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Gaza - 29 septembre 2018
Par Hossam Shaker
Des dizaines de citoyens palestiniens passent beaucoup de temps à des températures de moins 40 degrés, mais c’est un sort qu’ils n’ont pas choisi. Ils étaient simplement des Palestiniens sous occupation militaire israélienne ; ils étaient - au passé - car ils sont maintenant morts et gardés dans des réfrigérateurs mortuaires.
Gaza, aujourd’hui. Les funérailles de Nasser Musbah, 12 ans, assassiné hier par les forces d’occupation d’une balle à l’arrière de la tête
Ces jeunes ne protestaient pas contre l'occupation ou ne l’affrontaient pas lorsqu'ils ont été abattus. Certains ont été tués de sang froid dans ce qui n'était guère autre chose que des exécutions sur le terrain menées par des soldats israéliens à travers la Cisjordanie et Jérusalem occupées, sous prétexte qu'ils allaient commettre un attentat. Des caméras ont documenté certaines de ces exécutions, au cours desquelles des soldats à la gâchette facile se précipitent pour tuer des garçons et des filles qui généralement ne menacent en aucune manière les forces d’occupation.
Dania Arshid, 17 ans, par exemple, fut l'une de ces victimes. Elle a été tuée par les forces d'occupation israéliennes à Hébron, touchée par 10 balles le 25 octobre 2015. Des images choquantes montrent la jeune palestinienne gisant sur le sol (photo ci-dessus), le visage couvert, tandis que des soldats sirotent tranquillement leur café. Les autorités d'occupation ont gardé son corps pendant une semaine entière avant de le relâcher pour l'enterrer. Dans d'autres cas, des cadavres palestiniens ont été gardés jusqu'à 20 ans.
Ces exécutions sur le terrain sont généralement effectuées sous un prétexte tout prêt, à savoir la suspicion d'une attaque au couteau. Des dizaines de jeunes garçons et filles palestiniens ont été abattus de cette manière depuis octobre 2015, leurs corps se retrouvant dans des morgues israéliennes.
En outre, lorsque les forces d’occupation tirent à balles réelles sur des manifestants palestiniens, ils tentent parfois d’enlever les corps des martyrs. Le 21 juillet 2017, dans une affaire scandaleuse, des habitants se sont précipités pour transporter le corps par l’arrière de l’hôpital Al-Maqassed à Jérusalem (photo ci-dessous) avant que les Israéliens ne kidnappent le corps. Le jeune homme en question avait été tué par balle alors qu'il manifestait aux côtés d'autres Palestiniens non armés qui refusaient d'accepter les tentatives d'Israël d'imposer son contrôle sur la mosquée Al-Aqsa en installant des portiques électroniques et en introduisant des procédures d'inspection humiliantes pour les fidèles. Son enterrement a été précipité pour empêcher les Israéliens d’emporter son corps et de le placer dans une morgue pendant des mois.
Les autorités d'occupation imposent une « résidence obligatoire » dans leurs réfrigérateurs pour une raison, à savoir la peur des morts. Ce qu’ils craignent en particulier, c’est la culture de la célébration des martyrs et le débordement des émotions qui alimentent le soulèvement de la rue palestinienne.
Garder des « otages des réfrigérateurs » pendant des semaines ou des mois et peut-être des années est une tactique inhumaine basée sur la maltraitance immorale de la société palestinienne, ce qu’est le fait d’enterrer en secret certains martyrs dans tes tombes anonymes, laissant les proches dans l’ignorance de leur dernière demeure. Combien de temps permettra-t-on que cela se produise ? Combien de familles palestiniennes vont encore devoir attendre la dépouille de leurs enfants pour pouvoir embrasser un crâne tant attendu ou embrasser un corps calcifié qui a passé des siècles dans un réfrigérateur mortuaire avant de lui donner la sépulture digne qu'il mérite ?
Source : Middle East Monitor
Traduction : MR pour ISM
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Hossam Shaker
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