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Canada - 22 novembre 2007
Par Robert Bibeau
> Robert.bibeau@mels.gouv.qc.ca
Israël, une colonie blanche-juive-occidentale au cœur du Proche-Orient arabo-musulman, à proximité de l’une des plus grandes réserves pétrolières de la planète.
Israël, un état paria, raciste, en situation de guerre permanente avec ses voisins arabes et pour cela doté de la 5e force de frappe militaire au monde, comprenant, dit-on, des capacités nucléaires (200 ogives nucléaires).
Ce qui ne signifie pas que Tsahal soit invincible comme la résistance libanaise l’a prouvé à deux reprises au cours des dernières années (2000 et été 2006)
Pour conscrire le peuple israélien et le maintenir en état de guerre permanent, l’État hébreu doit soutenir la hantise raciste de l’arabe, de l’étranger, de l’ennemi qui veut détruire le «peuple élu». C’est la mission du sionisme, du gouvernement, de l’armée, des médias et des institutions d’enseignement dans la société israélienne schizophrène.
Tout cela est possible grâce au soutien de la diaspora juive et de l’impérialisme américain qui a fait de ce pays une base militaire avancée de l’Occident.
Mais, pourrait-on demander, quelle est la nature des intérêts américains dans la région, intérêts qui justifient une aide de plus de 5 milliards de dollars par année ? En effet, Israël est le premier pays bénéficiaire de l’aide américaine depuis plus d’une décennie.
Le premier intérêt américain dans la région concerne l’approvisionnement en pétrole, non seulement l’approvisionnement des États-Unis, mais surtout de ses alliés d’Europe de l’Ouest et d’Asie (Japon, Taiwan, Corée du Sud, etc.) et même de ses concurrents impérialistes comme la Chine, qu’il s’agit de maintenir sous la coupe par des pressions judicieuses sur le prix et sur la quantité de pétrole livré.
Comme l’invasion de l’Irak l’a démontré, des pressions adéquates sur les réserves de pétrole font augmenter la valeur du baril jusqu'à rendre rentables des réserves encore hier difficiles d’accès et non lucratives. C’est le cas des réserves de sables bitumineux de l’Alberta (Canada) qui n’étaient pas comptabilisées comme réserve mondiale jusqu'à ce que la valeur du baril atteigne 60 dollars.
Après l’invasion de l’Irak, le Canada est devenu le premier fournisseur d’hydrocarbure des États-Unis parce qu’il détient, sous forme de sable bitumineux, les plus grandes réserves pétrolifères comptabilisées au monde (174 milliards de barils). Encore hier dispendieux à extraire et à traiter, ce pétrole est aujourd’hui rentable. (1)
Le deuxième intérêt américain dans la région concerne l’industrie de guerre, source de profits importants, maintenue en activité constante par des conflits régionaux de basse intensité. L’invasion de l’Afghanistan, puis de l’Irak, puis du Liban, et bientôt possiblement de l’Iran sont de bons exemples de ces types de conflits régionaux de basse intensité qui font marcher l’industrie de guerre.
L’Arabie Saoudite vient d’acheter de nouveaux avions de combats, les Émirats Arabes Unis également. D’autres pays de la région achètent régulièrement de l’armement américain justifiés en celà par la menace israélienne omniprésente. Israël consomme lui-même de bonnes quantités d’armements américains comprenant des bombes à sous-munitions (bombes à fragmentation), même des stocks périmés comme il a été prouvé au Sud Liban à l’été 2006.
Le troisième intérêt américain dans la région concerne les peuples du tiers monde, en état de résistance permanente, et qui selon les riches américains doivent être réprimés et maintenus sous le joug par des exemples de ce qu’il en coûte de se révolter comme le font afghans, irakiens, libanais, kurdes et palestiniens. Ça donne à réfléchir à ceux qui seraient tentés de les imiter.
Pour ce qui est des Palestiniens c’est le rôle de l’État-client israélien que de réprimer ce peuple de telle sorte que tous et chacun comprenne ce qu’il en coûte de se révolter ou encore de voter du mauvais côté.
Voilà la synthèse sommaire des intérêts américains dans la région. Tout cela est à la fois stratégique et conjoncturel. Or, la conjoncture régionale et mondiale évolue et se transforme au détriment du Proche-Orient.
L’industrie pétrolière périclite. La ressource s’épuise.
Dans vingt-cinq ou trente ans qu’en sera-t-il des réserves pétrolières surexploités du Proche-Orient ? Les énergies alternatives sont recherchées avec anxiété, bio-combustible, énergie solaire et éolienne, s’ajoute à l’hydro-électricité et au nucléaire.
D’autre part, l’industrie de guerre peut bénéficier de conflits de basse ou de moyenne intensité n’importe où dans le monde. Il n’est pas indispensable que la guerre ait lieue spécifiquement autour de puits de pétrole asséchés, au milieu d’une région sinistrée et en partie désertique.
Enfin, des peuples opprimés qui se révoltent il y en a partout : en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. La répression pour l’exemple peut-être déployée dans n’importe quel endroit ou un peuple se soulève et résiste.
L’Amérique latine est un foyer de résistance particulièrement inquiétant pour les impérialistes américains depuis que le Venezuela donne le mauvais exemple par ses politiques autonomistes.
L’empire américain repose sur une économie parasitaire déclinante, sur-endetté, à la monnaie périclitante. L’Euro est d’ores et déjà la nouvelle devise du commerce mondial. La Chine sera l’économie montante pour les 25 prochaines années (11 % de croissance annuelle contre environ 2 % pour les USA). La Chine est déjà le premier producteur manufacturier mondial et bientôt le premier pollueur mondial.
Le Proche-Orient ne sera bientôt plus le principal foyer de tension mondial. D’ici 20 ans tout au plus le foyer de tension se sera déplacé et il opposera directement les grands protagonistes impérialistes USA, Chine, Europe et Russie. Des alliances se forment comme l’Organisation de coopération de Shanghai constituée en 2001 par la Russie et la Chine pour faire contrepoids à la puissance américaine et à l’OTAN. (2)
Dans vingt ans la scène mondiale mettra aux prises les USA, commercialement déficitaires, sur-endettés et sur-armés (460 milliards de dépenses militaires courantes en 2008 auquel il faut ajouter 150 milliards pour la guerre en Irak et quelques milliers d’ogives nucléaires), à la monnaie dévaluée et à l’économie déclinante; l’Europe, à la population de 500 millions de consommateurs avides mais sur-endettés; la Russie aux richesses naturelles encore immenses et la Chine en pleine expansion avec encore des millions de prolétaires à exploiter dans des «sweat-schops» que l’Occident ne pourra plus accueillir.
La Chine aura une économie puissante mais fragile parce que reposant sur des marchés de consommation peu solvables (Amérique du Nord et Europe de l’Ouest).
Dans cette conjoncture qu’elle sera le poids d’Israël ? Quelle sera l’utilité de la forteresse guerrière israélienne aux portes du Proche-Orient désoeuvré et appauvri, sans ressources stratégiques? Pourquoi maintenir une colonie occidentale coûteuse (5 à 6 milliards d’aide par an) au cœur d’une région de moins en moins stratégique ?
Voilà ce que pourrait être la perspective israélienne dans un horizon de vingt-cinq ans environ. C’est ce que certains sionistes ont pressenti et ils avisent les autorités qu’il deviendra de plus en plus difficile de maintenir une occupation qui coûte plus de 9 milliards par année à l’économie israélienne. (3)
Comme le souligne l’économiste israélien Shir Hiver «Le prix de l’occupation est très élevé, au point de provoquer l’effondrement de plusieurs institutions et de plusieurs structures sociales en Israël. Mais je ne crois pas que l’occupation cessera pour des raisons purement économiques. Seule la résistance des Palestiniens permettra de mettre fin au conflit. Mais les raisons économiques feront probablement survenir la fin de l’occupation plus rapidement et plus facilement».
Qu’ont fait les Puissances occidentales quand la colonie blanche du Cap en Afrique du Sud est devenue moins stratégique suite à l’ouverture du canal de Suez ? Elles ont fait pression sur leurs protégés racistes sud-africains pour qu’ils jettent du lest et acceptent le pouvoir noir de l’ANC.
Bien entendu, la lutte armée de l’ANC se poursuivant toujours, a imposé le compromis recherché.
Qu’un réactionnaire comme l’ex-premier ministre canadien Brian Mulroney se soit fait le champion de la lutte anti-apartheid donne une idée de l’unanimité de la classe dirigeante occidentale pour mettre fin à l’apartheid et au pouvoir blanc raciste en Afrique du Sud.
Ce fut la fin de l’apartheid mais pas la fin de l’exploitation des peuples noirs d’Afrique du Sud. Mais par ce compromis les impérialistes occidentaux ont évité que l’Afrique du Sud et ses immenses ressources naturelles ne glisse dans le camp soviétique. La fin de l’apartheid fut un pas en avant pour les peuples noirs d’Afrique du Sud.
Quelle forme prendra la sortie de l’apartheid et du pouvoir raciste dans l’État paria d’Israël ? Nous ne le savons pas encore. Quelle forme prendra la reconversion de cette base militaire avancée au cœur du Proche-Orient arabe appauvri quand les grandes puissances s’en désintéresseront peu à peu, bien malin qui pourrait le prédire.
Une chose est certaine toutefois, même si présentement la lutte de libération nationale du peuple palestinien bat de l’aile et se trouve à son plus bas depuis des décennies, au point que certains se demandent même s’il y a toujours une lutte de libération nationale en Palestine, le peuple Palestinien par ses propres institutions et organisations, pas celles qui lui ont été imposées par l’occupant à Oslo, pas les institutions de l’Autorité de collaboration, doit maintenir la flamme de la résistance sous toutes ses formes.
La population palestinienne doit renforcer ses organisations indépendantes, ses services indépendants, ses propres ONG indépendantes et travailler à combattre l’égoïsme, l’égocentrisme, la dépolitisation et le désintérêt pour la chose publique parmi sa jeunesse.
Cette simple mobilisation quotidienne, et diverses formes de résistances économiques, politiques et militaires sont suffisantes pour qu’un jour, la conjoncture changeant, une nouvelle intifada populaire s’embrasse à nouveau tel un volcan capable de faire tomber l’occupation, la colonisation et le pouvoir raciste-sionsite israélien.
Face à la férocité de l’occupation et de la colonisation israélienne dans les territoires il n’est que normal que le peuple et sa résistance soient actuellement en phase de repli et de reconstitution de ses forces.
Toutefois, la population palestinienne a raison de s’accrocher à la terre, de ne pas partir, de résister en restant là sur le dernier lopin qui lui reste, même encerclée, même enfermée derrière le Mur d’apartheid et d’expropriation.
Même vivant dans des bantoustans complètement inféodés à l’économie israélienne, mais munis de ses propres organisations militantes indépendantes, la population palestinienne a raison de conserver ses droits, son droit au retour notamment, auquel elle n’a jamais renoncé et qui lui est reconnu par toutes les organisations internationales et par la grande majorité des gouvernements et des populations dans le monde.
Le droit de retour lui servira un jour d’assise pour reconquérir ses autres droits quand la conjoncture mondiale aura basculée en défaveur de l’occupant raciste-sioniste devenu coûteux et encombrant pour la puissance américaine déclinante.
D’ici là, les groupes faisant réellement partie du mouvement de solidarité avec la résistance du peuple palestinien doivent dénoncer la collusion de leur gouvernement avec l’occupant et le colonisateur sioniste, soutenir le boycott complet d’Israël sous toutes ses formes (sportive, culturelle, politique, industrielle et économique) et exiger la dénucléarisation de cet État paria, dangereux et génocidaire. (4)
NOTES
(1) Naomi Klein. «Bagdad brûle, Calgary propère». Alternatives. Juillet-août 2007, page 4.
(2) Noam Chomsky. Les états manqués. Fayard. Paris. 2006.
(3) Amélie Tendland «Une occupation de neuf milliards de dollars». Alternatives. Montréal. Septembre 2007, page 5.
(4) http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
Source : http://www.robertbibeau.ca/
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