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Israël - 11 juillet 2007
Par Matthew Cassel
Matthew Cassel écrit d'Amman, Jordanie. Matthew Cassel est un rédacteur adjoint d'Electronic Intifada.
Je n'oublierai jamais son visage
Il avait posé la main sur son oreille tout en écoutant son oreillette et il me regardait fixement. Il a souri alors que je me débattais pour porter tous mes sacs, en suivant un jeune soldate qui tenait mon passeport à la main.
A ce moment-là, je m'en foutais et je l'ai regardé aussi durement que possible : je l'ai tué du regard.
L'infâme tampon "refus d'entrer" est bien connu des nombreux étrangers détenteurs de passeports palestiniens et internationaux à qui l'entrée en Israël a été refusée. (Matthew Cassel)
Elle m'a accompagné jusqu'à l'arrêt de bus et a tendu mon passeport à un autre soldat. J'ai attendu immobile dans un silence étouffant. Je voulais être triste parce que je pensais que le devais l'être. Mais je ne l'étais pas.
Je me suis assis pendant 30 minutes sans savoir que penser.
Quand le bus est arrivé, mon passeport a été remis au conducteur et on m'a demandé de monter.
Je me suis assis dans le bus avec, ai-je supposé, des Palestiniens d'Israël qui allaient passer leurs vacances à Aqaba.
Une jeune fille déjà en maillot de bain marchait dans l'allée du bus en chantant en arabe. Elle s'est arrêtée au niveau de ma rangée et elle m'a souri, je lui ai rendu son sourire et elle a continué à marcher dans l'allée
J'étais assis dans le bus avec air conditionné et j'ai fermé les yeux. J'ai essayé de faire le point sur ce que je ressentais et je me suis rendu compte qu'entre le moment où j'étais arrivé à la frontière et le moment où l'on m'a refusé l'accès, mes sentiments n'avaient pas vraiment beaucoup changé.
Je n'étais pas triste, comment était-ce possible ?
J'aime la Palestine plus que n'importe quel endroit au monde et je sais que des millions d'autres personnes partagent ces sentiments. Mais je sais aussi que pour beaucoup de gens, la Palestine est quelque chose de bien plus important qu'elle l'est pour moi.
Je suis retourné dans l'un des nombreux camps de réfugiés palestiniens où je vis lorsque je vien en Jordanie. Il y a une famille que je connais par le biais du reste de leur famille qui vit en Cisjordanie . Ils m'ont salué en souriant, en disant : "Pauvre Matthew ! Vous êtes l'un de nous maintenant ici en Jordanie !"
"Pas exactement", ai-je dit en m'associant à leurs rires. Ils ont préparé un repas copieux et nous nous sommes assis pour manger ensemble alors que je leur racontais ce qui était arrivé pendant les nombreuses heures passées avant d'être refusé d'entrer.
Les Israéliens ne devraient pas avoir peur des gens comme moi qui entrent en Palestine. Si j'étais entré, qu'aurais-je fait ? Prendre une autre photo de leurs checkpoints humiliants, ou écrire peut-être une autre histoire sur les grondements des tanks dans les rues pendant une invasion
Ces choses ne sont pas nouvelles. Elles durent depuis 1948 et même encore avant.
Ils peuvent interdire l'entrée à des gens comme moi, mais cela ne m'empêchera pas de faire ce que je peux pour dénoncer l'une des plus longues injustices de notre temps. Je retournerai aux Etats-Unis et je ne serai pas triste.
La lutte pour la justice pour les Palestiniens n'est pas confinée à la Cisjordanie et à la bande de Gaza. Elle a lieu dans les camps de réfugiés comme Beqa'a, Yarmouk, Ein el-Helwe et dans tous les autres. Et elle a lieu à l'extérieur en Europe et aux Etats-Unis.
Ce sont nos pays qui permettent à cela de perdurer et c'est dans ces pays que nous devons concentrer nos efforts. Nous avons des ressources illimitées aux bouts des doigts pour dire les choses et dénoncer l'injustice.
Maintenant plus que jamais, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour faire passer l'information et forcer nos gouvernements à reconnaitre les droits des Palestiniens.
Cet agent israélien qui m'a interrogé pendant qu'il mettait mes affaires en pièces peut sourire autant qu'il veut.
Mais il est anxieux parce qu'au fond de lui, il sait qu'il va perdre.
Il sait que son injustice ne peut pas toujours durer et c'est ce qui l'effraye le plus.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MG pour ISM
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