalement "nous les submergerons par le nombre" pourrait être une stratégie d’auto-défaite.

Excepté pour les citoyens palestiniens d’Israël, qui ont fait une douteuse entrée dans la balance démographique, la grande fertilité des familles palestiniennes est plus une menace pour les Palestiniens que pour les Israéliens puisqu’elle contribue à augmenter les ménages sous-éduqués, maintient les femmes dans une condition de servitude quais totale, et contribue à la pauvreté et à l’ignorance.

Même les critiques radicales de la politique de contrêle des populations défendues par l’IMF (Fonds Monétaire International) et la Banque mondiale ont maintenant abandonné cette perspective en faveur d’un examen plus réaliste de cette fertilité sans contrêle et de projets de planning familial.



Ces idées qu’ont les Israéliens de pouvoir résoudre le problème en important plus de juifs (putatifs ou "vrais") de l’hémisphère occidental, retardera simplement de moins de dix ans le jour où la parité se fera entre Juifs et non Juifs en Israël.

Il vaudrait beaucoup mieux préparer les Israéliens à accepter l’idée que nous vivons dans un monde où l’hégémonie ethnique n’est plus admissible dans le cadre des principes démocratiques et la diversité culturelle.



Le plus curieux dans ce débat, c’est le fait largement ignoré que les arabes constituent déjà une majorité au milieu des citoyens israéliens.
C’est l’un des secrets les mieux gardés des annales du sionisme contemporain.

Si on ajoute les Arabes Palestiniens au grand nombre de Juifs qui viennent du Maroc et autres pays arabes, on peut voir que les Arabes constituent une pluralité de groupes ethniques dans le pays.

Evidemment ces Juifs Arabes (Mizrahim) s’identifient peu à l’indépendance palestinienne et tendent à être parmi les supporters les plus véhéments des partis d’extrême droite et des groupes religieux fondamentalistes.
Pour paraphraser Gore Vidal, ce sont des Arabes qui ont la haine d’eux-mêmes.

Néanmoins, ils mangent la même chose, écoutent la même musique, et ont des affinités culturelles identiques à celles des Arabes Palestiniens. La volonté systématique de la culture Ashkénazes de désarabiser cette communauté a réussi sur le plan idéologique, mais a échoué à effacer leurs "caractéristiques orientales".

Bien qu’il soit faux de considérer les Mizrahim en alliés potentiels de la minorité palestinienne d’Israël, leur statut culturel ambivalent sape l’édifice du nationalisme démographique ; le groupe ethnique le plus important d’Israël est en même temps Arabe et Juif.

Placé devant le choix d’un accommodement pacifique historique, devant l’augmentation des Arabes Palestiniens et des Mizrahim au milieu, ou de continuer l’européanisation de l’état juif en encourageant des non-juifs à s’installer en Israël et les territoires occupés, le leadership israélien a opté pour cette dernière initiative.

Source : www.miftah.org/

Traduction : CS pour ISM

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