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France - 3 décembre 2009
Par Campagne internationale pour la Libération de Georges Ibrahim Abdallah
Une des clefs du procès est que Georges Abdallah refuse de donner son ADN notamment parce que celui-ci lui a été prélevé en 2003. La Juge a déclaré que c’était au prévenu d’apporter la preuve de ce précédent prélèvement ! La suite ne fut qu’une mauvaise farce dans laquelle la justice ne laissait pas s’exprimer Georges Abdallah, surtout quand celui soulignait avec force les incohérences et les absurdités des propos entendus durant cette audience.
Le 1er décembre 2009, Georges Ibrahim Abdallah était convoqué àcomparaitre au tribunal de Grande Instance de Tarbes « pour avoir, àLannemezan, le 11 juin 2008 […], refusé de se soumettre àun prélèvement biologique destiné àpermettre l'analyse et l'identification de son empreinte génétique. »
Le jour dit une cinquantaine de personnes venues de Tarbes, Pau, Toulouse, Auch, Bordeaux, Montpellier, Paris et d’ailleurs sont venus également au palais de justice de Tarbes exprimer leur solidarité àGeorges Abdallah. Un dispositif policier conséquent était làpour les accueillir. Après s’être rassemblés devant les marches du Palais et dépliés les banderoles, les soutiens sont entrés dans la salle de grande instance pour assister àce qui se révèlera vite être une mascarade judiciaire.
Après avoir traité deux affaires courantes le tribunal décida d’examiner le dossier « Abdallah » afin de « libérer au plus vite l’escorte » selon les termes de Mme la Juge.
Georges Abdallah est arrivé dans le box des prévenus, chaînes aux pieds, escortés par les forces policières. Georges Abdallah avait fait le choix de ne pas être représenté par son avocat.
Ce qui suit est le compte-rendu d’un procès àl’image de la justice d’aujourd’hui : expéditive, répressive, méprisante des droits des prévenus et ignorante de ses propres règles.
Dés les premiers mots, il est apparu que Mme le Juge ne connaissait pas le dossier de Georges Abdallah, dossier truffé d’erreurs ou d’inconnus. Ainsi lors de la lecture de l’identité de Georges Abdallah, il est dit qu’il est né en Algérie, alors qu’il est né au Liban. Plusieurs fois Mme la Juge a indiqué àGeorges Abdallah qu’il risquait de ne pas avoir de réduction de peines, qui ne peut s’appliquer qu’àdes peines àdurée fixe, alors que Georges est condamné àperpétuité … Elle a même dit que si Georges « avait accepté de donner son ADN en décembre 2006, il n’en serait pas là… », sous-entendant qu’il aurait obtenu sa libération conditionnelle. A transmettre aux juges « anti-terroristes » qui refusent àGeorges Abdallah sa libération en raison de son engagement politique antisioniste et anti-impérialiste.
Une des clefs du procès est que Georges Abdallah refuse de donner son ADN notamment parce que celui-ci lui a été prélevé en 2003. La Juge a déclaré que c’était au prévenu d’apporter la preuve de ce précédent prélèvement ! La suite ne fut qu’une mauvaise farce dans laquelle la justice ne laissait pas s’exprimer Georges Abdallah, surtout quand celui soulignait avec force les incohérences et les absurdités des propos entendus durant cette audience.
La fin de l’audience ne dura que quelques minutes : réquisitoire du procureur demandant entre 3 et 5 mois de prison, délibéré bref des magistrats, condamnation àtrois mois de prison et Georges sorti du box pour être renvoyé àla prison de Lannemezan.
Les soutiens dans la salle exprimèrent leur réprobation et lancèrent des slogans tels que « Libérez Georges Abdallah ». Ils se réunirent ensuite devant le palais de justice pour une prise de paroles et pour lancer un dernier slogan « Palestine vaincra, libérez Georges Abdallah ! ».
En complément àce compte-rendu, l’article paru ce jour dans le journal La Dépêche :
Lannemezan. Condamné pour avoir refusé un prélèvement d'ADN
Justice. Détenu depuis 25 ans, Georges Ibrahim Abdallah a refusé un prélèvement d'ADN àLannemezan.
Georges I. A. ? Barbe et cheveux poivre et sel, il a désormais un faux air de feu l'écrivain Alain Robbe-Grillet, blanchi sous le harnais. Et paraît en tous les cas plus que ses 58 ans, dans le box, comme emprisonné depuis 25 ans et condamné le 26 janvier 1987 àla prison àperpétuité pour « complicité d'assassinats », il continue àpurger sa peine àla centrale de Lannemezan…
Mais un homme qui mobilise encore un déploiement impressionnant des forces de l'ordre, face àla quarantaine de personnes venues le soutenir. Et réclamer de nouveau sa libération, ce mardi après-midi, au tribunal de Tarbes, àl'occasion de sa comparution devant le tribunal correctionnel de Tarbes, pour cette audience inhabituelle.
Tribune
Ce qui est reproché àl'ancien chef présumé des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises ? àce détenu « exemplaire », ainsi que le présentait l'administration pénitentiaire en 2004, alors que la Cour d'appel de Pau avait statué en faveur de sa libération conditionnelle, décision finalement réformée par la juridiction nationale, exigeant le maintien en prison de Georges I. A. ?
« Étant condamné, avoir refusé de vous soumettre en juin 2008, àLannemezan, àun prélèvement génétique alors que votre condamnation prévoit que vous devez vous y soumettre » lui résume la présidente Élizabeth Gadoullet. Qui enchaîne « comment se fait-il que vous ayez refusé ? » La question qui fâche alors d'emblée Georges I. A. qui profite de la tribune offerte.
Remerciements
Car « je ne m'attendais pas àce que vous me convoquiez, depuis plus de 25 ans, pour ce genre de raison. C'est pour ça que j'ai dit àmon avocat (Me Vergès, ndlr) de ne pas venir […]. Il se trouve qu'en 2003, un de vos collègues magistrat m'a accordé la libération conditionnelle. Mais juste après, le ministère de la justice a fait appel et le procureur s'est opposé àma libération en disant tout et son contraire, que j'étais communiste et islamiste donc dangereux ! Il m'a envoyé en 2003 au service concerné pour prendre mes empreintes génétiques. Vous voyez, ce prélèvement, il a déjàété fait » se défend ainsi Georges I. A. Qui poursuit : « Je voudrais vous remercier de m'avoir convoqué. Et je dis aujourd'hui que je regrette énormément de l'avoir fait en 2003, que je n'avais donc aucune raison de le faire en 2008 : mon ADN est déjàdans votre fichier ». Une position que n'accepte pas la présidente. Pour laquelle le procureur ne peut avoir requis ce prélèvement sans bonne raison et a fortiori s'il a déjàété effectué, ainsi que le prétend le prévenu. Et de lui expliquer qu'il peut être aussi justifié aux yeux de la justice, pour une actualisation des données du fait des progrès enregistrés en matière d'empreintes génétiques. « Ce n'est pas un argument de justice » tranche Georges I. A. « En tout cas c'est la loi » rétorque la présidente. Qui lâche àprésent « si vous persistez dans ce refus, ce que vous encourez, c'est l'annulation des réductions de peines auxquelles vous avez droit ». Menace qui déclenche une première vague de réprobation dans la salle. Et « propos pas acceptables de la part d'un magistrat car vous êtes censée dire le droit » lance le prévenu. Dont la réplique est également jugée « inacceptable » par la présidente. Qui passe la parole au ministère public. Pour lequel « il faudrait qu'on nous prouve ce prélèvement de 2003 » et qui rappelant l'objet de la loi sur le fichier national d'empreintes génétiques, souligne que ce n'est pas le premier refus du prévenu s'étant ainsi exposé aux sanctions pénales : « 3 à5 mois d'emprisonnement » réclamés en l'occurrence àson encontre. Georges proteste. « Si vous aviez accepté, vous n'en seriez pas là» lui répond la présidente. Qui part délibérer, laissant la salle àson indignation. Et revient. « Ce sera 3 mois d'emprisonnement, voilà». « Scandaleux ! » réagissent spontanément le bâtonnier Bertrand et Me Record, présents en spectateurs. « Libérez Georges A. » crie le comité. Avant de sortir, calmement. « On va passer àl'appel des autres causes, j'allais dire aux affaires sérieuses », conclut la présidente.
Source : Campagne internationale pour la Libération de Georges Ibrahim Abdallah
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