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Iran - 15 juillet 2015
Par B. Michael
Article paru dans Ha'aretz le 14 juillet 2015.
Je suis de tout cœur avec Benjamin Netanyahu. D'un coup de stylo froid et cruel, les dirigeants du monde lui ont enlevé son jouet préféré - la prunelle de ses yeux et la joie de son cœur, le rocher de son existence et la source de sa force, et par dessus tout, son refuge et son abri sûr. Ou en bref, la bombe iranienne. Il semble qu'aujourd'hui même, ou peut-être demain, la bombe iranienne va avoir des bâtons dans les roues, et qu'elle va être arrachée de la une des journaux et de notre conscience pour au moins les dix prochaines années, voire plus. Et pour Bibi, que va-t-il se passer maintenant ?
Septembre 2012 - devant l'assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre de l'entité sioniste se livre à un sketch grotesque au sujet de la bombe iranienne, aussitôt commenté à leur manière par les caricaturistes du monde entier (photo Reuters)
Un coup d’œil averti peut déjà voir en lui les premiers signes de panique : refoulement, évitement, un léger tremblement dans la coiffure, un entêtement tenace à vouloir que rien ne se soit passé et que rien n'ait changé. Mais la terrible vérité prend forme. La bombe a disparu. A partir de maintenant, Netanyahu est comme un bébé qui a perdu son doudou, ou comme quelqu'un dont on a jeté à la poubelle le nounours favori - celui qui lui réchauffait le cœur pendant les longues nuits et distillait en lui calme et sérénité pendant les périodes de troubles et les campagnes électorales.
D'ici peu, le bureau du Premier ministre sera comme un jardin d'où l'épouvantail fidèle a été enlevé - exposé au bec perçant de la grise réalité, au désagrément quotidien des insectes, dépouillé d'un bouclier contre les tribulations de son boulot et l'accablement de la routine ennuyeuse. Finie la planification d'une glorieuse opération commando, finies les semailles de craintes nucléaires généralisées et utiles, finie la diffusion de paniques réconfortantes et aveuglantes. Plus de Churchill ! Que le ciel nous vienne en aide. Rien que le logement, et le coût de la vie, et le budget, et la coalition, et la corruption, et le monde entier qui l'insulte et le méprise et le canarde.
Ça déchire le cœur.
Mais nous n'avons pas encore perdu tout espoir. Si le salut ne vient pas de l'extérieur, nous l'apporterons de l'intérieur, de nous-mêmes. Des cerveaux juifs et de leurs stratagèmes. Voilà : comme chacun le sait déjà, l'Etat d'Israël - bien sûr seulement selon d'étranges sources étrangères - dispose d'un arsenal respectable de bombes atomiques qui a depuis longtemps excédé les 200. Plus qu'assez pour détruire la moitié du monde.
C'est trop. Nous n'avons pas besoin d'autant de bombes. C'est vrai que le monde entier est contre nous, mais selon les experts en sécurité (qui sont aussi quelquefois étranges et étrangers), détruire un quart du monde suffirait pour "créer la dissuasion", comme ils ont coutume de dire dans les bureaux ad hoc.
En d'autres termes, nous avons un surplus de bombes. Et c'est là, dans ces bombes en excédent, que se trouve la solution à la détresse de Netanyahu. Tout ce qu'il a à faire est de prendre une de nos 200 bombes (selon des sources étrangères), l'envelopper joliment dans du papier-cadeau et l'offrir en secret, comme un don anonyme, à la République islamique d'Iran.
Pour tous ceux qui craignent que la manœuvre soit découverte et nous embarrasse, ne vous inquiétez pas ; personne ne remarquera la perte d'une bombe sur 200. Et même si un journaliste curieux arrive à découvrir qu'il en manque une, ce n'est pas si terrible. Comme c'est la norme dans ce genre de situation, Israël saisira le sous-fifre de service et le jettera au purgatoire, de la façon dont on le fait habituellement pour les boucs émissaires, et la question sera réglée.
Et ainsi, tout le monde sera de nouveau heureux. Les Iraniens, parce qu'ils auront la bombe. Le monde, parce qu'il est parvenu à un accord avec les Iraniens. Et bien sûr Benjamin Netanyahu, qui une fois de plus pourra s'agripper à la bombe iranienne pour faire peur à tout le monde autour de lui avec et rêver la nuit d'opérations commandos qui lui rappelleront sa jeunesse. Et quand il sera seul chez lui, il pourra à nouveau coincer un cigare au coin de sa bouche, se tenir devant le miroir et déclamer à haute voix : "Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, de la sueur et des larmes" (et pour changer, cette fois, il dira même la vérité).
Et en fait, pourquoi le nier ? Même moi je serai un peu plus calme. Savoir qu'au moins une de ces 200 bombes sera entre des mains un peu plus judicieuses me donnera un brin de sérénité névrotique.
Source : Haaretz
Traduction : MR pour ISM
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B. Michael